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IRÉNÉE (SAINT)

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Divines, les Écritures sont la règle de la loi. Les gnosliques, qui enseignent une doctrine non contenue dans l'Écriture, se réclament èÇ àypâçwv, ou faisant, selon la formule consacrée, des tissus, des ficelles, avec des grains de sable, appliquent l'Écriture à leurs imaginations, afin que celles-ci ne paraissent pas sans témoignage. L. I, c. viii, n. 1 ; cf. c. x, n. 1, col. 520-523, 735. Mais l'Écriture est contre eux. C’est elle qu’il faut croire, « non les gnostiques, qui ne disent rien de sain et délirent avec une instabilité continuelle. » L. II, c. XXIX, n. 6, col. 818. Et Irénée consacre les 1. III-V à recueillir contre eux le témoignage des Écritures, « fondement et colonne de notre foi. » L. IV, c. i, n. 1, col. 844.

E. A. Frommaiin, Inlerpretaliones J’ovi Testamenti ex Irenii’o, CohouTg, 1766 ; J. G. Taust, Summa probabilitatum lujpotliesis sancti Ircnœi de numéro Apocahjpsis 660 argumento adslruitur. Halle, 1769 ; H. Ziegler, Des Ircnàus Lehre von dcr Autoritat der Schrift, der Tradition und der Kirche, Berlin, 1868 ; T. Zahn, Die Tiersijmbole der Euangelislen, dans ses Forsclmngen ziir Geschichte des neuieslamentlichen Kanons und altkirchliclien Lileratur, Erlangen, 1883, t. ii, p. 257-27, 5 ; Geschichte des neuieslamentlichen Kanons, t. i, Das Neuc Testament vor Origenes, Leipzig. 1888 1889 ; ai-t. Kanon der Neuen Testaments, dans la Realencyklopàdie, 3e édit., Leipzig, 1901, t. ix, p. 768-796 ; J. Werner, Der Paulinismus des Irenàus. Eine kirchen-und dogmengeschichiliche Unlersuchung ùber das Verhàllniss des Irenàus zu dcr paulinischen Brie/sàmmlung und Théologie (Texte und Untersuçhungen, t. vi, 2), Leipzig, 1891 ; A. Loisy, Hi’stoire du canon du Nouveau Testament, Paris, 1891, p. 64-81, 102-107, 124 ; Le quatrième Évangile, Paris, 1903, p. 7-14, 24-28 ; A. Camerlynck, Saint Irénée et le canon du Nouveau Testament, Louvain, 1896 ; J. Labourt, De la valeur du témoignage de saint Irénée dans la question johannine, dans la Revue biblique, Paris, 1898, t. vii, p. 59-73 = Compte rendu du IV congrès scientirique international des catlioliques tenu àFribourg r-SuisseJ, Paris, 1898, t. ii, p. 118-131 ; J. Belser, Zur Dalierung der Evangelien, dans Theologisehe Quartalschri /t, Tubingue, 1898 ; H. von Soden, Die Sc/iri/Zen des Neuen Testaments in ihrer àltesten erreichbaren Textgeslalt, Berlin, 1902-1910, t. i, p. 1615-1620 ; J. Tunnel, Histoire de la théologieposilivedepuisl’origine jusqu’au concilede Trente, Paris, 1904, p. 497 (table analytique) ; J.Leipoldt, Geschichte des neutestamentlichen Kanons, Leipzig, 1907, t. i ; M. Lepin, L’originedu quatrième Évangile, Paris, 1907, p. 77-82, 96-99, 116-118, 155-1 64, 190-192, 223-228 ; U.Mannucci.Êin un 6eachtetes Irendusfragment, dans Théologie und Glaube, Paderborn, 1909, t. i, p.291 ; J. Denlc, Das « unbeachtetes Irendusfragment » Mannucci’sund Itala, dans Théologie und Glaube, Paderborn, 1909, t. i, p. 648-649 ; E. Jacquier, Le Nouveau Testament dans l'Église chrétienne, Paris, 1911-1913, t. i, p. 148-162, 178-189 ; t. ii, passim (utilise le travail de W. Sanday sur les citations du Nouveau Testament par Irénée, dont la partie imprimée lui a été communiquée par l’auteur, cf. p. 297) ; ce Novum Testamentum S. Irenœi, dont la publication a été retardée par la divergence de vue siula date de la traduction latine du Contra hæreses, est annoncé par H. Turner, The siudij of the New Testament, 1883 and 1920, Oxford, 1920 ; cf. Revue biblique, 1921, p. 409 ; V. S. Reilly, L’mspira(îon de l’Ancien Testament chez saint Irénée, dans la Revue biblique. Paris, 1917, p. 489-507 ;.1. Chapman, St. Irenœus on the dates of the Gospels, dans The journal of theological studies, Cambridge, 1905, t. vi, p. 563-569 ; A. Ilamack, Neue Untersuchungen zur Aposlelgeschichtc, Leipzig, 1911, p. 90-92 ; Die Entstehung des Neuen Testaments und die wichtigsten Folgen der neuen Schôpfung, Leipzig, 1914, p. 15, 64 ; J. Hoh, Die Lehre des heil. Irenàus uber das^Neue Testament, Munster, 1919 ; W. S. Reiily, Le canon du Nouveau Testament et la critère de la canonicité, dans la Revue biblique, Paris, 1921, p. 195-205 (à contrôler et à rectifier) ; E. Mangenot, Le témoignage de S. Irénée sur saint Luc et le livre des Actes des apôtres et son auteur, dans la Revue des sciences religieuses, Paris, 1921, t. i, p. 97-117.

