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INTERPRETATION DE L’ECRITURE


eloqnia aliter atque aliter alius alque alius interprelatur, ut pêne quoi homines sunt, tol illius sententiee erui posse vtdeantiir et il nomme les hérétiques Novatien, Sabellius, Donat, Arius, Eunomius, Macedonius, Photius, Apollinaire, Priscillien, Jovinien, Pelage, Célestius, enfin Nestorius, qui interprètent diversement l'Écriture en faveur de leurs erreurs. Il en tire cette conclusion : Alque idcirco mullum necesse est, propter tanlos tam varii erroris anfractus, ut prophelicse et apostolicae interpretationis linea sccunditm ecclesiastici et catholici sensus normam dirigatur. In ipsa item catholica Ecclesia magnopere curanduni est ut id teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est. C’est le propre des catholiques de suivre cette règle célèbre dans l’interprétation de l'Écriture. Commonitorium / « " », n. 2, P. L., t. l, col. 640.

Les théologiens n’ont pas manqué, à l’occasion, de soumettre l’interprétation de l'Écriture à la règle de la foi et à l’autorité de l'Église. Durand de Saint-Pourçain contient cette interprétation dans une juste mesure : videlicet, ut non subtruhatur fidei, quod sub fide est, nec attribuatur fidei illud, quod sub fide non est. Utroque enim modo mensura fidei exceditur et a continent la sacrée Scripturæ, quæ fidei mensuram exprimit, deuiatur. Aussi avec l’aide de Dieu, il veut suivre cette manière d’agir, il n'écrira ni n’enseignera rien qui soit en désaccord avec l'Écriture et parce que l’interprétation des passages douteux de l'Écriture appartient à l'Église catholique romaine, il lui soumet son livre et tous ses autres ouvrages. In IV Sent., præf., où il traite de l’excellence de l'Écriture, Lyon, 1563, fol.

Alain de Lille attribuait au souverain pontife le pouvoir et le droit d’interpréter l'Écriture. Pour lui, le royaume des deux, dont parle l'Évangile, représentait quatre choses différentes, le Christ, l'Écriture sainte, l'Église et la vie éternelle. Or, les clefs qui ouvrent le royaume des cieux ont été confiées à Pierre. De mêmeque Pierre ouvre aux âmes laporte du royaume des cieux, ainsi leur ouvre-t-il la seconde porte des cieux, c’est-à-dire l'Écriture. Et comment le souverain pontife le fait-il ? D’une manière pratique plutôt que théorique, en exerçant son autorité sur les consciences. Ainsi en absolvant un pénitent, en remettant la peine due au péché, il montre le nombre des péchés et aussi la convenance et la différence des péché ; pour faire comprendre ainsi l'Écriture. Sent., n. 127, P. L., t. ccx, col. 245.

Gerson tenait l'Écriture comme une règle de la foi, contre laquelle l’intelligence humaine ne peut raisonner. Cette règle est commune aux catholiques et aux hérétiques. Les livres de l’Ancien Testament ont été interprétés dans le Nouveau par des hommes, qui n’avaient pas seulement l'érudition humaine, mais encore, la révélation divine et l’inspiration du Saint-Esprit. Il faut recourir à ces interprètes et aux docteurs postérieurs, remarquables par la doctrine et la piété, si l’on veut bien interpréter l'Écriture. L’explication de celle-ci donnée pernoye/Zos/ ! om(ne5 d’après les seules formules scripturaires et sans recours aux explications précédentes, est pleine de périls et de scandales. De là sont venues et croissent chaque jour les erreurs des Béghards, des Pauvres de Lyon et autres hérétiques semblables, dont beaucoup sont des laïques, n’ayant qu’une traduction de la Bible en langue vulgaire. Scriptura sacra in sui receptione et expositione authentica finaliter resolvitur in auctoritatem, receptionem et approbationem universalis Ecclesiæ, præsertim primitivæ, quæ recepit eam et ejus intellectum a Christo, siue Spiritu Sancto in die Pentecostes et alias pluries. Contra hæresim de communione laicorum in utraque specie. Opéra omnia, Anvers, 1706, 1. 1, p. 457 sq.

