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IRENEE (SAINT


II. 8, col. 1077, où apparaissent le caractère d’ensemble oi’fîanisc de l'Église et le rôle, dans cette organisation, de l’cpiscopat : agniiio vcra est aposlolorum doctrina, et antiquus Ecclesiæ status, in universo mundo, et characlcr corporis Christi sccundiim siicccssiunes episcoporurn, quibus illi eam, quæ in unoquoque loco est, Ëcdesiain tradiderunl. Cꝟ. t. III, c. iv, n. 2 ; t. V, c. xx, n. 1, col. 855, 1177. Est-il besoin d’ajouter que la distinction entre évêques et prêtres s’afïîrme dans la vie d’Irénée, comme dans ses écrits ? Nous lisons que « le bienheureux Pothin administre l’cpiscopat de l'Église de Lyon, » qu’Irénée est alors prêtre, lettre des Églises de Lyon et de Vienne, dans Eusèbe, H. E., t. V, c. i, IV, P. G., t. XX, col. 420, 440, et, dit Eusèbe, « Irénée succède à Pothin dans l’cpiscopat, » c. v, col. 444.

A plus forte raison Irênée ne confond pas le clergé et les simples fidèles. Massuet, Dissert., III, a. 7, n. lOO-lOî, col. 354-356 ; cf. col. 995, dut réfuter, sur ce point, la thèse tendancieuse de Grabe. P. Beuzart, Essai sur la théologie d’Irénée, p. 158, et F. R. M. Hitilicoclc, Irenæus of Lugdunum, p. 261-262, sans aller aussi loin que Grabe, ont vu dans les textes d’Irénée un acheminement vers la thèse protestante. C’est une erreur. Certes, l’idée que tous les fidèles exercent, dans un certain sens, le sacerdoce n’est pas étrangère à Irénée, comme elle est familière au Nouveau Testament et à l'Église de tous les siècles. Cf., pour les temps anciens, P. de Labriolle, Tertullien était-il prêtre ? dans le Bulletin d’ancienne littérature et d’arcliéologie chrétiennes, Paris, 1913, t. iii, p. 167-168. Mais, quand Irénée la formule de la sorte, t. IV, c. viii, n. 3, col. 995 : ITâ ; PaaiXeùç Sîxatoç (onines enim justi dans la traduction) lepaTix^v syrst, TdcÇiv, ce texte n’a « qu’une valeur mystique, où n’est impliquée aucune revendication proprement juridique, dit P. de Labriolle, p. 175-176. Irénée, soucieux de défendre contre Marcion la continuité entre l'Évangile et la Loi, veut simplement démontrer à l’hérésiarque, à propos de Luc, vi, 3-4, que, dans la pensée du Ch^-ist, tout fidèle doit savoir s’aflranchir des contraintes littérales et agir selon l’esprit des préceptes divins, usant ainsi de la liberté que la Loi reconnaissait en certains cas aux prêtres. » Sous l’ancienne Loi tous n'étaient pas prêtres au sens strict du mot, à commencer par David, qui est dit pourtant sacerdos scitus apud Deum et qui mangea les pains de proposition, cliose permise aux prêtres seuls. Il y a plus. « A la même page où il parle des offrandes que font à Dieu tous les justes, Irénée affirme le sacerdoce éminent des apôtres, isolés par le choix du Clirist pour le ministère de l’autel, et fait pressentir le prolongement de ce mi listère dans une lignée sacerdotale : Sacerdotes autem sunt omnes Domini apostoli, qui ncque agros nequc domos hæredilant hic, sed semper altari et Deo seruiunt. » A. d’Alès, Recherches de science religieuse, Paris, 1916, t. vi, p. 127. Il n’y a pas davantage à objecter le texte, t. V, c. ^^, n. 1, col. 1137, sur les charism s reçus en dehors de la hiérarchie. Irénée précise que, là où sont les charismes, il faut apprendre la vérité apud quos est ea quee est ab aposlolis Ecclesiæ successio, t. IV, c. xxvi, n. 5, col. 1056, et, quelques lignes auparavant, n. 3, 4, col. 1054, 1055, après avoir invité à s'éloigner des mauvais prêtres qui et principalis concessionis (lire consessionis) tumore elati sunt et in absconsis agunt mala, il a demandé qu’oit adhère à ceux qui gardent la doctrine des apôtres et, cum presbyterii ordine, sermoncm sanum et conversationcm sine offensa præslant. Sur les mots ordo et consessus (ou consessio) désignant, le premier, le clergé et, 1 second, « la préséance spéciale départie au clergé dans les réunions des fidèles », cf. P. de Labriolle, loc. cit., p. 167-168, note. Enfin, c’est à tort que P. Beuzart allègue les pages, t. IV, c. xxxiii, col. 1072-1083, sur l’attitude du a disciple

