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IMPOSITION DES MAINS

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scuerdolis effundit. Car, insiste l’orateur, la réception du Saint-Esprit est aussi indispensable pour cette naissance dans le Christ que la foi pour l’entrée dans l’i'^glise : Neque enim aul insertus in Ecdesiam videhitur qui non crediderit, aiit genilus a Christo, qui spiriluni ipse non recepil. Or, pour que la naissance ainsi définie se produise, il l’aut trois choses : l’ablution, la chrismation et le prOtre : Ha-c auiem compleri alias nequeunt, nisi lavacri et chrismatis et anlistiits sarramentis. Car, et ici vient l’expression qui nous occupe, par l’ablution les péchés sont effacés, quand avec l’onction le Saint-Esprit se répand dans l'âme, et c’est le prêtre qui, par son geste et sa parole, assure ces deux bienfaits : Lavacro enim peccata purgantur ; clirisniate Sandus Spiritus superjunditur ; ulraque veru isia, manu et ore sacerdotis impeiramus. Ainsi s’accomplissent la régénération et le renouvellement de l’homme tout entier ; ainsi, dépouillés des taches de la vie antérieure, revêtons-nous par l’Esprit et dans le Christ des mœurs nouvelles : ita totus homo reiiascitur et innovatur in Christo, ut, sicut resurrexit Christus a morluis, sic et nos in novitate vitæ ambulemus, Rom., vi, 4, id est, ut depositis uilse veteris erroribus… ceterisque vitiis… novos per Spirilum mores sequamur in Christo. Cette analyse montre avec quelle netteté saint Pacien rattache la chrismation au sacrement de la régénération. Il attribue au Saint-Esprit, dont elle est le symbole, le même effet que saint Cyprien, Epist., lxx, 2 ; que saint Ambroise, De mysteriis, ix, 59 ; que saint I.éon le Grand, Serm., XXIV, 3, P. L., t. i.iv, col. 206, et tant d’autres, dont la pensée se résume dans la parole déjà citée de saint Isidore de Séville, exactement parallèle à celle de saint Pacien : In baplismo peccatorum remissio datur, per unctionem sanctificatio Spiritus adhibetur. Etijm., VI, 19, 51. Pour plus de détails, voir la Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, 1912, t. xiii. p. 280-283. Cette interprétation est confirmée dans le De similitudine earnis peccati, récemment édité et attribué à saint Pacien par dom Morin. Études, textes, découvertes, 1. 1, p. 132-133. L’auteur retrouve dans le baptême du Christ la figure des cérémonies qui accompagnent le baptême des chrétiens. Dans la descente du Saint-Esprit en particulier il voit l’onction conférée par Dieu le Père à son Fils, onction qui est la figure, nous le savons, de l’oncLion conférée au chrétien après l’ablution baptismale : Baptizatur a Johanne, Spiritu ctiam, columba monslrante, per/unditur, p. 132. Diximus Dominum…. baptizatnm, diximus Sancto Spiritu quoque perfusum, p. 133 ; l’inguius abundantiusque unctus a ceteris vel consortibus vel particiitibus suis, p. 133-134. Sa pensée se meut donc exactement dans ! e même symbolisme que celle de saint Optât ou de -aint Augustin. Or l’onction du Saint-Esprit à la’luelle correspond la chrismation baptismale, il la montre ordonnée à la purification du péché ; le Christ i : o la reçoit pas pour lui-même, car il n’a pas de péché ; liais en lui. et par la vertu de son onction spirituelle, it ; roi David est purifié de sa faute : Unguitur etiam, sed David in Domino, et adulterium uncti régis… Sancti Spiritus… pinguedine sepclitur. p. 133. Et voilà doue encore une onction du Saint-Esprit qu’il faut renoncer à identifier avec le sacrement de confirmation.

i. Le pape saint Innocent 1°. — Reste l’onction dent parle Innocent I" dans sa lettre à Decentius. Denzinger-Bannwart, n. 98. A vrai dire, elle est la seule qui puisse et doive être rattachée au groupe rituel (le la confirmation. Mais nous verrons bientôt que le pape lui-même, loin de la présenter comme le rite propre et essentiel de la collation du Saint-Esprit, l’en distingue au contraire très clairement.

