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IRÉNÉE (SAINT)


esse Dei, hoc in Christo Jcsu reciperemus. L. III, c. xviii, n. 1 ; cf. c. XXII, n. 1 ; t. IV, c. xx, n. 1 ; t. V, c. i, n. 3 ; c. II, n. 1 ; c. VI, n. 1 ; c. x, n. 1 ; c. xvi, n. 1 ; c. xxi, n 2 ; c. xxviii, n. 4, col. 932, 956, 1032, 1123, 1124, 1137, 1148, 1167, 1 180, 1200. Tantôt il s’agit non de la grâce, mais de sa consommation cdeste, la gloire : Si igilar nunc, pignus habenles, clamamus : Abba, Pater, quid ftet quando résurgentes facie. adfaciem videbimas eum ?.. Quid jaciel universa Spiritus gratta, quæ hominibns dabitur a Dominai Similes nos ei efficiet.., efficiet enim kominem secundum imaginetn et simililudinem Dei. L. V, c. viii, n. 1 ; c. xxxvi, n. 3, col. 1142, 1224 (dernière phrase du traité). Tantôt enfin divers sens se présentent coup sur coup, en sorte que le lecteur inattentif serait exposé à les confondre Massuet, Dissert., III, a. 9, n. 119, F G., t. vii, col. 376, a vu la similitude d’ordre naturel, placée in cognoscendi vi et libère quidi’is eligendi jacallale, dans un passage où nous lisons, en efl’et : Liberæ sententiæ ab initio est homo et liberæ sententise est Deus cul (des manuscrits ont cujus) ad similitudinem factus est. L. IV, c. xxxvii, n. 4, col. 1102. Mais voici que là-dessus, la liberté pouvant amener le péché et l’ayant amené dans les anges et dans les hommes, n. 6, col. 1103, Irénée répond ù cette question : Dieu n’aurait-il pu créer l’homme parfait dès l’origine, c’est-à-dire à l’abri du péché, confirmé en grâce ? C. xxxviii, n. 1, col. 1105. Dieu pouvait, dit-il, accorder à l’homme cette perfection originelle ; tout lui est possible. Mais l’homme ne pouvait les recevoir, infans enim fuit. Tout ce qui est créé est imparfait et dans un état d’enfance. Dieu nous a donc traités comme des enfants, et propter hoc coin/antiatum est homini Verbum Dei cum esset perfectus, n. 2, col. 1107. Il faut que l’homme aliquando maturus fiât…, ad videndum et capiendum Deum, c. xxxvii, n. 7, col. 1104, et que, pour cela, d’abord il existe, puis qu’il croisse et se fortifie, et corroboratum multiplicari, et multiplicatum convalescere, convah’scenlem vero gloriftcari, et glorificalum vidcie suum Dominum, tout cela par l’action de Dieu par qui factus et plasmatus homo secundum imaginem et similitudinem constituitur infecti Dei. C. xxxviii, n. 3, col. 1108. Évidemment c’est la ressemblance dans l’ordre surnaturel, en attendant la ressemblance meilleure dans la gloire, similes esse factori Deo, quand aura disparu cette différence entre Dieu infectas et l’homme factus, donc imparfait et sujet à déchoir, qui « est maintenant la loi du genre humain. » Alors on aura dépassé la ressemblance avec Dieu qui consiste à être libre, similes sibi suæ potestatis Iiomines fecit ; le mortel sera vaincu et absorbé par l’immortel, le corruptible par l’incorruptible, oportucrat primo naturam apparere, post deinde Vinci eiabsorb(er)i mortale ab immorialitate et corruptibile ab incorruptibilitate, ei ficri hominem secundum imaginem et similitudinem Dei, agnitione accepta boni et mali, n. 4, col. 1109. L’homme a eu une connaissance expérimentale du mal et du bien, il a été soumis à l'éjjreuve, oportei enim primo quidem ordinem hominis custodire, tune deinde participari gloriæ Dei… Præsta autem ei cor tuum molle et tractabilc, et custodi flguram qua te figuravit arlifex, habens in temetipso humorcm ne induralus amittas vestigia digitorum ejus. Custodiens autem compaginationem, ascendes ad perfcctum. C. xxxix, n. 2, col. 1110.

