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IRENEE (SAINT]


dit-il, t. III, c. XXV, n. 3, col. 968, Dcus non est cui bonitas desil. « Un Dieu bon, des êtres libres, c’est à quoi se ramène pour lui le problème de l'évolution morale et religieuse du monde. L’iiistoire en est l’histoire des bienveillances divines pour la créature. P. Galtiîr, L'évîqiie dodeur : saint Irénée de Li/on, dans les Études, Paris, 1913, t. cxxxvi, p. 21. Où la bonté de Dieu, son amour, sa miséricorde, sa bénignité, sa patience, sa longanimité, sa magnanimité — autant de mots à peu près synonymes — éclatent surtout, c’est dans la cliute et le relèvement de riioinme. Cꝟ. t. III, c. xx, n. 1-2 ; c. xxiii, n. G-7 ; t. IV, c. xxxvii-xxxix ; t. V, c. xxi, u. 3 ; c. xxii, n. 2, col. 912 944, 964-965, 1056-1064, 1181-1182, 11831184, et, parmi de nombreux textes, t. III, c. xviii, notamment, n. 5, 6, col. 936, 937 : Lonyanimitas, et patientia, et misericordia it bonitas Chrisii ostenditur, ut et ipse paterctur, et ipse excusaret eos qui se maie tractassent… Vere magistcr Doniinus nosler, et bonus vere Filius Dei, et patiens Verbum Dei Patris filius hominis jactus… Est eniin piissimus et niisericors Dominus et amans humanum genus ; t. V, prsef., col. 1 120 : Qui, propter immensam suam dilectionem jactus est quod sumus nos, uti nos perficeret esse quod est ipse. Parce qu’il aime le genre humain, i ! prend en main sa cause contre celui qui se l'était asservi ; le Verbe se fait chair pour procurer à l’homme sa revanche contre le démon. L. III, c. xan, n. 2 ; c. xx, n. 1, col. 932, 942. « Le Clirist a restauré sa créature selon la première institution de l’iiomme, h l’image et à la ressemblance de Dieu, non pas en ravissant perfidement le bien d' autrui, mais en reprenant son bien en toute justice et bonté : justice à l'égard de l’apostasie, dont il nous racheta par son sang ; bonté à l'égard de nousmêmes, qu’il racheta. Nous ne lui avions rien donné, il n’attend non plus rien de nous, comme s’il éprouvait quelque besoin ; c’est nous qui avons besoin de lui être unis. C’est pourquoi il s’est prodigué, afin de nous réunir dans le sein du Père. » L. V, c. ii, n. 1, col. 1124. C’est bien l’amour de Dieu qui, par son Verbe, achemine l’homme jusqu'à lui, secundum dilectionem ejus, ha’C est enini quæ nos per Verbum ejus perducit ad Denm. !.. IV, c. xx, n. 1, col. 1032.

Tant de bonté divine doit aboutir h la gloire de Dieu. Non que Dieu ait besoin de nous ; il n’en a aucunement besoin. Mais l’homme a besoin de Dieu, et Dieu veut que l’homme se sauve, étant soumis i Dieu, reconnaissant eL aimant envers lui, et le glorifiant. Cꝟ. t. IV, c. II, surtout n. 2, col. 1002 : Exceptorium enim bonitatis, et organum clarificationis ejus, homo gratus ei qui se fccit ; et le beau c. iv, surtout n.l, col. 101 : Seruitus erga Denm Deo quidem nihil prnstat, nec opus est Deo humano obsequio.., est enim dives, pcrfectus, et sine indigentia. Propter hoc autem cxqnirit Deus ab hominibus seroitutem ut, quoniam est bonus et misericors, bencfuciat eis qui persévérant in servitute ejus. In quantum enimDeus nullius indigens, in tantum homo eget Dei communione. Hœc enim gloria hominis persevcrare ac pernianere in servitute ejus. Ces quelques mots résument l’histoire du monde dans l’Ancien Testament, c. xiv-xvii, n. 4, col. 1010-1 023, surtout dans le Nouveau, oii Dieu et l’homme sont glori fiés par le Christ, quod est autem aliud nomen quod in gentibus glori ftcafur, quam quod est Domini nostri, pcrqu('m glorificatur Pater et glori p.catur homo ? c. xvii, n.0, col. 1024 ; où nous offrons le sacri flce du corps et du sang du ChrisI, puret agréable à Dieu, non quod indigent a nobis sacrificium, sed quoniam is qui ofjert glorificatur ipse in eo quod offert si acccptctur munus ejus, per munus enim erga regem et honos et uffeelio ostenditur…. Offerimus enim ei, non quasi indigenti, sed gratias agentes dominationi (des manuscrits port°iit donationi) ejus, et sanctificantes crenluram…, qui enim inil'.ius indigens

