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IRREGULARITES

IRVINGIENS

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mort (de leur client) s’er. est suivie ;  ; 7° ceux qui accomplissent l’acte d’un ordre réservé aux clercs dans les ordres sacrés, alors qu’ils n’ont pas reçu cet ordre, ou qu’il leur est défendu de l’exercer par une peine canonique soit personnelle, médicinale ou vindicative, soit locale. — Ces délits n’entraînent pas l’irrégularité s’ils n’ont été des péchés graves, accomplis après le baptême (sauf pour le 2°) et extérieurs ; peu importe qu’ils soient publics ou occultes. »

Les nouveautés introduites par le canon 985 sont très importantes. Il n’a pas maintenu l’irrégularité qui frappait la réitération du baptême ; mais par contre il a créé deux nouvelles irrégularités, contre ceux qui se feraient baptiser par un ministre non catholique et contre ceux qui essaient de se suicider ; il a adapté aux besoins actuels celle qui frappait la bigamie simultanée eu la bigamia interprelaliva ou similittidinnria ; il a précisé en l’analysant davantage et en la restreignant quelque peu celle qui vient de l’homicide volontaire ou de l’homicide par imprudence.

3. Les empêchements.

Can. 987. « Sont simplement empêchés : 1° les f.ls des non-catholiques, tant que leurs parents restent dans leur erreur ; 2° les hommes ayant une épouse ; 3° ceux qui exercent une fonction ou une administration interdite aux clercs, de laquelle ils doivent rendre compte, jusqu’à ce que, ayant quitté leur emploi et rendu compte, ils se trouvent libres ; 4° les esclaves proprement dits avant qu’ils ne soient libérés ; 5° ceux qui sont astreints par la loi civile au service militaire ordinaire, tant qu’ils ne l’ont pas accompli ; 5° les nécphytes jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment éprouvés, au jugement de l’ordinaire ; 7° ceux qui souffrent d’uiie infamie de fait, tant qu’elle dure, au jugement de l’Ordinaire ».

Nous signalerons seulement deux précisions apportées à ce texte par la commission pontificale d’interprétation du Code. Les 2 et 3 juin 1918, elle a interprété le n. 5 en déclarant empêchés ceux qui pourront être appelés au service nxilitairc, mais qui ne le sont pas encore, soit parce qu’ils n’ont pas l’âge voulu, soit parce qu’à la révision ils ont été ajournés. Acta Apostolicæ Sedis, 1918, p. 344. Le 14 juillet 1922, elle a interprété le n. 1, en déclarant que le mot fils doit être restreint au 1° degré, même in linea paterna ; autrement dit, qu’il n’y a pas à maintenir l’ancienne distinction qui rendait irréguliers les petits-enfants d’un grand-père hérétique, et seulement les enfants d’une mère hérétique Ibid., 1922, p. 528.

4. « L’ignorance de l’irrégularité soit ex delicto, soit ex dejectn, ou des empêchements n’en excuse pas. » (Can. 988.) Les auteurs exigeaient communément, pour l’irrégularité ex delicto qu’elle fût connue pour être encourue : le Code ne distingue plus à ce point de vue les deux sortes d’irrégularités ; on les encourt même sans les connaître.

5. « Les irrégularités et les empêchements sont multiples quand leurs causes sont différcntes ; mais non quand la même cause est répétée, sauf le cas de l’homicide volontaire » can. 989.

6. Dispenses et demandes de dispenses. Can. 990-991.

— Can. 990. « § 1. Il est permis aux ordinaires de dispenser leurs sujets, soit par eux-mêmes soit par un autre, de toutes les irrégularités provenant d’un délit occulte, excepté celle dont il s’agit au can. 985, n. 4 ( homicide volontaire et avortement) ou toute autre traduite au for judiciaire. — § 2. Le même pouvoir appartient à tout confesseur dans les cas occultes plus urgents où on ne peut recourir à l’ordinaire et où il y a danger imminent de grave dommage ou de perte de la réputation ; mais seulement dans le but de permettre au pénitent d’exercer licitement les ordres déjà reçus. » La première de ces dispositions

n’est que la reproduction adaptée du cap. Liceat du concile de Trente, sess. xxiv, de reform., c. 6 ; la seconde étend à tous les confesseurs les pouvoirs dont jouissaient seuls les confesseurs réguliers.