Les sectes du xve siècle, les wycliffistes, les lollards et les hussites, ainsi que tous les précurseurs de la

Réforme professaient strictement et pratiquaient le principe de l'Écriture, seule règle de la foi, et déclaraient qu’il fallait rejeter tout ce que les Pères avaient pensé et dit en dehors de l'Écriture et qu’on devait condamner ce que le pape et l'Église enseignaient, si cela n'était prouvé par l'Écriture. L’interprétation de la Bible par elle-même et par elle seule avait produit une telle variété de sens que le fameux prédicateur strasbourgeois, Geiler de Kaisersberg, comparait l'Écriture à un nez de cire, auquel on donne toutes les formes. Cet abus d’interprétations libres n’avait fait que se propager au début du xvie siècle. Catholiques et protestants entendaient le texte sacré chacun à sa guise et sans règle comme sans autorité. Le concile de Trente eut, en 1546, à s’en préoccuper et à réagir là-contre, d’après les principes catholiques.

Le 8 avril 1546, à sa IV « session, le concile de Trente promulgua un décret De editione et usu sacrorum Librorum. Après le début du décret, qui déclarait la Vulgate authentique, le concile ajoutait, au sujet de l’interprétation de l'Écriture :

Præterea, ad coercenda petulantia ingénia, decernlt (sancta synodus) ut neino suse prudentiae innixus, in rébus fidei et morum ad aedificationem doctrinas christianse pertinentium, sacrani Scripturam ad siios sensiis contorquens, contra eum sensum, quem tenuit et tenet sancta mater Ecclesia, cujus est judicare de vero sensu et interpretatione Scripturarum sanctarum, aut etiam contra unanimem consensum Patrum, ipsam Scripturam sacrani interpretari audeat, etianisi hujusmodi interpretaliones nuUo unquam tempore in lucem edendæ forent. Qui contravenerint, per ordinarios declarentur, et pœnis a jure statutis puniantur.

En outre, afin de contenir les esprits insubordonnés, le saint concile décrète que, sur les choses de la foi et des mœurs qui rentrent dans l'édifice de la doctrine chrétienne, personne n’ose, appuyé sur sa propre science, plier l'Écriture à ses propres sentiments et l’interpréter contrairement au sentiment qu’a tenu et que tient notre sainte mère l'Église, à qui il appartient de juger du vrai sens et de l’interprétation des saintes Écritures, ou même contrairement au consentement unanime des Pères, alors même que ces interprétations ne devraient jamais être publiées en aucun temps. Les contrevenants seront dénoncés par les ordinaires et punis des peines établies par le droit.

Denzinger-Bannwart, Enchiridion, 1921, n. 786 ;

Dans la profession de foi dite de Trente, que Pie IV publia, le 13 novembre 1564, dans la bulle Injunctum nobis, ce pape introduisit, sous une forme positive, la doctrine que le concile avait énoncée sous forme négative.

Item, sacram Scripturam juxta eum sensum, quem tenuit et tenet sancta mater Ecclesia, cujus est judicare de vero sensu et interpretatione sacrarum Scripturaram, admitto, nec eam unquam, nisi juxta unanimem consensum Patrum accipiam et interpretabor.

De même, j’admets la sainte Écriture selon le sens, que la sainte mère Église a tenu et lient, elle dont c’est le droit de juger du vrai sens et de l’interprétation des saintes Écritures, et je ne la recevrai et interpréterai jamais que selon le consentement unanime des Pères.

Denzinger-Bannwart, n. 995 ;

Le décret du concile de Trente, dont nous expliquerons le sens plus loin, fut renouvelé et précisé par le concile du Vatican. Dans le § 4 « du c. ii. De reuelatione, de la constitution dogmatique Dei Filius, promulguée à la IIP' session, le 24 avril 1870, on lit :

Quoniam vero, quæ sancta Tridentina synodus de interpretatione divinæ Scripturæ ad coercenda petulantia ingénia salubriter decrevit, a quibusdamhominibusprave exponuntur, nos idem

Mais parce que ce que le saint concile de Trente a salutairement décrété sur l’interprétation de la divine Écriture pour contenir les esprits insubordonnés, a été mal expliqué par quelques