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IRÉNÉE (SAINT


leur d’apics saint Irénce, Le Puy, 1919, p. 81. L’incorruptibilité s’oppose aux sources du péché, passions ou concupiscence, à tout ce qui mène à la corruption, ainsi que l'étymologie l’indique. Elle n’est pas naturelle à l’homme, nec unqiiamdeDeo contrarium scnsum accipiat homo, propriam naturaliter arbitrans eam quæ circa se esset incorruptclam et, non tenens veritatem, inani supercilio jactaretur, quasi naturaliter similis esset Deo. L’immortalité ne lui est pas davantage naturelle. Dieu a permis la chute, afin que l’iiomme, ' expcrimento discens unde libcratus est, sempcr gratus existât Domino, munus incorruptelai consccutus ab eo…, cognoscat autem semetipsum, quoniam morlulis et infirmas est. L. iii, c. XX, n. 1, col. 942-943. Cꝟ. t. IV, c. XXXIX, n. 2 ; t. V, c. iii, n. 1, col. 1110, 1129 : homo… natura mortalis. Cette fois, le mot même de bien non naturel, de don divin, et non pas seulement la réalité, entre dans la description de l'état primitif d’Adam et d’Eve.

4. La cliute ou le péché originel en Adam.

Ce n’est pas sans raison que le premier homme fut soumis à une épreuve. « Une loi lui fut donnée par Dieu pour lui apprendre qu’il a un maître, le Seigneur de toutes choses. » Dem., c. xv, p. 668. Il ne fallait pas qu’Adam oubliât sa condition de créature. Puis, du choix de son libre arbitre devait résulter le mérite : à lui d’user bien de sa liberté, uti et bonitas ostendatur et justilia perficiatur.., et tandem aliquando matiirus fiât homo, in tantis maturescens, ad videndum et capiendum Dcum. En outre, le bonheur qui a du prix n’est-ce pas celui qu’on a gagné? L. IV, c. xxxvii, n. 7, 6, col. 1104, 1 103. L’homme « désobéit à Dieu et fut égaré par l’ange. Celui-ci, à la vue des nombreuses faveurs que l’homme avait reçues de Dieu, lui porta envie et en fut jaloux ; il causa la ruine de l’homme et le rendit pécheur en le faisant consentir à violer le commandement de Dieu… Or, Dieu maudit le serpent, qui avait servi de suppôt au diable, et cette malédiction atteignit la bête ellemême, ainsi que l’ange ou Satan, qui s'était caché et blotti en elle. » Dem., c. xvi, p. 670-671. Cent, hær, , t. III, c. xxiii, n. 8 ; t. IV, c. xl, n. 3, col. 965, 1113, Irénée parle aussi de cette jalousie du démon et y voit* le principe et la matière de son apostasie. Il y admet la réalité du serpent, instrument de la tentation. L. III, c. xxiii, n. 3, col. 962. Saint Anastase le Sinaïte, Anagogicarum contemplationum in Hexæmeron, t. X, P. G., t. Lxxxix, col. 1013-1014, cite, comme écrit par Irénée contre les ophites, un texte notable à l’appui de cette thèse que le récit de la Genèse sur le serpent ne doit pas être entendu historiquement, mais spirituellement. Massuet a découvert l’original grec de ce fragment. Cf. P. G., t. vii, col. 1236-1237. Les doutes qu’on avait sur son authenticité, cf. A. Harhack, Geschichte der altchristlichen Litteratur bis Eusebius, Leipzig, 1893, t. i, p. 276, se trouvent confirmés par le caractère historique qu' Irénée donne à ce récit dans la Démonstration. Sur ce qu’il dit du serpent dans le système des ophites, t. I, c. xxx, n. 5, 8-9, 15, col. 697, 699-700, 704, cf. E. de Paye, Gnostiques et gnosticisme, Paris, 1913, p. 337-348.

Le châtiment suivit la désobéissance. Dieu chassa Adam et Eve du paradis. Ils « tombèrent dans de nombreuses alllictions de doute et de souffrance, passant en ce monde dans la douleur, les travaux et les gémissements. » Dem, c. XVII, p. 671 ; cf. Cont. hær., t. III, c. XXXIII, n. 3 ; t. V, c. xv, n. 2 ; c. xvii, n. 2 ; c. xxiv, n. 2, col. 962, 1165, 1170, 1187. La. oncupiscence fut déchaînée. L. III, c. xxui, n. 5, col. 963. La mort fit son entrée sur la terre : la mort de l'àme, c’est-à-dire la perte du Saint-Esprit, de l’image et de la ressemblance de Dieu, de l’immortalité bienheureuse, et la mort corporelle. En s'éloignant de Dieu, liomo in iantum efferavit ut eliam consanguineum hostem sibi

