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IRENEE (SAINT 2434

Theologiæ cursus completus, Paris, 1839, t. iii, s’appuient fréquemment sur le texte d’Irénée, col. 10141019, 1135, 1138-1139, 1144-1145, 1146, 1155, 1157, llGl-1162, 1165, 1171, 1172, 1181, 1228, 1237-1239, 1242, 1245. Cf. Maur Capellari (Grégoire XVI), Triomphe du saint-siège et de l’Église, c. xti, n. 1, paru en 1799, trad. Jammes, dans Migne, Démonstrations éixingéliques, Paris, 1843, t. xvi, col. 942 ; J. de Maistre, Du pape, t. I, c. vi, 8^ édit., Lyon, 1845, p. 47 : il forge bravement le mot grec perdu traduit par principali-Idtem, disant qu’Irénée « en a|ipelait déjà à la chaire de saint Pierre comme à la règle de la foi et confessait cette princijiauté régissante, y)Y£(i.ovta, devenue si célèbre dans l’Église, » Freppel, .Soi’/U /réne’e, 2e édit., Paris, 1870, p. 429, 432-437, 441, etc. Du côté des protestants, mentionnons J. L. Mosheim, Institutiones hislorise christianæ antiquioris, n sæc, § 21, Helmstadt, 1738 ; cf. Bergier, Dictionnaire de théologie, Toulouse, 1819, t. IV, p. 349-351 ; A. Neander, Allgemeine Geschichte der christlichen Religion und Kirche, Gotha, 1856, t. I, p. 111-112 ; G. Graul, Dic christliche Kirche an der Schwelle des ircnàischen Zeitalters, Leipzig, 1860, p. 138, etc.

Le concile du Vatican donna au texte un regain d’actualité. Infaillibilistes et anti-infalllibilistes le discutèrent. Les premiers en élargirent parfois la signi-Tication véritable ; les autres s’obstinèrent à l’amoindrir. Saint Alphonse de Liguori fut accusé de l’avoir falsifié. La publication, par le rédemptoriste Jules Jacques, sous le titre : Du pape et du concile, Tournay, 1870, de la Dissertatio de R. pontificis auctoritate, traduite et complétée par des extraits des autres ouvrages du saint, fournit un aliment à la discussion. On objecta que Liguori attribuait à Irénée le passage où Bellarmin conclut du texte d’Irénée qu’il est nécessaire que tous dépendent de l’Église romaine ainsi que de la source et de la tête ; à quoi, pour corser l’accusation de fraude, on ajouta que le texte d’Irénée est mutilé dans le bréviaire romain, qui supprime les derniers mots, limitatifs de sa portée. Le bréviaire, Olp-cium S. Irenæi, lect. VI, arrête sa citation à : eos qui sunt undique fidèles. Grâce à la suppression de ce qui suit, « il faut en appeler à l’Église de Rome non pas seulement, comme le veut Irénée, pour établir la vraie tradition, mais pour tout, » dit J. Pédézert, Le témoignage des Pères, Paris, 1892, p. 43-44, écho des anti-infaillibilistes, notamment du P. Gratry, Mgr l’évêque d’Orléans et Mgr l’archevêque de Matines, ii<’lettre, Paris, 1870, p. 35-47. Or, les derniers mots ne limitent pas le àens du texte, et jamais l’Église n’a prétendu qu’on doive recourir à Rome « pour tout ». Quant à saint Alphonse, nous savons que, s’il a pris la glose de Bellarmin pour la lettre même du texte d’Irénée, une seconde fois il a reproduit avec exactitude le texte du Contra hæreses. Mais ce n’est pas tout ; Dœllinger, Der Miinchener Hirtenbrief vom 5. Januar 1871, dans VAllgemeine Zcitung, n. 22, 1871, reproduit dans ses Kleinere Schriften, publiés par F. H. Reusch, Stuttgart, 1890, p. 427-428, 432-433, prétendit que le texte d’Irénée, n l’Achille du parti, » « le seul témoignage des premiers siècles qui, au premier coup d’œil et détaché du contexte, se laisse employer au service du nouveau dogme, » loin d’être favorable à l’infaillibilité pontificale, lui serait contraire, « la tradition apostolique n’y apparaissant pas conservée à Rome par les évoques, mais par les fidèles venus de tout l’univers et conduits par leurs affaires à la capitale, qui était le grand emporium et le centre du monde connu. » Ce retour à l’interiîrétation surannée de Grabe, s’il était impuissant à sauver une cause perdue, indiquait de moins l’importance exceptionnelle du témoignage d’Irénée. Dans son De Ecclesia Christi, 2e édit., Paris, 1878 (1"= édition en 1873), p. 118, note, L. F. Brugère

