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IRÉNÉE (SAINT'

t. XLi, p. 31-57, 145-172, 363-399. L’auteur a dégagé, p. 369-399, ce qui lui paraissait résulter de cette vaste enquête. Il a repris ces conclusions dans Gnostiques et gnosticisme. Paris, 1913. Cet ouvrage remarquable, mais beaucoup trop favorable aux gnostiques, est loin de pécher par excès de bienveillance envers Irénée, et quelques-unes de ses critiques de détail ne portent pas ; le jugement d’ensemble est juste. Irénée, passionné, mais non haineux, d’une loyauté non suspecte, nous fait bien connaître les gnostiques ses contemporains, moins bien ceux des générations antérieures. Les gnostiques qu’il a sous les yeux sont les disciples des disciples des grands fondateurs des sectes gnostiques. « Il est naturel que les défenseurs de l'Église soient surtout préoccupés des gnostiques qu’ils voient à l'œuvre…, qu’ils aient ce penchant de voir les ancêtres des sectes gnostiques à travers les épigones. Comment ne leur arriverait-Il pas, sans même s’en douter, de confondre les temps, d’attribuer aux fondateurs les idées de leurs successeurs, de rajeunir de deux ou trois générations certaines doctrines que professaient des gnostiques de la fin du n » siècle ?. P. 9-10 ; cf. p. 113-115, 314, 321. De la notice, importante entre toutes, 1. 1, c. i-xii, sur le valentinianisme, E. de Paye conclut l’examen, p. 85-117, par cette appréciation :. Telle qu’elle est, la notice d' Irénée est fort précieuse. On y trouve en partie la spéculation de Valentin, des échos de l’enseignement de Ptolémée et d’Héracléon, et enfin les élucubratlons des valentiniens du temps d' Irénée. On peut dire que trois générations ont déposé leur alluvion dans cette notice. On y entrevoit soixante ans d’histoire.. Ce n’est pas peu de chose. Et, en somme, Irénée a réalisé son programme, præf., n. 2, col. 441, qui était surtout de manifester la doctrine des valentiniens de l'école de Ptolémée, eomm qui sunt circa Ptolemseum. Sur les rapports entre la théologie qu' Irénée attribue à l'école de Ptolémée et la théologie de la lettre de Ptolémée à Flore, cf. A. Dufourcq, Saint Irénée (collection La pensée chrétienne), p. 82-84. La notice la plus complète, après celle du valentinianisme, est celle du marcosianisme, c. xm-xxi ; riche, mais moins sûre en ce qui regarde Marc, elle mérité confiance en ce qu’elle nous apprend des disciples de l’hérésiarque. Cf. E. de Paye, p. 321. Les notices sur Marcion, les caïnites, les ophites ou « adeptes de la Mère, . les barbéliotes, sont puisées à de bonnes sources. Cf. E. de Paye, p. 124, 127, 350, 361, 374. Les notices sur les anciens gnostiques : Basihde, Carpocrate, Sunon le magicien, Satornil, Cérinthe, Cerdon, n’offrent pas les mêmes garanties ; elles aident à bien connaître, sinon toujours ces hérétiques, du moins leurs successeurs. Cf. E. de Paye, p. 37, 395, 409, 411, 414. Relevons seulement, c. xxiir, n. 1, col. 671, l’erreur, provenant de Justin relative à la statue de Simon le magicien qui aurait été érigée à Rome. Sur une erreur attribuée à Irénée concernant l’existence du gnostique Colorbasus, voir Colorbasus, t. iii, col. 378. Concluons : la connaissance qu' Irénée eut et l’usage qu’il fit des sources gnostiques rendent le Contra liœreses très utile pour l'étude du gnosticisme ; mais tout n’y est pas d'égale valeur ni sans lacunes ! 4° Sources chrétiennes.

1. L'Écriture. — D’abord et par-dessus tout, Irénée s’inspire de l'Écriture. Saint Jean et saint Paul lui sont particulièrement famihers. « A vrai dire, on a l’impression, observe A. Dufourcq, Saint Irénée (collection Les saints), p. 185, noie, que saint Irénée est plus près de saint Jean que de saint Paul, » ce qui n’est pas pour surprendre de la part d’un disciple de Polycarpe ; mais la doctrine paulinienne du second Adam s’associe étroitement, dans son œuvre, à la doctrine johannique du Verbe fait chair et de la déification de l’homme par l’Esprit de

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Jésus et du Père, et la place qu’il assigne à la double théorie, mystique et réaliste, de la rédemption, prouve qu’il dépend à la fois des deux apôtres. Il a fallu les entraînements de l’esprit de système pour amener J.yeTnei, DerPaulinismusdesIrenqus, Leipzig, 1889 à soutenir que, malgré les ressemblances extérieures, malgré les formules et les citations pauliniennes, aucun lien réel n’unit l'évêque de Lyon à saint Paul.

