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IRENEE (SAINT


ques particularités littéraires et grammaticales de ce latin, cf. Hitchcock, op. cit., p. 349-353. Cette traduction a été conservée dans de nombreux manuscrits ; dix-neuf sont connus, la plupart incomplets des derniers chapitres, t. V, c. xxxii-xxx , où Irénée patronne le millénarisme. Grabe, Prolegomena, I, § 2, n. 6 = P. G., t. vii, col. 1358, a prétendu à tort que nous n’avons pas la finale du traité. Cf. Massuet, Dissert., II, a. 2, n. 54, P. G., t. xii, col. 235. De ce que nous lisons dans Agobard, De judaicis superslitionibus, c. IX, P. L., t. av, col. 85, une citation du Contra hasreses différente du texte de l’antique traduction latine, G. Mcrcati, D’alcuni niiovi sussidi per la critica del testa di san Cipriano, Rome, 1899, p. 100-108, avait d’abord cru pouvoir conclure à l’existence d’une seconde version latine ; mais, plus tard, Note di lelteratura biblicae cristiana antica, Rome, 1901, p. 241-243, il reconnut que la citation d' Agobard provient non d’une traduction intégrale du traité contre les hérésies, mais, de la traduction, par Rufin, d’un des fragments d’Irénée insérés par Eusèbe dans son Histoire ecclésiastique. Le grand ouvrage d’Irénée fut également traduit en arménien. Nous possédons les 1. IV-V de cette version. Nous avons aussi des fragments syriaques ; probablement ce ne sont pas des restes d’une traduction complète.

2. La Démonstration de la prédication apostolique, dont l’existence était connue par Eusèbe, H. E., t. V, c. xxvi, P. G., t. XX, col. 509, était, jusqu'à ces derniers temps, considérée comme perdue. Une traduction arménienne en a été découverte en décembre 1904, dans un manuscrit de l'église de la Mère de Dieu, à Érivan (Arménie russe), par Karapet TerMekerttschian, alors vicaire du catholicos, et publiée, à Leipzig, en 1907, avec une traduction allemande de K. Ter-Mekerttschian et d’Erwand Ter-Minassiantz et des notes d’A. Harnack, Des heil. Irenàus Schrift zum’Erweise der apostolischen Verlmndigung. L2 manuscrit est de la seconde moitié du xme siècle. La traduction est antérieure et, sinon du v, du moins du vn" ou du ATH » siècle. Elle est très littérale. On ne sait si elle a été faite directement sur l’original grec ou sur un intermédiaire syriaque. La Démonstration est postérieure au livre III du Contra hæreses, qu’elle cite. Cf. c. xax, P. 0., t. xii, p. 730. Il n’est pas impossible que le passage sur les rois qui « haïssent maintenant (le Christ) et persécutent son nom, » c. xlviii, p. 696, fasse allusion à la persécution de Sévère, commencée en fait vers 198 et officiellement en 202. La Démonstration de la prédication apostolique était-elle intitulée : El ; èreîSeiÇiv toù àTroaxoXixoG y<.-f]oj-{[ioi’coQ. comme semble le dire Eusèbe, ou 'EtoSsiÇiç toû àTcoaToXi.xoû xir)p JY(J.aToç, comme l’indiquerait la traduction arménienne, ou Aoyoç sic, stc-SsiÇiv toû àTroaToXixoû XYjp’JYixaToç, comme le suggère Harnack ? Rien de sûr - !)ri là-dessus. Le destinataire est un Marcien, qu’on a d’autant moins de raisons valables d’identifier avec l’auteur des Actes de Polycarpe, c. xx, dans H. Hemmer et P. Lejay, Les Pères apostoliques, Paris, 1910, t. iii, p. 155j que ce dernier s’appelait très probablement Marcion, non Marcien. Le but d’Irénée est d’exposer « en abrégé la prédication de la vérité » et de fournir « les preuves des dogmes divins, » afin que Marcien s’affermisse lui-même dans ses convictions et puisse instruire les autres et « confondre tous ceux qui sont dans l’erreur. » C. i, p. 659. A la dilîcrence du traité contre les hérésies, la Démonstration n’est donc pas directement un livre de polémique. A. Harnack, Des heil. Irenaus Schrift zum Erweise der apostolischen "^-Verkûndigung, p. 65, y a vu une œuvre de catéchèse ; P. Drews, Der lilerarische Character der neuentdeckten Schri/t des Irenâus zum Erweise…, dans la Zeitschrift, fur die neutestamentliche Wissenschaft, Giessen, 1907,

