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INSPIRATION DE L’ECRITURE — INTEMPERANCE


pose en principe que l’cneur, non seulement tn matière de foi et de mœurs, mais encore en matière de sciences et d’histoire est incompatible avec l’inspiration, car toute parole de l'écrivain sacré doit être tenue pour parole de Dieu, et précisément selon le sens que l’hagiographe a voulu exprimer et a exprimé. Il est parfois difficile d’appliquer ce principe au texte sacré, mais il faut le retenir absolument et s’en servir comme de tessère pour écprter tout sens qui aboutirait à attribuer une erreur à l'écrivain sacré. Notre théologien indique de bonnes règles pour déterminer le sens objectif que l’hagiographe a voulu exprimer. Mais il ne me paraît pas qu’au sujet du manteau, laissé à Troas, il y ait lieu d’imaginer l’hypothèse suivant laquelle saint Paul se serait trompé, en écrivant ce détail ; c’est assez d'étudier les cas réels sans s’occuper des cas chimériques. J’en dirais autant de la distinction établie entre le sens de l’homme et le sens objectif de l'écrivain ; celui-ci nous pouvons le déterminer d’après son texte ; l’autre nullement ; nous ne savons rien de ce qui, vrai ou faux, pouvait être dans l’esprit de l'écrivain sacré, au moment où il écrivait. L’interprète catholique ne doit donc reconnaître aucune erreur formelle de l'écrivain, tant dans les textes qui concernent la foi, les mœurs, que même dans les passages historiques. Il se souviendra pourtant que, dans ces derniers, l’hagiographe apu, dans sa manière déparier, s’accommoder davantage au langage courant de son temps. Mais l’histoire racontée doit toujours être vraie au sens où elle est racontée. L’auteur traite brièvement des dicta aliorum, des citations de l'Écriture et des documents utilisés, des fables comme genre littéraire. Au sujet des passages où l’hagiographe parle de sa personne, de ses sentiments, des mouvements de son âme, des préceptes ou des conseils qu’il donne, il faut distinguer, nous dit-on encore, entre Vécrivain et l’iionimc. Ce que dit l'écrivain est divin et par conséquent vrai et divin. S’il rapporte seulement ce qu’il a dit, ce qu’il a fait ou ressenti, il suffiL de tenir son récit comme vrai et honnête. D’autres cas du même genre conviennent plutôt à l’herméneutique qu'à la théologie de l’inspiration. De Scriptura sacra, Paris, 1910, p. 144-158.

Dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, Paris, 1911, t. ii, col. 759-787, le P. A. Durand, a longuement parlé de l’incrrunce biblique au point de vue apologétique. Avant de donner les renseignements que nous avons déjà signalés au sujet des rapports de l’inerrance avec les sciences physiques et l’histoire, il avait, au préalable, exposé l'état de la question et des principes et procédés généraux de solution des difficultés que présente le texte sacré à ce double point de vue. Les principes et procédés généraux relèvent à la fois de la théologie et de la critique. Le théologien se borne à démontrer l’inerrance de la Bible, il laisse à l’apologiste le soin de montrer en détail qu’il n’y a pas d’erreur dans l'Écriture. Ces deux points de vue différents n’ont pas toujours été bien distingués, et, dans les temps modernes, des exégètes ont tenté de déterminer la nature del’inspiration, voir col. 2163, et parsuite des effets et conséquences d’après les textes eux-niênies. Le champ propre de l’exégèse déborde notre sujet. Les données rationnelles ont fourni la distinction de l’erreur formelle et de l’erreur matérielle, de l’expression et de l’assertion, celle-ci provenant seule du jugement de l’auteur et donnant à l’expression son sens réel et objectif. Les écrivains sacrés ne sont donc responsables que de leurs assertions, celles que Dieu a voulu leur faire exprimer par les termes employés, soit qu’ils parlent d' autrui soit qu’ils expriment leurs propres sentiments. Toutes ces précisions et d’autres encore tendent à mettre exactement au point cette importante, délicate et difficile question de l’inerrance bi blique. Les exégètes et les apologistes ont donc ainsi à leur disposition des principes solides et des procédés généraux, qui les aident à prouver, dans les cas particuliers, l’inerrance de la Bible, que le théologien a établie solidement sur la croyance perpétuelle et unanime de l'Église catholique.