putaret. Le meurtre d’Abel par Gain fut le premier épisode de ces luttes homicides. L. V, c. xxiv, n. 2 ; cꝟ. t. III, c. xxiii, n. 4, col. 1187, 962 ; Dem., c. xvii, p. 671-672. Et, selon la menace divine, Gen., ii, 17, Adam mourut le jour de sa désobéissance, ce qu' Irénée entend de diverses façons, t. V, c. xxiii, n. 2, col. 11851186 : ce jour-là il devint débiteur de la mort ; deuxièmement, créé un vendredi, pécheur un vendredi, il mourut un vendredi ; troisièmement, Adam mourut avant l'âge de mille ans, or « mille ans sont devant Dieu comme un jour ; » enfin, la durée du monde, circonscrite entre son soir et son matin, est celle d’un jour, conditionis dies unus, et Adam est mort avant la fin du monde. Vaincu par le démon, l’homme devenait son captif. L. III, c. xxiii, n. 2 ; t. V, c. i, n. 1 ; c. xxi, n. 1, col. 961, 1121, 1179 ; Dem., c. Lxxxiii, p. 719.

5. Le péché originel dans l’humanité.

La doctrine du péché originel est affirmée très fortement par l’ensemble des textes sur la recapitulatio par le Christ, la restitutio in prislinum du genre Irumain. Elle l’est aussi par des textes directs. D’une manière générale, nos omnes ex ipso (Adam), et, quoniam sumus ex ipso, propterea quoquc ipsius hæreditavimus appellationem. L. III, c. xxiii, n. 2, col. 961. De lui nous avons hérité une certaine ignorance de Dieu, I. V, c. xii, n. 4, col. 1155 ; la concupiscence, t. V, c. x, n. 1-2 ; c. xii, n. 3-4, col. 1148-1149, 1154-1155 ; la douleur, t. III, c. xxiii, n. 3 ; t. V, c. xv, n. 2 ; c. xvii, n. 2 ; c. xxiv, n. 2, col. 962, 1165, 1170, 1187 ; la mort, Dem., c. xxxi, p. 683 : « Par notre premier père Adam nous étions tous enveloppés et enchaînés dans la mort à cause de sa désobéissance…. Parce que la mort avait établi son empire sur le corps, il était juste et nécessaire qu’une fois abattue par le corps l’homme fût désormais à l’abri de ses coups. Or, le Verbe s’est fait chair, afin que, par le moyen de cette chair, grâce à laquelle il avait dompté, enchaîné et subjugué le péché, ce péché une fois vaincu ne fût plus en nous. »

Le legs d’Adam, ce n'était donc pas seulement la privation des biens préternaturels, ce n'était pas uniquement la mort du corps ; c'était encore la mort de l'âme, la privation du don surnaturel de la grâce. « Nous étions dans les liens du péché, devant naître coupables et sujets à la mort. » Dem., c. xxxvii, p. 687. L’incarnation a eu lieu uti, quemadmodum per priorem generationcm morlem hæreditavimus, sic per generationcm hanc (la génération nouvelle par le Christ) hxreditaremus vitam, t. V, c. i, n. 3, col. 1122-1123 ; uti, quemadmodum per hominem victum descendit in mortem genus nostrum, sic iterum per hominem vietorem ascendamus in vitam, c. xxi, n. 1, col. 1179 ; ut quod pcrdideramus in Adam, id est sccundum imaginem ej. similitudincm esse Dei, hoc in Christo.Jesu reciperemus, t. iii, c. xviii, n. 1, col. 932. Les formules abondent qui disent que, par le fait d’Adam, nous naissons pécheurs. Voici deux textes allégués par saint Augustin, Contra Julianum, t. I, c. iii, P. L., t. xliv, col. 644, et par Bossuet, Défense de la tradition et des saints Pères, part. II, t. VIII, c. xxi-xxii, Œuvres, édit. Lâchât, Paris, 1862, t. iv, p. 307-309. Le premier, par allusion au serpent d’airain, parle de « la plaie de l’ancien serpent » guérie par Jésus-Christ, qui " donne la vie aux morts. » L. IV, c. ii, n. 7, col. 979. « Voudra-t-on dire, remarque Bossuet-, p. 307, que le Fils de Dieu, lorsqu’il donne la vie aux morts, ne guérit que la mort du corps ? N’est-ce pas à l'âme qu’il donne la vie ? C'étaitj^donc à la vie de l'àme que cette plaie de l’ancien serpent portait le coup. » Quant au deuxième texte, t. V, c. XIX, n. 1, col. 1175 : Quemadmodum astrictum est morti genus humanum per virginem (Eve), salvatur per Virginem (Marie), Bossuet dit, p. 308 : « Chicanera-t-on en disant que ce lien nous astreignait à la