DICT. DE THÉOl. CATIIOL.

caractérisa cette importance avec force en disant que les211n-tol. delaB(6Z(o// ! eca pon/i’/îcîa niaxima de Roccaberti, in hac S. Irenœi phrasi implicite contincntur et ab ealogice quoad substantiam fluunt. La phrase d’Irénée eut la plus haute des consécraiions. Le concile du Vatican, sess. IV c. ii, affirma la perpétuité de la primauté dans les successeurs de Pierre, et déclara que, pour ce motif, ad Romanam Ecclesiam, proplcr potentiorem principalilalem, necesse semper fuit omnem conuenire Ecclesiam, hoc est eos qui sunt undique fidi’les. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1824.

L’agitation tomba peu à peu et, avec le progrès des études historiques, l’interprétation du texte d’Irénée entra dans une phase nouvelle. L’initiative vint d’A. Harnack qui, sur ce point comme sur plusieurs autres, a montré que la position historique du protestantisme ne tenait pas. Le mémoire qu’il publia sous ce titre : Das Zcugniss des Irenàus ûber das Ansehen der rôniischen /firc/ic, dans les Sitzungsberichte der kôn. preussischen Akademie der Wissenscha/ten, Berlin, 1893, p. 939-955, a fait date. Cf. son excursus : Katholisch und rômisch, dans le Lehrbuch der Dogmengeschichte, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1894, 1. 1, p. 446, note. Toute une série d’études, de catholiques et de protestants, ont paru depuis lors. L’unanimité n’existe pas sur toute la ligne ; mais dès à présent, si’on néglige des essais retardataires ou aventureux comme celui de L. Salvatorelli, La « principalitas » délia Chiesa romana in Ireneo ed in Cipriano, liome, 1910, certains résultats sont acquis et l’on conteste de moins en moins que l’évêque de Lyon affirme la primauté de l’Église romaine.

c) Critique. — En premier lieu, convenire, c’est bien « s’accorder avec » et non « se rendre à ». La traduction : « Chaque église doit venir à l’Église romaine » n’est « pas supportable, » dit A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, t. i, p. 446, note. Les efforts de F. X. Funk, Der Primat der rômischen Kirche nach Ignatius und Irenàus, dans s ; es Kirchengeschichtliche Abhandlungen und Untersuchungen, Paderborn, 1897, t. I, p. 19, pour la légitimer sont vains. Ce qui décide F"unk à rejeter la traduction « s’accorder avec », qui serait de tout point la plus satisfaisante, c’est la difficulté que présente, dans ce cas, la finale : in qua semper… ; nous verrons que cette difficulté n’est pas insurmontable. Les chrétiens venus à Rome pour affaires religieuses étaient en trop petit nombre pour vérifier le omnçm Ecclesiam hoc est eos qui sunt undique fidèles ; quant à ceux qui venaient pour leurs affaires temporelles, ils sont en dehors de la question. Ce qu’Irénée dit, t. III, c. III, n. 3, col. 849-850, immédiatement après notre texte, de saint Clément et de sa lettre aux Corinthiens est manifestement un exemple du rôle constant attribué en général à l’Église romaine : or, les Corinthiens ne sont pas venus à Rome, mais l’Église romaine, reparans fidem eorum et annunlians quam in recenli ab apostolis acceperat traditionem, a maintenu l’accord de leur croyance avec la sienne. Trois expressions parallèles, et qui s’expliquent mutuellement, se lisent dans Irénée. D’abord, oportel conjugere ad Ecclesiam, et il s’agit de l’Église qui embrasse le monde entier, circumiens mundum universum, quippe firmam habens ab apostolis traditionem, t. V, c. xx, n. 2, 1, col. 1178, 1177. Puis, L III, c. iv, n. 1, col. 855 : Non oportel adhuc quærere apud alios veritatem quam facile est ab Ecclesia sumere, et la suite : Et, si de uliqua modica quæstionc disceptatio esset, nonne oporleret in anliquissimas recurrere ecclesias, in quibus apostoli conversati sunt ? Ou, plus simplement — et c’est notre texte — il n’y a qu’à se réfugier auprès de l’Église romaine, qu’à chercher auprès d’elle la vérité, qu’à recourir à elle, qu’à s’accorder avec elle, onmem conrcj nire Ecclesiam.

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