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IMPOSITION DES MAINS


conveniens est. Akuiin, Epist., lxxx, P. L., t. c, lol. 261. Un manuscrit de Reims, du viiie siècle environ, porte en marjic du Troclalus LXIII de saint Zenon de Vérone une note indiquant qu'à SaintÉtienne, (lacatliédrale de Vérone ou de Sens ? cf.notice sur Magnus de Sens dans P. L., t. en, col. 980) la confirmation se donnait le lundi de Pâques. P. L., t. xi, col. 492, note 1. Amalaire de Metz, De Ecclesiæ officiis, IV, 29, P. L., t. xv, col. 1217, dit aussi que, propter alignas occasioncs (luctuantis mundi, le baptême et l’imposition des mains pour donner le Saint-Esprit ne se célèbrent point le même jour. Et c’est sans doute parce que cette séparation est désormais normale que Leidrade, évêque de Lyon, dans son Liber de sacramento baptismi, où il explique longuement toutes les cérémonies baptismales et énumère l’imposition des mains comme distincte de la chiùsmation I)ostbaptismale, n’en donne cependant aucune explication ; après la chrismation, ont lieu la vêture des habits blancs et la communion. P. L., t. xcix, col. 863866. C’est l’ordre à suivre, en l’absence de l'évêque, d’après une rubrique du Sacramentaire grégorien publiée par Muratori : après la vêture des habits blancs, si episcopus adesl, staiim confirmari eum [infantem] oporlel chrismaie et poslea commiinicari. Et si episcopus deest, communicatur a presbijtero, dicente iia : Corpus Domini, etc. Liturgia romana velus, t. ii, p. 158.

Ces textes expliquent suITisamment l’existence, à l’usage des simples prêtres, de missels contenant la liturgie du baptême et de la chrismation, mais n’ayant point celle de la confirmation. Pour satisfaire aux besoins des diverses catégories de prêtres t-mployés au ministère des âmes, il a dû se constituer, dès le v<= et le vi<e siècle, des abrégés liturgiques de cette nature. Batiffol, Leçons sur la messe, p. 7-8. Ainsi s’explique tout naturellement l’absence, dans les missels gallicans, de l’imposition des mains pour communiquer le Saint-Esprit ; mais estimât-on cette explication insuffisante, la conclusion que l’on voudrait tirer de cette absence ne saurait prévaloir contre celle que suggère le parallélisme de la liturgie gallicane avec les liturgies voisines et contre le témoignage décisif des écrivains et des conciles de la Gaule : la chrismation, juxtaposée en Gaule comme dans les autres Eglises d’Occident au baptême, fait partie Intégrante du sacrement de la régénration et non point de celui du don du Saint-Esprit.

b) Les textes allégués en sens contraire ne prouvent pas. — L’imposition des mains fut donc seule jadis dans l'Église latine le rite propre de la collation du Saint-Esprit qui caractérise le sacrement de confirmation. Des témoignages sont invoqués d’ordinaire pour prouver que cette collation était aussi attribuée à une onction ; mais il n’en est pas un seul qui ne soit hors du sujet ou dépouillé de toute valeur démonstrative.

a. Textes scripturaires. — On invoque le qui unxii nos Dcus de saint Paul, II Cor., i, 21, et le undionem habetis a Sancto de saint Jean, 1 Joa., ii, 20, 27 ; mais le langage biblique lui-même, nous l’avons montré, suggère de ne voir dans ces paroles que dos expressions imagées. Cf. Confirmation, t. iii, col. 1012.

b. Tertullien et saint Cijpricn. — On cite le caro ungitur ut anima consecntur de lertullien, De resurrectione, 8, P. L., t. ii, col. 806, et surtout son carnaliler currit unctio srd spiritualiter proflcit du De baptismo, 7 ; on y ajoute le ungi quoque necesse est de saint Cyprien, mais il est prouvé, d’après ces écrivains eux-mêmes, que l’onction visée par eux est celle qui se rattache au baptême. Dans la Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, 1912, p. 453, dom de Puniet a reconnu la valeur de cette preuve.