spirituel, » dont rien ne permet de supposer que ce ne soit pas un fidèle quelconque et qui, cependant, " juge, examine et décide en toute souveraineté. » Deux textes encadrent ce portrait du « disciple spirituel », qui prouvent l’existence de la hiérarchie. L. IV, c. xxxii, n. 1, col. 1071, nous trouvons : Omnis sermo ei constabit si et Scripturas diligenier legerit apud eos qui in Ecclesia sunt presbyteri, apud quos est apostolica doctrina. Et, c. xxxiii, n. 8, col. 1077 : Agnitio vera est aposlolorum doctrina, ei antiquus Ecclesiæ status, in universo mundo, el charactcr corporis Christi seeundum succcssiones episcoporum. La haute importance qu’Irénée accorde à l’Ancien Testament, où les prêtres étaient distincts du peuple, et sa conviction que le judaïsme était l’image de l'Église, tout ce que nous avons vu sur le rôle qu’il assigne à l'épiscopat et au presbytérat, et tels autres textes, par exemple, celui sur l'Évangile tétramorphe, t. III, c. xi, n. 8, col. 886, où il dit que le deuxième animal, semblable à un veau, signifie sacrificulem ci sacerdotalem ordinationem, ne laissïut pas de doute sur la pensée de l' évoque de Lyon : il reconnaît la hiérarchie ecclésiastique.

3. La primauté de l'Église romaine. — a) État de la question. — Voici, d’abord, le texte d’Irénée sur la primauté de l'Église romaine. Il vient de dire, t. III, c. ni, n. 1, col. 848, que la tradition des apôtres est visible dans toute l'Église et qu’on peut énumérer ceux qui ont été institués évêques par les apôtres et par leurs successeurs. Il poursuit, n. 2, col. 848-849 : Serf, quoniam valde longum est, in hoc t’ali volumine, omnium Ecclesiarum enumerare succcssiones, maximae et antiquissimx, et omnibus cognitæ, a gloriosissimis duobus aposlolis Peiro et Paulo Romæ fundatæ el constitutæ Ecclesiæ, eam quam habct ab aposlolis traditionem et annuniiatam hominibus fidem, per successiones aposlolorum pervenienlem usque ad nos indicantes, confundimus omnes eos qui quoquo modo, vel per sibi placentia, vel vanam gloriam, vel per cœ^itatem et malam sententiam, præterquam quod oportet colligunt. Ad hanc enim Ecclesiarn, propler potiorem principalitatem, necesse est omnem convenire Ecclesiarn, hoc est eos qui sunt undique fidèles, in qua semper ab his qui sunt undique conservata est ea quæ est ab aposlolis tradilio.

Nous n’avons pas l’original grec. Le texte du traducteur est assuré, sauf quatre expressions. Antiquissimæ ne signi fie pas « la plus ancienne, s Irénée lui-même rappelle, t. III, c. xii, n. 5, col. 897, que l'église de Jérusalem fut celle où toute l'Église commença, métropole, en ce sens, des citoyens du Nouveau Testament. Massuet, Dissert., III, a. 4, n. 31, P. G., t. vii, col. 278, pense que le grec devait être àpx « i.0TàT7]ç, mal traduit par antiquissimæ au lieu de præcipuæ ac principis. Peut-être serait-il préférable de garder antiquissimx, en traduisant, avec Bossuet, Sermon sur l’unité de l'Église, II « point, dans Œuvres, édit. F. Lâchât, Paris, 1863, t. xi, p. 610, par « très ancienne n. Sur la foi du Claromontanus, qui porte pontiorem, corrigé par une main ancienne en potiorem, Massuet, col. 849, n., a lu potiorem principalitatem, au lieu de potentiorem principalitatem que portent les autres manuscrits ; c’est cette dernière lecture qui doit être maintenue. Eos manque dans le manuscrit d* Arundel. U. Mannucci, dans la Rivisla storico-critica délie scienze teologiche, Rome, 1908, t. iv, p. 613, avait émis l’hypothèse que le second qui sunt undique est une répétition du premier, due aune inadvertance de copiste. Dom G. Morin, Une erreur de copiste dans le texte d’Irénée sur l'Église romaine, dans la Revue bénédictine, Maredsous, 1908, t. XXV, p. 515-520, a développé une supposition identique « Tout porte à croire, conclut-il, que le second sunt undique est une répétition maladroite de celui qui se lit une ligne auparavant. Il est possible, probable même, que ces deux mots en ont remplacé d’autres