Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/617

Cette page n’a pas encore été corrigée
2483
2484
IRENEE (SAINTE


peu plus bas, n. 2, col. 961 : Cum salvetur homo, oportct salvari eum qui prior formalus est homo. Quonlam nimis irrationabile est illum qitidem qui vehemenfer ab inimico lœsus est… dicerenon eripi ab eoqui vicerit inimicum, erepios vero filios ejus…. Nequc cnim infirmus est Deus, neque injuslus, qui opitulalus est homini et in suam libertatem restauravit eum. « Les tennes positifs qui traduisent la logique divine, dit J. Rivière, p. 173-174, s'éclairent par les termes négatifs destinés à la faire ressortir par contraste : necesse fuit = oporlet, quoniamnimis irralionabilecsl =non juste. Et cette question de vocabulaire peut avoir son importance pour l’interprétation de textes semblables. Il suffit de retenir ici qu’aucune de ces formules ne signifie une nécessité proprement dite et que l’idée de présomption rationnelle, de haute convenance, épuise parfaitement le contenu des plus vigoureuses. » Dans l'économie providentielle de la rédemption, dispositio salutis quæ circa hominem fuit, l’explication ultime est celle du bon plaisir de Dieu, secundum placitum fiebcit Palris ; cf. encore t. III, c. xx, n. 2 ; t. IV, c. xx, n. 4, col. 944, 1034. Et Dieu agit, en même temps que par amour, conformément à sa sagesse : le mot « nécessaire » est un nouveau synonyme des mots " juste » et raisonnable » et « désigne les dispositions de la sagesse divine. Notons, toutefois, que, s’il n’enseigne pas la nécessité stricte de la rédemption, Irénée a des expressions qui, pour peu qu’on les presse, impliquent, plus que les convenances, les exigences de la sagesse de Dieu. Quand il assigne à la rédemption ce motif : uti non vinceretur Deus neque infirmaretur ars ejus, il est tout proche d’engager l’honneur de Dieu aussi fortement que saint Anselme le fera plus tard, Cur Deus homo, t. I, c. xi-xin, P. L., t. CLvin, col. 376379 ; cf. J. Rivière, Le dogme de la rédemption. Essai d'étude historique, p. 295 ; Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétiennes, Paris, 1911, 1. 1, p. 174 ; et il n’y aurait pas beaucoup à faire pour aboutir à la nécessité de l’incarnation rédemptrice préconisée par Anselme. Voir Dietionnaire de Théologie, art. Anselme, du P. Bainvel, 1. 1, col. 1346.

La ehristologie et la sotériologie.

F. C. Baur, Die

christliche Lehre von der Versôtiniing in ihrer (jeschichiliclien Enlwickclimf), Tubingue, 1838 ; L. Diinker, Des Iteil. Ireniius ehristologie in Zusammenhange mil dessen theologisclien und anthropologischen Grundlehren dorgesïcHf, Gœttingue, 1843 ; I. A. Dorner, Entivickhingsgescliichte der Lelire von der Person Cttristi von den àltesten Zeiten, 3e édit., Berlin, 1853-1856 ; A. Chantre, Exposition des opinions d’Irénée, Terlullien, Clément d’Alexandrie et Origène sur l'œuvre rédemptrice de Jésus-Christ, Genève, 1860 ; T. Zahn, Morcei/us von Ancyra. Ein Beitrag zur Gescliichte der Théologie, Gotha, 1867, p. 235-244 ; G. Molwitz, De à'/aL£cpa).aiwcr£(.]Ç in Irenœi theologia potestate, Dresde. 1874 ; A. RitschI, Die Lehre von der Rechtfertigung und Versohnung, 3e édit., Bonn, 18881889 ; B. Dorlhôlt, Die Lettre von der Genugluung Clirisli, Paderborn, 1891 ; H. E. Oxcnham, The cathoUc doctrine o/ the atonement, 4e édit., Londres, 1895, trad. J. Bruneau, sous ce titre : Histoire du dogme de la rédemption. Essai historique et apologétique, Paris, 1909 ; A. Sabatier, la doctrine de l’expiation et son évolution historigue, Paris, 1903 ; J. Rivière, Le dogme de la rédemption. Essai d'éludé Iiistorique, Paris, 1905 ; Le dogme de la rédemption. Étude théologique, Paris, 1914 ; F. StoU, Die Lettre des heil ! Ireniius von der Erlôsung und Heiligiing, dans DerKatholil !, Mayence, 1905, t. XXXI, p. 46-71, 87-109, 181-201, 264-289 ; F. Scliubert, Das Zeugnis des Ireniius iiber die iiffentliclte Tatigkeit, Jesudans la Biblische Zeifst/îri/f.Fribourg-en-BrisgaUiigoe, t. IV, p. 39-48 ; K. Staab, Die Lehre von der stellvertretenden Genugluung Chrisii, Paderborn, 1908 ; J. Laminne, La rédemption. Étude dogmatiqtie, Bruxelles, 1911 ; A. d’Alès, La doctrine de la récapitulation en saint Irénée, dans les Reclterehes de seienee religieuse, Paris, 1916, t. vi, p. 185-211 ; H. Rashdall, T/ie idea of tite atonement in eltristian theology, Londres, 1919 ; cf. J. Rivière, dans la Revue du clergé français, Paris, 1920, t. cii, p. 20.3-206 ; J. Chaîne, Le Christ rédempteur d’après saint Irénée, Le Puy, 1919 ; P. Galtior,