Il est doue bien établi qu’aux premiers siècles,

l’imposition des mains seule a été considérée comme conférant le Saint-Esprit à la manière propre du sacrement de confirmation.

I. La réconciliation des hérétiques.

On a tenté, il est vrai, d’opposer encore l’argument tiré du rite de la réconciliation des hérétiques. En Espagne et en Gaule, il comportait, avec l’imposition des mains, une chrismation préliminaire. Concile d’Orange (441), can. 1 ; concile d'Épaone (517), can. 16 ; Fauste de Riez, De grutia, i, 14 ; S. Isidore de Séville, De eccles. ofjiciis, ii, 25, 9 ; S. Ildephonse de Tolède, De cognltione baplismi, 121 ; Liber ordinum, édit. Férotin, p. 100-103, etc. De la ressemblance tout au moins matérielle communément admise entre ce rite et celui de la confirmation, on conclut que la confirmation comportait, elle aussi, la chrismation préliminaire.

Mais, sans discuter ici la nafure propre du rite de la réconciliation des hérétiques (voir les Recherches de science religieuse, 1914, p. 532-544), il faut, à tout le moins, faire remarquer que ce problème est autrement difficile et complexe que celui qui nous occupe et que, en tirer argument pour résoudre celui-ci, c’est vouloir expliquer ce qui est clair par ce qui est obscur. Sur les rapports de la chrismation avec le baptême ou avec la confirmation, les écrivains anciens, nous l’avons montré, sont unanimes et suffisamnient clairs ; contre leur témoignage il serait donc plus qu’illogique de prétendre faire prévaloir des affirmations fragmentaires, dont la divergence même trahit des opinions d’ordre personnel ou local.

Il y a lieu, d’ailleurs, de se demander quel était le but de cette chrismation dans la réconciliation des hérétiques. Tendait-elle à leur assurer le don plénier du Saint-Esprit ? Gennade, dont la pensée est très explicite à ce sujet, dit qu’elle ne se pratiquait que pour les enfants ou les hebetes, incapables de saisir la différence des doctrines : quant aux adultes, on se contentait, après leur adhésion à la vraie foi, de leur imposer les mains : Doceaniur… et, si consenliuni credere vel acquiescunt confiteri, purgali jam fidei iniegrilate, conjirmentur manus impositione…. Si vero parvuli sunt, vel hebetes qui doctrinam non captant, respondeani pro illis qui illos ofjerunt, juxta morem baptizandi, et sic manus impositione et chrismate conimuniti, eucliaristiæ mysteriis admittantur. De ecclesiasticis dogmatibus, 52, P. L., t. lviii, col. 993 ; dans l'édition de Turner, Journal of theological studies, t. VII, octobre 1905, p. 93. Cette diversité de traitement est bien suggestive. Elle tient, semble-t-il, à l’impuissance où étaient les enfants et les hebetes de percevoir et de confesser la vraie doctrine, et la chrismation aurait donc pour but de suppléer en eux à ce que produit la foi chez les adultes. Nous voilà bien loin de l’effet propre de la confirmation. Le canon du concile d’Orange sur la chrismation des hérétiques n’est pas moins significatif : Ilœreticos in mortis discrimine positos, si catholici esse desiderant, si desil episcopus, a presbijteris cum clirismate et benediclione consignari plaçait, can. 1. Mansi, t. vi, col., 435. Il précède celui qui prescrit la chrismation pour tous (plaçait semel chrismari), soii normalement au baptême, quel qu’en soit le ministre, soit, en cas d’omission lors du baptême, au moment de la confirmation. Or, la chrismation ainsi prescrite se distingue totalement de la confirmation. oir col. 1368. Peut-on ne pas identifier avec elle celle qu’on doit assurer aux hérétiques en danger de mort ? Quand on se rappelle la haute signification qu’on y attachait partout, qu’elle était considérée comme l’onction propre du chrétien, l’incorporant au Christ et le reïidant participant de l’onction du Saint-Esprit conférée par Dieu le Père à son Fils, on comprend qu’on ait tenu à l’introduire dans la réconciliation des hérétiques : l’admission dans l'Église mar-