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IRENEE (SAINT :


mus de terra acceplum, et anima accipiens a Dto spirilum, omnis quicamqne confitebitur ; hoc itaque factum est Verbum Dei, sniim plasma in semetipsnm recapitulons, et propter hoc filium hominis se confitetur. Cꝟ. t. I, c. XV, n. 1 ; 1. H, c. xxxii, n. 1, 3, col. 680, S26, 828. P. Beiizart, Essai sur la Iheologie d’Jrénce, priHcnd, p. 100, qu' « Irénée ne se rend pas très bien compte de la nécessité d’une àme liumaine, de là une tendance au docctisme qui demeure toute logique et bien inconsciente, » et, p. 98, que « lui qui prend soin d’ajouter l’esprit, Tcveù^a, aux deux composants de l’homme naturel, corps et âme ou esprit, ne parle point de l'âme, anima ou (J'^X'^l' ^^ '^ personne du Christ. » Nous avons constaté qu' Irénée est très hostile à tout docétisme et parle de l'âme du Christ, anima. Le mot 'i^xh se lit dans deux tragmenls grecs du Contra hxreses : dans l’un, t. V, c. i, n. 1, col. 1121, il dit que le Christ « a donné son âme, 'iuj_-l]v, pour nos âmes, t] ; ux"^ ; " dans l’autre, t. III, c. xxii, n. 2, col. 957, il cite Matth, xxvi, 38 : i Mon âme, <li^X']> est triste. » Il a cette formule saisissante, t. V, c. xiv, n. 3, col. 1162 : Si quis igitur sccundum hoc alteram dieit Domini carnem a nostra carne quoniam ille quidem non peccauil, ncqac inventas est dolus in anima ejus, nos autem peccatores, recte dieit. S’il n’a point péché, le Christ a connu la tentation.' L. III, c.xix, n. 3 ; t. V, c. xxi, n. 2, col. 941, 1180-1181. Et même, d’après Irénée, si étroite est la similitude, sauf le péché, entre le Christ et nous, entre l'âme du Christ et la nôtre, que le Christ, dans sa nature humaine, n’a pas été exempt d’ignorance ; Irénée, t. II, c. xxvi, n. (5-8, col. 808-811, entend au pied de la lettre Marc., xiii, 32, sur l’ignorance du jour du jugement. Cf. J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, p. 449. Notons enfin, avec D. L. Tonetti, L’anima di Cristo nella teologia del Nuovo Testamentoe dei Padri, lll, Verbum caro factum est, dans la Riuista storico-critica dclle scienze teologiche, Rome, 1910, t. vi, p. 262, que l’existence parfaite de l'âme, être spirituel, raisonnable, doué de volonté, est très évidente dans la doctrine de la descente ad inféras ; nous trouverons cette doctrine chez Irénée.

Ne quittons pas ce sujet sans nous arrêter à la chronologie de la vie du Christ. Irénée met sa naissance vers la 41'= année d’Auguste, t. III, c. xxi, n. 3, col. 949, qu’il compte sans doute à partir de la mort de César (donc la 44 « année = 14 del'ère chrélienne !) Plus loin, t. IV, c. VI, n. 2, col. 987, il le fait naître a temporibus T(7)er(( (date sensiblement concordante), mais place encore sous Tibère son ministère, t. IV, c. xxii, n. 2, col. 1047. On connaît aussi l’opinion d' Irénée sur l'âge du Christ à sa mort. L. II, c.xxxii, col. 781-786. A l’encou tre des gnostiques, suivant qui le Christ ne prêcha que pendant une année après son baptême et subi t la Passion le douzième mois, Irénée dit que l'Évangile de saint.Jean commémore trois célébrations de la Pàque par le Seigneur après son baptême et, de la sorte, renverse l’opinion gnostique. L. I, c. iii, n. 2 ; t. II, c. xx, n. 1 ; c. xxii, n. 3, col. 472, 777-778, 782-783. Irénée dit encore que le Chri.stfutbaptiséàtrenteans. L. II, c.xxii, n. 4, col. 783. On s’attendrait àcetteconclusionqu’il mourut troisans après son baptême. Eh bien ! pas du tout. Distinguant cinq âges dans la vie humaine : infantes, et parvulos, et pueros, et juvenes, et seniores, et précisant que triginta annorum a>tas prima indolis est juvenis et extenditur usque ad 'luadragesinmm annum.., a quadragesimo autem et quinquagesimo anno déclinât jam in eetatem seniorem, il avance que cet âge senior était celui qu’avait le Seigneur quand il enseignait, quani habens Dominus noster docebat, n. 4, 5, col. 784, 784. 78.5. Il suppose donc que le Christ n’enseigna pas tout de suite après son baptême, mais qu’il continua sa vie cachée jusqu'à ce qu’il eut atteint l'âge parfait

