Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/589

Cette page n’a pas encore été corrigée

242' ;

IRENEE (SAINT'

2428

que l’unité de l'Église, lacèrent et, pour autant qu’il dépend d’eux, tuent le grand et glorieux corps du Christ. L. IV, c. xxxiii, n. 7-8, col. 1076-1077. Les hérétiques aveugles, qui laissent la parole de l'Église et s’abandonnent à des doctrines changeantes et contradictoires, font fausse route. Il faut les fuir, et se réfugier auprès de l'Église, paradis terrestre. L. V, c. XX, n. 2, col. ; Dem., c. ii, p. 661.

c) La catholicité. — Irénée n’a pas l’expression « Église catholique, » employée dans les Actes de saint Polj’carpe. H. Hemmer et P. Lejay, Les Pères apostoliques, Paris. 1910, t. iii, p. 128, 138, 150, 154, cf. p. Lxxi-Lxxiii. KaGoXi>c6ç appartient à.la langue d’Irénée, mais n’a point passé dans la traduction latine sous la forme catlwlicus. Le traducteur rend Téoaapa xaôoXixà TcvôùfiaTa, par quatuor principales spiritus, et TÉacrapeç èSoGigaav xaGoXixal StaO^xai, par quatuor data saut testamenta. L. III, c. xi, n. 8, col. 885, 889. Il est possible que communes ecclesiasticos, ]. III, c. XV, n. 2, col. 918, corresponde au grec (perdu) xaOoXtxoùç èx>ù..-qGiacsTixoù( ;. Cf. A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1894, 1. 1, p. 371, note. L’idte de l'Église catholique apparaîf fortement, t. I, c. x, n. 1, col. 549, et presque le mot : 'H (Jièv yàp 'ExxXTjejîa xalnsp xa6' ôXr)ç tîîç oîxou(j.£V7)ç. L'Ég) se a la double catholicité de temps et d’espace. Elle a existé déjà dans l’Ancien Testament. C’est la vigne du genre humain, que Dieu planta d’abord per plasmationem Adæ et electionem patrum ; c’est la semence d’Abraham. L. IV, c. viii, n. 1 ; c. xxxvi, n. 2 ; t. V, c. xxxiv, n. 1, col. 993, 1091, 1215. Disséminée dans le monde, sur toute la terre, elle parle des langues diverses, mais a une seule et même foi, une seule et même tradition. L. I, c. X, n. 2-3 ; t. II, c. ix, n. 1 ; c. xxxi, n. 2 ; L III, c. iii, n. 1 ; c. XI, n. 8 ; c. xv, n. 1, col. 552-553, 560, 734, 825, 848, 885, 918. Cette doctrine est pour tous. Elle n’est pas cachée à certains, à la différence de ce qui se produit dans le gnosticisme. L. IV, c. xxxra, n. 9 ; c. xxxvi, n. 2 ; t. V, prasf. ; c. xx, n. 1, col. 1078, 1091, 1119, 1177 ; Dem., c. xcnhu. p. 730. Voir t. ii, col. 2001. d) Uapostolicité. — L'Église est apostolique. Les apôtres sont le support à douz* colonnes, firmamentum duodecastylum, de l'Église. L. IV, c. xxi, n. 3, col. 1045. D’eux elle a reçu la foi qu’elle garde avec soin et distribue à ses enfants. L. I, c. x, n. 1 ; t. III, prsef. ; c. iii, n. 3 ; I. V, præf., col. 549, 843, 849-850, 1119. Sa doctrine est la doctrine des apôtres. L. IV, c. xxvi, n. 4. c. xxxii, n. 1 ; c. xxxiii, n. 8, col. 1055, 1071, 1077. A elle il faut demander la vérité, car les apôtres la lui ont livrée. L. III, c. iii, n. 4 ; c. iv, n. 1, col. 852, 855. Tradition de la vérité, traditio ab apostolis, t. II, c. ix ; n. 1 ; t. III, c. II, n. 2 ; c. ni, n. 1, 2, 3, 4 ; c. v, n. 1 ; t. V, c. XX, n. 1, col. 734, 847, 84 8, 850, 851, 852, 857, 1 1 77 ; traditio apostolorum, t. III, c. iii, n. 1, 3, 4, col. 848, 855 ; apostolica Ecdesiæ traditio, t. III, c. iii, n. 3, col. 850 ; ancienne tradition des apôtres, I. III, c. iv, n. 2, col. 856 ; enseignement de l'Église que les apôtres ont livré, t. V, præt., col. 1119, autant de synonymes. En même temps que de l’enseignement oral des apôtres, l'Église est la gardienne des Écritures, cette tradition écrite. Il faut lire l'Écriture apud eos qui in Ecclesia sunt presbijteri, apud quos est apostolica docirina. L. IV, c. xxxii, n. 1, col. 1071. On doit fuir les hérétiques, se réfugier auprès de l'Église, y être nourri des Écritures du Seigneur. « En recherchant la pensée d' Irénée sur la tradition, observe P. Beuzart, Essai sur la théologie d’Irénée, Paris, 1908, p. 144, nous voyons poindre très nettement la doctrine catholique qu’en définitive c’est l'Église qui garantit l'Écriture sainte. Au premier abord, l'Écriture sainte paraît reposer sur elle-même : elle est inspirée, possède l’autorité et la majesté divines, que peut-on demander de plus ?

