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IRÉNÉE (SAINT


pas dans la première rédaction. Cf. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, texte des manuscrits deCorbie et de Bruxelles, publié par H. Omont et G. Collon, 2e édit. par R. Poupardin, Paris, 1913, p. i, 20. Les Actes des saints Félix, prêtre, Fortunat et Achillée, diacres, fondateurs de l'Église de Valence, Acta sandorum, 3e édit., Paris, 1866, avril, t. iii, p. 99-101, et ceux des saints Ferréol, prêtre, et Ferrucion, diacre, fondateurs de celle de Besançon, Acta sanctonim, 3e édit., Paris, 1807, juin, t. iv, p. 6-7, donnent ces saints pour des disciples et envoyés d’Irénée. Quoi qu’il en soit de l’exactitude historique des détails que présentent ces documents, qui ne sont pas de tout repos, /i ; 7î ! 7 tamen est, dit Massuct, Dissert., II, a. 1, n. 18, P. G., t vii, col. 191, quod de missione sandorum iHoriim dubitationem movere qneat, cum maxime consentientem habeamns earum ecdesiarum traditionem. Plus énigmatique est le saint Clément, prêtre de Lyon, qui aurait été aussi disciple d’Irénée. Cf. Acta san torum, 3e édit., Paris, 1803, janvier, t. ii, p. 616. Les saints Félix, Fortunat et Achillée, que le pseudo-Flavius Dexter, Clironicon, an. 255, P. L., t. xxxj, col. 379-380, dit envoyés par Irénée à Valence de Portugal, in Liisitania urbe Vedonum Valentia, et que d’autres disent envoyés à Valence d’Espagne, cf. la note de l'éditeur, col. 380381, ne sont évidemment qu’une réplique des trois saints de Valence de France. Cf. T. Raynaud, Hagiologiiim lugdunense, 2e édit., Lyon, 1662, p. 64.

Le martyre.

Il n’y a pas à s’arrêter au dire

de Jean Fislier, évêque de Rocliester, De veritate corporis et sanguinis Christi in ciicharistia, t. IV, c. XXI, Cologne, 1527, fol. 108 a, qu' Irénée swvicntibiis arrianis (.u) oculum alterum amisit paratus diam pro fide Christi modem siibire quantumvis molestam. Mais des textes plus graves qualifient Irénée de martyr. Sans parler des martyrologes historiques du ixe siècle et de leurs dérivés, ni de certains textes se rattachant au martyrologe hiéronymien, tel celui que donne Massuet, Dissed., II, a. 1, n. 30, P. G., t. vii, col. 205, ni des Actes du saint, cf. trois rédactions de ces Actes dans les Acta sandorum, 3e édit., Paris, 1868, juin, t. vii, p. 699-701, qui ne sont pas antérieurs au vii<e siècle et que Ruinart a exclus de son recueil, cf. ses Acta madyrum, Ratisbonne, 1859, p. 118, nous avons trois témoignages intéressants. L’un est de Grégoire de Tours, ///'sI. Franc., . I, c. xxvii, P. L., t. lxxi, col. 175, et Miraculorum, t. I, De gloria martyrum, c. l, P. L., t. Lxxi, col. 752 ; un autre du pseudoJustin, Rcsponsiones ad orlhodoxos, c.xv, P. G., t. vi, col. 1364 (du IV ou du ve siècle) ; le troisième de saint Jérôme, Comment. in Isaiam, t. XVII, c. LXiv, P. L., t. xxiv, col. 623. En dépit de ces textes, divers historiens, entre autres Dodwell, Disscrtationes in Irenœiim, 1 1 1, § 21-23, Oxford, 1689, p. 259-267, et B. Aube, Les chrdicns dans rempire romain de la findes Antonins eu milieu du ii i'e siècle „ Paris, 1881, p. 97-105, ont rejeté le martyre d’Irénée. Ils arguent du silence de Tertullien, de saint Hippolyte, de saint Épipiiane, surtout d’Eusèbe si attenlif à recueillir les noms des martyrs illustres. Ils notent que les meilleurs manuscrits du Martijrologium liieromjmianum, édit. J. B. de Rossi et L. Duchesne, Ada sandorum, Bruxelles, 1894, novembris t. ii a, p. (83), portent seulement : Hcrenei episcupi, cum aliis. Cf. L. Duchesne, dans le Bulletin critique, Paris, 1886, t. vii, p. 329 ; les Analeda bollandiana, Bruxelles, t. xiii, p. 167. Et ils écartent les témoignages ds Grégoire de Tours, de saint Jérôme, du psudoJustin. Celui de Grégoire, disent-ils, est ruiné par une erreur grossière : il brouille si bien l’ordre chronologique que, après avoir distingué le massacre de 177 de celui où succomba Irénée, il place après la mort d’Irénée celle de quarante-liuit des martyrs de 177. Saint Jérôme ne souffle mot du martj’re d’Irénée dans le De viris