'Obéissant jusqu'à la mort, » dans la Revue d’ascétique et Je miistique. Toulouse, 1920, t. i, p. 133-149. — 2° La question des droits du démon. — J. Rivière, La dogme de la rédemption. Essai d'étude historique, p. 375-377 ; La doctrine de saint Irénée sur le rôle du démon dans la rédemption, dans le Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétiennes, Paris, 1911, t. i, p. 169-200 ; Le démon dans la théologie rédemptrice de saint Irénée, dans les Recherches de science religieuse, Paris, 1913, t. iv, p. 57-60, 203-270 ; P. Galtier, La rédemption et tes droits du démon dans saint Irénée, dans les Reclterches de science religieuse, Paris, 1911, t. ii, p. 1-24 ; Les droits du démon et la mort du Christ, ibid., 1912, t. iii, p. 345355 ; La mort du Christ et la justice envers le démon, ibid., 1914, p. 60-73 ; 263-270, en notes.

La vierge Marie.

1. Marie mère de Dieu.  —

Contre le docétisme gnostique, Irénée défend la maternité de Marie, la naissance véritable de Jésus. Il tire ses preuves de l'Écriture, t. III, c. xxii, n. 1-2 ; t. IV, c. xxxiii, n. 2, col. 955-956, 1073 ; de réconomie de la rédemption, qui ne serait pas réelle si Jésus n'était né de Marie réellement, t. III, c. xviii, n. 7 ; c. xxi, n. 10 ; c. xxii, n. 1 ; t. V, c. 1, n. 2, col. 937, 955-956, 1122 ; Dem., c. xxxiii, xxxviii-xxxix, p. 684-685, 688689 ; de la foi traditionnelle de l'Église, Cont. hær., t. I, c. X, n. 1 ; t. III, c. IV, n. 2 ; t. IV, c. ix, n. 2, col. 549, 856, 998. L’expression « maternité divine » ne se lit pas dans Irénée, mais bien l’affirmalion que ces mots enveloppent. Il établit souvent et longuement que l’enfant né de la Vierge est Dieu, ce qui revient à dire que la Vierge est mère de Dieu. Cf. E. Neubert, Marie dans l'Église anténicéenne, Paris, 1908, p. 125. Le mot ŒoTQXOç, absent de l'œuvre irénéenne, y a des équivalents. Des expressions telles que : « Le Fils de Dieu est né de la Vierge, » « le Christ né de Marie est l’Emmanuel, » « il n’y a qu’un seul et même JésusChrist Notre-Seigneur, celui qui est né de Marie, » t. III, c. XVI, n. 2-3, col. 921, 922, sont, « non seulement, par rapport à l’union hypostatique, dit E. Neubert, op. cit., p. 130, mais même par rapport à la maternité divine, tout aussi compréhensives que l’expression « mère de Dieu. » Ailleurs, t. V, c. xix, n. 1, col. 1175, saint Irénée écrit : < L’ange annonça à Marie qu’elle porterait Dieu, ut porlaret Deum, expression qui est manifestement synonyme, pour la question qui nous occupe, de celle d' « enfanter Dieu, » 6eoT6xoç, Dcipara. » Irénée démontre que la maternité divine s’harmonise avec la mission du Sauveur, et, dit, J.-B. Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes d’après les Pères et la théologie, Paris (1900), 1. 1, p. 72 ; cf. p. 68, 69, 73, 80, il est « celui des Pères qui a peut être le plus fortement exposé ces hautes harmonies. »

La virginité perpétuelle de Marie est pareillement admise par Irénée. Saint Jérôme, De perpétua virginitate B. Maria :, c. xvii, P. L., t. xxiii, col. 201, alléguait, contre Helvidius, son autorité et celle d’Ignace, de Polycarpe, de Justin, et de beaucoup d’autres hommes apostoliques et éloquents Nous avons eu l’occasion d’indiquer les textes d’Irénée sur la conception virginale. L’enfantement virginal est affirmé dans le commentaire de l’oracle de l’Emmanuel, Is., vii, 14. Cf. Cont. hær., t. III, c. xxi, n. 4-6, col. 950-953 ; Dem., c. Lui-Liv, p. 699-701. G. Herzog, La sainte Vierge dans l’histoire, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, Paris, 1907, t. xii, p. 484, note, prétend qu' Irénée soumit la naissance du Christ à la loi commune, et s’appuie sur le passage suivant : Filius Dci filius hominis purus pure puram apericns vulvam, 1. ï, c. xxxiii, n. 11, col. 1080, reproduit dans le VIP fragment publié par Karapet Ter-Mekerttschian, P. 0.. t. xii, p. 744. Or, remarque A. d’Alès, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, Paris, 1916, t. ui, col. 201, « ces mots purus pure puram forment un bloc homogène, et malaisé à disjoindre. Surnaturel est l’enfant, d’après la pensée incontestable d’Irénée ;