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IRÉNÉE (saint ;

raissent chez l’un et chez l’autre. Cf., sur d’autres ressemblances, F. R. M. Hitchcock, Irenæus of Lugduniim, Cambridge, 1904, p. 27-30. Du reste, Irénée ne reproduit pas Justin de façon servile. Voir Fils de Dieu, t. v, col. 2426 ; cf. J. Lebreton, loc. cit., p. 134. — i. Taiien. — Si Tatien n'était qu’un chrétien ordinaire tombé dans le gnosticisme et dans l’encratisme, il suffirait de la mention que nous lui avons accordée parmi les sources gnostiques. Mais il a été d’abord un disciple de Justin, t. I, c. xxviii, n. 1 ; cꝟ. t. III, c. xxiii, n. 8, col. 690, 965, dévoyé après le martyre de son maître, et l'âpreté des critiques d' Irénée se concilierait assez bien avec l’hypothèse d’après laquelle il aurait été lui aussi le disciple de Justin ; ce serait la protestation indignée de l'élève fidèle à la pensée du maître contre le renégat. Dans son Discours aux Grecs, Tatien parle de l'âme en des termes qui l’ont fait passer pour un adepte du trichotomisme, et on a prêté ces mêmes idées trichotomistes à Justin et à Irénée. Voir Ame, t. I, col. 981, 984-985. Irénée présente quelques ressemblances, mais ausoi des différences marquées, avec Tatien. Cf. J. Leblanc, Entre la mort et la parousie avant Origène, dans les Annales de philosophie chrétienne, Paris, 1904, III « série, t. iii, p. 389-394.

b) Ceux qu’il ne cite pas. — Nous avons ici en vue quelques écrits qu' Irénée ne cite point, mais avec lesquels il offre des ressemblances. Ces ressemblances, parfois assez vagues, ne prouvent pas qu’il les ait lus ; il peut se faire que les auteurs de ces écrits et Irénée aient puisé à une source commune, ou qu’ils se soient rencontrés dans l’interprétation d’un texte biblique. — a. Le pseudo-Barnabe. — Voir Barnabe (Épître dite de saint), t. ii, col. 416 ; cf. F. R. M. Hitchcock, Irenæus of Lugdunum, p. 21-22. — b. La Didachè. — Les rapports signalés entre la Didachè et Irénée ne sont pas très caractéristiques. Sur l’usage fait par l’une et l’autre, Did., xiv, 3, et Cent, hær., t. IV, c. xvii, n. 5, col. 1023, de la prophétie de Malachie, i' 11, 14, cf. E. Jacquier, La Doctrine des douze apôtres et ses enseignements, Lyon, 1891, p. 20-21. L’affinité signalée par E. Buonaiuti, // millenarismo di Ireneo, dans la Riuista storico-critica délie scienze teologiche, Rome, 1906, t. ii, p. 91], entre Did., ix, 4, et Cont. hser., t. V, c. ii, n. 3, col. 1127, n’est pas telle qu’on soit autorisé à admettre une influence de la Didachè sur le Contra lisereses. — c. La lettre à Diognète. — A. Dorner, Die Lchre von der Person Christi, 2^ édit., Stuttgart, 1845, 1. 1, p. 478, a cru voir dans cette lettre, c. vii, P. G., t. II, col. 1177, une source d' Irénée. Cf. A. Harnack, Geschichte der altchristlichen Litteratur bis Eusebius, t. i, p. 758. — d. Méliton de Sardes. — Irénée rclèvc-t-il de Méliton, cf. son texte dans Eusèbe, H. E., t. IV, c. xxvi, P. G., t. xx, col. 395, quand il dit, t. IV, c. xxxiv, n. 4, col. 1086, que le Christ est l’auteur véritable de la paix romaine ? A. Dufourcq, Saint Irénée (collection La pensée chrétienne), p. 199, n., pense que oui. — e. Théophile d’Antioche. — A. Dufourcq, Saint Irénée (collection Les saints), p. 65, avance également qu' Irénée a lu Théophile d’Antioche. C’est possible, mais non certain. Un indice en faveur de cette hypothèse, c’est que Théophile, avant lui, ainsi que nous l’avons noté, a identifié la Sagesse de l’Ancien Testament avec le

Saint-Esprit, non avec le Verbe. — I. Hégésippe.

