Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée
1359
1360
IMPOSITION DES MAINS


Braulio de Saragosse et réponse de ce dernier, F. L., t. LxxxMi, col. 403-410. Le titre de chrétien en dépendait : An recle christicolæ vocitentur, s’enquirait l'évêque de Tolède. L’onction postbaptismale est l’onction propre du chrétien : Christianus, quantum interprelalio est, de unctione deducitur, écrivait Tertul.ien. Apologct..3, et les docteurs le répètent : Ungi quoque necesse est eum qui baptizatus est, ut accepta chrismate, id est unctione, esse unctus Dei possit. S. Cyprien, Epist., i, xx, 2. Omnes unctos ejus chrismate christos possumus dicere ; quod tamen totum cum suo capite unus est Christus. S. Augustin, De civit. Dei, xvii, 4, 9. Christus unctus interpretatur…. Christum et tx eo christianos, idest, unctum et ex eo unctos. Orose, Hist. adiK pag., w, 20, 7. L’onction fait du chrétien un oint, un christ. Comme le nom de chrême rappelle celui de Christ, la chrismation représente le caractère royal et sacerdotal, que le baptisé reçoit en participation de celui du Christ, selon l’interprétation de Tertullien : Egressi de lavacro pcrungimur benedicta unctione de pristina disciplina, qua ungi oleo de cornu in sac^rdotio solebant, ex quo Aaron a Aloyse unctus est, unde Cliristus dicitur u clirismale quod est unctio. De baplismo, 7. Transmise par la tradition, cette interprétation est absolument classique. Le tableau précédent permet de le constater pour saint Ainbroise. 11 faudrait des colonnes pour citer les exemples recueillis au hasard : nous en avons cité quelques-uns dans La consignation à Cartilage et à Rome, des Recherches de science religieuse, juillet 1911, p. 364-365. Saint Isidore de Séville, qui résume toute l’antiquité, peut suffire à en donner une idée. Clirismatis unguentum Moyses primum in Exodo, jubente Domino, et composuit et confecit, quo primi Aaron et filii ejus in testimonium sacerdotii et sanctitatis pervncti SUNT. Deinde quoque et REGES eodem chrismate sacrabantur unde et christi nuncvpabantur…. Eratque eo tempore tantum in regibus et saccrdotibus mijstica unctio, qua Christus præfigurabatur ; unde et ipsum nomen a chrismate dicitur. Sed postquam Dominus noster verus rex et sacerdos setcrnus a Deo Paire cœlesti ac my.stico unguento est delibutus, jam non solum pontifices et rcges, sed omnis Ecclesia unctione chrismatis consecratur, pro eo quod M eu bru M est

^TERNI REGIS ET SACERDOTIS. Ergo QUIA GENVS

sacerdotale et regale sumus, ideo post lavacrum, ungimur ut Christi nomine censeamur. De eccl. off., I. ii, c. XXVI, 1-2, P. L., t. Lxxxiii, col. 823. Cf. Etym., t. VI, c. xix, 50-52, t. Lxxxii, col. 256, où il exprime la même idée en transcrivant Tertullien. Cf. aussi. De fide cathol. cont. jud., t. II, c. xxv, 1-2, t. lxxxiii. col. 533. La chrismation, en un mot, sans être une partie essentielle du baptême, en complète le symbolisme ; elle correspond pour le chrétien à l’onction mystérieuse conférée par Dieu le Père à son Fils, soit au moment de l’incarnation, S. Augustin, De Trinitate, XV, 46, soit après le baptême dans le Jourdain, Tertullien, De baplismo, 7 ; Optât de Milève, iv, 7 ; elle exprime l'œuvre de sanctification accomplie dans l'âme du baptisé par le rite générateur : Chrisma grœce, kitine unctio nominatur, ex cujus nomine et Christus dicitur et homo posl lavacrum sanctificatur ; nam sicut in baplismo peccalorum remissio datur, ila per unctionem sanctificatio spirilus adhibetur, S. Isidore de Séville, Etym., vi, 19, 50-51, P. L., t. lxxxii, col. 256 ; cf. De fide catholica, ii, 25, 2, P. L., t. lxxxiii, col. 534, et l’incorporation du chrétien au Christ : Christus a chrismate. Non solum autem capul noslrum unctum est, sed et corpus ejus nos ipsi. Ideo ad omnes christianos pcrlincl unctio…. Inde apparel Christi corpus nos esse, quia omnes ungimur. S. Augustin, Enarr. in ps. XXVI, 2, P. L., t. xxxvi, col. 200. Cf. Contra Maximum arianum, ii, 16, 3, P. L., t. xlii,

col. 782 ; De civilale Dei, xvii, 4, 9 ; Contra litleras Petiliani, ii, 104, 238-239, P. L., t. xliii, col. 341. Aussi, sauf à ne pas donner au mot sacrement le sens propre qu’il a reçu depuis, toute l’antiquité a souscrit à l’affirmation devenue classique de saint Augustin :