Can. 991, § 1. « Dans les demandes pour obtenir dispense des irrégularités et des empêchements, il faut indiquer toutes les irrégularités et les empêchements ; autrement une dispense générale sera valable sans doute pour ce qui a été omis de bonne foi, à l’exception des cas exceptés au can. 990, § 1 ; mais non pour ce qui a été omis de mauvaise foi. — § 2. S’il I s’agit de l’irrégularité provenant de l’homicide volontaire, il fau :. exprimer aussi le nombre des fautes, sous peine de nullité de la dispense à accorder. — § 3. Une dispense générale pour les ordres vaut aussi pour les ordres majeurs ; et celui qui a été dispensé peut obtenir des Ijénéfices non consistoriaux, même des cures ; mais il ne peut être nommé cardinal, évêque, abbé ou prélat nullius, ni supérieur majeur dans un ordre religieux exempt. — § 4. Une dispense accordée au for interne non sacramentel doit être coi, signée par écrit ; et il en doit être fait mention dans im registre secret de la Curie. »

L. GODEFP.OY.

RVINGIENS ou Irvingites sont les dénominations données à une secte qui, du reste, ne les accepte pas, et qui revendique pour elle, sans exclusivité d’ailleurs, le titre d’Église catholique apostolique. C’est sous ce dernier nom qu’elle est officiellement connue dans les pays de langue anglaise. Les origines remontent au premier tiers du xixe siècle. Les bouleversements de la Révolution et de l’Empire, avaient troublé certains esprits et les avaient amenés à l’idée que le second avènement du Christ était proche. Aussi cherchait-on, dans les Écritures et en particulier dans l’Apocalypse, à lire les signes des temps nouveaux. La première manifestation littéraire de cette idée semble avoir été un ouvrage d’Emmanuel Lacunza, religieux de la compagnie de Jésus, né à Santiago de Chili, qui avait été chassé de son pays, avec tous ses confrères, en août 1767. Il s’était réfugié dans les États pontificaux, à Imola, où il avait vécu dans la solitude, et, semble-t-il, la misère. On l’avait trouvé mort dans la rue, le 17 juin 1801. Il avait composé dans sa retraite un ouvrage : La Venida del Mesias en gluria ; / majeslad, dont le premier volume parut tout d’abord à Cadix, puis, en 1816, à Londres, sous le nom de Juan Josaphat Ben Ezra, hébreu chrétien. L’édition de Cadix avait été jjrohibée par l’Inquisition de cette ville en 1812, et l’ouvrage lui-même mis à l’index, le 6 septembre 1824. Lacunza, en clïct, dans cette interprétation de l’Apocalypse, professait une doctrine qui se rapproche beaucoup du millénarisme. Il croyait que Jésus-Christ, au temps venu, descendrait du ciel, qu’il serait accompagné des anges et des saints, qu’il régnerait visiblement avec eux pendant mille ans, et que, avant de remonter aux cieux, il paraîtrait dans toute sa majesté pour juger tous les hommes.

Ce livre, publié à Londres, y tomba dans une fermentation d’idées semblables qui se faisait en certains cercles appartenant aux diverses nuances de l’Église d’Angleterre. L’un d’eux se réunissait chez un riche banquier, Henry Drummond, membre des communes. Son château d’Albury comptait parmi ses hôtes des personnalités connues, comme le fds du premier ministre Percival et un pasteur estimé, Nicholas Armstong. Mais leurs idées ne prirent corps que le jour où elles eurent pour interprète l’homme qui allait leur donner son nom, Edward Irving. Celui-ci était né à Annan, en Ecosse, en 1792. Dès sa jeunesse, il s’était lié avec le célèbre historien Thomas Carlj’le, qui lui a consacré un chapitre de ses « Réminiscences ». Après avoir enseigné, pendant quelques années, les mathé-