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IRENEE (SAINT)


cl eris perfecliim opus Dei. Le contexte immédiat et les pages qui précèdent montrent qu’Irénée entend par là seulement que la foi est libre. Cf. c. xxxvii, n. 3, col. 1101 : Dcus adhorlans nos ad subjectionem sibi et avertens ab incrcdulitale, non lamen de vioknlia cogens. Et, n 5, col. 1102 : El non lantum in operibus sed etiam in fide libcrum et suæ potestatis arbitrium hominis servavit Dominus. Irénée n’a garde de méconnaître le rôle de la grâce dans la possession de la foi. La foi est un don de Dieu, Dei munus, 1. IH, c. xxiv, n. 1 ; cf. t. IV, c. XXIX, n. 1 ; c. xxxix, n. 3, col. 966, 1063-1064, 1110-1111.

c. Le progrès de la connaissance de la foi. — La foi est assentiment et connaissance. Par suite de sa théorie sur l’inspiration des livres de l’Ancien Testament, Irénée avance que, non seulement la vie, mais encore la doctrine entière du Christ sont annoncées par les prophètes. L. IV, c. xxxiv, n. 1, col. 1083. Souvent il parle d’Abraham et de sa foi, à cause de Joa., viii, 56, et de Rom., iv, 3, cités ensemble, t. IV, c. v, n. 3, col. 985 ; il appelle Abraham palriarcha nostræ fidei et veut que una et eadem illius et nostra sit fides, c. XXI, n. 1, col. 1043, 1044. Non moins souvent il proclame que, dès le commencement, le salut ne fut ])0ssible que parle Verbe, qu’Abraham suivit le Verbe, que les apôtres le suivirent et que nous aussi, qui avons la même foi qu’Abraham et les apôtres, nous suivons le Seigneur, per quem ipse quoque, et omnes qui similiter ut ipse credidit credunt Deo, salvari inciperenl. L. IV, c. v, n. 3-5, col. 985-986. Il semblerait, dès lors, qu’il n’y a pas à parler du progrès de la connaissance de la foi. Pourtant Irénée en parle. Le Christ est partout dans les Écritures, inseminatus est ubique in Scripturis ejus Filius Dei, t. IV, c. x, n. 1, col. 1000 ; c’est un trésor déposé dans les Écritures, mais caché, unde non paierai hoc quoi sccundum hominem est intelligi priusquam consummatio eorum quae consummata sunt venirel, quæ est aduenlus Christi. La prophétie n’a un sens clair qu’après l'événement qui la réalise. Thésaurus est absconsus in agro, cruce vero Christi revelalus est, el explanatus, el ditans sensus hominum, ft ostendens sapientiam Dei, et eas quæ sunt erga hominem disposiliones ejus manifestons. C. xxvi, n. 1, col. 1052, 1053. Avec le Nouveau Testament l’objet de la foi s’est donc augmenté : in Novo Testamento quae est ad Deum fides hominum aucta est, addilamentum accipiens Filium Dei. C. xxviii, n. 2 ; cf. c. xiii, n. 1 ; c. xxxiii, n. 14, col. 1061-1062, 1007, 1082. L’accroissement de la foi ne consisterait, en conséquence, qu’en deux points : croire que le Christ est venu, et atteindre la connaissance des vérités cachées dans l’Ancien Testament.

Un texte d' Irénée, t. II, c. xxviii, n. 3, col. 806, paraît entendre I Cor., xiii, 13, de la permanence, dans le ciel, de la foi et de l’espérance, ainsi que de la charité. Le contexte montre que la foi n’implique pas ici obscurité ni l’espérance absence de l’objet, mais seulement, dit Massuet, Dissert., III, a. 8, n. 107, col. 364, que allera firmus est rébus cognilis assensus, altéra certa in Deum fiducia. ^

b) L’amour et ses œuvres. — a. Les œuvres. — La foi justifie, non la foi seule, mais la foi et l’obéissance, la foi et les œuvres. Les gnostiques prétendaient que les bonnes œuvres, inutiles pour eux spirituels, étaient nécessaires pour les chrétiens orthodoxes qu’ils qualifiaient de psychiques. Cꝟ. t. I, c. vi, n. 4 ; c. xxv, n. 5, col. 512, 685. Et Simon le magicien aurait enseigné secundum ipsius gratiam salvari homincs sed non sccundum opéras justas, c. xxiii, n. 3, col. 672. Cf. E. de Faye, Gnosliqucs et gnoslicisme. Étude critique des documents du gnoslicisme chrétien aux il' el iw^siècles, Paris, 1913, p. 10, 34, 106, 394-396, 409-410. Quoi qu’en ait dit le protestant Hennann Hamebnann, De unanimi