2. En dehors de l'Écriture. — a) Ceux qu’il cite.

Irénée cite saint Polycarpe, des presbytres et des anonymes distincts, des presbytres, Paplàs, saint Clément, Hermas, saint Ignace, saint Justin, Tatien.

a. Saint Polycarpe. — Cont. hær., t. III, c. iii, n 4 col. 851-855 ; lettres à Florinus et au pape Victor', dans Eusèbe, H. E., t. V, c. xx, xxiv, P. G., t. xx, col. 484-485, 508, Irénée cite des paroles de Polycarpe et vante son épître aux Philippiens. Bien qu’il -fût relativement jeune quand il le connut, il a gardé tout vivant l’enseignement de Polycarpe : « il me semble, dit-il à Florinus, encore l’entendre nous raconter de quelle manière il avait conversé avec Jean et avec les autres qui avaient vu le Seigneur, nous rapporter leurs paroles et tout ce qu’ils avaient appris touchant JésusChrist, ses miracles et sa doctrine. » Une pareille infiuencemarque pour la vie. Cf., sur les citations de saint Paul par Polycarpe et par Irénée, F. R. M. Hitchcock, Irenæus of Lugdunum, p. 24 ; sur Irénée et Polycarpe, l’appendice des Actes de Polycarpe dans le manuscrit de Moscou (xme siècle), dans H. Hemmer et P. Lejay, Les Pères apostoliques, Paris, 1910, t. iii, .p. 158, 160 ; sur les ressemblances entre les Actes de Polycarpe et la lettre des martyrs de Lyon, œuvre probable d' Irénée, A. Lelong, dans H. Hemmer et P. Lejay, op. cit., p. lxix. — b. Les presbytres. — Un peu partout Irénée se réfère aux vénérables pn sbytres, qui avaient vécu avec les apôtres ou avec leurs disciples. Le mot grec est upeapûxepoç.et, une fois, TirpeapÛTTiç ; ce dernier mot saint Épiphane l’applique à Irénée. Panarium, hær. xxxi, c. 33 ; hær. xxxiv, c. 21, P. G., t. xLi, col. 538, 623. La vieille traduction latine a les mots : presbyier, senior, velus homo, veteres. Parmi ces presbytres, il en est qu' Irénée a connus lui-même. C’est le cas, très probablement, de « cet homme meilleur que nous, . supérieur à nous, » dont il parle, t. I, præf., n. 2 ; c.xiii, n. 3 ; t. III, c. xvii, n. 4, col. 440, 584, 931-932, avec un accent qu’on n’a pas quand il s’agit d’un étranger, et dont on s’est demandé si ce ne serait pas saint Polycarpe ou saint Pothin. Cf. Tillemont, Mémoires, t. iii, p. 89, note. C’est sûrement le cas du presbytre — serart-ce le même ? — qu’il a entendu, qui avait entendu les apôtres, et dont il invoque l’autorité sept fois de suite. L. IV, c. xxvra, n. 1, 2 ; c. XXX, n. 1 ; c. XXXI, n. 1 ; c. xxxii, n. 1, col. 1056, 1058, 1059, 1064, 1068, 1070. Il en est qu’Irénée n’a peut-être pas connus personnellement. D’abord, ce mystérieux poète, irpeaPuTï]. ; dans le grec, senior dans le latin, qui a écrit contre le gnostique Marc, t. I, c. XV, n. 5, col. 628, et ceux qu’Irénée caractérise simplement comme les transmetteurs de la vraie foi, t. III, c. xxiii, n. 3 ; t. IV, c. xxviiii, n. 1 ; t. V, t. xvii, n. 4, col. 961, 1061, 1 171 ; lettre à Florinus, dans Eusèbe, P. G., t. XX, col. 485 ; Dem., c. iii, lxi, p. 662, 706, Ensuite, le groupe des presbytres asiates, qui se trouvaient auprès de saint Jean, « qui le virent face à face, » et dont plusieurs virent d’autres apôtres. L. 1 1, c. xxxii, n. 5 ; t. V, c. v, n. 1 ; c. xxxiii, n. 3 ; c. xxxvi, n. 1, 2, col. 785, 1135, 1203, 1213, 1223. On a souvent dit qu’Irénée avait conversé avec eux. Rien ne le prouve. Il semble plutôt qu’Irénée ait eu en mains un recueil écrit de leurs témoignages, ainsi que l’indique la manière dont il les présente : « ils disent, . « ils attestent. » Cf. W. S. Reilly, Les presbytres asiates de saint Irénée, dans la Revue biblique, Paris, 1919,