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IRENEE (SAINT :


c. xxiii, II. 2, col. 671, et lui rattache les diverses sectes giiostiqucs. Dans les livres suivants il réfute le gnosticisme, d’abord, t. ii, par la raison, ex ratione, t. V, pr ; cf., col. 1119, ensuite par l'Écriture, ex Scripturis, ex Scripluris dominicis, divinis, t. IV, prref. ; t. iii, c. XXXV, n. 4, col. 843, 842 ; en premier lieu, I. iii, par la doctrine des apôtres, apostolorum docirina, t. V, pr ; ef., col. 1119 ; en second lieu, t. IV, par les paroles du Seigneur, per Domini scrinones, t. III, c. xxv, n. 7, col. 972, par quoi il entend l’Ancien et le Nouveau Testament, « car les écrits de Moïse et des autres prophètes sont les paroles ùu Christ, » t. IV, c. ii, n. 3, col. 977 ; enfin, I. V, par d’autres paroles du Christ et des apôtres, ex reliquis doclrinæ Domini nostri et ex apostoUcis epistolis, t. V, prîcf., col. 1119, surtout de saint Paul ; cꝟ. t. IV, c. xii, n. 4, col. 1117. — e) Date. — L’ouvrage fut publié en quatre fois : d’abord les 1. I-II, puis successivement les t. III, IV, V. Il s’est allongé au delà des prévisions de l’auteur. Irénée croit, quand il va entreprendre le t. II, qu’il ne sera pas besoin de longs discours pour réfuter la doctrine exposée, t. I, c. XXXI, n. 4, col. 706 ; mais il constate déjà que enarratio in longum pergit, et, à mesure qu’il avancera, les développements prendront une ampleur imprévue. Vers la fin du t. II, c. xxxi, n. 1, col. 824, il annonce « les livres suivants, » et, malgré le souci de ne pas faire trop long, t. III, c. iii, n. 2, col. 848, " pour n’avoir pas l’air de fuir la preuve scripturaire annoncée, n t. II, c. xxxv, n. 4, col. 842, « pour que rien ne manque de ce qu’on attend de lui, » t. III, præf., col. 843, il publie un IIP livre, puis un IV « , t. IV, prsef., n. 1, col. 973, puis un V « , t. V, pra ; f., col. 1119, tous de vaste dimension. Le 1. III fut écrit du vivant du pape Éleuthère (175-189). Cf. c. iii, n. 3, col. 851. Irénée y cite la version de Théodotion, c. xxi, n. 1, col. 946. Si Théodotion avait publié sa traduction de l'Écriture en 184^ comme l’ont cru Massuet, Dissert., II, a. 2, n. 47, P. G., t. vii, col. 222-223, et d’autres savants, nous aurions là le terminus a qiio de la composition du t. III, le terminus ad qnem étant fourni par l’année de la mort d'Éleuthère. Mais, en réalité, la date de Théodotion est inconnue. Reste donc qu' Irénée a écrit le 1. III du temps du pape Éleuthère. Contrairement à ce que dit T. Za]m, I{calencykloi)àdic, t.ix, p. 404, le Contra hæreses fait allusion à un état de persécution de l'Église : tota die (Rom., viii, 30) pro omni hoc tempore diclum est in quo persecutionem patimur et ut oves occidimnr, lisons-nous, t. II, c. xxii, n. 2, col. 782. Ce langage est impressionné par la persécution de Marcvurèle et ne convient pas au temps de Commode. Au contraire, un passage du t. IV, c. xxx, n. 1, col. 1065, cadre avec ce que nous savons de l’influence que Marcia exerça sur Commode, à partir de 181, en faveur des chrétiens : hi qui in regali aula sunt fidèles nonne ex eis qux Csssaris sunt habent iitensilia ? Le 11"= livre semble donc antérieur, le I « paraît postérieur à 181, et l'œuvre totale gravite autour de 180. — f) Destinataire. — Irénée envoie son écrit à un personnage qui lui est « très cher, » t. I, prref., n. 2 ; c. ix, n. 1, col. 441, 537, etc. ; qui depuis longtemps cherche à étudier la doctrine valentinienne ; qui a demandé, « commandé » (ce second mot est synonyme du premier) à Irénée de la lui faire connaître, 1. 111, præf. : t. IV, praîL, n. 1 ; t. V, prsef., col. 843, 973, 1119, et qui, dit Irénée, t. I, prsef., n. 3, col. 444-445, « plus habile que lui, montrera avec force à ceux qui l’entourent ce qui lui aura été indiqué faiblement, rivalisant avec Irénée au service des frères, selon la grâce qui lui a été donnée par le Seigneur. » Cf. encore, t. I, c. XXXI, n. 4 ; t. III, prsef. ; t. IV, præf., n. 1 ; t. V, præf., col. 706, 843, 973, 1119-1120. Irénée écrit en grec. " Tu n’attendras pas, dit-il, t. I, præf., n. 3, col. 444, l’art du style de nous qui vivons parmi les Celtes et qui,

