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IMPOSITION DES MAINS

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mfme où elle avait lieu. En Espagne la réconciliation des hérétiques se faisait par la chrismation suivie de l’imposition des mains. S. Isidore de Séville. De ecclesiaslicis officiis, ii, 25, 9 ; S. Ildephonse de Tolède, De cognitione baptismi, 121 ; Liber ordimim. édit. Férotin. p. 100-103. Or, l’historien des Francs, relatant la réconciliation de plusieurs hérétiques en Espagne, ne parle néanmoins que de la cérémonie du chrême (au sujet d’Herménégilde et de’RicaTède, Hist. Francorum, V, 39 ; IX, 15 ; de Conarich, roi des Suèves en Galice, De miraculis S. Martini, i, 11, P. L., t. lxiii, col. 354, 493. 925). Pourquoi supposer qu’il ait mis plus de précision dans son récit du baptême de Clovis ? La chrismation, qui fait des baptisés des prêtres et des rois, était ici la plus importante à signaler. Il est frappant que, dans le récit du prétendu baptême de Constantin par le pape saint Silvestre, l’auteur des Gesta Silveslri. voir Mombritius, Sanctuarium, réédition des bénédictins en 1910. t. ii, p. 512-513, un lomain cependant, et qu’on ne peut pas soupçonner d’avoir ignoré l’imposilion des mains ou de l’avoir confondue avec la chrismation postbaptismale, la passe lui auss-i sous silence ; il ne parle que de l’immeision, de la chrismation et de la vêture des habits blancs. En conclura-t-on que la tradition du Saint-Esprit, à Rome, au v siècle, se faisait par la chrismation ? Ce n’est que par une déduction exactement parallèle qu’on prétendrait le conclure, pour la Gaule du lanpa^e (le saint Grégoire de Tours et de saint Avit. Voir d’ailleurs, roi. 132(i. les faits cilés qui attestent l’usage de l’imposition des mains.

b) Époque où l’onction fut ajoutée dans la liturgie romaine. — Il est donc avéré que la liturgie romaine fut xjrimitivement la seule à faire suivre d’une onction l’imposition des mains pour communiquer le Saint-Esprit. Elle apparaîl dans les Sacramentaires et les Ordines les plus anciens qui nous en restent, voir col. 1351, et le pape saint Innocent l", au début du ve siècle, en parle comme d’une coutume ecclésiastique déjà existante. Il y a donc seulement à se demander si elle a toujours fait partie de l’administration de la confirmation. Son absence dans les Églises d’Afrique, jointe à l’identité communément admise de leur liturgie avec celle de l’Église de Rome, porterait à en douter. Comme d’ailleurs, antérieurement à saint Innocent l"’, il n’en reste aucune trace certaine, et que le Liber pontificalis attribue au pape saint Silvestre d’avoir fait de la consignation, comme de la consécration du chrême, le privilège des évêques : Consliiuil crisma ab episcopo confiai et privilegium cpiscopis ut baplizalum consignent propter li/treticam suasionem. édit. Duchesne, t. i. p. 76, ce qui pour un clerc romain duAT= ou du viie siècle ne peut viser que l’onction jointe à l’imposition des mains, on se montre en général assez porté à croire que l’addition de cette onction date en effet des débuts du iv’siècle. Cf. La consignation à Carthage et à Rome, dans les Recherches de science religieuse, t. ii, 1911, p. 373 sq. ; dom de Puniet, Onction et confirmation, dans la Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, t. xiv, 1913, p. 451-452. L’hypothèse est, en effet, fort probable ; il n’y a point contre elle d’objection insoluble. Du moins, le nom de oçpaytç et l’emploi du verbe cçpaYLÇstv pour désigner la collation du Saint-Esprit ne sauraient lui être opposés. Le verbe ocppayîî^saOat se lit dans la lettre du pape Corneille, à propo.s de Novatien, qui, bapt isé en danger de mort, ne reçut jamais le Saint-Esprit des mains de l’évêque : oùx etu^s… toù atppaytaOTJvat ûttô toG èmanànou. Toutou Se ji, Y) tu5(wv, ttwç à- to’j’Ay^ou Ilveû{xaToç ë u/£. Eusèbe, È. E., vi, .13, P. G., t. xx, col. 624. Mais rien ne prouve qu’il ait le sens d’onction : dans la littérature ecclésiastique de cette époque, ni le substantif cçpayîç, ni le verbe otppayt^eiv