illustribus, où il lui consacre une notice ; l’appellation de « martyr » se trouve dans ses commentaires sur Isaïe, où il ne mentionne Irénée qu’en passant, et il y a deschances pourquelesmotse/mflWf/r, ajoutéscn marge par un lecteur, aient glissé de là daiis le texte. Cf. G. Cave, Scriptorum ecclesiasticorum historia litleraria, Bâlc, 1741, t. I, p. 67. Le pseudo-Justin a écrit trop tard pour inspirer confiance. Si impressionnants qu’ils soient, ' ces arguments ne forcent pas la conviction. Le pseudoJustin, qu’il ait écrit au iv « ou au ve siècle, s’il ne fournit pas une preuve décisive, n’est pas négligeable. Saint Jérôme ne dit pas, dans le De viris illustribus, qu' Irénée ait été martyr ; il ne le dit pas non plus de saint Clément et de saint Hippolyte. Mais ce qu’il n’a pas fait pour ces derniers dans cet ouvrage, il l’a fait ailleurs, pour saint Clément à travers une citation de Rufin, Apologia adversus libros Ruflni, 1, II, c. xvii, P. L., t. xxiii, col. 439, et, pour saint Hippolyte, dans le commentaire sur saint Matthieu, prol., P. L., t. xxvi, col. 20, postérieur et dans une lettre au pape Damase, Epist., xxxvi, P. L., t. xxii, col. 460, antérieure au De viris illustribus. Pourquoi n’aurait-il pu omettre la mention du martyre d’Irénée dans le De viris illustribus et l’inscrire dans le commentaire sur Isaïe, qui lui est postérieur d’une vingtaine d’années ? Dans V Adversus Helvidium, c. xvii, P. L., t. XXIII, col. 201, Jérôme allègue Ignatium, Polycarpum, Irenœum, Justinum martyrem. Qu’est-ce à dire ? Que seul, des quatre, Justin a été martyr ? Jérôme sait bien que non, et, dans le De viris illustribus, c. xvi, xvii, col. 635, il parle du martyre d’Ignace et de Polycarpe. L’argument c silentio demande, pour être probant, des conditions qui ne se réalisent pas dans le cas présent. De même en ce qui regarde Eusèbe. Son silence est difficile à expliquer ; mais ne se tait-il pas sur le martyre de saint Hippolyte, qu’il nomme à plusieurs reprises ? Le Martyrologe hiéronymien n’omet pas seulement pour Irénée, mais encore pour un certain nombre de martyrs indiscutables, l’indication du martyre. Cf. L. Lévêque, Le martyre de saint Irénée, dans La science catlioliquc, Paris, 1892-1893, t. vii, p. 799-800. Enfin, la phrase qui place après celle d’Irénée la mort de quarante-huit victimes de la persécution de 177 suffit-elle à vicier à fond le témoignage de Grégoire de Tours ? Elle prouve seulement que Grégoire, qui avait sous les yeux, d’une part, la relation des événements de 177, et, d’autre part, un récit de la mort d’Irénée, a interverti maladroitement l’ordre des faits. Encore pourrait-on se demander si l’anachronisme ne serait pas dû plutôt à la maladresse d’un copiste, car Grégoire fournit le moyen de corriger l’erreur en donnant ailleurs à sa vraie place la liste des compagnons de martyre de Pothin. Cf. Miraculorum, t. I, De gloria martyrum, c. xlix-l, col. 751-752. Bref, conclut P. Allard, Histoire des persécutions pendant la première moitié du lUe siècle, Paris, 1886, p. 156-157, « si tous les doutes ne sont pas levés relativement au martyre d’Irénée, cependant on a de fortes raisons d’y croire. » D’après P. Allard également, p. 157, selon toute apparence, ce martyre est du temps du séjour de Sévère en Gaule, en 208. La donnée du fragment syriaque publié par Harvey, dans son édition d’Irénée, Cambridge, 1857, t. ii, p. 454, d’après laquelle, il aurait été tué par les hérétiques, mérite peu de confiance. Peut-être a-t-elle son origine dans une erreur de copiste qui, là où il y avait : « Irénée, qui tua, c’est-à-dire vainquit, détruisit les hérétiques, » aurait écrit : « qui fut tué par les hérétiques. » Cf. A. Harnack, Geschichle dcr altchristlichen Litteratur bis Euscbius, Leipzig, 1897, t. lia, p. 322, n. 2.

Tkavaux d’ensemble. — Il y a toujours lieu de consulter sur Irtnèe les ouvrages très généraux sur l’histoire ancienne de l'Église et l’ancienne littérature chrétienne et sur-