t. xui, p. 220-233, a repris et développé cette idée, signalant dans cet écrit un ancêtre du De catechizandis rudibus de saint Augustin. Pour U.. Mannucci, La didascalia delta Chiesa primitiva, dans la Riuista storico-critica délie scienze teologiche, Rome, 1907, t.ra, p. 134-140, c’est une sorte de catéchèse supérieure, le schéma d’une didascalie transmise fidèlement à travers les générations chrétiennes et fixée partiellement dans les écrits des Pères. O. Bard.nhewer, Gesch.der altkirchlichen Lit, t.i, p. 410-411, se refuse à y voir une simple catéchèse ; ce serait plutôt une apologie. Cf. S. Weber, Sancti Irenœi cpiscopi Lugdanensis Demonstratio apostolicæ prædicationis, Fribourg-enBrisgau, 1917, p. 13-22. La qualification la meilleure a été donnée par J. Lebreton, Le nouveau traité de saint Irénée, dans la Revue de l’Institut catholique de Paris, Paris, 1907, t. xii, p. 131 : « Ce n’est point une discussion savante, comme VAdversus heereses ; c’est un exposé populaire de la foi chrétienne et de ses preuves. » Sans apporter des révélations sensationnelles sur la théologie d’Irénée, la Démonstration est un témoin précieux de la doctrine et de la théologie du iie siècle, remarquable par un sens du christianisme simple, sûr et profond, d’un accent très pur. Quelques traits complètent ou corrigent le Contra hæreses.

3. Les autres écrits d’Irénée sont perdus. Il r^&te des m fragments de plusieurs, dont a) trois contre Florinus. m C'était un prêtre de Rome qui, avec Iréncc enfant, avait été l’un des auditeurs de saint Polycarpe. Florinus enseigna que Dieu est l’auteur du mal ; Irén e le combattit dans une lettre IIspl [iovapytaç ou Ilepl Toû [17] elvai tov fisov 7roiy)TT)v xaxtôv. Sur la monarchie ou Que Dieu n’est pas l’auteur du mal. Puis, Florinus étant tombé dans le valentinianisme, Irénée étrivit le Hepl oySoàSoç, Sur l’ogdoade, Eusèbe, H. E., t. V, c. XX, P. G., t. XX, col. 484. Irénée demanda, par lettre, la déposition de Florinus au pape "Victor. On a dépensé beaucoup d’encre en pure perte pour identifier Florinus avec Tertullien. Voir la bibliographie. — b) Florinus fut le chef d’une petite Église schismatique de Rome, en compagnie d’un certain Blastus. Irénée adressa à Blastus une lettre Sur le schisme, Ilepl a^î-'^y-'^'^oç, , cf. Eusèbe, H. E., t. V, c. xv, XX, P. G., t. XX, col. 464, 484, dont nous avons un fragment dans une traduction syriaque. — c) Dans la question de la Pâque, Irénée écrivit une lettre au pape Victor, une autre aux fidèles, d’autres à plusieurs évêques. Cf. Eusèbe, H. E., t. V, c. xxiii, xxiv, P. G., t. XX, col. 493, 500, 508. Le pseudoJustin, lîesponsiones ad orthodoxes, cxv, P. G., t. i, col. 1364, cite un traité d’Irénée sur la Pâque, JQepl toû Ilâaxa yoç, qui pourrait bien être une de ces lettres. — d) Eusèbe a connu de lui un « court mais nécessaire » traité Ilepl èmaT : rj[iy]ç, De la science, adressé aux Grecs, H. E., t. V, c. xxvi, P. G., t. xx, col. 509, dont la perte est bien regrettable. Il semble que saint Jérôme, De viris illustribus, c. xxxv, P. L., t. xxui, col. 649, l’ait dédoublé de la sorte : Scripsit…. contra gentes volumen brève, et de disciplina aliud. — e) Eusèbe mentionne aussi, toc. cit., un livre de Discours ou Traités variés, PifîXîov n SiaXé^sov Siacpôpcov, qui paraît avoir été un recueil d’homélies, et dont nous possédons des fragments. — fj Irénée avait annoncé, Cont. hær., t. I, c. xxvii, n. 4 ; t. III, c. xii, n. 12, col. 689, 906, un traité contre Marcion. A lire Eusèbe, H. E., 1, IV, c. XXV, P. G., t. XX, col. 389, on croirait d’abord que ce dessein fut exécuté. Mais, dans ce passage, Eusèbe fait ou une confusion ou une allusion aux chapitres du Contra hæreses contre cet hérétique ; on s’en rend compte quand on le voit, plus loin, t. V, c. xxii, col. 452, s’expliquer sur le projet d’Irénée.

2° Œuvres douteuses et apocryphes. — 1. Maxime le Confesseur, Ex quæstionibus a Thcodoro monacho