consensu Palrum de sola fide justificanle, cité par F. Feuardent, P. G., t. viii, col. 1599, dans saint Irénée « la connaissance, la foi et les œuvres sont étroitement unies… La foi et l’action sont également indispensables au salut. » P. Beuzart, Essai sur la théologie d’Irénée. p. 127. Citons t. IV, c. vi, n. 5, col. 989 : Credere ci (à Dieu) est facere ejus voluntatem. C. xxviii, n. 3, col. 1063 : Quibus ergo est (le Christ) odor mortis in morlem nisi lus qui non credunt neque subjecti sunt Verbo Dei ? C. xxxiii, n. 15, col. 1083 : Qui credunt Deo el sequuntur Verbum ejus percipiunt eam quæ est ab eo salulem ; qui vero abscedunt ab eo, et contemnunt præcepta ejus, el per opéra sua inhonorant eum qui se fecit…, juslissimum advcrsus se coacervant judicium. C. xli, col. 1116, 1117 : Apud Deum qui non obediunt ei, abdicali ab eo, desicrunt filii ejus esse… Verum, quando credunt et subjecti esse Deo persévérant, et doctrinam ejus cuslodiunt, filii sunt Dei. Dem., c. ii-ni, p. 660-662 : « C’est la foi qui mène à l’action. » Voir encore les textes sur le Christ confirmant et étendant les prescriptions de la loi naturelle, t. IV, c. xin ; c. xvi, n. 5 ; c. xviii, n.3 ; c. xxan, n. 2-3, col. 1006-1010, 1019, 1025-1026, 1062-1063. Toute la morale d’Irénée pourrait être étudiée à cette place. Voir, sur le décalogue, t. iv, col. 167, 169 ; sur les idolothytes, t. vii, col. 679, sur le carême, t. ii, col. 1725 ; sur le jeûne, un passage obscur de la lettre à Florinus, P. G., t. vii, col. 1229 ; cꝟ. 2018 ; sur divers reproches faits par Barbeyrac, Traité de la morale des Pères de l'Église, Amsterdam, 1728, à la morale d’Irénée, Bergier, Dictionnaire de théologie, Toulouse, 1819, t. iv, p. 352353, 613-614. Sur l’interdiction de la prière à genoux le dimanche, dont il parlait, d’après le pseudo-Justin, Responsiones ad orthodoxos, c. xv, P. G., t. vi, col. 1364, dans son livre De la Pâque, cf. H. Dumaine, art. Dimanche, dans le Diction, d’archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, 1920, t. iv, col. 959. D’autre part Dem., c. xcvi, p. 728. « La Loi… n’a pas à commander de chômer un jour fixe à celui qui observe chaque jour la sabbat, « confirme ce que nous savions par ailleurs, cf. H. Dumaine, toc. cit. col. 943, à savoir que le chômage du dimanche n'était pas encore d’un usage général ; cL Cont. hær., t. IV, c. xvi, n. 1, col. 1015-1016 : Cf encore Dumaine, col. 925, sur les œuvres serviles prohibées le jour du sabbat. Sur l’esclavage, voir t. v, col. 464.

b. L’amour. — Les œuvres, pas plus que la foi, ne doivent aller sans l’amour. Le grand commandement est d’aimer. Dem., c. xcv, p. 727 ; Cont. hær., t. IV, c. XVI, n. 3-5, col. 1017-1019. Le salut est pour les Justes et præeepla ejus servantibus, el in dileclione ejus perseveranlibus, quibusdam quidem ab initia, quibusdam autem ex pœnilenlia. L. I, c. x, n. 1, col. 551. Et Dem., c. III, p. 601 : « Tel ne sera pas notre sort (il vient de parler des hérétiques) si nous avons une règle de foi inaltérable, et si nous observons les commandements de Dieu, croyant en lui, le craignant parce qu’il est maître, l’aimant parce qu’il est père. « Le résumé de la Loi nouvelle, continuation et perfectionnement de la Loi ancienne, est le suivant, t. IV, c. xiii, n. 4, col. 1009 : assentire Deo, el scqui ejus Verbum, et super omnia diligere eum, et proximum sicut seipsum, homo autem homini proximus, el abslinere ab omni mala operatione. Cf.- t. III, c. xx, n. 2 ; t. IV, c. vi, n. 2 ; c. xii, n. 2 ; c. XXVI, n 1, 5 ; c. xxviii, n. 2, 3 ; c. xxxiii, n. 7 ; c. xxxvii, n. 7 ; t. V, c. ni, n. 1, col. 943, 987, 10041005, 1053, 1056, 1062, 1063, 1076, 1104, 1129, etc. ; Dem., c. Lxxxvii, lxxxix, p. 722, 723 : « C’est par la foi et l’amour envers le Fils de Dieu qu’il faut désormais vivre d’une vie nouvelle avec l’aide du Verbe. » Tout ce langage est d’un authentique disciple de saint Jean. Irénée qui estime tant la connaissance déclare, t. IV, c. xxxiii, n. 8. col. 1077-1078, que l’amour est