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IRÉNÉE (SAINT'


sur des raisons peu solides ; cꝟ. 3e édit., Paris, 1698, t. I, p. 176. Tillemont, Mémoires, t. iii, p. 92, suivi par dom R. Ccillicr, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1730, t. ii, p. 197, s’accorde mieux avec le texte grec en disant que, ' selon Photius, il y a, dans quelques-uns des écrits d’Irénée, « quelques fautes contre l’exacte vérité de la doctrine de l'Église. » Où Tillemont paraît se tromper, c’est quand il ajoute : « Il peut avoir voulu marquer par là l’opinion des millénaires. » Ce n’est pas probable : la critique de Photius ne porte pas sur le Contra hæreses si carrément millénariste, mais sur les autres écrits qui circulaient sous le nom d’Irénée. Photius aurait-il été trop difficile ? Ou bien Irénée aurait-il donné prise à ce jugement rigoureux par des affirmations qui ne nous sont point connues ? Ou encore, chose plus probable, Photius aurait-il visé des écrits publiés abusivement sous le nom d’Irénée ? Bossuet, Mémoire sur ce qui est à corriger dans la Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques de M. du Pin, dans ses Œuvres, édit. Lâchât, Paris, 1864, t. xx, p. 528, avança cette hypothèse, qu’Ellics du Pin, 3e édit., p. 176, accepta comme plausible ; elle a pris quelque consistance maintenant que nous savons que les monophysites se couvrirent de l’autorité d’Irénée et lui prêtèrent des textes de leur fabrication. — 69. Moïse bar Cepha. — Une citation du Coni. hær., t. II, c. xxxiv, n. 1, est donnée par lui, dans son De anima, c. XXV, sous le nom d’Andronic, évêque de Gugran. Cf. O. Braun, A/oses Bar Kepha und sein Buch von der Seele, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 97 ; Harnack, p. 280. — 70. Un manuscrit des Constitutions apostoliques. — Cf. Harnack, p. 280. — 71. Arélas de Césarée. — Plusieurs citations du « grand Irénée, t dans son Commentarius in Apocalypsin, prol., c. ii, x, xviii, P. G., t. cvi, col. 493, 516, 569, 571, 600. Ce commentaire est une sorte de décalque de celui d’André de Césarée, et il se peut qu’Arétas n’ait connu qu'à travers lui les œuvres d' Irénée. Toutefois certains passages semblent attester une lecture directe des sources. Le plus notable est le commentaire de l’Apocalypse, iv, 5, col. 569 ; cf. André, col. 256, où non seulement Arétas allègue, à l’appui de son interprétation. Clément d’Alexandrie non cité par André, mais où il serre encore de plus près que lui le passage de la Démonstration de la prédication apostolique auquel ils se réfèrent l’un et l’autre. Sur la Démonstration, qui n'était connue, que par un mot d’Eusèbe, nous aurions donc, sans parler de l’extrait qui se trouve dans les sept fragments publiés, P. 0., t. xii, p. 733-734 ; cf. p. 683, les deux témoignages d’André et d’Arétas de Césarée. — 72. Simon Métaphrasle. — 73. Le pseudoChrysostome. — 74. Les Actes des saints Félix, Fortunat et Achillée, de Valence. — 75. Les Actes des saints Ferréol et Ferrucion, de Besançon. — 76. Les Actes de saint Timoltiée, d'Éphèse. — 77. Les menées des Grecs. Pour ces six derniers n »  », cf. Harnack, p. 281. — 78. Œcuménius. — Cf. Harnack, p. 282. — 79. Nifétas Serronius. Cf. Harnack, p. 279. — 80. Les Chaînes des Pérès. — Nombreuses citations, d’une authenticité parfois douteuse. Cf. P. G., t. vii, col. 1239-1248, 12571264, 2017-2018 ; Harnack, p. 281-283, 839, 840, 841, etdans le supplément, p. 12 ; P. Batiffol, dans pic/ ; onnaire de la Bible, Paris, 1899, t. ii, col. 486 (chaîne copte). Irénée y est appelé parfois « disciple des apôtres, . P. G., t. vii, col. 2017. — 81. Le Parisinus 854.

— Trois fragments du traité, perdu, Sur la foi, attribués à saint Irénée. Cf. Harnack, p. 283-284. — 82. Antoine Mclissa. — Une citation, probablement à travers les Sacra parallela. Cf. P. G., t. vii, col. 996.

