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IRENEE (SAINT'


textes qu’une chose, qui est l’annonce du « changement qu’opère la foi de Jésus-Christ, Fils de Dieu, dans ceux qui croient en lui » et du pouvoir que le Christ ressuscité a exercé sur les gentils. Si l’eschatologie d’irénée et, en particulier, son millénarisme sont en connexion avec le reste de sa théologie, le millénarisme et les parties défectueuses de l’eschatologie peuvent disparaître sans que la théologie soit compromise. Le millénarisme se présente contre les gnostiques, qui nient tout retour du Christ, et résulte de la récapitulation, telle qu’Irénée l’a entendue. Mais, de même qu’il a pu, parce qu’il maintenait la liberté de l’honnne, abandonner la thèse du salut universel, autre conséquence de la récapitulation irénéenne, il a pu renoncer au millénium terrestre et s’en tenir au triomphe des desseins de Dieu et à la restauration des choses dans la vie future, qui suivront le retour du Christ à la consommation des siècles.

d) Le jugement universel. — Rien de très saillant. Les principaux textes sont : t. I, c. x, n. 1 ; t. II, c. xxii, n. 2 ; c. xxxviii, n. 7 ; t. III, c. v, n. 3 ; c. xii, n. 7, 9 ; c. xxv, n. 2, 4 ; t. IV, c. iv, n. 3 ; c. vi, n. 5, 7 ; c. XV, n. 2 ; c. xx^^I, n. 1, 4 ; c. xxxiii, n. 1, 3, 11, 13 ; c. xxx^^, n. 3-4 ; c. xxxvii. n. 1 ; c. xxxix, n. 4 ; c. xl, n. 1-2 ; t. V, c. xxiv, n. 2 ; c. xxvi, n. 2 ; c. xxvii, n. 1 ; c. xxxii, n. 1 ; c. xxxv, n. 2, col. 549, 781-782, 810, 860, 901, 903, 968, 969, 983, 989-990, 1014, 1058, 1060, 1061, 1073, 1074, 1079, 1082, 1092-1093, 1099-1100, 1111-1113, 1187, 1194-1196, 1210, 1220 ; Dem., c. viii, Lvi, Lxxxv, p. 665, 702, 720. Sur l’incendie de la fin des temps, t. IV, c. xx, n. 11, col. 1041, voir Fin du MONDE, t. V, col. 2519. La date du jugement dernier est inconnue. Le juge sera le Dieu bon, notre créateur et Père, jugeant par le Christ, Seigneur et rédempteur. Tous les hommes, tous les actes des hommes seront jugés. Le but du jugement est que chacun reçoive son dû solennellement, publiquement, pour sa gloire ou sa confusion et pour l’exaltation du Christ.

e) Les damnés. — Voir Dam, t. iv, p. 13 ; Enfer d’après les Pères, t. v, col. 53-55 ; cꝟ. 93, 102 ; Feu DE l’enfer, t. v, col. 2200. Irénée a trois mots pour désigner l’enfer : tartarus, inferi, gêhenna. L. II, c. vi, n. 3 ; t. IV, c. xxiii, n. 2 ; L V, c. xxxv, n. 2, col. 725, 1054, 1220.