n’évoquent par eux-mêmes cette idée. Cf. Dôlger, Sphragis, , part. II, c. iii, p. 169-171 ; La consignation à Carthage et à Rome, p. 377-382. Nous savons au contraire qu’ils s’emploient, entre autres cas, pour désigner l’imposition des mains à l’ordination : les Acta Barnabx, 20, Bonnet, Acta apost. apocrypha, t. iii, p. 299, ont l’expression, èaçpâyiae eîç ÈTTÎaxoTTOV, qui rappelle le cçpayiadejisvoç r][j.5.c, de II Cor., i, 21, à propos de la mission apostolique de saint Paul et de ses compagnons, et la version latine de la Tradition apostolique de saint Hippolyte emploie pareillement le mot consignare pour l’imposition collective des mains dans l’ordination des prêtres, édit. Connolly. p. 179 ; cf. p. 178. Tout porte donc à croire que le atppayiaôîjvai, du pape Corneille n’est que le synonyme du signari de Tertullien et de saint Cyprien et correspond exactement au signaculum dominicum, dont l’évêque de Carthage dit lui aussi qu’il est nécessaire aux baptisés pour consommer leur initiation, per nostram orationem ac manus impositionem Spiritum Sanctum consequantnr et signaculo dominico consummentur. Epist., i.xxiii, 9. Si donc, plus tard, Rufin, dans sa traduction d’Eusèbe, qui est une paraphrase plutôt qu’une traduction, a introduit le mot de chrême, nec signaculo chrismatis consummalus est, édit. Schwartz-Mommsen, t. ii, p. 62, dans la lettre du pape, c’est une preuve de plus que, à Rome, au ve siècle, on ne concevait plus la consignation que sous la forme d’une onction, mais il ne s’en suit nullement qu’il en fût de même au milieu du iiie siècle.

Seule la Tradition apostolique de saint Hippolyte a paru faire vraiment la preuve qu’il en était ainsi. Après l’imposition des mains accompagnée de l’invocation habituelle (cependant dans la version latine publiée par Hauler, édit. Connolly, p. 185, le Saint-Esprit n’est pas mentionné : on demande seulement à Dieu sa grâce : immitte in eos tuam gratiam), elle porte l’indication très nette d’une onction que l’évoque doit faire. Voir col. 1351. Peut-être cependant serait-il un peu prématuré de conclure de ce texte fort clair, mais d’origine encore assi z incertaine, à l’usage réel de l’Église romaine. La Constilalion ecclésiastique de l’Egypte serait-elle vraiment la Tradition apostolique de saint Hippolyte, il resterait à prouver que la liturgie ainsi décrite reproduit bien celle de la véritable Église romaine. Plusieurs traits porteraient à en douter ; et il n’y à rien d’invraisemblable à admettre qu’Hippolyte l’aurait introduite lui-même à Rome comme l’indiquent les expressions du début : producti ad verticem traditionis. quæ catecizat, ad ecclesias perreximus, à l’heure même où il vient de se dresser comme cl.ef d’Église en face du pape, qu’il affecte de n’appeler qu’un chef d’école. Cf. dom "Wilmart dans la Revue du Clergé Français, 15 octobre 1918, t. xcvi, 111-114. Quoi qu’il en soit cette onction, se présente dans des conditions si singulières qu’on se demande si elle a réellement jamais été pratiquée à Rome. Le Testament de Notre-Seigneur, édit. Rahmani. p. 131, l’a conservée, mais les Canons d’Hippolyte l’ont totalement omise, et, sous la forme si caiactéristique dont elle est décrite, elle n’a laissé aucune trace dans aucun auteur ni dans aucun document liturgique de rO( ; ciænt. Voir le tableau. Il est à remarquer, en efl’et, qu’elle s’intercale entre l’imposition des mains et la consignation proprement dite, qui suit, qui se fait au front et qui, elle, apparaît partout dans les documents liturgiques romains. Elle ne saurait donc pas absolument se confondre avec cette dernière, qui est essentiellement un signe de croix au front, le signari, le signaculum dominicum de saint Cyprien, le signum Christi du Sacramentaire gélasien, que les Ordines romani rappellent tous équivalamment. L’autre, au