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IRÉNÉE (saint ;

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il multiplie les formules qui taxent de déraison les I très vains sophistes » du gnosticisnie, t. II, c. xvii, n. 10 : t. III, c. V, n. 1, col. 766, 858 : irrationabile est,

I. II, c. XXH, n. G, col. 785 : irrationabile est et impium… ; impiiimestsimiliter et démens, l. II, c. viii, n. 3, col. 733 ; perqiuim irriitionale est, t. II, c. x, n. 1, col. 734 ; miitis aninuilibus irrationabiliores, t. II, c. vi, n. 3, col. 725 ; ridiculiun vero apparebil, ibid. ; diqna irrisione et vere ridicnla…, et incredibile et fatuiim et impossibile et inconslans, t. II, c. x, n. 3, 4, col. 736 ; irrationabile est et omnino rusticanum, t. II, c. xxiv, n. 3, col. 793 ; in vanum Uiborans et delirus et irrationabilis.., insanus et stupidus tanquuni /iilmine perciissus, t. II, c. xxvi, n. 3, col. 802 ; irralionabiliter inflati, t. II, c. xxviii,

II. 6, col. 808 ; impiidonde aiident dicere, t. II, c. xii, n. 3, col. 739 ; vanissimuni est quod dicunt, t. II, c. xix, n. 4, col. 772 ; féroces et horribiles et irralionabiles, t. II, c. xxxr, n. 1, col. 824, etc. Puisqu’il s’agit des vérités religieuses, il les combattra principalement sur le terrain de la foi, et il renversera par l'Écriture leurs fausses interprétations scripturaires : telle sera la tâche des livres III-V. Mais, au préalable, parce (ue les gnostiques sont des ergoteurs et des sophistes, bene hxc arbitrait sii/n(is, dit-il, primo interrogare eose contrario de sais dogmatibus, et quod non est verisimile ipsorum ostenderc, et temeritatem ipsorum excidere…, ut…, propter hoc quod non possint ad ea qiiæ interrogantur ratione respondere, dissolutam suam videnles argumentât ionem, aul, revertentes ad vcritatem, et semetipsos humiliantes et cessantes a multifaria sua phantasia, plaçantes Deum de his quæ adversus eum blasphemaverunl, salventur, aut, si pcrseveraverint in ea quæ prœoccupavit animum ipsorum vana gloria, argumentationem suam immutent. L. II, c. xi, n. 2, col. 737. Et Irénée consacre à cette discussion tout le livre II, qu’il résumera de la sorte, t. V, prsef., col. 1119 : eversis quoque his qui irreligiosas adinvenerunt sententias, aliquid quidem e.v propria uniuscujusque illorum doctrina quam in suis conscriptis reliquerunt, aliqnid autem ex ratione unioersis ostensionibus procedenle. La place qu’il accorde à la raison est donc assez considérable ; mais elle ne vient qu’en seconde ligne, à titre subsidiaire, et le rôle qu’il lui attribue consiste surtout à établir ce que l’erreur a d’invraisemblable et d’absurde.

5° L'Église. — Finalement les gnostiques rejettent et l'Écriture et la tradition, evenit itaque ncque Scripturis jani nequc traditioni consenlire eos. L. III, c. ii, n. 2, col. 847. L'Écriture et la tradition, c’est euxmêmes, eux qui sont supérieurs aux presbytres et aux apùlres, et même au Seigiieur, lequel n’a pas toujours parlé parfaitement, tandis qu’eux ils connaissent le mystère sacré indubitale et intaminate et sincère. Et, ramenant tout à leur sens propre, se livrant à des spéculations déraisonnables, toujours en quête de nouveautés, chacun se faisant à soi-même sa doctrine, ils vont chereliant, cherchant toujours, sans trouver jamais. « L’inconstance des doctrines est le lot des gnostiques : sophistes à jamais condamnés à toutes les variations, roulés par les flots de leurs erreurs, sans pierre où fonder leur édifice, rien que du sable mouvant. Cꝟ. t. III, c. xxiv, n. 2, col. 967. Irénée esquisse déjà l’histoire des variations. » P. Batiffol, L'Église naissante et le catholicisme, 3'^ édit., Paris, 1909, p. 255.

Dans ces conditions, les gnostiques n’ont que faire de l'Église. Ils blessent son enseignement, pneconium Ecclesiæ lœdunt. L. I, c. xxvii, n. 4, col. 689. Ils se séparent d’elle, absislunt ab Ecclesia. L. I, c. xvi, n. 3 ; cf. c. XXVIII, II. 1, col. 633, 690. Ils méprisent, sauf à tenter de les séduire, ceux qui « S3nt d'Église, » et les appellent « gens du commun, communes ecclesiasiicos, grossiers, nsychiques, ne comprenant rien à la vérité, » pendant qu’eux sont les « pneumatiques, parfaits et

