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INSPIRATION. DE L’ECRITURE


logétique est donc à rejeter absolument sous la forme générale qu’on lui adonnée. La théorie toutefois peut être légitimement utilisée dans quelques cas particuliers, non pas sans doute en vue d’harmoniser certaines divergences des livres historiques, mais au moins, ù titre d’hypothèse, dans les tableaux généalogiques de la Genèse, du début du I" livre des Paralipomènes et ailleurs. La forme spéciale, conventioimelle, hiératique de morceaux, que l’auteur met, pour ainsi dire, en marge ou en appendice de ses récits, permet suffisamment de les considérer comme des pièces reproduites à raison de l’intérêt général qu’ils avaient pour le peuple juif, mais sans contrôle et sans qu’on attribuât d’autre autorité que celle de la tradition ou des registres publics, d’oîi ils étaient tirés. Cette hypothèse serait peut-être légitime encore, si on l’appliquait, pour certaines informations chronologiques ou statistiques. L'É(jlise et la criliqiie biblique, p. 67-71.

Le P. Knabenbaucr en a fait l’application à certains récits des livres des Macchabées. Comment, in duos libros Mucchabworum, Paris, 1907, p. 273, 305306. Des théologiens, après Pesch, cité plus haut, ont admis la légitimité de son application dans une mesure restreinte. Van Noort, De fontibus revelationis, Amsterdam, 1906, p. 63-69 ; J. V. Bainvel, De Scriptura sacra, Paris, 1910, p. 147, 154-155. La dimculte d’application est d’ordre pratique : à quels signes certains peut-on reconnaître qu’un écrivain sacré a cité tacitement un document profane, sans lui donner la garantie de son inspiration ? Au si les exégètes catholiques sont-ils rarement tombés d’accord dans l’emploi de la théorie. Cf. A. Durand, art. Inerrance biblique, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. II, col. 781-782.

Quelle attitude l’autorité ecclésiastique a-t-elle prise à ce sujet depuis le décret précité de la Commission bibhque ? On a remarqué un blâme discret de la théorie des citations iinplicites dans l’encyclique Pascendi de Pie X contre les erreurs des modernistes. Après avoir dit que les modernistes affirmaient que rien dans la Bible ne manquait de l’inspiration telle qu’ils l’entendaient, le souverain pontife ajoute : Quod cum affirmant, magis eos crederes orthodoxes quam recenliores olios, qui inspirationem aliquantum coanguslant, ut exempli causa, cum tacitassic dictas citationes invehunt. Sed hsec illi verbo tenus et sttnulalc. Denzinger-Bannwart, n. 2090. Pie X déclare ironiquement moins orthodoxes que les modernistes les catholiques plus récents qu’eux, qui restreignent l’inspiration à une partie de la Bible par le moyen de ce qu’ils appellent les citations tacites ? Veut-il dire que l’admission des citations tacites aboutit toujours et nécessairement à la limitation de l’inspiration biblique ? Cela est peu vraisemblable car il ne semble pas que le pape ait voulu déroger au décret de la Commission biblique qui admet la légitimité des citations bibliques dans des cas . particuliers, où sont remplies les conditions déterminées.

Dans l’encyclique Spiritus Parctclitus, Benoît XV a reconnu, du reste, la justesse de ce principe dans certains cas et n’a réprouvé que les abus de la théorie. « Il est encore, dit-il, (en dehors de ceux qui contestent l’historicité des récits sacrés, reproduisant seulement les croyances populaires du temps), une autre catégorie de déformateurs de l'Écriture sainte : nous voulons dire ceux qui, par abus de certains principes, justes du reste s’ils sont renfermés dans certaines limites, en arrivent à ruiner les fondements de la véracité des Écritures et à saper la doctrine catholique transmise par l’ensemble des Pères. S’il vivait encore. Saint Jérôme dirigerait à coup sûr ses traits acérés contre ces imprudents qui, au mépris du sentiment et du jugement de l'Église, recourent trop aisément au système

qu’ils appellent système des citations implicites ou des récits qui ne seraient historiques qu’en apparence ou qui prétendent découvrir dans les Livres saints certains genres littéraires inconciliables avec l’aljsohie et parfaite véracité de la parole divine, ou qui, sur l’origine des livres bibliques professent une opinion qui ébranle ou même réduit à néant leur autorité. » A c/a apostoUcse Scdis, 1920, t. xii, p. 397. Ces derniers mots visent d’autres erreurs que celles dont nous nous occupons présentement. Quant au système des citations implicites, il n’est réprouvé que dans ses abus et dans ses conséquences, contraires à la véracité absolue et parfaites des Livres saints. La distinction des genres littéraires de la Bible n’est elle-même condamnée que j quand elle imagine certains de ces genres, qui sont 9 inconciliables avec cette véracité. ^

Exposés théologiques.

Après que les discussions, précédentes furent assoupies, après que les opinions _ nouvelles eussent été réprouvées ou endiguées par S l’autorité ecclésiastique les théologiens catholiques m en tinrent compte et établirent plus clairement l’inerrance de la Bible.

Si le P. Pesch, comme nous l’avons vii, a discuté longuement les opinions modernes, le futur cardinal Billot s’est tenu davantage dans la sphère des principes théologiques pour expliquer l’inerrance biblique. A son jugement, l’inerrance iibsolue de l'Écriture est un dogme très ferme de l'Église catholique, bien qu’il ne soit défini ni par un concile ni par un souverain pontife. Elle a toujours été clairement et universellement affirmée par les Pères et docteurs et le sentiment des fidèles y adhère pleinement. L’admission d’erreurs dans la Bible a été notée d’hérésie. Le P. Billot rejette ensuite énergiquement l’inspiration économique, imaginée par M. Loisy, et la restriction de l’inspiration et de ses effets aux vérités concernant la foi et les mœurs. Il examine les causes qui ont provoqué cette fausse opinion, il discute les arguments invoqués par ses tenants, et il conclut avec raison qu’elle a été condamnée expressément par Léon XIII dans l’encyclique Providentissimus Deus. C. iii, p. 96-116. Le c. iv, p. 117-139 est consacré aux opinions récentes sur les formes littéraires de la Bible. Des systèmes différents sont exposés pêle-mêle : l’admission de mythes, de citations implicites de faux documents, de fictions et d’accommodations artificielles d'événements historiques, sans détriment de l’inerrance, si on tiem, compte des formes littéraires des anciens livres, aux diverses époques de l’antique Orient, p. 117-126. La réfutation qui suit, très animée et plus convaincue que convaincante, répond uniquement à un seul genre littéraire dit primitif-mythique ou historico-oriental, extrait de quelques plirases de M. Loisy. Les explications des critiques modérés, sans aucunes références, manquent de précision. Au jugement du théologien, l'Écriture est un genre littéraire singulier, transcendant ne pouvant être comparé avec aucun autre. Deux arguments suffisent à réfuter tous les novateurs. A priori, il est digiie de Dieu que les livres, dont il est l’auteur principal, manifestent dans leur manière de parler quelque chose qui leur soit propre et qui ne se trouve pas dans les autres livres. A posteriori, la Bible, défait, ne peut être comparée, même de loin,

aucune autre littérature, beaucoup moins encore

à la littérature de Babylone, à laquelle on l’assimile. Plus sévère que la Commission biblique, qu’il ne cite pas, plus sévère que Benoît XV, lui-même, le P. Billot condamne absolument la théorie des citations implicites et n’admet pas son application à des cas particuliers.

L’enseignement du P. Bainvel sur l’inerrance biblique est bien plus nuancé, parce qu’il distingue mieux les systèmes modernes. Avec tous les catholiques il