Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

i : 165

IMPOSITION DES MAINS

1366

p. 300-301. Celle du Missnle r/ollncum en diffère davantage ; mais l’onction du saint-chrême y est aussi nettement indiquée, et le rappel de l’onction du Christ par son Père ne fait qu’énoncer le sj’mbolisme universellement attribué à cette cérémonie. Pas plus qu’ailleurs, il n’y a aucune allusion à une venue spéciale du Saint-Esprit. Comme à Milan ou à Rome, la chrismation esL suivie du lavement des pieds ou de la vèture des habits blancs, ou des deux à la fois. Le parallélisme est donc parfait jusque-là. Il cesse ensuite totalement ; aux lieu et place de l’imposition des mains, (lu) partout ailleurs fait suite aux cérémonies intermédiaires, on lit une ou plusieurs oraisons pour la persévérance, qui ne renferment aucune allusion au Saint-Esprit et auxquelles rien ne correspond dans les autres liturgies. Aussi cette interruption brusque du parallélisme, toute naturelle, si, comme l’ont suggéré entre autres M. Lejay, art. Ambrosien (rit) du Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. u col. 1432, note 8, et dom Wilmart, art. Bobbio (missel de), ibid., I II. col. 961 ; cf. Revue bénédictine, 1909, p. 284, note 3, ces trois missels, au lieu d’être des livres épiscopaux, servaient aux simples prêtres, qui n’avaient pas le droit d’imposer les mains’pour communiquer le Saint-Esprit, ne saurait-elle infirmer les conclusions que ce parallélisme suggère sur le caractère de la chrismation. A une époque relativement récente, dans une liturgie par ailleurs si semblable à celle des Églises qui l’entourent et dont elle dérive (la liturgie milanaise, d’après Mgr Duchesne. Origines du culte clxrétien, p. 85-89, et Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1900, p. 31 sq. ; l’espagnole, d’après dem Férolin, Liber mozarabicus sacramentorum. Avantpropos, p. ix-x, et d’autres) il serait par trop étrange qu’une onction, en correspondance si parfaite avec celle qui dans ces autres liturgies n’est qu’un complément du Ijaplènie, lui considérée comme y étant étrangirc et représentant à elle seule le sacrement qui se confère par l’imiiosilion des mains.

D’autant plus que, dans cette Église, nous en avons la preuve par ses écrivains, l’imposition des mains est connue comme le rite propre de la collation du Saint-Esprit, et la chrismation, par contre, est interprétée, comme parfont en Occident, au sens d’une incorporation au Christ ou d’une participation à sa dignité royale et sacerdotale.

De l’imposition des mains, saint Hilaire dit, à propos des impositions des mains faites par le Christ aux enfants : Munus et donum Spiritus Sancti per imposition / m manus et prccationem erat genlibus largiendum. Comment, in Mallh., xix, 3, P. L., t. ix, col. 1024. On remarquera la mention simultanée de la prière et de l’imposition des mains. Leur union est constante en Occident pour la tradition du Saint-Esprit. Et si l’on iibserve que saint Hilaire insiste ailleurs sur le caractère « septiforme » de ce munus Spiritus Sancti accordé aux gentils : cujus septiforme munus ;  : st ; … ad donum Spiritus septiformis vocantur ; qu’il voit dans ce nombre le symbole de la plénitude de sa communication : redundans et nmUiplicala septijormis Spiritus copia… fit saturalis nobis dilior semper et plenior, ibid., XV, 10, col. 1007, on aura de la peine à croire que la precatio jointe à V imposilio manus ne soit pas cette invocation de l’Esprit qui se trouve dans toutes les liturgies occidentales. Et il serait vain, pour éluder la valeur de ce témoignage, d’objecter que saint Hilaire « parle ici des temps apostoliques ; » son affirmation est générale et lui-même la reproduit équivalemment ailleurs à propos de tous les chrétiens : Per (iraiionem ac precrm, dit-il encore du don du Saint-Esprit, hoc nobis a Deo munus effunditur. Ibid., x, 2, col. 967. Sans que l’imposition des mains soit nommée à côté de la prière, on n’hésitera pas, je pense, à la

reconnaître dans cette seconde formule comme dans la première : on s’explique qu’elle ne soit pas mentionnée explicitement par la même raison qui vaut pour le De sacramentis et pour le De mystcriis de saint Ambroise. Elle confinne que, sur la manière de donner le Saint-Esprit, saint Hilaire pensait comme ses contemporains d’Italie et d’Afrique : ses paroles procèdent de la même conception que celles de saint Augustin, reprise plus tard par saint Isidore : Hoc donum effundere super (dios non possumus : sed, ut hoc fiât, Deum super eos, a quo hoc efficitur, invocamus.