semence d'élection. » L. I, c.vi, n. 2, 4 ; t. III, c. xv, n.2, col. 506, 509, 918. Ils discréditent l'ÉgUse. L. I, c. xxv, n. 3, col. 682. Ils faussent sa notion. Dans l'école de Valentin, elle devient un éon, le dernier terme de l’ogdoade, invisible, comme toute l’ogdoade, qui est dansleplérôme, et dont l'Église visible est l’image. L. I, c. I, n. 1 ; c. V, n. 6 ; c. iii, n. 4 ; c. ix, n. 2 ; c. xi, n. 1 ; t. II, c. xii, n. 5 ; c. xiii, n. 10, col. 448-449, 501, 513518, 540, 561-564, 740,. 748-749. Voir t. I, cf. xii, n. 3, col. 573-576, une variante introduite par ceux des disciples de Valentin qui prudentiores putantur. Pour les ophites, l’union du Père et du Fils et du Christ (fils du Pçre et du Fils) est la vraie et sainte Église. L. I, c. XXX, n. 2, col. 695. Pour les disciples de Marc enfin, l'éon Église est l’archétype de la Vierge, mère de Jésus par l’opération de la virtus Altissimi qui est l'éon Homme conjoint à l'éon Église dans le plérôme. L. I, c. XV, n. 3 ; cf. c. xiv, n. 5 ; c. xv, ji. 1 ; c. xvii, n. 1, col. 620-621, 604, 613, 637. Vraie notion de l'Église, rôle de son magistère, nécessité de lui appartenir, autant de points que le gnosticisme méconnaît et que l'évêque de Lyon expose fortement. L’ecclésiologie est une des maîtresses pièces de la théologie irénéenne. 1. Les notes de l'Église.' — La théorie des notes de l'Église a été formulée plus tard ; les éléments de cette théorie existent chez Irénée.

a) La sainteté. — Elle est tellement caractéristique de l'Église véritable que les gnostiques appellent sainte leur pseudo-Église. L. I, c. xxx, n. 2, col. 695. Les prêtres doivent être saints. L. IV, c.xxvi, n. 4, col. 1055. La vraie Église a l’amour « plus précieux que la science, plus glorieux que la prophétie, plus excellent que tous les autres charismes. » L. IV, c. xxiii, n. 8, col. 1077-1078. Du reste, ces autres charismes elle les possède également. L. ii, c. xxxi, n. 2 ; t. V, c. vi, n. 1, co. 82-4825, 1137. A cause de son amour pour Dieu, seule l'Église chrétienne a des martyrs. L. IV, c. xxxiii, n. 9, col. 1078. Seule elle a les miracles. Les gnostiques se livrent à des incantations magiques et peuvent, par là, illusionner ; ils accomplissent des prestiges, mais non in virtute Dei, neque in veritate, neque ut benefici. L. II, c. xxxi, n. 2, col. 824. Cf., sur le gnostique Marc, t. I, c. xiii, col. 577-592 ; sur Simon le magicien, c. xxiii, n. 1, 4, col. 670, 672-673 ; sur Basilide, c. xxiv, n. 5, col. 678 ; sur Carpocrate, c. xxv, n. 3, col. 681-682. Les miracles de l'Église sont réels, utiles, compatissants, gratuits. L. II, c. xxxi, n. 3, col. 825. Les gnostiques, soi-disant pneumatiques et non susceptibles de souillure, s’autorisent tous les crimes, — au moins théoriquement, car Irénée refuse decroire, quandil traite des carpocratiens, t. I, c. xxv, n. 5, col. 684, qu’ils commettent tous ces méfaits, — ils déclarent que la retenue ne s’impose qu’aux psychiques. L. I, c. vi, n. 3 ; c. xiii, xxiii, n. 2-4 ; c. xxv, n. 3, 5 ; c. xxvi, n. 3 ; c. xxvii, n. 3 ; c. xxviii, n. 1-2, c. XXXI, n. 1, col. 508-509, 577-592, 672, 682, 685, 687, 689, 691, 704. Les enfants de l'Église craignent de pécher non seulement en actes, mais encore en pensées et en paroles. L. I, c. vi, n.4, col. 509. b) L’unité. — L'Église est une dans sa foi et dans son organisation. A la différence des gnostiques, « qui n’ont jamais pu présenter un corps de doctrines uniforme et harmonique, » des gnostiques, « débris épars sans lien d’unité, qui n’ont jamais les mêmes sentiments sur une même chose, » l'Église professe partout et toujours la même foi, comme si, « dispersée dans le monde, elle habitait une maison unique. » Elle n’a « qu’un cœur, qu’une âme, qu’une voix, qu’une bouche. Le soleil est le même pour l’univers entier ; ainsi de la prédication de la vérité. » L. I, c. x, n. 2 ; t. III, c. xxiv, n. 2 ; t. V, c. v, n. '^ col. 552-553, 967, 1178. l'Église est un corps organique ; elle a le caractère du corps du Christ ! Malheur aux schismatiques, qui n’ont pas l’amour de Dieu et qui, considérant leur utilité plutôt