Faut-il, avec P. Batifîol, Anciennes liltéralures chrétiennes. La littérature grecque, 2e édit., Paris, 1898, p. 107, compter, parmi les sources d' Irénée, les Commentaires : d’Hégésippc, ou dire, avec A. Dufourcq, Sciinl Irénée (collection Les saints), p. 78-79, qu’ils « ne lui ont été peut-être d’aucun secours ? Ils viennent à peine de paraître (vers 170-180) en Palestine ou en Syrie ; ils mentionnent sept sectes juives… dont Irénée ne souffle mot ; ils énumèrent sept sectes chrétiennes

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dans un ordre qu' Irénée semble ne pas connaître. » — g. Un recueil de textes de l’Ancien Testament. -- On se souvient qu’U. Mannucci a admis l’existence d’un recueil de ce genre, mais en lui assignant une origine juive. J. R. Harris avait, le premier, supposé qu’il exista, aux premiers siècles, un recueil de preuves tirées de l’Ancien Testament, en usage dans la polémique antijuive. Cf. R. Harris et W. Burch, Tesdmonies, Cambridge, 1920. La Démonstration de la prédication apostolique lui parut confirmer cette hypothèse. La similitude de documentation scripturaire, l’emploi des mêmes passages des prophéties messianiques dans Justin, Irénée, Hippolyte, etc., et même dans des écrivains ultérieurs, tel Athanase, forment le principal étai de cette supposition. F. C. Burkitt est venu, à son tour, qui a conjecturé hardiment que ce recueil primitif ne serait autre que le livre perdu de Papias. Cf. Rivista storico-critica délie scienze teologiche, Rome, 191 0, t. vi, p. 492-493. Sous la forme que lui ont donnée U. Mannucci et F. C. Burkitt, la supposition est peu vraisemblable. Elle l’est davantage, telle que l’a développée J. R. Harris. Jusqu'à preuve du contraire pourtant, tout s’explique assez bien sans ce recueil, avec le seul Justin : dans le Dialogue avec Trijphon, celui-ci a comme imprimé sa forme classique à l’argument prophétique, et Irénée, Athanase, etc., n’auront qu'à s’inspirer de lui. Cf. M. J. Lagrange, Saint Justin, Paris, 1914, p. 51.

La question des sources d' Irénée se ramène donc aux données suivantes. Au point de départ, une et même deux influences décisives : celle de Polycarpe, disciple de saint Jean, et celle d’un presbytre, très' probablement distinct de Polycarpe, qui avait entendu les apôtres. Ceux-ci ne l’ont sans doute pas initié à tous les détails du dogme ; mais ils l’ont marqué à leur empreinte, ils lui ont fait une âme capable de tous les enrichissements doctrinaux. On a souvent parlé d’une école asiatique, d’une évolution théologique propre à l’Asie Mineure, dont Irénée serait le représentant le plus connu. L’existence de cette école est un mythe, et, en tout cas, Irénée n’a, avec l’Asie, d’attaches constatables que celles que nous venons de dire. Les autres presbytres asiates n’ont pas été ses maîtres ; il les cite à travers Papias. Vraisemblablement il quitta l’Asie de bonne heure, vint à Rome avec Polycarpe, y séjourna ; il y suivit peut-être les leçons de Justin. Ce qui est sûr, c’est que Justin, que ce soit uniquement par ses écrits ou encore par son enseignement oral, a exercé sur lui une influence considérable, qui fut un peu en étendue ce que celles de Polycarpe et des presbytres avaient été en profondeur. La lutte avec le gnosticisme détermina l’orientation de ses idées théologiques. La Bible, lue, méditée, convertie en sang et nourriture, « lui fournit, selon le mot heureux d’A. Dufourcq, Saint Irénée (collection Les saints), p. 63, la substance et la forme de sa pensée. » Il procède surtout de saint Paul et, plus encore de saint Jean. Les deux grands écrivains bibliques sont ses vrais maîtres.

Sources païennes.

J. A. Fabricius, Bibliolheca græca, édit. J. C. Harles, Hambourg, 1801, t. vii, p. 83-85 ; P. G., t. VII, col. 2019-2220 (les renvois se réfèrent aux chapitres des éditions antérieures à celle de Massuet). — 2° Sources gnostiques. — R. A. Lipsius, Zur Quellenkritik des Epiphanios. Vienne, 1863 ; D/e Quellen der altesten Ketzergeschichte, Leipzig, 1875 ; A. Harnack, Zur Quellenkritik der Geschichte des Gnosticismus, Leipzig, 1873 ; Zur Quellenkritik der Geschichte des Gnosticismus, dans la Zcitschrift fur die historische T/ieo/ogie, Leipzig, 1874, t. xliv, p. 143-226 ; Geschichte der altchristlichen. Lilteratur bis Eusebius, Leipzig, 1893, t. I, p. 145 ; A. Hilgenfeld, Die Ketzergeschichte des Urchristentums, Leipzig, 1884 ; J. Kunze, De liistoriæ gnosticismi fontibus novæ quæstiones crilicæ, Leipzig, 1894, p. 1-40 ; W. Anz, Zur Frage nach dem Ursprung des Gnosli-