DICT.. DE THÉOL. CATHOL.

la plupart du temps, employons un langage barbare, » (sans doute le latin, plutôt que le celtique). Le destinataire du traité n’habite donc pas vraisemblablement dans la Gaule, mais dans un pays où le grec est en usage, où sévit le valentinianisme, probablement en Egypte ou dans l’Asie Mineure. A-t-il été évoque ? L’auteur du prologue publié, sous le nom de Florus de Lyon, par.I.-B. Pitra, Spicilegium Solesmense, Paris, 1852, t. i, p. 8, lui en donne le titre. Toutefois, le Quemadmodum postulasti a nobis obedientibus præcepio tuo, quoniam et in administratione sermonis positi sumus, t. V, praîf., col. 1119, n’indiquerait-il pas une différence de fonction entre Irénée chargé du ministère de la parole et celui qui lui a demandé d'écrire, et n’inviterait-il pas à voir dans ce dernier un prêtre de marque ou même un laïque influent ? A mentionner, pour mémoire, le pseudo-Flavius Dexter imaginant, Chronic, an. 185, P. L., t. xxxi, col. 531-532, que le destinataire de l’ouvrage d' Irénée fut Turibius, évêque de Tolède. — g) Traduction latine. — Qu’en est-il du texte grec de l’ouvrage, qui aurait été vu à la bibliothèque de Venise, ou à la Vaticane ? La question a été agitée. Si ce n’est à Venise et à la Vaticane, le texte grec exista au xvie siècle, dans un monastère de Pathmos et, au xvii", dans un monastère de l’Athos. Cf. A. Harnack, Geschichte der altcliristliehen Litteratur bis Eusebius, Leipzig, 1893, 1. 1, p. 264-265. et voir, à la bibliographie, les travaux de T. Zahn et de P. Meyer. D’aucun de ces manuscrits, on n’a retrouvé les traces, et le texte grec est perdu, sauf ce qui en a été conservé par les citations, dont quelques-unes sont importantes, qu’en a faites l’antiquité chrétienne. Mais nous en possédons une traduction latine, très complète, très littérale (à signaler pourtant quelques brèves gloses du traducteur, par exemple, t. II, c. xxi, n. 2, col. 780 ; cf. la note 62), d’une latinité fruste, et certainement antérieure à saint Augustin, qui la cite fort exactement. Contra Julianum, t. I, c. ii, n. 5, P. L., t. xLiv, col. 644. Cf. Cont. hær., t. IV, c. ii, n. 7 ; t. V, c. xix, n. 1, col. 979, 1175-1176. Elle n’est pas d' Irénée lui-même, comme l’a supposé, avec plusieurs autres, Feuardent, dans la Commonitio qui est en tête de son édition d' Irénée, Cologne, 1625, p. (14), car elle contient des contresens qu' Irénée ne pouvait commettre. Elle ne saurait être non plus de Tertullien dont elle ne reproduit ni le vocabulaire, ni la syntaxe. Cf. Massuet, Dissert., II, a. 2, n. 53, P. G., t. I, col. '.'33-234. Elle est, d’autre part, en relation évidente avec VAdversus valentinianos de Tertullien. Cf. A. d’Alès, La date de la version latine de saint Innée, dans les Recherches de science religieuse, Paris, 1916, t. VI, p. 133-135. Pour expliquer ces rapports, deux hypothèses ont été émises. La première, proposée par Dodwell, Dissertaliones in Irenœum, V, § 6, et reprise par H. Jordan, Das Aller und die Herkunft der lateinischen Uebersetzung des Hauptwerkes des Irenàus, dans les Theologische Studien dédiées à T. Zahn, Leipzig, 1908, p. 133-192, veut que le traducteur d' Irénée ait reproduit la traduction faite par Tertullien de plusieurs passages d' Irénée ; sa traduction serait du iv siècle. La deuxième, défendue par Grabe, Prolegomena, I, § 2, n. 3 = P. G., t. vri, col. 1356, Massuet, loc. cit., et, de nos jours, par F. R. Montgomerv Hitchcock, Irenæus of Lugdunum, Cambridge, 1914, p. 44, 344-347, et A. d’Alès, loc. cit., p. 136, estime que Tertullien a utilisé la version latine, laquelle se trouve reportée par là vers l’an 200. L’invfaisemblance qu’un traducteur du ive siècle soit allé emprunter à Tertullien des bribes de traduction et des archaïsmes d’expression, l’abondance de ces archaïsmes dans tout le cours de l’ouvrage, expUcable seulement par l’enfance du latin ecclésiastique, font que la seconde hypothèse couiile à la certitude. Sur quelVil. — 76