En y regardant de plus près, on s’aperçoit que l’origine et l’inspiration divine de l'Écriture sainte sont affirmées par l'Église, de sorte qu’elle repose sur l'Église.. C’est l'Église qui, par l’organe des successeurs des apôtres, nous transmet les Écritures et nous livre leur véritable sens. L. IV, c. xxxiii, n. 8, col. 1 077.

2. La hiérarchie ecclésiastique.

La tradition des apôtres est venue par leurs successeurs, par leurs disciples immédiats, puis par les disciples de leurs disciples. Ces disciples peuvent n'être pas des chefs ecclésiastiques ; c’est le cas de tel ou tel de ces prestiytres dont Irénée invoque le témoignage. Cf. I. II, c. xxii, n. 5 ; L IV, c. xxvii, n. 1 ; I. V, c. xxx, n. 1, col. 785, 1056, 1203. Mais il n’y a pas seulement, pour transmettre l’enseignement des apôtres, des individualités isolées, malgré tout failHbles ; il y a la succession épiscopale dans l'Église, il y a l'Église infaillible par l’assistance du Saint-Esprit. L. III, c. iii, n. 1, col. 848 : traditionem itaque apostolorum in toto mundo maniftstatam in omni Ecclesia adest respicere omnibus qui vera velint videre, et habemus annumerare eos qui ab apostolis instituti sunt episcopi et successorcs eorum usque ad nos…, suum ipsorum locum magisterii tradentes. Cꝟ. t. III, c. iv, n. 1 ; î. IV, c. xxxvi, n. 5, col. 855, 1056. C’est là-dessus qu' Irénée insiste.

Il emploie, pour désigner les successeurs des apôtres, les mots STriaxoTTioç, t. III, c. iii, n. 3, 4 ; c. iv, n. 3 ; t. IV, c. xx^, n. 2, 5 ; c. xxxiii, n. 8 ; t. V, c. xx, n. 1, col. 849, 851, 852, 857, 1053-1054, 1055, 1077, et 7tpsc|3ÛT£poç, L III, c. ii, n. 2 ; L IV, c. xxvi, n. 2, 5 ; c. xxxii, n. 1 ; t. V, c. XX, n. 2, col. 847, 1053, 1055, 1071, 1077, et lettres à Florinus et au pape Victor, dans Eusèbe, H. E., ]. V, c. XX, xxiv, P. G., t. XX, col. 486, 506. Chez lui, la distinction du sens entre ces deux termes n’est pas encore faite. Nous lisons, t. IV, c. xx, n. 2, col. 1053-1054 : Quapropter iis qui in Ecclesia sunt presbyteris obaudire oportet, his qui successionem habent ab apostolis, sicut oslendimus, qui nunc cpiscopatus successione charisma veritatis certum…. acceperunt. Cꝟ. t. V, c. XX, n. -i, 2, col. 1177. Dans la lettre à Victor, il appelle TtpeapÛTepoi. les évêques de Rome qu’il appelle èn’iGxo-KOi, t. III, c. iii, n. 3 ; c. iv, n. 3, col. 849, 851, 857, et, dans la lettre à Florinus, il range parmi les 7tp£o(3ÛTepoi Polycarpe, nommé ÈTTiaxoTTOç. Cont. hier., t. III, c. iii, n. 4, col. 852. 'ETTÎaxoTOç et TipeajEÛTepoç sont donc interchangeables. Cf. C. de Smedt, L’organisation des églises chrétiennes jusqu’au milieu du ni'e siècle, dans le Compte rendu du congrès scientifique international des catholiques tenu à Paris (1888), Paris, 1889, t. ii, p. 334.

Mais, si la distinction de l'épiscopat et du presbytérat ne ressort point de l’emploi de ces noms, elle résulte de toute l’argumentation d’Irénée. Ce ne sont pas tous les prêtres qui sont dépositaires, au même titre, de la tradition apostolique, mais ceux qui, dans les Églises, sont les successeurs des apôtres, ce sont les chefs ; ce sont, à Rome, les papes dont Irénée dresse la liste, t. III, c. iii, n. 3, col. 849-851, et, dans les plus anciennes Églises, ceux dont il pourrait donner la liste, ce qu’il ne fait pas pour ne pas être trop long, n. 2, col. 848, se bornant, après avoir établi celle de Rome, à mentionner celles de Smyrne et d'Éphèse, ii, 4, col. 852-853. Irénée détache ceux qui commandent dans les Éghses. L. I, c. x, n. 2 ; t. IV, c. xxvi, col. 553, 1055-1056. Par opposition aux successeurs authentiques des apôtres, il signale et stigmatise ceux qui absistunt a principali successione. L. IV, c. xxvi, n. 2 ; cf. n. 3, col. 1054. La traduction latine rend TO’jç TrpeaPuTÉpouç tyjç 'ExxXrialaç, Act., xx, 17, par convocatis episcopis et presbyteris qui erant ab Epheso et a rcliquis pro.vimis civitatibus ; ici la distinction même des noms se dessine. L. III, c. xiv, n. 2, col. 914. Nous avons déjà rencontré le texte, t. IV, c. xxxiii.