Saint Gennade, ensuite, dit du baptisé : Manus imposiiione pontificis accipit Spiritum Sanclum. Dr eccl. dogmatibus, 74, P. L., t. Lvm, col. 997. Cf. Turner, dans Journal of theological studies, t. vii, octobre 1905, p. 97. L’auteur d’un fragment d’homélie, dans la collection faussement attribuée à Eusèbe d’Émèse, inséré plus tard dans une fausse décrétale du pape Melchiade et, à ce titre, devenu classique, voir S. Thomas, Sum. theol., III", q. lxxii, a. 1, attribue en termes plus formels encore à l’imposition des mains l’effuvion du Saint-Esprit qui correspond à celle de la Pentecôte : Quod in confirmandis neophyiis manus impositio tribuit singulis, hoc tune [in die Penlecostes] Spiritus Sancti descensio in credentium populos donnvit uniuersis. P. L., t. vii, , col. 1119. C’est par la seule expression d’impositio manus que plusieurs fois, au cours du même fragment, se trouve mentionné le sacrement de confirmation : Ulrum majus est sacramentum manus impositio episcoporum aut boptismus ? demande une première question, et d’un bout à l’autre la même appellation se reproduit alternant avec celle de confirmatio ou de benedictio (une fois) : c’est une des appellations les plus fréquentes, nous l’avons vu de l’imposition des mains.

A propos des convertis de l’hérésie, saint Eucher de Lyon, Instruit, in Actihus, dernière interrogation, considère l’imposition des mains comme le rite propre de la collation du Saint-Esprit. Nisi impositio tantum manus ad fidem rectum conversis adhibetur, ut per hanc Spiritus Sancti suscipiatur infusio, P. L., t. L, col. 810 ; édit. Wolta, p. 136.

Au sujet de la chrismation, saint Hilaire voit préfiguré dans le bajjtême du Christ ce qui se produit pour les chrétiens, posi aquæ lavacrum. Le Saint-Esprit s’élance des « célestes portiques, nous sommes inondés de l’unctiuii de la gloire céleste et la voix du Père nous signilie qu’il nous adopte pour entants. » Comment, in Malt !., Il, 6, P. L., t. IX, col. 927. Et c’est là, nous l’avons vii, l’idée qu’évoque partout la chrismation. symbole de l’onction du Christ par le Saint-Esprit. Ailleurs il attribue à la venue du Saint-Esprit en nous un etlet purificateur qui rentre aussi dans le cadre classique des eflets attribués à la chrismation : Est ergo, quantum licel existimare, perfectæ illius emundatio pwitatis etiam posl baptismi aquas reposita, quæ nos Sancti Spiritus purificet advenlu. Tract, in ps. cxvili, litt. 111, 5, ibid., col. 519. Le contexte suggère une allusion à la purification finale de la mortel du jugement plutôt qu’à l’onction qui suit le baptême.

Salvien, De gubernatione Dei, iii, 2, 8, rattache formellement la chrismation au baptême. Le regsneratiunis novæ munus comprend à la fois sancti baptismatis gratiam, divini chrismatis unctionem. Et la signification propre de l’onction est celle que nous connaissons : elle correspond à l’onction royale des juifs et symbolise la vocation de tous les chrétiens à la royauté céleste : Sicut apud Hebrseos quondam, cum judiciarius honor in potestatem regiam transcendissel. probalissimos et lectissimos viras per unguentum regium Deus vocavil in regnum, sic omnes homines christiani, cum posl chrisma ecclesiasiicum omnia Dei mandata fecissenl, ad capiendum laboris præmium vocarenlur