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IRENÉE (SAINT^

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ni des opliiles, mis en avant par R. A. Lipsius, Die Quellen dcr cMcslen Kctzergeschichte, Leipzig, 1875, p. 21-J, noie 1, ni des montanistes, mais des aloges. Voir t. I, col. 899-901. Sur ce que, d’après Irénce, les ophites admettaient des Écritures, cf. A. Loisy, Histoire du canon du Nouveau Testament, Paris, 1891, p. 77-78. Les cainites se réclamaient d’un Évangile de Judas. L. I, c. XXXI, n. 1, col. 704. Voir t. ii, col. 1308. En second lieu, les gnostiques altèrent le sens des Écritures qu’ils gardent ; ils les « calomnient » et les « diffament ». L. L c. ix, ii, 1, 3, col. 537, 543. Ils prennent des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, et en particulier les paraboles et les prophéties, et les adaptent à leurs fictions. L. I, c. i, n. 3 ; c. m ; c. viii, n. 1, col. 449-451, 465-478, 521. Ou bien ils assemblent des textes épars et leur prêtent, par l’assemblage, un sens qu’ils n’ont pas. Cf., pour les valentiniens, t. I, c. viii, col. 519-538 ; pour les marcosiens, I. I, c. XVI, n. 1, c. XX, n. 2-3, col. 628-629, 653-658. Ou encore ces derniers jonglent avec les nombres qui sont mentionnés dans l'Écriture et en tirent leurs rêveries doctrinales. L. I, c. xviii, col. 641-650. Cf. encore, sur les carpocratiens, t. I, c. xxv, n. 4, col. 682684 ; sur les barbéliotes, t. I, c. xxjx, n. 4, col. 694 ; sur les ophites, t. I, c. xxx, n. 6-14, col. 697-703 ; sur les cérintiniens et les ébionites, t. I, c. xx^^, n. 1-2, col. 686-687. Voir t. ii, col. 384, 1801, 2155. Certains gnostiques opposent les divers noms que l'Écriture donne à Dieu et en concluent l’existence de vertus diverses ou de plusieurs dieux, à moins qu’Irénée se borne à prévenir cette objection comme possible : si auiem quidam… opponani. L. ii, c. xxxv, n. 3, col. 838. Il y a plus fort encore. Quand ils sont embarrassés par les Écritures, les gnostiques en deviennent les accusateurs : elles se trompent, elles sont sans autorité, leur enseignement n’est pas uniforme, les apôtres auraient mêlé aux paroles du Seigneur des idées légalistes. L. III, c. ii, n. 1-2, col. 846-847. Jésus aurait eu un enseignement ésotérique, au dire des carpocratiens. L. I, c. xxv, n. 5, col. 685. Le Seigneur et les apôtres, d’après les « très vains sophistes » que sont les gnostiques, auraient enseigné non pas conformément à la vérité, mais conformément à la capacité des auditeurs. L. III, c. v, n. 1, col. 858. Saint Paul, selon quelquesuns, aurait seul connu la vérité complète, et cette vérité aurait été connue seulement en partie de son disciple Luc. L. III, c. xiii, n. 1 ; c. xiv, n. 3, col. 910-911, 915. Enfin, le Seigneur aurait parlé tantôt au nom du démiurge, tantôt au nom du Dieu suprême, tantôt au nom des éons intermédiaires, et ce seraient les gnostiques qui connaîtraient certainement, exactement, sincèrement, le mvstère caché. L. III, c. ii, n. 2, col. 847.

1. Le canon des Écritures.

Contre ces errements gnostiques Irénéc défend, d’abord, les véritables Écritures. Ni il n’a le mot « canon des Écritures » ni il ne trace le canon de l’Ancien et du Nouveau Testament. Mais cett’j liste nous pouvons l’extraire de ses œuvres ; il y cite de nombreux passages de presque tous les Livres saints. Pour l’Ancien Testament, il accepte le récit légendaire du IV^ livre d’Esdras, voir t. ii, col. 1569-1570, tout comme l’authenticité de la lettre d’Aristée sur la traduction des Septante, faite, d’après lui, sous Ptolémée fils de Lagus, et qui aurait embrassé toute l'Écriture et non pas seulement le Pentateuque. L. III, c. XXI, n. 2, col. 947-948. Il cite tous les livres, sauf Judith, Estlier, les Paralipomènes, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques, l’Ecclésiastique, Job, Tobie, Abdias, Naimm, Sophonie, Aggée et les Macchabées ; encore mentionne-t-il Tobie, Nahum, Sophonie et Aggée, de manière à montrer qu’on les classai ! parmi les » prophètes ». L. I, c. xxx, n. 11, col. 701. Il ne met pas de distinction entre les deutérocanoniques '

