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IRENEE (SAINT]


de Li/on, dans les Étude/ ;, Paris, 1913, t. cxxxvi, p. 215 ; La Vierge qui nous régénère, dans les Recherches de science religieuse. Pans, 1914, t. v, p. 136-145. A rencontre de JMassuet, col. 1074, note, pour qui c’est l'Église qui, dans les deux phrases du Contra bœrescs, est désignée comme la Vierge qui nous régénère, P. Galtier tient. Recherches, p. 136-139, que cette Vierge est la mère du Ciirist. Le passage parallèle de la Démonstration met hors de doute cette interprétation. Qu’elle soit en parfait accord avec l’enseignement de saint Irénée sur la manière dont s’est accomplie notre restauration dans le Christ, c’est ce que P. Galtier prouve clairement. Si l'œuvre de notre régénération s’est consommée dans la mort et la résurrection du Christ, elle a été commencée à l’heure même de sa conception virginale. « Dans le Christ qui naît de Marie, c’est toute l’humanité qui renaît à la vie ; par suite de la solidarité établie entre le Christ et les hommes, sa conception et sa naissance à lui, c’est déjà leur régénération à eux, » et donc la mère qui l’enfante les régénère. En acceptant de devenir la mère du nouvel Adam, » Marie a engendre à la vie tous ceux qui la recouvrent en lui et avec lui. » P. 141, 143. Cf., entre autres textes, t. III, c. xix, n. 1 ; t. IV, c. xxxiii, n. 4 ; t. V, c. i, n. 3, col. 938-939, 10741075, 1122-1123. « Toute cette théologie mariale complète lieureusement la doctrine du Verbe incarné et rédempteur. » Saint Irénée, dit A. d’Alès, Dictionnaire apologétique t. iii, col. 160, l’emporte sur ses contemporains et ouvre à la pensée chrétienne des voies fécondes ; il est vraiment, en même temps que le preinier théologien de la rédemption. Je premier théologien de la Vierge mère. »

J. H. Newman, Certain difficiillics fell bii Anglicans in calholic teaching considered in a lellcr lo Ihe Rev. E. B. Puseg on occasion oj liis Eirenicon o/ 1864, nouv. édit., Londres, 1900 ; tiad. par G. du Pré de Saint-Maur, sous ce titre : Du culte de la sainte Vierge dans l'Église catholique, Paris, 1866 ; nouv. édition de la traduction revue et corrigée par un bénédictin (dom H. Cotlineau), Paris, 1908, p. 48-59, 212214 ; A. Riguet, Les principales dates de la vie de saint Irénée. Sa théologie mariale, dans les Annales de philosophie chrétienne. Paris, 1905, VI<'série, t.vi, p. 111-125 ; A. d’Alès, Pour l’honneur de Notre-Dame, dans les Éludes, Paris, 1908, t. cxiv, p. 462-464 ; Dictionnaire apologétique de la foi catholique, Paris, 1917, t. iii, col. 159-160, 201-202 ; E. Neubert, Marie dans l'Église anténicéenne, Paris, 1908, p. 19-24, 9194, 124-130, 172-17.3, 215-215, 241-247, 263-267. Voir, en outre, les ouvrages indiqués à la bibliographie de Neubert, p. XIV-XV.

V. LE SALVT.

Les moyens de salut.

1. La

grâce. — a) Nécessité de la grâce. — Le salut des hommes a été voulu de Dieu. L. IV, c. xiv, n. 2, col. 1011. Détruit par le péché, il a été rendu par le Christ rédempteur, quia per semetipsos non habebant saluari. L. III, c. xx, n. 3, col. 944 ; cf. Dem., c. xcvii, p. 728. Il nous est conféré par le Saint-Esprit, et par sa grâce, qui s'épanouira en gloire. Cont. hier., t. V, c. viii, n. 1 ; c. IX, n. 3, col. 1141-1142, 1145. Cf. L. Atzberger, Gcschichte der christlichen Eschatologie innerhalb dervornicànischenZeil, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 231-233.