c. Saint Hippolyte. — On fait remarquer que saint Ilippolyte, en rapprochant le baptême chrétien et le bain de Suzanne, In Daniel., i, 16, édit. Bonwetsch, j). 26-27, interprète les CTji, r)Y(xaTa, qu’elle se fait apporter, des préceptes (al Toij Xéyou èvxoXaî) et que, dans l’huile, qu’elle demande à ses femmes, il voit l’image de la vertu du Saint-Esprit (t) toù àytou IIvsûiiaToç Sûvafiiç, alç iJ, eTà tô Xouxpôv <î)ç (Jtûpw -ypioMTOii ol moTsûovTsç) ; mais on ne prouve pas que ce langage dise autre chose que les paroles de Tertullien, de saint Cyprien et de tant d’autres sur l’onction du Saint-Esprit qui correspond à la chrismation. Et l’on ne prouve pas non plus que l’expression Si.' ou [nveû[i, aToç] açpaytî^ovTai ci TtiaTeûovTsç, De Anlichristo, Lix, édit. Achelis, p. 40, signifie davantage. Rien ne montre qu’une onction rituelle y soit visée : ce n’est point par le prêtre ou l'évêque, c’est par le Saint-Esprit lui-même, que les croyants sont dits açpayîî^eaOat. et saint Hippolyte peut bien ne faire que répéter l’expression semblable qui se lit aux trois passages bien connus de saint Paul, II Cor., i, 22 ; Eph., i, 13 ; IV, 30, sans mentionner un rite quelconque.

d. Saint Augustin. — On cite de ce Père la phrase classique sur le sacramentum chrismatis.., quod quidem in génère visibilium signaculorum sacrosanctum est. Contra litteras Petiliuni, ii, 104. 239, P. L., t. xliii, col. 342, et celle où il invite les donatistes à distinguer le visibile sanctum sacramentum, quod esse et in bonis et in malis potest, àeVinvisibilis unclio charitatis quæ propria bonorum est. Ibid. Mais on ne remarque pas que l’onction dont parle l'évêque d’Hippone est la même que celle que mentionnent saint Cyprien et Tertullien, celle que l'Église d’Afrique comme l'Église de Rome, dès l'époque du pape saint Etienne, a toujours associée au baptême ; on oublie que cette invisibilis unctio charitatis qui est à distinguer du î> ; s161k sacramentum, n’a rien de ce qui caractérise l’effet propre du sacrement de confirmation, qu’elle représente uniquement ce don de la grâce, qui est dans tous les justes, et qui, d’après saint Augustin lui-même, correspond à l’onction invisible accordée par Dieu le Père à son Fils au moment de l’incarnation. Cf. De Trinilaie, xv, 26, 46, P. L., t. XLii, col. 1093. Et les autres textes de saint Augustin, qu’on se plaît à accumuler, ne vont pas plus au sujet. Unclio spiritualis ipse Spiritus Sanclus esl, cujus sacramentum est in unclione visibili, a-t-il écrit en expliquant le undionem habetis a Sancto. In Epist. ad Parthos, tr. III, 5, P. L., t. xxxv, col. 2000. Mais le mot sacramentum n’a ici que le sens générique de symbole ; peut-être même n’est-il qu’un synonyme de métaphore, d’expression symbolique, comme l’entend saint Augustin à propos des trois témoins, spiritus, et aqua et sanguis du même saint Jean : Hœc sacramenta sunt, in quibus non quid sint scd quid ostendent sempcr allenditur ; quoniam signa sunt rerum, aliud exislentia et aliud significanlia. Contra Maximum arianum, ii, 22, 3, P. L., t. xui, col. 794 ; et il interprète ensuite « l’esprit » de Dieu le Père, « le sang » du Fils et « l’eau » du Saint-Esprit.

Ailleurs, expliquant aux baptisés, à propos de leur participation au corps du Christ par la communion, comment ils sont devenus eux-mêmes le corps du Christ, il part de l’idée de pain, et leur rappelle que moulus par les exorcismes préparatoires au baptême, pétris au moment de leur ablution, ils ont été soumis enfin à l’action du feu. Or, à la question : Quid significat ignis ? il répond : c’est le chrême : Hoc est chrisma. Car l’huile est le sacramentum de notre feu à nous chrétiens qui est le Saint-Esprit : Oleum elenim ignis noslri, Spiritus Sancli, est sacramentum. N’est-il pas descendu sous la forme de langues de feu ? Ainsi donc, c’est lui, le Saint-Esprit, signifié par le chrême, qui en s’ajoutant à l’ablution et en agissant