Ici — et c’est un dernier terme qu’il importe de bien entendre — l’homme parfait, c’est l’homme confirmé dans la grâce par la possession du ciel, n’ayant plus à courir le risque glorieux, mais redoutable, du libre arbitre. Plus souvent l’homme parfait, c’est l’homme surnaturel, le chrétien en état de grâce, qu’Irénce définit : un composé de corps, d'âme et du Saint-Esprit. Secundum partiel pationem Spiritus existentes spirituales… Cum autem Spiritus hic, com mislus animæ, unitur plasmati, propter effusionem Spiritus, spiritualis et perfectus homo factus est…Neque enim plasmatio carnis ipsa secundum se homo perfectus est, sed corpus hominis er pars hominis ; neque enim et anima ipsa secundum se homo, sed anima hominis et pars hominis ; neque spiritus homo (spiritus, c’est-àdire la participation de l’Esprit Saint, la grâce), spiritus enim et non liomo vocatur ; commistio autem et unitio horum omnium perfectum hominem efjicil. L. V. c. vi, n. 1, col. 1138 ; cf. c. i, n. 3, col. 1123. Cet homme parfait peut être celui qui a reçu le don des langues et les divers charismes, col. 1137. Ces privilèges ne sont pas nécessaires. L’homme parfait, c’est celui que le Verl>e totum sanum et integrum redinlegravit, perfectum eum sibi præparans ad resurrectionem, 1. V. c. xii, n. 6, col. 1155-1156 ; celui que Dieu rend conforme et consequens suo puero /celui qui est le temple du Saint-Esprit, qui et Spiritum in se perseverantem habuerint Dei, et animas et corpora sine querela servaverint ; Dei, id est illam quæ ad Deum est, fldem servantes, et eam quæ ad proximum est justitiam custodientes. C. vi, n. 1, col. 1137. 1138. L’homme parfait, c’est tout chrétien en état de grâce.

2. La création de l’homme.

L’homme est « un animal raisonnable, )> t. V, c. i, n. 3, col. 1123, un mélange de corps et d'âme, homo est temperatio animée et carnis, qui ad Dei similitudinem formatas est. L. IV, præf., n. 4, col. 975 ; cf. Dem., c. ii, p. 660. Dieu créa le corps du premier liomme « de ses propres mains, en prenant de la terre la plus menue et la plus pure, « de la terre vierge, » c’est-à-dire non encore arrosée par la pluie et non travaillée. Dem., c. xi, xxii, p. 667, 684, Cont. hær., t. III, c. xxi, n. 10 ; I. V. c. xiv, n. 2, col. 954 955, 1162. La création de la première femme est racontée comme dans la Genèse, avec ce détail que, « pour l’accomplissement de son chef-d'œuvre. Dieu voulut qu’Adam tombât dans le sommeil, qui auparavant n’existait pas au paradis. » Dem., c. xiii, p. 669. Sur l'âme de l’homme, voir Ame, t. i, col. 983-986. L’homnae « fut créé libre et maître de ses actes, et fut destiné par ce même Dieu à commander à tout ce qui serait sur la terre, » car « Dieu fit l’homme maître de la terre et de tout ce qu’elle renferme ; » toute la création était pour lui. Dem., c. xi, xii, p. 667, 668 ; Cont. hær., t. IV, c. V, n. 1 ; c. vii, n. 4, col. 983, 992.

3. L'élévation de l’homme à l'état surnaturel. — Des gnostiques valentiniens, et Valentin lui-même, distinguaient trois catégories d’hommes : les spirituels ou pneumatiques, les psychiques, enfin les terrestres ou hyliques ou choïqucs ; les spirituels destinés au salut, les psychiques susceptibles de salut ou de perdition, les terrestres voués à la ruine. L. I, c. vii, n. 5 ; c. vi, n. 1 ; t. IV, c. XXXVII, n. 6, col. 517-520, 504-505, 1103 ; cf. E. de Faye, Gnostiques et gnosticisme. Étude critique des documents du gnosticisme chrétien auxli^ et IIIe siècles, Paris, 1913, p. 45-48, 67-76. C'était le trichotomisme platonicien transporté de l’homme individu à l’homme espèce ou humanité. Irénée rejette cette distinction entre pneumatiques, psychiques et hyliques. Voir Ame, t. i, col. 983. Tous les hommes ont même nature. Tous peuvent se sauver ou se perdre. Mais l’homme, composé de corps et d'âme, peut être plus que corps et âme : il peut être spirituel ou pneumatique, c’est-à-dire divin. En termes modernes, la vie rtaturelle peut être complétée par la vie surnaturelle. Notre substance, c’est-à-dire l’union de l'âme et du corps, en recevant l’Esprit de Dieu, constitue l’homme spirituel. » L. V, c. viii, n. 2, col. 1142. Le 7tve0|i.a n’est pas une partie de la nature humaine ; c’est la grâce de l’Esprit-Saint, qui déifie l’homme. L’homme' qui ne fait pas la volonté de Dieu ne l’a pas en lui. « L’homme parfait est composé de chair, d'âme et d’esprit, de l’esprit qui sanctifie et informe, de la chair