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IRÉNÉE (SAINT)


Paris, 1891, p. 107, n. 4. Qu’Irénée n’ait pas connu les écrits des deux Testaments à l'état de dispersion, mais recueillis ensemble, c’est ce qu’on pourrait conclure des passages où il distingue quatre groupes d'écrits, d’un côté les évangéliques et les apostoliques. Nouveau Testament, et, de l’autre, la loi et les prophètes. Ancien Testament. Cꝟ. t. I, c. iii, n. 6 ; t. II, c. XXX, n. 9 ; c. xxxv, n. 4, col. 477, 822-823, 841, etc. I La mise en face de l’un avec l’autre prouve que le premier était dans le même état que le second, c’està-dire réuni en collection. » E. Jacquier, op. cit., 1. 1, p. 84.

2. Le texte et les citations des Écritures.

Il n’est pas possible de connaître avec certitude le texte scripturaire d’irénée ; les citations que nous avons en grec ont pu être modifiées par ceux qui nous ont conservé des fragments de son œuvre et les traducteurs latin du traité Contre les hérésies et arménien de la Démonstration de la prédication apostolique ont pu ne pas suivre de près l’original ou se conformer au texte des versions latines ou arméniennes de leur temps. Pour l’Ancien Testament Irénée suit généralement les Septante ; parfois il se rapproche davantage de l’original iiébreu. Il connaît et cite, pour leur reprocher leur traduction d’Is., vii, 14, les versions de Théodotion et d’Aquila. L. III, c. xxi, n. 1, col. 946. Pour le Nouveau Testament, il semble supposer que les textes autographes ne subsistent pas, au moins en entier : dans sa discussion sur le chin’re 666, Apoc, xiii, 18, désignant le nom de la bête, il oppose à des copies, altérées ut fieri solet, les copies anciennes et exactes, in omnibus antiquis et probatissimis et veteribus scripturis, t. V, c. xxx, n. 1, col. 1203-1204, non les textes autographes. Autant qu’on peut en juger, les citations du Nouveau Testament qu’on relève dans ses œuvres représentent un texte du type dit occidental, non intluencé par leDiatessaron grec de Tatien. Cf. E. Jaoquier. Le Nouveau Testament dans l'Église chrétienne, t. II, p. 297, 303, 345, 362-363, 519, 526. Le vieux traducteur latin d’irénée est indépendant de tout texte latin connu. On ne sait si les nombreuses citations ntotestamentaires ont été traduites directement sur le grec ou empruntées à une version latine. Elles ont des rapports avec le texte du Vercellensis, et on a remarqué leur affinité plus grande avec la version latine africaine qu’avec l’européenne. " Faut-il conclure que la version africaine était prépondérante même en Gaule…, ou plutôt que le traité de saint Irénée a été traduit en Afrique et que le traducteur a conformé son texte néotestamentaire à celui qui était courant en Afrique ? » E. Jacquier, op. cit., t. ii, p. 362 ; cꝟ. 131, 151. Irénée allègue deux agrapha, t. V, c. xxxiii, n. 3-4 (d’après Papias), c. xxxvi, n. 2 (inspiré de Matth., xxv, 15). Cf. E. Jacquier, Les sentences du Seigneur extracanoniques (les Agrapha), dans la Revue biblique, 11= série, Paris, 1918, p. 129-131. Il ne se sert pas des apocryphes, sauf peut-être du livre d’Hénoch. L. IV, c. xxi, n. 2, col. 1016 ; cf. la note de Massuet.

Comme tous les anciens, Irénée cite parfois de mémoire. Par là s’expliquent des transpositions, des combinaisons de textes, des changements de construction, l’usage de mots équivalents, des variantes dans les citations successives d’un même texte. Ces variantes, quand il s’agit des citations latines, peuvent être le fait du traducteur. Voici quelques-unes de ses citations intéressantes à divers points de vue. De deux citations données comme de Jérémie, Dem., c. xliit, p. 692, l’une est, en réalité, du psaume cix, 3, l’autre n’a pu être identifiée. Irénée prête à Jérémie deux longs passages de Baruch. Dem., c. xcii, p. 729 ; Cont. hier., t. V, c. xxxv, n. 1, col. 1219. Il a jusqu'à six fois, et presque toujours avec des variantes, dues peut-être au traducteur, deux fois sous le nom de Jérémie, Dem., c. Lxxvin, p. 717 ; Cont. hær., t. IV, c. xxii, n. 1,

