Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/626

Cette page n’a pas encore été corrigée
2501
2502
IRENEE (saint :


L’opinion du délai de la béatitude admise, la descente du Christ aux enfers ne pouvait avoir pour effet la délivrance immédiate des âmes. Conformément au texte apocryphe de l'Écriture qu’il cite six fois, Irénée lui donne comme buL l’annonce de la rémission des péchés et du salut levangelizare salulem quæ est ab co ut salvaret eos ; evangelizantem et illis adventum suum, remissione peccatoriim cxistenté his qui credunt in eum. L. III. c. XX, n.4 ; t. IV, c. xxv-n, n. 2, col. 945, 1058 ; cꝟ. t. IV, c. xxii, n. 1 ; c. xxxiii, n. 1, 12 ; t. V, c. xxxi, n.l, col. 1040-1047, 1072, 1081, 1208-1209 ; /)em., c. Lxxviii, p. 717. La théorie est donc celle de l'évangélisation des justes de l’Ancien Testament. Voir Descente de JÉSUS AUX ENFERS, t. IV, col. 597. Ces justes seraientils non seulement ceux, qui avaient cru en lui de leur vivant, mais encore les infidèles qui avaient bien vécu et qui auraient cru en lui lors de la descente aux enfers ? On serait tenté de répondre affirmativement, à lire Dcm., c. Lvi, p. 702 : « Pour ceux qui sont morts avant l’avènement du Christ, il y a espoir qu'à leur résurrection, au jugement, ils arriveront au salut, ceu.x-là du moins qui, tout en craignant Dieu, sont morts dans la justice et ont reçu intérieurement l’Esprit de Dieu, comme les patriarches, les prophètes et les justes. Quant à ceux qui, après l’avènement du Christ, n’ont pas cru en lui… » Mais un texte parallèle du Cont. hær., t. IV, c. xxvii, n. 2, col. 1058, dont nous avons cité le commencement : evangelizantem et illis adventum suum, remissione peccaiorum existente bis qui credunt in eum, exige la foi au Christ avant la descente aux enfers : crediderunt autem in eum omncs qui sperabant in eum, id est qui adventum ejus prænuntiaverunt, et disposilionibus ejus servienint, justi, et prophétie et patriarchx. Cf. F. Bonifas, Histoire des dogmes de l'Église chrétienne, Paris, 1886, 1. 1, p. 352.

(/) L'état des âmes des pécheurs en attendant le second avènement du Christ. — Dieu a préparé aux bons et aux mécliants un séjour convenable, aptas habitationes, dit Irénée, t. IV, c. xxxix, n. 4, col. 1111 : aux ennemis de la lumière les ténèbres ; à ceux qui fuient Dieu, en qui sont tous les biens, la privation de tous les biens. Cꝟ. t. V, c. xxvii, n. 2, col. 1196. En outre, il y aura une punition positive : le feu éternel. La privation des biens, inaugurée, dès la vie présente, par le fait même qui ; le pécheur fuit Dieu, sera consommée à la mort. Quant à la peine du feu, elle sera inévitable, fraudati autem omnibus erga Deum bonis conscquenter in Dci justum judicium incident, col. 1111, mais, semble-t-il, liée au jugement universel, non immédiate. Voir Démon d’après les Pères, t. iv, col. 345 ; Enfer d’après LES PÈRES, t. V, col. 54, 93.

2. A partir du second avènement du Christ.

a) Le second avènement du Christ. — Après le déluge de feu et l’anéantissement de l’Antéchrist, le Christ reviendra dans la gloire, avec le même corps qu’il eut à son premier avènement. Cꝟ. t. III, c. iv, n. 2 ; c. xvi, n. G, 8 ; c. xix, n. 2 ; t. IV, c. xxxiii, n. 1, 11, 13 ; t. V, c. xxx, n. 4, col. 856, 925, 927, 941, 1073, 1079, 1082, 1207 ; Fin du monde, t.v, col. 2519. La fin ne sera pas immédiate, du moins si l’on accepte le texte de Massuet, t. V, c. XXVI, n. 1, col. 1192, ^ur les dix rois de l’Apocalypse, xvii, 12 : manifestum est itaque quoniam ex his très inler/icit ille qui venturus. est (l’Antéchrist), et reliqui subjicicntur ei, et ipse octavus in eis ; une variante de deux manuscrits : et subjiciuntur, si elle représentait le texte ^véritable, avancerait l'événement. En tout cas la fin est relativement proche. Nunc autem, dit-il, t. IV, prsef., n. 4, coi. 975, quoniam novissima sunt tempora, extenditur malum in homines, non solum aposlatas eos faciens, scd et blasphemos in plasmatorem instituit multis macliinationibus, id est per omnes hærelicos qui prædicli sunt. L’expression novissima tempora, à elle seule, ne serait pas probante, puisqu’elle