du maître. Tel serait le sens de ces mots, n. 4, col. 783, 784 : Triginta quidem annorum cxistens (le commencement de l'âge du juvenis) cum ueniret ad baptismnm, dcinde, magistri felatem perfcctam habens, renit Hiernsalem… : magister ergo exislens, magisiri quoque habebat xtalem…, senior insenioribus utsitperfeetus magister in omnibus. Cf. Massuet, Dissert., III, a. 7, n. 72, col. &21322. A l’appui de cette opinion que le Christ enseigna entre 40 et 50 ans, Irénée cite l'Évangile de saint Jean et tous les presbytres réunis en Asie, auprès de Jean, disciple du Seigneur, qui attestent id ipsum tradidisse eis Joannem, n. 5, col. 785. Nous nous expliquerons sur la portée de ce témoignage des presbytres, lorsque nous examinerons les sources d' Irénée. Quant à l'Évangile, Irénée vise le Quinquaginla annos nondnm habes, Joan., viii, 57 : dicitur ei qui jam quadraginta annos excessit, quinquagesimum autem nondum attigit, non tantnm multum a quinquagesimo anno absislat, n. 6, col. 785. Évidemment l’erreur sur l'âge du Christ vient de ce qu’on a donné à ce verset une interprétation stricte. Cette erreur a influé sur une autre erreur d' Irénée, d’après laquelle Ponce Pilate aurait été procurateur de l’empereur Clejudc. Dem., c. i.xxiv, p. 715 ; cf. A. Harnack, Des heil. Irenaus Schrift zum Ermeise der apostolischen Yerkïindigung, Leip71g, 1907, p. 62-63. Ajouterons-nous qu’A. Pagi, Critica historico-chronologica in universos Annales ecclesiasticos Bnronii, Anvers, 1705, t. i, p. 24, a émis, d’une façon purement gratuite, l’hypothèse que le passage d' Irénée sur l'âge du Christ n’est pas authentique ? A. Dufourcq. Saint Irénée (collection Les saints), 2e édition, Paris, 1904, p. 1 30, a élargi le sens de ce passage, quand il écrit qu’Iréîioe a prolongé le ministère du Christ « jusque vers cinquante ou soixante ans. » Il fait également dire, p. 131, à Irénée que le Christ ressuscité passa dix-huit mois avec ses disciples avant de monter au ciel ; c’est là une opinion gnostique rapportée, non approuvée, par l’auteur du Contra hæreses, t. I, c. iii, n. 2, col. 469. Cf. J. Chapman, dans The Journal of llieological studies, 1908, t. ix, p. 42-61 ; J. Hoh, Die Lehre des heil. Irenaus iiber das Neue Testament, Munster, 1919, p. 160-166.

2. La nature divine.

« Voici l’enseignement méthodique de notre foi…. Quant au second article, le

voici : c’est le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, Jésus( ; hrist Notre-Seigneur…, par lequel tout a été fait et qui, dans la plénitude des temps, pour récapituler et contenir toutes choses, s’est fait homme, né des hommes, s’est rendu visible et palpable, afin de détruire la mort et de montrer la vie, et de rétablir j’union entre Dieu et l’homme. » Dem., c. . p. 664. Toute la christologie et toute la sotériologie sont dans ces lignes, en particulier l’affirmation de l’existence de la nature divine et de la nature humaine du Christ. Dire que Jésus-Christ, c’est le Verbe de Dieu fait homme, c’est dire, puisque le Verbe est Dieu, consubstantiel au Père, que la nature divine, tout comme la nature humaine, appartient au Christ. Voyons comment Irénée présente cette vérité. « Il faut croire qu’il y a un Fils de Dieu, et qu’il existe non pas seulement au moment où il va paraître au monde, mais même avant la création du monde…. Celui qui, au commencement, était le Verbe auprès du Père, celui par qui tout a été fait, c’est bien le même qui est son Fils. » Dem., c. xun, p. 691-692. Préexistant à son avènement terrestre, préexistant au monde, il est celui par qui le monde a été créé, et il a tout pouvoir sur la création. L. III, c. vi, n. 1 ; t. IV, c. XX, n. 2, col. 860, 1033. Il est le « seul JésusChrist, Fils de Dieu, incarné pour notre salut, » dont les prophètes ont annoncé la naissance, la vie, la mort, la résurrection, l’ascension et le second avènement, dans la gloire du Père, comme juge suprême du monde.