col. 1046, une fois.'ous le nom d’Isaie, t. III, c. xx, n. 4, col. 945, trois fois avec une attribution imprécise aux prophètes, t. IV, c. xxxiii, n. 2, 12 ; t. V, c. xxxi, n. 1, col. 1072, 1081, 1208-1209, un texte apocryphe sur la descente du Christ aux enfers, voir t. iv, col. 579, qui est de ceux que saint Justin, Dialogus cum Tryphone judœo, c. lxxii, P. G., t. vi, col. 645, déclarait disparus de l'Écriture parla fraude des Juifs. Cf. Justin, Dialogue avec Tryphon, édit. G. Archi.mbault, Paris, 1909, t. i, p. 349-350, note. Il applique au fils de Marie, t. III, c. xxiii, n. 7 ; t. IV, c. xl, n. 3 ; t. V, c. xxi, n. 1, col. 964, 1114, 1179, le Conterdcaput tuum de Gen. iii, 15. Il transporte quatre fois, Dem., c. XX, XXI, p. 673-674 ; Cont. hær., L IV, c. xxxi, n. 1, col. 1068, à Cham la malédiction de Canaan, qui se lit Gen., IX, 25-27. Un mot écrit < dans les douze prophètes, » cité dans la Démonstration c. lxxvii, a été identifié, P. 0., t. xii, p. 717, avec Os., x, 6, texte des Septante. Irénée, parlant de la généalogie du Christ, dit que Matth., i, 18, ne dit pas : Jesu vero generaiio sic erat, mais : Christi auiem generatio sic erat, t. III, c. XVI, n. 2, col. 921, en quoi il s’accorde avec la Vulgate, non avec nos manuscrits grecs. Il connaît et utilise, comme parties intégrantes du texte, les généalogies et les récits de l’enfance qui sont propres à saint Luc, t. III, c. ix, n. 2 ; c. x, n. 1-5 ; c. xxii, n. 3, col. 870-871, 872-878, 958. et aussi la finale de Marc, t. III, c. X, n. 6, col. 879. Sur la manière dont il cite Marc, I, 1, cf. E. Jacquier, Le Nouveau Testament dans l'Église chrétienne, t. ii, p. 363. Il cite, t. III, c. xvii, n. 1, col. 929, Matth., xxviii, 19, sur la formule trinitaire du baptême. Dans un même chapitre, I. IV, c. vi, n. 1, 3, 7, col. 986, 988, 990, il cite de trois manières le verset sur la connaissance que le Fils a du Père, Matth., XI, 27 ; Luc, x, 22, dit que ce verset se lisait aussi dans Marc (qui ne l’a plus aujourd’hui, si tant est qu’il l’ait jamais eu), et combat le texte qu’alléguaient les gnostiques, n. 1, col. 986-987. Cf. J. Lebreton. Les origines du dogme de la Trinité, Paris, 1910, t. I, p. 474-475. Il parle de la sueur de sang. L. III, c. xii, *n. 2, col. 957 ; voir t. i, col. 617, 618. Il cite Joa., i, 3-4, 12-13, 14, 18, autrement que la Vulgate. L. I, c. VIII, n. 5 ; t. III, c. xi, n. 1 ; c. xvi, n. 2 ; c. xix, n. 2, col. 533-537, 880, 921-922, 940. Il rapporte ainsi le décret du concile de Jérusalem, Act., xv, 29 : Ut absiineatis ab idolothytis, et sanguine, et fornicatione, et quæcumque non vultis fieri vobis aliis ne faciatis, a quihus custodientes vos ipsos bene agelis, ambulantes inSpiritu Sanclo, ]. III, c. xii, n. 14, col. 9( f-'-9(j9. L. III, c. IX, n. 1 ; c. XII, n. 15 ; col. 868-910, Irénée a manifestement sous les yeux un codex, qu’il feuillette pour .en extraire les textes qui prouvent qu’il n’y a qu’un seul Dieu et un seul Seigneur, Fils de Dieu. Or, dans son manuscrit, les Évangiles sont disposés dans l’ordre suivant : Matthieu, c.ix, n. 1-3 ; Luc, ex, n. 1-5 ; Marc, c. x, n. 6 ; Jean, c. xi, n. 1-6. Cet ordre est encore marqué, t. III, c. xi, n.7 ; t. IV, c. ^^, n.l, col. 884, 986. Le livre des Actes, dont sont cités des versets ajijjartenant aux quatorze premiers chapitres t. III, c. xii, n. 1-15, col. 892-910, suit immédiatement le quatrième Évangile. Enfin, au c. xiv, n. 1, col. 913-914, Irénée mentionne ou analyse, de la seconde partie de ce livre de saint Luc, tous les passages, que les modernes appellent les Wirsiûcke. Il fait commencer le premier Wirstùck à Act., XVI, 8. Il n’en résulte pas que Luc ait été témoin oculaire de tous les événements qui suivent dans son récit, car, au n. 2, col. 914-915, Ircnce rapporte le discours que saint Paul avait prononcé à Milet comme un fait que Luc avait appris des autres. Les Épîtres homonymes n'étaient sans doute pas séparées dans son texte. Cont. hær., t. I, c. viii, n. 2, col. 523-524, la traduction latine a : in prima ad Corinthios, mais le gn c a simplement : èv tji nçbc, Kopiv6bu< ;. Il y a des