désigne tout le temps qui court depuis le Christ. Mais la recrudescence du mal qui est signalée restreint sa signification à la période finale du monde. Ailleurs encore, t. I, c. xiii, n. 1, col. 580, il voit, dans un des chefs de ces gnostiques qui blasphèment leur créateur, un vrai précurseur de l’Antéchrist. Créé en six jours, dit-il encore, t. V, c. xxviii, n. 3 ; c. xxix, n. 2, col. 1200, 1201, 1203, le monde doit durer six mille ans, et la bête qui vient, l’Antéchrist, résume les six mille ans d’apostasie, d’injustice, de perversité, de fausse prophétie. Voir Antécheust, 1. 1, col. 1363. Irénée a bien interprété l’Apocalypse, xiii, 18, en disant que le nombre du nom de la bête est 666, c. xxix, n. 2 ; c. xxx, col. 1202-1208. Cf. T. Calmes, L’Apocalypse devant la tradition et devant la critique, Paris, 1905, p. 14. II constate que plusieurs noms s’adaptent à ce chiffre, mais renonce à déterminer le nom véritable, puisque saint Jean l’a tu. « Si saint Jean avait voulu que la connaissance en fût donnée au temps présent, il s’en serait expliqué plus clairement. Il a indiqué le nombre du nom, afin que nous nous tenions en garde contre celui qui vient, sachant qui Il est. Il a tu ce nom, parce que ce nom n’est pas digne d'être prononcé par l’Esprit Saint. Car, s’il avait été prononcé par l’Esprit Saint, peut-être tarderait-il beaucoup de venir, /ortassis et in multum permaneret. » Le début de la lettre des Églises de Lyon et de Vienne, dans Eusèbe, H. E., t. V, c. I, P. G., t. XX, col. 609, témoigne de la même persuasion que la venue de l’Antéchrist s’approche : (I De toutes ses forces se jeta contre nous l’adversaire, préludant déjà à sa parousie, dans laquelle il ravagera le monde. »

b) La résurrection de la chair. — C’est, Ici, une dei thèses capitales d' Irénée contre l’erreur capitale du gnosticisme que la matière est essentiellement mauvaise et ne peut, par conséquent, , être l'œuvre d’un Dieu bon. L. I, c. vi, n. 2 ; c. xxii, n. 1 ; c. xxvii, n. 3 ; t. V, c. I, n. 2, col. 505, 669-670, 689, 1122. Irénée établit fortement l’idintité du Dieu de la révélation chrétienne et du créateur du monde sensible, et prouve que le monde des corps est du domaine du Verbe, que « la matière est susceptible de salut. » L. I, c. vi, n. 1 ; t. V, c. ii, n. 2, 3 ; c. xx, n. 1, col. 505, 1124, 1126, 1177. Contre les hérésies nées et à naître, Irénée maintient « le salut di ; l’homme total, corps et âme, » col. 1177. La résurrection de la chair, don de Dieu, 1. Il 1, c. xx, n. 2, col. 943, est l'œuvre de la puissance et de la justice divines. Le corps, formé de la terre, « retourne à la terre, à l’instar d’une très bonne semence « qui germe par l’action de Dieu. Fragment conservé dans les Sacra parallela attribués à saint Jean Damascène, P. G., t. VII, col. 1236 ; cf. Cont. hær., t. V, c. vii, n. 2, col. 1140-1141. Nos corps ressusciteront non ex sua subslantia scd ex Dci virtuie, c. vi, n. 2, col. 1139, car « Dieu, meilleur que la nature, a le vouloir, le pouvoir et le parfaire. » L. II, c. xxix, n. 2, col. 813-814. Tirer l’homme de la terre était plus difficile que de le ressusciter. La puissance divine éclate à vivifier non seulement l'âme, qui de sa nature est immortelle, mais aussi le corps naturellement mortel. La longévité donnée par Dieu aux patriarches, ce qu’il a fait pour Élie et Hénoch, Jonas et les trois entants dans la fournaise, attestent qu’il peut ressusciter nos corps. L. V, c. iii-v, col. 1128-1136. Puis, n’est-il pas juste que le corps, qui a participé, avec l'âme, au mérite, ait sa part de la récompense ? Les attributs divins appellent la résurrection des corps. L. II, c. xxix, n. 2, col. 81.3-814.

Les Écritures l’affirment : l’Ancien Testament, t. V, c. XV, n. 1, col. 1163-1164 ; cf. le fragment xxxvi, P. G., t. vii, col. 1248, et le Nouveau. Nous avons les paroles du Christ et ses actes. Les paroles : celles, par exemple, qu’il adresse aux sadducéens. L. IV, c. v.