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IRÉNÉE (SAINT)
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IRENEE — IRÉNÉE DE SAINT— JACQUES


soit point parvenue dans sa forme originale et son texte grec : c’eût été une source précieuse de documents et de renseignements sur les dObuts du nestorianisme. Mais cet ouvrage ne nous est connu que par de larges extraits, qu’en fit, peu après Justinien, dans la seconde moitié du vi’siècle, un auteur anonyme, vraisemblablement africain d’origine, partisan résolu des Trois Chapitres, qui avait pris notamment la défense de Théodoret, et qui traduisit en un mauvais latin la plupart des pièces de la Tragédie, se contentant de résumer, les autres ou de les signaler ou même de les supprimer. Son œuvre, découverte dans un manuscrit du Mont-Cassin par Lupus (Christian Wolf) et publiée par lui sous ce titre fort peu justifié : Variorum. Palrum epislolæ ad concilium Ephesinum pertinentes, Louvain, 1682, fut rééditée par Baluze et par Mansi, qui la divisa en 225 chapitres. Garnier l’intitula : Synodicon aduersus Tragœdiam Jrenœi, P. G., t. lxxxiv, col. 548-814. Tel quel, ce Synodicon nous apprend qu’Irénée avait divisé sa Tragédie en trois parties, dont la dernière avait trait aux négociations de paix faites à Alexandrie entre les Orientaux et saint Cyrille. Synodicon, lxxix, P. G., t. LXXXIV, col. 688.

L’auteur de ce Synodicon qualifie Irénée de homo Nestorii sequacissimus, Synodicon, cxvni, col. 732 : il lui reproche d’avoir combattu la doctrine catholique en faveur de l’erreur nestorienne et d’avoir condamne la déclaration de foi faite par les Orientaux. Il n’y a là rien qui doive surprendre de la part d’un ami de Nestorius, tel qu’Irénée. Mais il ressort des passages de la Tragédie traduits par l’anonyme, qu’Irénée, sans épargner Théodoret, qu’il accusait de légèreté et d’inconstance, s’en était pris surtout à Cyrille d’Alexandrie et même à Jean d’Antioche. Il disait qu’en dénonçant au pape Célestin le De historia de Nestorius, l’évêque d’Alexandrie s’était adressé à un homme incapable de pénétrer la subtilité des questions débattues, ut ad simpliciorem quam qui posset vim dogmaium subtilius peneirare, et qu’il avait falsifié ce document, en faisant dire à Nestorius : non peperit Maria Deum, alors qu’il avait écrit : non peperit Maria Deilalem. Synodicon, VI, col. 588-590. Il reproche lui-même à Cyrille d’avoir surpris par ses artifices la bonne foi du pontife romain, et soutient que la paix conclue en 433 entre Orientaux et Alexandrins était fausse et que la division régnait plus que jamais. Synodicon, cxvni, col. 732. Il détestait, quant à lui, le revirement simulé ou vrai de cet égyptien, Synodicon, cxxi, col. 734, et n’avait pas, au contraire, assez d’éloges pour Alexandre d’Hiérapolis, pictatis propugnator egregius, iurris adamantina, qui dut à son courage d’être chassé de son siège. Synodicon, clxxi, col. 786. Ceux qui ont condamné Nestorius, ajouiail-il, ont erré, eux aussi, sur la doctrine et ont constitué, sous la direction de Cyrille, une faction pire que les précédentes. Synodicon, cxcv, col. 809.

Ces accusations, dont quelques-unes sont graves, étaient-elles fondées ? Ce qu’on peut dire, c’est que, si l’auteur du vie siècle crut devoir les signaler, elles furent sans résultat sur la marche des événements et n’empêchèrent pas celui qui les avait formulées de recouvrer peu après sa liberté, de devenir évêque de Tyr et d’entretenir avec Théodoret une correspondance, qui lémoignait de son respect et de sa confiance à l’égard de l’évêque de Cyr. Théodoret, en tout cas, ne tint pas rigueur à Irénée de ce qu’il avait écrit contre lui dans sa Tragédie. C’est ainsi qu’il répond à ses consultations sur certains cas de conscience, Tliéodoret, Episi., ni, P. G., t. lxxxiii, col. 1176-1177 ; qu’il le console de la mort de son gendre, hpist., xii, col. 1185 ; qu’il le remercie de