Irénée affirme la nécessité de la grâce, implicitement et explicitement, dans tout ce qu’il dit de l'œuvre rédemptrice et du Verbe incarné, hominis antiquam plasmationem in se recapitulans, ut occideret ejusdem peccatum, evacuaret autem mortem et viuificaret hominem. L. III, c. xviii, n. 7, col. 938 ; cf. le contexte, et c. XX, n. 2-3, col. 943-944 : quoniam non a nobis scd a Dei adjumento ftabuimus salvari, qu’il conclut de Rom., VII, 24-25. Comment en serait-il autrement ? La vie de Dieu ne peut être donnée à l’homme que par Dieu. « C’est Dieu, dit-il, t. V, c. ii, n. 3, col. 1127-1128, qui donne gratuitement à l’homme mortel l’immor talité, à l’homme corruptible l’incorruptibilité ; aussi ne devons-nous pas croire que c’est de nous-mêmes que nous avons la vie, poussés par un mouvement d’orgueil, d’iiostilite ou d’ingratitude : l’expérience nous apprend que c’est la grandeur de Dieu, et non notre nature, qui nous donne la persévérance éternelle. Loin de priver Dieu de la gloire qui lui appartient ou d’ignorer notre nature, sachons donc voir et quelle est la puissance de Dieu et quels bienfaits l’homme reçoit. Ne nous trompojis pas sur la vraie nature de ce qui est, ni en ce qui concerne l’homme ni en ce qui concerne Dieu. » A cette idée reviennent les nombreux textes sur cette différence caractéristique entre Dieu et l’homme : Dieu n’a besoin de rien ni de personne et l’homme a besoin de Dieu dans l’ordre du salut et en toutes choses. Cf. A. Dufourcq, Saint Irénée (collection Les saints), 2e édit., Paris, 1904, p. 140. Autant qu’il est nécessaire, le don divin qui procure le salut est gratuit. L. II, c. xxxiv, n. 3 col. 836 : Pâtre omnium donante et in sœculum sœculi perseveranliam his qui salui fiant ; non enim ex nobis neque ex nostra natura vila est, sed secundum gratiam Dei datur. L. IV, c. xxxvi, n. 6, col. 1096 : Graluito quidem donat in quos oportet, secundum autem meritum dignissime distribua aduersus ingratos et non sentientes benignitatem ejus, justissimus retributor. C. xxx n, n. 3, col. 1108 : Deo gratuito donante eis sempiternam perseverationem. L. V, c. ii, n. 3, col. 1127 : Corruplibiti incorruptelam gratuito donat. Irénée distingue, quoique les mots de « grâce sanctifiante » et de « grâce actuelle » lui manquent, la grâce qui nous conforme à l’image et à la ressemblance divines, la grâce qui « donne la vie » divine, grâce habituelle ou sanctifiante, de celle, grâce actuelle, qui fait produire des « fruits de vie. » Cꝟ. t. III, c. xvii, n. 2-3, col. 929931. Aussi imp ! ore-t-il la grâce de Dieu, pour résoudre les difficultés qu’opposent les gnostiques. L. I, præf., n. 2 ; t. II, c. xxviii, n. 3 ; I. III, c. vi, n. 4, col. 444, 806, 802-863. Sur les dons du Saint-Esprit, voir t. iv. col. 1756.

b) Les charismes. — Avec la grâce qui vivifie et rend capable d’accomplir les œuvres de salut, il y a les charismes, les gratiæ gratis datas des théologiens. Ils étaient communs aux origines de l'Église ; Irénée rapporte qu’ils n'étaient pas inconnus de son temps. Cꝟ. t. I, c. xiii, n. 4 ; t. II, c. xxxii, n. 4 ; t. III, c. xi, n. 9 ; c. XXIV, n. 1 ; t. IV, c. xxvi, n. 5 ; c. xxxvii, n. 2 ; t. V, c. VI, n. 1, col. 585, 829, 891, 966, 1056, 1101, 1137. On sait la grande place des charismes dans le sj’stème montaniste, et l’on connaît, Tinterveition des martyrs lyonnais dans la crise montaniste. Sur ce fait les divergences d’appréciation ont été profondes. Plusieurs critiques ont admis une approbation formelle du montanisme par les Églises des Gaules. D’autres croient à une désapprobation expresse. D’autres enfin adoptent un moyen terme : approbation mitigée ou critique adoucie. Cf., sur les tenants de ces diverses opinions, P. de Labriolle, La crise montaniste, Paris, 1913, p. 221, n. 3. Les premiers arguent du choix du négociateur chargé de porter au pape Éleuthère les lettres des martyrs. Irénée, disent-ils, était l’ami des solutions bénignes, et le Contra liœreses témoigne de ménagements extrêmes à l'égard du montanisme et même de certaines affinités doctrinales avec lui. P. de Labriolle, op. cit., t. II, c. i, a repris l’examen de la question, et conclu, p. 243, que les martyrs de Lyon désapprouvèrent très nettement le mouvement montaniste, " mais sans colère, sans appel aux sévérités de la hiérarchie, » dans un esprit de pacification. Eusèbe qualifie leur consultation de « pieuse et très orthodoxe, » et il n’aurait pas décerné « un tel brevet à une décision donnant gain de cause aux partisans du « réveil » cataphrygien, lui qui le jugeait d’essence