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IRENÉE (SAINT ;

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liste de toutes clioses. » L. III, c. xi, n. 8. col. 885. Quant à l’Esprit, « fin » de la Trinité » il finit tout, il perfectionne toutes les (cuvres du Créateur. « Dans la création de l’iioinme, dit saint Irénée, t. IV, c. xxxviir, n. 3, col. Il OS, le Père se complaît et ordonne, le Fils opère et fabrique, l’Esprit nourrit et accroît, et l’homme doucement progresse et monte vers la perfection, c’est-à-dire devient proche de l'Éternel. » Et. Dem., c. v, p. 663 : « Ihi s ul Dieu, le Père, incréé, invisible, créateur de tout… Ce Dieu est intelligent, et c’est pourquoi il a fait les créatures par le Verbe. Et Dieu est esprit ; aussi est-ce par l’Esprit qu’il a embelli toutes choses… C’est le Verbe qui pose la base, c’est-à-dire qui travaille pour donner à l'être sa substance et le gratifie de l’existence, et c’est l’Esprit qui procure à ces différentes forces leur forme et leur beauté. » Ou, plus brièvement, t. III, c. xxiv, n. 2, col. 9C7 : Verbo suo confirmans et Sapientia (l’Esprit-Saint) compingens omnia hiv est qui est solus Deus verus. Parce qu’il est le terme, le Saint-Esprit est le principe de repos, de stabilité, de perfection. « Aussi n’est-ce pas Stà nvEUfxaToç, poursuit T. de Régnon, p. 352, mais Iv nveu[i.aTi, , qu’a lieu toute perfection physique, c’est-à-dire toute beauté, et plus spécialement toute perfection morale, c’est-à-dire toute sainteté. » De là les formules des Pères grecs sur le Père faisant tout et donnant tout par le Verbe dans l’Esprit. Ue là ce magnifique passage d' Irénée, t. V, c. xviii, n. 2, col. 1173 : Pater enimconditionem simulet Verbum portans et Verbum porlatum a Pâtre prseslat Spiriium omnibus, qucmadmodum vult Pater, quibusdam quidem secandam conditionem, quod est fadum, quibusdam autem secundum adoptionem, quod est ex Deo, quod est generatio. Et sic unus Deus Pater ostenditur, qui est super omnia, et per omnia, et in omnibus. Super omnia quidem Pater, et ipse est caput Christi ; per omniaautem Verbum, et ipse est caput Ecclesiæ ; in omnibus autem nobis Spiritus, et ipse est aqua viva quam prsestat Dominus in se recte credentibus et diligentibus se.

Dieu s’inclinant vers la créature, il y a cette marche : du Père au Fils, et du Fils au Saint-Esprit. C’est l’ordre des missions divines : le Père envoie le Fils, t. IV, c. XXXVI, n. 1, 2, 5, col. 1090, 1091, 1092, 1094, et le Fils envoie le Saint-Esprit, don du Père, t. III, c. xvii, n. 2, col. 930 : Quod Dominus accipiens munus a Pâtre, ipse quoque his donavit qui ex ipso participantur, in universam terram mittens Spiritum Sanclum. Inversement, pour remonter de nous à Dieu, par l’appropriation du salut, nous allons de l’Esprit au Fils et du Fils au Père, Spiritu quidem pr séparante hominem in Filio (in Filium, d’après certains manuscrits) Dei, Filio autem adducente ad Patrem, Pâtre autem incorruptelnm douante in œternam vitam. L. IV, c. xix, n. 5cf. n. 6 ; t. V, c. yxxvi, n. 2 (finale du traité), col. 1035, 1036, 1223. Les deux ordres, descendant et ascendant, sont décrits, Dem., c. wi, p. 664-665 : « Quand nous sommes régénérés par le baptême, qui nous est donné, au nom de ces trois personnes, nous sommes enrichis, dans cette seconde naissance, des biens qui sont en Dieu le Père, par le moyen de son Fils, avec le Saint-Esprit. Car ceux qui sont baptisés reçoivent l’Esprit de Dieu, qui les donne au Verbe, c’est-à-dire au Fils ; et le Fils les prend et les offre à son Père, et le Père leur communique l’incorruptibilité. »

Le rôle du Verbe n’est pas toujours bien distingué de celui de l’Esprit Saint, ou plutôt il y a forcément rencontre et communauté de rôles, puisque, selon le point de vue où l’on se place, « le Verbe sert de lien à l’Esprit » ou c’est « l’Esprit qui montre le Verbe. » Dem, c. v, p. 663. Par exemple, de même que tantôt il dit que Dieu a tout créé par le Verbj et l’Esprit Saint, tantôt tout par le V^rbe, t. I, c. xxii, n. 1 ; t. II, c. ii, n. 4 ; I. III, e. viii, n. 3, col. 669, 714, 867-868, etc.