l’envoi de deux ou trois de ses traités. Epist., xvi, col. 1193. Théodoret se porte garant de l’orthodoxie de sa foi, vante son zèle, son mépris des richesses, son amour pour les pauvres, sa libéralité à l’égard de ceux qui d’une haute situation étaient tombés dans la misère. Epist., ex, col. 1305. Il lui recommande, entre autres, pour qu’il l’assiste, un sénateur de Carthage, chassé d’Afrique par les Vandales. Epist., XXXV, col. 1212. Bien que défenseur de Diodore de Tarse et de Théodore deMopsueste, il n’avait pas joint leur témoignage à celui des Pères grecs et latins qu’il avait cités dans l’un de ses Dialogues. Irénée s’en était étonné avec une pointe de blâme ; mais Théodoret remarque qu’il aurait eu tort de le faire, attendu que celui qui est accusé ne doit alléguer que des témoins non suspects à ses accusateurs. Au reste, il honore ces deux évêques, puisqu’il mentionne l’ouvrage qu’il avait entrepris pour les justifier des crimes qu’on leur imputait. Epist., XVI, col. 1193.

Il est à croire que s’il avait encore vécu, Irénée, dont l’évêque de Cyr vantait l’orthodoxie, aurait été. réhabilité, au concile de Chalcédoine, comme Théodoret et Ibas ; sa mort prématurée le laissa englobé dans la réprobation du nestorianisme.

Evagrius, H. £., i, 10, P. G., t. lxxxvi, col. 2448 ; Sunodicon adversus Tragœdiam Irenœi, P. G., t. Lxx, iv, col. 548 sq. ; Actes syriaques du Brigandage d’Éphèse, publiés d’abord par Perry, An ancient syriac document purporling to be Ihe record, in ils chiefs factures, o/ the second sj/nodo/£p/ ! esus, Oxford, 1867, ont été traduits en allemand par G. Hoffmann, Verhandlungen dcr Kirchenversammlung zuEphesusam XXII August CDXLIX, Kiel, 1873 ; en français, par l’abbé Martin dans la Revue des sciences ecclésiastiques, Amiens, 1874 (tirage à part) ; et en anglais par Perry, The second synod o/ Ephesus logether willi certains extraits lelating to it, Dartford, 1881.

Tillemont, JWémoire.s, Paris. 1701-1709, t. xiv et xv ; Ccillier. Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1858-1868, t. x, p. 22-23, 64-65, 72 ; Martin, Le Brigandage d’Êplièse, dans la Revue des questions historiques, Paris, 1874, t. xvi, p. 5-58 ; Duchesne, Histoire ancienne de L’Église, Paris, 1910, t. iii, p. 344, 384, 388. 395. 400-402, 419 ; Smith et Wace, A dictionary oj Christian biography, t. iii, p. 280-282. ; U. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, t. I, col. 2267. Des doutes ont été élevés sur l’authenticité ou du moins sur l’intégrité du Synodicum, cf. J. Tixeront, Précis de patrologie, Paris, 1918, p. 197, note 2.

G. Babeii.le.

    1. IRÉNÉE DE SAINT-JACQUES##


3. IRÉNÉE DE SAINT-JACQUES, théolo

gien de l’ordre des carmes, né à Saint-Pol-de-Léon, mort à Paris le 3 septembre 1676. Jacques de Goasmoal fit profession de la vie religieuse à Rennes le 17 septembre 1634 et reçut le nom d’Irénée de Saint— Jacques. Il fut appelé à enseigner la philosophie et la théologie aux religieux de son ordre à Paris, et mourut dans cette ville au couvent du Saint-Sacrement., dit des Billettes. Il publia : Tractatus theologicus de singulari immaculatæ Virginis proleciione, in-4°, Paris, 1650, traité dirigé contre l’ouvrage de Jean de Launoi : Disserialio duplex, una de origine et confirmaiione privilegiati scapularis carmelitarum ; altéra de visione Simonis Stockii, prioris ac magistri generalis carmelitarum, in-8<’, Leyde, 1642 ; Philosopitiæ cursus admenlemd. Thomæ, cui adjungitur Appendix in spheram cum brevi annotatione de temporum caracteribus, calendarii reformalione, in-fol., Paris, 1655 ; Jacques de Saint— Irénée donna une autre édition de cet ouvrage sous le titre : Musseum philosophorum, seu P. Jreneeus carmelita docens logicam, physicam, metaphysicam et moralem, in-fol., Paris, 1663 ; Theologia de Dco uno, de Deo trino, de angelis, in-fol., Poitiers, 1061 ; Theologia de peccatis, de legibus, de gratia, de fide, spe et charilate, in-fol., Poitiers, 1671 ; Tractatus de regulis fidei, in-fol., Poitiers, 1671 ; Theologia de