La tradition.

Les gnostiques ajoutent la tradition à l'Écriture, ou en appellent de l'Écriture à la

tradition orale, tradition demeurée secrète et qui serait en leur possession, tradition dont ils font un Évangile, tradition arbitraire et fantasque, variant

sans fin. L. I, c. viii, n. 1 ; c. xxi, n. 1, 5 ; c. xxviii, n. 1 ; t. III, c. II, n. 1 ; c. XI, n. 9 ; t. IV, c. xxxv, n. 4, col. 520, 657, (368, 690, 846, 891, 1089. Irénée, lui aussi, se réclame de la tradition ; il n’a pas inventé l’argument de tradition, « mais il en a déterminé le principe, défini l’emploi et expliqué la valeur. » A. Dufourcq, Sam ; /renée (collection Les sa/n^s), 2'= édit., Paris, 1904, p. 113. La tradition dérive des apôtres, répète-t-il souvent, ab apostolis traditionem. L. V, c. xx, n. 1, col. 1177. L'Écriture n’est pas toujours claire ; la tradition l’interprète. L'Écriture ne dit pas tout, la tradition supplée à son silence. L’enseignement oral est an^térieur aux textes écrits ; ceux qui nous ont transmis l'Évangile l’ont prêché, « et c’est plus tard que, par la volonté de Dieu, ils l’ont confié à l'écriture. » S’ils n’avaient pas écrit, nous ne serions pas absolument deshérités pour cela ; il suffirait de suivre l’ordre de la tradition qu’ils laissaient à ceux qu’ils préposaient aux Églises. « De fait, c’est la règle que suivent beaucoup de nations barbares qui croient au Christ, ayant la doctrine du salut écrite dans leurs cœurs par le Saint-Esprit, sans papier ni encre, et gardant fidèlement l’ancienne tradition. » La tradition orale peut donc remplacer l'Écriture là où elle manque, la compléter là où elle est insumsante, se substituer à elle auprès des illettrés. Conl. hær.. t. III, c. i, n. 1 ; c. iv, n. 1-2, col. 844, 855-856. P. Beuzart, Essai sur la théologied’Irénée, Paris, 1908, p. 143-145. En d’autres termes, la tradition est une règle de foi distincte et, comme on le diralongtemps après Irénée, un lieu théologique distinct d l'É ritnre. Irénée ne traite pas ex professo la question de la manière dont la tradition est représentée et maintenue. On ne sera point surpris qu’il mentionne à peine les Pères ; mais il met en avant les presbytres, qui étaient pour ses contemporains à peu près ce que les Pères sont pour nous. « Voici ce que nous assure la foi, telle que les presbytres, disciples des apôtres, nous l’ont transmise, » dit-il, Dem., c. iii, p. 662. Cf. la lettre à Florinuf, dans Eusèbe, H. E., t. V, c. xx, P. G., t. xx, col. 485, et ce que nous dirons des presbytres en nous occupant des sources d' Irénée. Surtout il demande la tradition à la succession apostolique, il l’aperçoit dans l'Église. Traditionem itaque apostolorum, in toto miindo manijeslatam, in omni Ecclesia adest respicere omnibus qui vera velinl viderc, et habemus anmimcrare eos qui ab apostolis instituti sunt episcopi et succcssores eorum usque ad nos.Cnnl.hær., . III, ciii, n. 1, col. 848. L'Église détient la pensée et l’enseignement apostoliques ; aux yeux d' Irénée, nous le verrons, le magistère de l'Église est la règle de foi immédiate et suprême.

H. Dodwell, Dissertationes iii, Irenœum, p. 1-218 ; H. Ziegler, cf. la bibliographie de l'Écriture ; M. Winkler, Der Traditionsbegriff des Urchristentums bis Tertullian, Munich, 1897 ; J. Kunze, cf. la bibliographie de la règle de foi.

La raison.

Irénée, qui a très bien saisi que le

gnosticisme est une combinaison de christianisme et d’hellénisme, dénonce, dans les philosophies païennes, l’origine partielle de la gnose. L. II, c. xi, n. 1-6, col. 749-754. Il semble éprouver quelque embarras devant le problème des rapports de la philosophie avec la foi. Cf. A. Dufourcq, op. cit., p. 119-120. Du moins, ni il n’anathématise les philosophes, comme l’a fait Tertullien, ni il ne s’applique à intégrer la philosophie dans la foi, comme flic ni saint Justin et Clément d’Alexandrie. Il ne se sert guère de la philosophie pour construire, mais il y recourt pour démolir les théories de ses adversaires. Il ne montre pas directement les harmonies qui existent entre le dogme catholique et la raison, si ce n’est, çà et là, d’un mot, par exemple, quand il dit, à propos de la création, t. II, c. xv, n. 3, col. 758 : quam quidem (consonationcm) nos de conditione cnunliantes, aplabilia dicimus… huic rhytlimizationi. En revanche,