tantôt tout par le Saint-Esprit, i. IV, c. xxxi, n. 2, col. 1070, etc., de même, d’une part, Irénée dit que les Écritures ont été dites par le Verbe et l’Esprit Saint, t. II, c. xxviii, n. 2, col. 805, et, d’autre part, il dit tantôt que les prophètes ont reçu du Verbe le charisme prophétique, t. IV, c. xx, n. 4 ; cf. n. 12 ; c. i, n. 6, col. 1034, 1041, 989, tantôt, et plus souvent, que l’Esprit a parlé par les prophètes, t. I, c. x, n. 1 ; t. III, c. VI, n. 5 : c. xi, n. 8 ; c. xxi, n. 4, col. 549, 864, 888, 950, etc. Parfois les deux points de vue alternent dans le même chapitre. L. IV, c. xx, n. 4, col. 1034, nous lisons : Verbum… homo in hominibus factus est ut ftnem conjungcret principio, id est hominem Deo ; et propterea prophetæ, ab eodem Verbo propheticum accipienies charisma, prædicaverunt… uti, complexus homo Spiritum Dei, in gloriam cedat Patris ; c’est l’ordre descendant. Et voici l’ordre ascendant, n. 5, col. 1035 : Deus visus quidem tune per Spiritum prophétise (lire probablement, avec plusieurs manuscrits, prophcticc), visus autem et per Filium adoptive, videbitur autem et in regno cœlorum paternaliter. Voir tout le chapitre ; cf. Dem., c. vi, xlix-l, p. 664, 697, 698.

Dans cette œuvre de descente de Dieu vers l’homme et d'élévation de l’homme vers Dieu, le rôle principal du Verbe est d'être le révélateur du Père. Irénée a été frappé par le texte de Matth., xi, 27, et de Luc., x, 22, sur la parfaite réciprocité de connaissance entre le Père et le Fils. L. IV, c. vi-vii, col. 986-993. Il en déduit la divinité du Fils et sa communauté de nature avec le Père. A. Harnack, Lclirbuch dtr Dogmengeschichte, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, t. i, p. 539-540 ; cf. jDes heil. Irenaus Schrift zum Erweise der apostolischen Verkùndigung, Leipzig, 1907, p. 61, quaUfie de modalisme la doctrine de la manifestation du Père par le Fils : l’existence du Fils en tant que Fils serait conditionnée par la volonté du Père de se révéler, et le Fils ne serait Fils que dans la sphère de la rédemption, au point de vue de l’homme. Or, nous l’avons vii, Filius et Verbum sont entièrement synonymes. « Pour Dieu, le Fils était au commencement, avant la création du monde. » Dem., c. XLin ; cf. c. xxx, p. 692, 683. Et, c. x, p. 667 : « Dieu est glorifié par son Verbe, qui est son Fils éternel ; » Cont. hær., I. II, c.xxx, n. 9, col. 823 : Semper autem coexistens Filius Patri, olim et ab initia semper révélât Patrem, et angelis, et archangelis et potestatibus, et virtutibus, et omnibus quibus vult revelare Deus. Donc le Fils a toujours coexisté au Père, il a été Fils toujours, et, dès la création, il a été celui qui a révélé le Père aux anges et à tous ceux que le Père a voulus. Quand Irénée dit que le Père est l’invisible du Fils et le Fils le visible du Père, invisibile etenim Filii Pater, visibile autem Patris Filius ; que agnitio Patris est Filii manifestatio ; que agnitio Patris Filius, t. IV, c. VI, n. 6, 3, 7, col. 989, 988, 990, il n’entend pas que le Fils n’a été tel qu'à partir du moment où il a manifesté le Père, mais que, coexistant éternellement avec le Père, à partir du moment où il y a eu des créatures, anges ou hommes, capables de connaître Dieu, c’est lui qui l’a révélé, que Pater… per eum revelatur et manifestatur omnibus quibus revelatur, t. II, c. xxx, n. 9, col. 823, que le Père ne se manifeste que par le Fils.

Le Fils n’a pas attendu de s’incarner pour manifester le Père ; dès le commencement, ah initia assistens Filius suo plasmati, il l’a révélé à sa créature, quibus vult et quando vult et quemadmodum vult Pater.. L. IV, c. VI, n. 7, col. 980. En premier lieu, aux anges, j col. 823 ; ensuite, aux hommes : omnes qui ab inilio i cognitum habuerunt Deum… revelationem acceprrunt ab ipso Filio. C. ti, n. 2, col. 891. Irénée met sur le compte du Fils, selon une opinion courante à cette époque, les théophanies de l’Ancien Testament ; à Adam, à Abraham, à Moïse, aux trois enfants. L. III,