est Deus in se assumit bonas operationes noslras, ad hoc ut preestet nobis rctributioncm bonorum suorum. C. xiii, n. 1, 0, col. 1024, 1029. Dieu magnanime a préparé, dès le commencement, le salut de l’homme par le Verbe, ut, insprrabilem homo a Deo percipiens salutem, resurgat a mortuis, et clarificct Deum.., et semper permaneat glori fteans Deum, et sine intermissionc gratias rejerens pro ea salute quam consecutus est ab eo. Le résultat de la magnanimité divine doit être que l’homme, cxperimento discens unde libcratus est, semper gratus existât Domino, munus ineorruptelæ consecutus ab eo, ut plus diligeret eum, cui enim plus dimittitur plus diligit…. Gloria enim hominis Deus : operationes (lire operationis) vero Dei, et omnis sapientiæ Dei et virtutis re eptaculum homo. Quemadmodum medicus in his qui œgrolant probatur, sic et Deus in hominibus probedur…. Et l’homme manens in dilectione ejus, et subjedione, et gratiarum adione, majorem ab eo gloriam percipiet, provedus acc’piens, dum consimilis fiât ejus qui pro eo mortuus est. L. III, c. XX, n. 1, 2, col. 942-944. Il faut lire en entier ce chapitre. Rarement on a exposé en aussi bons termes ce qui est sans doute l’explication la meilleure du mystère : la rédemption est l'œuvre de l’amour de Dieu qui a voulu conquérir l’amour de l’homme, et, par là, elle prépare la béatitude de l’homme et procure la gloire de Dieu.

h) La sagesse de Dieu. — La justice et la bonté Interviennent dans l'œuvre rédemptrice. Pro nobis igitur omnia hœc sustinuit Dominus.., uti et bonitas ostendatur et justitia perficiatur. L. IV, c. xxxvii, n. 7 ; cꝟ. t. V, c. H, n. 1, col. 1104, 1124. Ici, et dans les passages parallèles, Irénée entend la justice dans un sens large, non dans un sens juridique quelconque : est juste ce qui est conforme à l’ordre, à la nature de l’homme, ce qui est convenable, ce qui est en harmonie avec la raison, ralionabile. Là-dessus nous avons un texte capital, t. III, c. xxxiii, n. 1-2, col. 961-962, où Irénée dit que « toute l'économie du saiut de l’homme s’accomplit selon le bon plaisir du Père, en telle sorte que Dieu ne fût pas vaincu et que son art ne fût pas en défaut. Si l’homme, que Dieu avait fait pour la vie, avait été totalement jeté à la mort, Dieu aurait été vaincu et la méchanceté du serpent aurait triomphé de la volonté divine. MaisDieu est invaincu et magnanime. C’est pourquoi, par le nouvel Adam, il enchaîna le démon et vivifia l’homme qui était mort. » Cela étant, il ne serait pas raisonnable, nimis irrationabile est, de libérer les fils d’Adam nés dans la captivité et non Adam lui-même. Dans ce cas, l’ennemi ne semblerait pas pleinement vaincu. Ce ne serait pas agir justement, non tamen juste jaciet. Or ncque inflrmus est Deus ncque injustus, qui opitulalus est Iwmini ei in suam libcrtatem restauravit eum. Cette justice n’est pas une justice rigoureuse ; en rigueur de droit le liLérateur ne doit rien à ceux qu’il libère. Mais le rôle de libérateur veut qu’il fasse grandement les choses, il se doit à lui-même de ne pas s’arrêter à mi-chemin. Qu’Adam soit sauvé, c’est donc « juste » et « raisonnable. » Sur le mot « raisonnable, » cf. encore t. IV, c. xxxvii, n. 7 ; t. V, c. i, n. 1, 3 ; c. xviii, n. 3, col. 1104, 1121, 1123, 1174 ; P. Galtier, La rédemption et les droits du démon dans saint Irénée, dans les Recherches de science religieuse, Paris, 1911, t. ii, p. 15-22 ; J. Rivière, La doctrine de saint Irénée sur le rôle du démon dans la rédemption, dans le Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétieiuies, Paris, 1911, t. i, p. 173-174, 193, 196-197 ; A. d’Alès, La doctrine de la récapitulation en saint Irénée, dans les Recherches de science religieuse, Paris, 1916, t. vi, p. 204-206. Sur le sens du mot « justice, » cf. J. Wirtz, Die Lehre von der Apolgirosis, Trêves, 1906, p. 104-105 ; H. E. Oxenham. Histoire du dogme de la rédemption, trad. J. Bruneau, Paris, 1909, p. 99-101 ; P. Galtier, loc. cit., p. 3-