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IRENEE (SAINT)


livres du Contra hæreses, même dans le t. I, qu’il donne pour un simple exposé des doctrines gnostiques, t. I, c. XXXI, n. 4 ; t. II, præt., col. 706, 707-709, même dans le t. II, qui est une réfutation du gnosticisme par la raison, t. II, c. xi, n. 2 ; c. xxv, n. 1 ; t. V, prref., col. 737, 798, 1119, établit que la règle de foi nécessaire, sûre et inébranlable, est dans l’Écriture et dans la tradition, l’une et l’autre possédées et garanties par l’Égli e, c’est-à-dire, en langage moderne, que la règle de foi immédiate est le magistère de l’Église, et que l’Écriture et la tradition sont les règles de foi éloignées principales, la raison étant la règle de foi éloignée, subsidiaire. Avec celle du magistère de l’Église, il aborde les diverses questions qui se posent au sujet de celle-ci. Mêmes indications dans la Démonstralion en ce qui regarde la théologie tant fondamentale, c. xcvra, que spéciale, c. vi, xax, p. 730, 664, 730-731. Voici donc les grandes lignes de sa synthèse doctrinale. I. Th<’-ologic fondamentale. 1° Règle de foi immédiate : l’Église, Cont. hær., t. I, c. x ; t. II, c. ix ; t. III, c. m-iv ; t. IV, c. xxvi, xxxi-xxxiii ; l. V, c. xx ; Dem., c. xcvm. — 2 » Règles de foi éloignées. 1. Principales, a) L’Écriture, Cont. hær., t. I, c. ra, xvin-xx, xxvii-xxviii ; 1. III-V ; Dem., c. XGViii. — b) La tradition, Cont. hær., t. I, c. x, n. 2 ; L II, c. ix ; t. III, c. i-iv ; L IV, c. xxxi, n. 1 ; c. xxxii, n. 1 ; t. V, c. xx, n. 1. — 2. Subsidiaire : la raison, Cont. liner., t. II, en particulier, c. xi, n. 2. — II. Théologie spéciale. 1° Le Dieu unique et créateur, t. II, c. i-xxvin, xxx-xxxii, xxxv ; t. III, c. v-xv, xxv, n. 1 ; t. IV, c. i-vi, IX, xiv-xvii, xix-xx, xxix-xxxii, xxxiv-xxxvi ; t. V, c. iv ; Dem., c. iv-xxx. — 2° Le Verbe incarné et rédempteur, t. II, c. xx-xxin, xxxii ; t. III, c. xvi-xxii ; t. IV, c. vi-xiii, xvii-xviii, xx-xxvi, xxxm-xxxiv ; t. V, c. i-ii, vii, xvi-xix, xxi, xxm-xxiv, XXXI, xxxra ; Dem., c. xxx, xxxvii, xl-xcvi. — 3° L’Esprit Saint sanctificateur et le salut de l’homme, t. II, c. XIX, xxxm-xxxiv ; t. III, c. xxiii, xxv, xxxiii, n. 15 ; t. IV, c. vii-vin, xxi-xxii, xxvii-xxvin, xxxviixLi ; t. V, c. i^xvii, xxv-xxvi ; Dem., c. v-vii, xxxviixxxix, xcvn-c.

Sur l’ensemble de la doctrine, voir, en plus des travaux d’ensemble sur saint Irénée Indiqués plus haut, J. Schwane, Dogmengeschichle, Munster, 1862, t. i, trad. française par P. Bélet, Paris, 1886, p. 121-135, 283-299, 442-454, 658-676 ; The wilness of St. Irenæus to catholic doctrine, dans la Dublin review, Dublin, 1876, t. xxvii, p. 117-155 ; F. Bonifas, Histoire des dogmes de l’Église chrétienne, publiée par C.Bois, Paris, 1886, 1. 1, p. 161-163 ; cf. l’index alphabétique, p. 380 ; A. Hamack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1894-1897, 1. 1, p. 507-583 ; cf. le Sachregister, t. iii, p. 827 ; A. Domer, Grundriss der Dogmengesc /iic/i(e, Berlin, 1899, p. 66-71 ; V.Courdaveaux, Sami Irénée, dans la Reuue de l’histoire des religions, Paris, 1890, t. xxi, p. 149-175 ; F. Cabrol, La doctrine de S. Irénée et la critique de M. Courdaveaux, dans La science catholique, Paris, 18901891, t. vii, p. 97-117, 241-256, 304-315 ; J. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1905, t. i, p. 247-262 ; F. Loofs, Leitfaden fàr seine Vorlesungen iiber Dogmengeschichte, 4e édit.. Halle, 1906, p. 139-151 ; R. Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 2e édit. ; Leipzig, 1908, t. i, p. 285-382 ; P. Beuzart, Essai sur la théologie d’Irénée, Paris, 1908, cf. U. Mannucci, dans la Riuisla storico-critica délie scienze teologiche, Rome, 1909, t. v, p. 613-614 ; P. Galtier, L’évêque docteur ; saint Irénée de Lyon, dans les Études, Paris, 1913, t. cxxxvi, p. 5-28, 211-223- ; les ouvrages qui traitent de l’histoire des dogmes.