et les protocanoniques, et cite la Sagesse, l’histoire de Susanne et celle de Bel et du dragon, et Baruch sous le nom de Jérémie. I, . IV, c. xxvi, n. 3 ; c. xxxviii, n. 3 ; t. V, c. v, n. 2 : c. xxxv, n. 1, col. 1054, 1108, 1135^ 1209 ; Dem., c. xc-n, p. 729. Important surtout est son témoignage sur les écrits du Nouveau Testament. Dans le Contra hæreses il le cite plus d’un millier de fois. Voir les chiffres, légèrement différents, à cause de l’incertitude de plusieurs emprunts, donnés par F. R. M. Hitchcock, Irenæus of Lugdunum, p. 221, et par E. Jacquier, Le Nouveau Testament dans l'Églist chrétienne, Paris, 1911-1913, t. i, p. 181-182 ; t. ii, p. 309. Cf., pour les citations de la Démonstration de la prédication apostolique, P. O., t. xii, p. 802, et, pour la lettre des Églises de Lyon et de Vienne, E. Jacquier, op. cit., 1. 1, p. 178. Irénée atteste l’existence des quatre Évangiles, ou plutôt de l'Évangile unique à quatre faces, du « tétramorphe, » et déclare qu’il n’y en a pas davantage. L. III, c. i, n. 1 ; c. xi, n. 8-11, col. 844-845, 855-891. Ce n’est pas le moment d’insister sur son témoignage capital pour l’attribution à saint Jean du IV « Évangile. Voir Jean (Évangile selon saint). Quoi qu’on en ait dit, le passage sur l'Évangile de saint Marc, 1. lU, c. i, n. 1, col. 845, met la composition de ( ; et Évangile après la mort des apôtres Pierre et Paul. Cf. la note de Massuet et M. J. Lagrange, Évangile selon saint Marc, Paris, 1911, p. xxii-xxiii, xxx-xxxi. A côté des Évangiles, Irénée place « la doctrine des apôtres, » « les lettres des apôtres, » surtout de saint Paul. L. IV, c. xli, n. 4 ; t. V, præf., col. 1117, 1119. Peut-être apostolus, qui s’apphque d’ordinaire à la collection des Épîtres pauliniennes, a-t-il parfois un sens plus ample et signifie-t-il, par opposition à Dominus, qui désigne l’Evangile, toute la seconde partie du Nouveau Testament. Cf. E. Jacquier, op. cit., t. I, p. 185. Sûrement cette seconde partie est bien connue de lui. Il en cite tous les livres, à l’exception de la lettre de Paul à Philémon, de celle de Jude, de la IW de saint Jean ; un emprunt à la II" lettre de Pierre et deux emprunts à celle de Jacques sont douteux. L'Épître aux Hébreux est utilisée, mais peu littéralement, ilixfois, sans être nommée. Eusèbe, H.E., . V, c. XXVI, P. G., t. XX, col. 510, nous apprend qu’Irénée la mentionnait et l’utilisait, ainsi que la Sagesse, dans le livre perdu des Discours ou Traités variés ; au dire de Photius, Bibliotheca, cod. ccxxxii, P. G., t. ciii, col. 1104, il niait que l'Épître fût de saint Paul. En ce qui regarde les Actes des apôtres et l’Apocalypse, Irénée, le premier, désigne Luc, disciple de Paul et auteur du Ille" Évangile, pour auteur des Actes t. III, c. XIV, n. 1, col. 913-914, et Jean, disciple du Seigneur, pour auteur de l’Apocalypse, t. V, c. xxvi, n. 1, col. 1192. Ajoutons qu’il cite, entre la Genèse et Malachie, sous cette forme : « l'Écriture dit, » le Pasteur d’Hermas, ainsi que beaucoup le firent jusqu'à la fin du ive siècle. L. IV, c. xx, n. 2, col. 1032. Dem., c. IV, p. 662-663, il l’utilise sans en avertir. Cf. A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, dans H. Hemmer et P. Lejay, Les Pères apostoliques, Paris, 1912, t. iv, p. Lxxxix-xcn. Quant à la lettre de saint Clément aux Corinthiens, qui fut, elle aussi, parfois considérée comme une « Écriture sainte, » il ne semble pas qu’Irénée l’ait tenue pour telle, en dépit de VEx ipsa scriptura du traducteur. L. III, c. iii, n. 3, col. 849-850. « Irénée dit, en cet endroit, que l'Église romaine écrivit aux Corinthiens txavcoTâTYjv ypacpyjv, ce que l’ancien interprète latin traduit par : potentissimas litteras. Quelques lignes plus loin, Irénée renvoyait à la mémeÉpître ; mais c tte fois l’interprète a traduit Ypatpr) par scriptura : ex ipsa scriptura qui velini discerv passant. Cela né prouve pas que l'Église de Lyon ait regardé alors cette Épître comme Écriture di^'ine. » A. Loisy, Histoire du canon du Nouveau Testament,