— 83. Traductions. — Nous sommes mal renseignés sur les traductions des œuvres d’Irénée. Le Contra hasre-'es fut traduit en latin, en arménien et, fragmen tairement au moins, en syriaque ; la Démonstration en arménien, peut-être en syriaque. Outre la version latine complète et la version arménienne des 1. IV-V du Contra hæreses et la traduction arménienne de la Démonstration, nous avons des fragments, grecs et syriaques, des œuvres diverses, d’une authenticité parfois douteuse, quelques-unes d’origine hérétique, ainsi que nous l’avons vu en traitant des œuvres d’Irénée. Cf. Harnack, p. 284-288. Irénée y est appelé, çà et là, « disciple » ou « voisin des apôtres. » — 84. Manuscrits. — De la vieille version latine un manuscrit subsiste, le Claromontanus (maintenant Berolinensis), qui est du ixe siècle.

Cette longue liste, quoique certainement incomplète, permet d’arrêter les grandes lignes de l’influence irénéenne. Elle s’affirme de façon manifeste sur les hérésiologues, surtout Hippolyte, Épiphane, Philaslrc et Théodoret. Dogmatiquement elle est considérable sur les Pères grecs. Dans tous les débats trinitaires et christologiques, l’autorité d’Irénée est mise en avant, et les définitions de l'Église, tout de même que le développement de la théologie, sont dans le sens de sa doctrine. Clément a trouvé ou introduit ses œuvres à Alexandrie. Origène, selon toute vraisemblance, lésa utihsées. Saint Alexandre, saint Athanase, saint Basile, saint Cyrille de Jérusalem, saint Épiphane s’inspirent de lui ou s’en réclament. Au concile d'Éphèse, les moines cathohques, dans leur requête contre Nestorius, nomment Irénée et Grégoire le thaumaturge seuls entre les Pères qui composent la tradition. Un Marcel d^Ancyre, un Théodoret, d’une orthodoxie moins sûre, veulent dépendre d’Irénée. Les monophysites le tirent à eux et, au besoin, forgent des textes qu’ils lui attribuent. Les florilèges patristiques et les chaînes bibliques lui font de nombreux emprunts. Tous voient en lui le disciple des apôtres ou le voisirr des temps apostohques, et il apparaît, selon le mot de Théodoret, comme la lumière des Gaules et de l’Occident, comme une de ces fontaines spirituelles qui apportent la lumière du ciel. Son millénarisme, qui suscite quelques réserves, n’amoindrit pas sensiblement son action doctrinale, et il faut descendre jusqu'à Photius pour rencontrer une critique, assez vague du reste, de ses enseignements. Irénée n’est pas connu seulement dans le rayon de la théologie grecque. Cet asiate qui, après avoir probablement vécu à Rome, s’est établi « parmi les Celtes » et parle le plus souvent ce qu’il appelle « une langue barbare, » Cont. hær., t. I, præf., n. 3, col. 444, écrit, en grec, des œuvres qui sont traduites en latin, en arménien, en syriaque, et qui ont des lecteurs, de saint Patrice, en Irlande, à saint Éphrem, dans la lointaine Édesse. Disons, pourtant, que son influence est moindre dans la théologie latine que dans la grecque, malgré qu’il ait été, en quelque sorte, naturalisé latin et que la vieille traduction du traité contre les hérésies ait presque la valeur d’un original. A voir cette traduction utihsée par Tertulhen, peut-être par saint Cyprien, sûrement par saint Augustin, on croirait qu' Irénée va s’emparer des esprits et présider à l’essor théologique. Il n’en fut rien. Augustin relégua dans la pénombre tous ses prédécesseurs. C’est lui qui fut le nuiitre incontesté de la pensée occidentale. Irénée tomba dans un oubli relatif et assurément regrettable. A Lyon même, on n’avait pas ses œuvres. A la fin du vie siècle, l' évêque Éthérius demanda au pape saint Grégoire le Grand de les lui procurer. On n'était pas plus riche à Rome ; Grégoire répondit que, malgré toutes les recherches, les Actes et les écrits d’Irénée étaient restés introuvables. Du temps d' Agobard, la situation n’est guère améliorée. Agobard cite une fois Irénée ; mais il n’a pas son texte, car il en donne un passage, non d’après l’antique version latine, mais d’après la traduction d’Eusèbe par