II. LA RÈGLE DE FOI ET L’ÊOLISE. — l" La règle de foi. — « L’alTalre de notre salut dépend de la foi ; » il faut donc avoir « une règle de foi inaltérable, » « règle de notre salut. » D ?/n., c. ni, xcviii, p. 662, 730. L’expression « règle de foi » ne se retrouve pas dans le Conlra hæreses. L’expression « règle de vérité » y est fréquente. Quel en est le sens ? Irénée oppose la « règle de vérité t à la i règle » ou aux « règles » des gnostiques. Or, il entend par là leurs doctrines, instables, infirmes, vaines, fausses, blasphématoires. L. II, præf., n. 2, c. xix, n. 8 ; c. xxxv, n. 1 ; t. III, c. xi, n. 3 ; c. xvi, ii, 1, 5 ; t. IV, prsef., n. 2, 3 ; c. xxxv, n. 2, col. 709, 775, 837, 882, 920, 924, 973, 974, 1087. Le synonyme est yvwfo. sententia, t. I, c. xi, n. 1 ; c. xxxi, n. 3 ; t. III, c. xi, n. 3, à quoi s’oppose sententia aposlolorum, t. IV, prsef., n. 3, col. 560,.705, 882, 974. Un autre synonyme, c’est argumenta, argumentatio, ùtzôQsgk ;, t. I, c. viii, n. 1 ; c. ix, n. 2, 3, 4 ; ex, n. 3 ; c. xx, n. 3, col. 520, 540, 541, 544, 545, 553, 556, 656. Cꝟ. t. IV, prsef., n. 2, col. 973-974 : régulas sive argumenta ipsorum.., regulam ipsorum.., doctrinam eorum.., omnibus qui sant malse sententiic. Par contraste, la règle de vérité, c’est la doctrine chrétienne, ferme et véritable.

Cette « règle immobile de vérité a été reçue au baptême. » L. I, c. IX, n. 4, col. 545. La Démonstralion nous livrerait-elle le canon baptismal connu d’Irénée, quand elle dit, c. iii, p. 662, que la foi « tout d’abord nous oblige à nous rappeler que nous avons reçu le baptême pour la rémission des péchés, au nom de Dieu le Père, et au nom de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, qui s’est incarné, est mort et est ressuscité, et dans l’Esprit Saint de Dieu ? » Peut-être. Cf. Apôtres (Symbole des), 1. 1, col. 1670, la formule de saint Cyrille de Jérusalem. Quoi qu’il en soit, la règle de vérité n’est pas seulement le canon baptismal. Irénée dit, t. I, c. IX, n. 4, col. 545-548, que, quand les gnostiques cousent bout à bout des passages épars dans l’Écriture et les détournent de leur sens naturel pour les tirer à eux, celui qui garde immobile la règle de vérité reçue au baptême reconnaît les mots, les phrases, les paraboles scripturaircs, mais n’y reconnaît pas l’enseignement impie des gnostiques, et, remettant chaque texte à sa place et l’accommodant au corps de la vérité, Ttpocyapjxéaaç xiii ttjç àXyjÔeCaç a(ùJ.(x.Tel<ù, découvre la fiction et montre son inconsistance. Cela suppose plus que la connaissance du canon baptismal. Ailleurs manifestement la « règle de vérité » est la foi chrétienne, la foi véritable, t. I, c. xxii, n. 1 ; c. xxvii, n. 2 ; t. III, c. II, n. 1 ; c. XI, n. 1 : c. xii, n. 6, l’ensemble des vérités de foi, la vérité tout court, t. II, c. xxviii, n. 1 ; cf. c. xxv, n. 1 ; t. III, c. iv, n. 1, col. 669, 803, 847, 880, 898, 804, 798, 855. Et cette vérité, c’est celle qui est enseignée par l’Église, !. I, c. ix, n. 5, col. 549 ; c’est la foi que l’Église, répandue par toute la terre, a reçue des apôtres et de leurs disciples, t. I, c. x, n. 1 ; t. IV, c. XXVI, n. 2-6, col. 549, 1053-1056 ; c’est la tradition des apôtres, t. III, c. iii, n. 1, 3, col. 848, 849, la foi qui a été livrée par les apôtres, qui vient des apôtres, t. II, c. IX, n. 1 ; t. III, prsef. ; c. ni, n. 3 ; c. v, n. 1 ; i. V, prœf. ; c. XX, n. 1, col. 734, 843, 850, 857, 1119, 1177 ; Dem., c. iii, xcvni, p. 662, 730 ; c’est la tradition de la vérité, Cont. hær., t. III, c. iii, n. 3, 4, col. 851, 852 ; c’est la tradition apostolique de l’Église, t. III, c. iii, n. 3, col. 850 ; c’est l’enseignement, la proclamation de l’Église, L III, c. xii, n. 13 ; t. V, præf. ; c. xx, n. 1, col. îhO, 1119, 1177 ; c’est « la prédication de la vérité… Les prophètes l’ont annoncée, le Christ l’a établie, le> apôtres l’ont transmise, partout l’Église l’olïre à se^ enfants. » JDem., c. xcvaii, p. 730 ; cf. Cont. hær., t. ii, c. xxx, n. 9, si bien qu’être hors de l’ÉgLse, c’est être hors de la vérité, t. IV, c. xxiii, n. 7, col. 1076.

Des principaux points de cette règle de la vérité Irénée a fait, à plusieurs reprises, t. I, c. x, n. 1 ; t. III, c. IV, n. 2, col. 549-552, 855-856 ; Dem., c. v-vi, p. 663664, un exposé global qui ressemble passablement au symbole des apôtres. La question des origines de la formule romaine du symbole des apôtres et de ses rapports avec saint Irénée a été débattue, durant ces dernières années, sans aboutir, semble-t-il, à des conclusions fermes. Cf. t. i, col. 1669-1670 ; A. Harnack, article Apostolisches Sgmbohim, dans la Realencyktopadie, 3e édit., Leipzig, 1896, t. i, p. 751-752 ; E. Va-