SACRAMENTUM CHRISMATIS… QUOD IN GENERE VISIBILIUM SIONACULORUM SACROSANCTUM EST. Conlra

litleras Petiliani, ii, 104, 238, col. 341. Au sens générique et ancien du mot qui permettait de voir un sacramentum, dans le sel donné aux catéchumènes, le chrême est avec le baptême et l’eucharistie, le type par excellence du sacrement ; au sentiment de saint Isidore de Séville ils en réalisent tous trois la définition : Sunt autem sacramenta baplismus, crisma, corpus et sanguis. Etym., vi, 19, 39, P. L., t. lxxxii, col. 255. Pour prouver la vénération dont l'Église entourait le chrême, il suffit de rappeler la solennité avec laquelle elle en a toujours fait et fait encore la consécration. Voir t. iii, col. 2408. Les liturgies orientales et occidentales n’ont pour aucune autre bénédiction de plus grandes marques de respect. Le Pontifical romain prescrit à l'évêque et aux prêtres qui l’assistent une triple génuflexion avec l’acclamation : Ave sanctum chrisma. Saint Cyprien, Episl., i, xx, 2 ; saint Cyrille de Jérusalem, Cat., xxi, 3, P. G., t. xxxiii, col. 1092, le pseudo-Denys l’Aréopagite, De eccles. hicrarchia, i-, P. G., t. iii, col. 473, n’hésitent pas à comparer sa consécration à celle du corps et du sang du Christ. Le concile romain de 769 le range avec les quatre Évangiles et les autres saints mystères, c’est-à-dire l’eucharistie, au nombre des choses sacrées sur lesquelles on prête un serment solennel lors de l'élection du pape : Affertis (ou : assertis) quatuor Evangeliis, et venerabili chrismate, et céleris mysleriis. Mansi, t. xii, col. 717. Au xme siècle enfin, Alexandre de Halès considère encore le saint^chrême comme étant en luimôme et antérieurement à toute onction un sacrement permanent. Summa theol., Tpari. IV, q.ix, m.n, a. 1, §3 ; a. 2, § 4. La chrismation a donc eu aux yeux de toute l’antiquité chrétienne une importance exceptionnelle

p. Action du Saint-Esprit qui s’y rattache. — La chrismation a été aussi considérée comme le symbole d’une action spéciale du Saint-Esprit. Il suffit de se rappeler le rapport qu’on établissait entre elle et l’onction du Christ par le Saint-Esprit ; les explications de Tertullien touchant l’onction qui carnaliler curril, sed spiritaliler proftcit. De baplismo, 7 ; l’argumentation de saint Cyprien que unctio spiritalis apud hærelicos

on] potest esse, car quomodo potest spiritalia gerere qui ipse amiseril Spirilum Sanclum ? Episl., lxx, 2 ; l’affirmation expresse de saint Augustin que le Saint-Esprit ou le donum graliæ, dont le Fils de Dieu reçut l’onction, visibili significatur unguento quo baplizalos ungit Ecclesia, De Trinitate, xv, 46 ; l’interprétation qu’en donne saint Ambroise : in sacerdolium ungimur gratia spiritali, voir plus loin ; l’explication de saint Isidore de Séville que, comme les autres sacramenta, ideo frucluose pênes Ecclesiam fil, quia sanctus in ea (Ecclesia) manens Spirilus eumdem sacramenti operatur ejjectum, Etym., vi, 19, 41, P. L., t. Lxxxii, col. 255, ou que per unctionem sanctificatio spirilus adhibetur, ibid., 51, col. 256 ; celle enfin, de saint Ildephonse de Tolède, qui résume toutes les autres, que le baptisé, au sortir de l’eau, provehitur ad sancti chrismatis laclum, ut unguatur Spirilu Dei et sit alqur vocetur ex Christi unctione et nomine christianus. De cognilione baplismi, 122, P. L., t. xcvi, col. 162.

YCelle onction est incontestablement rattachée au baptême. — Or, cette onction, dont l’usage est si ancien, qui touche aux traditions de l'Église universelle, qui compte parmi les sacramenta ou les sacrosancta signacula les plus vénérés ; dont la signification est si élevée, et à laquelle correspond une intervention si