/) Les élus. — Voir Béatitude, t. ii, col. 504 ; Ciel, t. ii, col. 2480 ; Corps glorieux, t. iii, col. 1894 ; Gloire céleste, t. i, col. 1397. Le monde sera détruit, non la substance ni lamatière, mais la figure du monde, voir Fin du monde, t. v, col. 2507, et il y aura des cieux nouveaux et une terre nouvelle, à l’instar de l’homme renouvelé, et hxc scmper perseverabunt sine fine. L. V. c. xxxvi, n. 1 ; cꝟ. t. IV, c. iii, n. 1, col. 12211222, 980. Les élus vivront sans fin, avec Dieu, dans ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre. Voir Dieu, c’est vivre, c’est participer à sa gloire ; les élus verront Dieu, et la vision intuitive, naturellement impossible à l’homme, sera le lot des élus rendus capables de cette vision et trouvant en elle leur béatitude. Dieu s’est fait voir prophétiquement par l’Esprit, dans l’Ancien Testament, et, dans le Nouveau Testament, adoptivement par le Fils ; il sera vu dans le royaume des cieux paternellement et la vie éternelle résultera de ce qu’il sera vu. Homo a se non videt Deum. Ille autem volens videtur hominibus, quibus vult, et quando vult, et quemadmodum vult. Potens est cnim in omnibus Deus : visus quidem tune per Spiritum prophetix (ou prophetice), visus autem et per Filium adoptive, videbitur autem et in regno cœlorum paternaliter, Spiritu quidem prœparante hominem in Filio Dei (Massuet note que quelques manuscrits portent à tort : in Filium, le sens étant que, dans le Fils de Dieu incarné, qu’il lui a été permis de voir de ses yeux, ou par la vision du Fils incarné, l’homme s’est préparé à voir le Père intuiti vement dans le royaume des cieux), Filio autem adducente ad Patrem, Paire autem incorruptelam douante in seternam vitam, quæ unicuique evenil ex eo quod videat Deum. L. IV, c. xx, n. 5 ; cf. n. 6-7 ; c. xxxvii, n. 7 ; c. xxxviii, n. 3 ; t. V, c. xxxi, n. 2, col. 1035-1037, 1104, 1108, 1209. Tous ne verront pas Dieu, de la même manière ; la mesure de notre amour sera celle de notre gloire céleste, col. ft04. Il y a « beaucoup de demeures » auprès du Père ; selon qu’ils auront produit cent, soixante ou trente pour un, quidam in cselum assumentur, alii in paradiso eonversabuntur, alii in civitate intiabitabunt. L. V, c. xxxvi, n. 2, col. 1223 ; cf. n. 1, col. 1222, surtout dans le texte plus complet, et qui a des chances d'être le texte véritable, conservé par Anastase le Sinaïte, Interrogationes et responsiones de diversis capitibus, q. lxxiv, P. G., t. Lxxxix, col. 701. Il y a donc trois séjours pour les élus : le ciel proprement dit, le paradis terrestre, la Jérusalem nouvelle. Le paradis terrestre, « d’où Adam a été chassé pour habiter ce monde, » et où auraient été transférés Hénoch et Élie, qui ne jsassèrent point par la mort, et saint Paul dans son ravissement. L. V, c. v, n. 1, col. 1134-1135. La Jérusalem nouvelle, figurée par « la première Jérusalem, dans laquelle les justes préméditaient l’incorporation et se préparaient au salut, » c. xxxv, n. 2, col. 1220, et qu’Irénée place au centre du monde. L. I, c. x, n. 2, col. 553 (voir la note de Massuet). Le ciel proprement dit, que Dém., c. ix, p. 666-667, distribue en « sept tieux où habitent les vertus, et les anges, et les archanges, qui remplissent les fonctions du culte envers Dieu tout-puissant et auteur de toutes choses, » et qui correspondent aux caractères du Messie d’après Isaïe, xi, 2. « Tout ce dont les cieux sont composés, ajoute-t-il, c. X, p. 667, doit rendre gloire à Dieu, le Père de tous, i N’est-ce pas indiquer que les élus feront dans le ciel, après le jugement, ce que font de tout temps les anges, « qui glorifient Dieu par leur chant perpétuel ? » La Jérusalem nouvelle, le paradis terrestre et le ciel proprement dit seront trois séjours distincts, et non pas seulement trois degrés de béatitude dans un séjour unique ; mais ce seront des séjours non séparés, semble-t-il, par la distance, et comme des provinces contiguës de ce « royaume des vieux, » col. t035, qui englobe tous les élus. Ce qui invite à le croire, c’est qu’Irénée accompagne, col. 1223, l'énumération des trois séjours de cette allusion au festin qui symbolise le royaume des vieux, Matth., xxii, 2-14 : Et txoc est Iriclinium, in quo recumbent ii qui epulantur vocati ad nuplias. Et il précise, col. 1222 (au moins dans le texte grec conservé par Anastase le Sinaïte, car la version latine porte : ubique autem Deus videbitur) que partout les élus verront le Sauveur, Travtaxoù yàp à SoTY)P ôpaôrjæxai. Le Christ, à son ascension, est monté au ciel, où il séjourne à la droite du Père. L. I, c. X, n. 1 ; t. III, c. XII, n. 3 ; c. xvi, n. 9, col. 549, 895, 929. Ni son humanité n’occupe des lieux différents, ni la béatitude ne peut se concevoir sans lui. Il faut donc que les trois séjours des élus, tout en ne se confondant pas, se continuent l’un l’autre et participent à l’irradiation du Christ. Tout cela Irénée ne le dit pas explicitement ; il le suppose. Les élus pourront-ils s'élever de la ville sainte au paradis terrestre et de celuici au ciel ? L'évêque de Lyon ne s’explique point làdessus. Mais il admet que la béatitude, loin d'être stationnaire, sera toujours en progrés, t. IV, c. xxxth, n. 3, col. 1062 : hi semper percipiunt regnum et proflciunt. Cꝟ. t. II, c. xxviii, n. 3, col. 806 : quædam commendamus Deo, et non solum in Iwe sxculo sed et in futuro, ut semper quidem Deus doceat, tionio autem semper discal quæ sunt a Deo. Le passage d’un séjour de félicité inférieure à un séjour de féhcité supérieure serait assez bien dans la logique de cette croyance.