Nous ne dresserons pas ici la liste des nombreux ouvrages qui traitent de l’inspiration et qui ont été cités au cours de l’article. Comme nous avons étudié chacune des questions distinctes suivant l’ordre historique, nous n’indiquerons que les ouvrages catlioliques, qui traitent de l’iiistoire de l’inspiration. Sans parler des monographies sur la doctrine de tel ou tel Père, qui ont été signalées à l’occasion, nous citerons : I^. Dausch, Die Schriftinspiration, cine biblischgescluchtliche Studie, Fribourg-en-Brisgau, 1891 ; Is..Mol7 : ey, Die Inspinilion der bl. Schi/ten in dcr Anscluunmg des Mittelaliers von Karl dem Grosse bis zum Konzil uon Trient, Munich, 1895 ; F. Leitner, Die prophctiscbe Inspiration, dans les Biblisclie Stiidicn, Fribourg-cn Brisgau, 1896, t. i, fasc. 4 et 5 ; Chr. Pesch, De inspiratione sacræ Scn’pfura', Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 11-375 ; cf. E. Mangenot, L’inspiration de la sainte Écriture (extrait de la Revue des sciences ecclésiastiques et la Science catholique, mai 1907), Arras, Paris, 1907.

E. M.NGENOT.

INTÉGRITÉ (ÉTAT D'). Ce terme est entendu diversement, dans un sens plus ou moins compréhensif, par les auteurs anciens et modernes. Jusque dans les derniers temps de la scolastique, il désigne tout l’ensemble des dons préternaturels accordés à nos premiers parents, avec ou sans la grâce sanctifiante. Dans l’opinion aujourd’hui communément admise de la grâce élevante octroyée à Adam dès l’instant de sa création, on ne la sépare pas d’ordinaire de cet ensemble. Quoique d’essence infiniment supérieure aux autres dons, la grâce primitive dans l’ordre de la réalité n’allait pas sans eux. Ce qui nous ramène au fond à l'état d’innocence. Voir Innocence (État d'). Au mot intégrité les modernes ont donné le sens particulier d’exemption de la concupiscence. Est-ce parce que la convoitise est-ce par quoi le désordre consécutif du péché s’accuse davantage, ou parce que l’immunité qui en préserve révélait d’une manière sensible l'état privilégié d’Adam ? La concupiscence s’entend ici dans sa relation avec l’ordre moral et non précisément au sens psychologique. C’est la tendance de l’appétit sensitif ou de toutes les passions à se porter vers le bien sensible avant et contre le jugement de la raison. Antérieurement à la chute, les sens ne subissaient que les mouvements autorisés par la raison et la loi morale. Ne pesant jamais sur les décisions de l’intelligence et de la volonté par l’attrait excessif des plaisirs sensibles, ils ne portaient pas au mal, ils ne retardaient pas d’accomplir le bien. Telle était l’harmonie parfaite de la raison et des puissances Inférieures, maintenue par le lien de la justice originelle, per justitiam originalem perfecte ratio continebal animæ vires. S. Thomas, Sum theol., P IL"', q. lxxxv, a. 4. C’est en ce bel ordre de la région basse de l'âme humaine que les modernes font consister plutôt l'état d’intégrité. Voir Concupiscence, t. iii, col. 803814.

Les ouvrages à consulter ont été signalés à la suite de l’art. Innocence (État d').

A. Thouvenin.

    1. INTEMPÉRANCE##


INTEMPÉRANCE., — fA^o/ion.— Entendue dans un sens large, l’intempérance est un défaut de mesure. On qualifiera d’intempérance de langage, des paroles prononcées sans retenue ni discernement ; d’une activité qui se répand sur tout, qui ne compte ni avec les obstacles ni avec les forces disponibles, on dira qu’elle est intempérante. Mais ce terme désigne très spécialement le vice opposé à la vertu de tempérance. Ce vice porte à rechercher, contrairement aux pre-