Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/505

Cette page n’a pas encore été corrigée
2259
2200
INSPIRATION DE L’ECRITURE


pas, dans l’hisloire biblique, des récits rédigés selon les apparences historiques. Il distingue d’abord la vérité des Livres saints et l’omniscience divine. La vérité divine y est transmise par des hommes. Certains auteurs en concluent qu’elle n’est pas absolue, mais relative seulement. Cette manière de parler est ambiguë. Dieu seul conwaît la vérité absolue au sens plénier du mot. Toutefois la connaissance humaine est dite elle-même absolument vraie, quand elle ne diffère aucunement de la vérité objective, non seulement dans les axiomes mathématiques et philosophiques, mais même en histoire. La vérité humaine est donc absolue toutes les fois que les termes expriment exactement l’ordre ontologique. D’autre part, la vérité relative est ou bien celle qui mêle le vrai et le faux, ou bien celle qui n’est qu’approximative ou encore celle qui n’est vraie que sous un rapport. Un récit relativement vrai rapportera exactement la substance du fait, mais non toutes ses circonstances, n’en relatera qu’une partie peut-être encore approximativement ou avec des sous-entendus. Or, la vérité biblique n’est pas toute la vérité possible en tout ordre de choses. On peut dire qu’elle est absolument vraie puisqu’elle n’exprime aucune erreur formelle et que les erreurs matérielles qu’elle contient ne sont que les mensonges qu’elle rapporte. Cette vérité absolue ne signifie pas que l'Écriture contient toute la vérité révélée, à plus forte raison toute la vérité rationnelle.

Ainsi l’histoire biblique est relativement vraie, en ce qu’elle ne rapporte pas tout ce que les hommes d’alors et les hagiographes eux-mêmes connaissaient. Les hagiographes n’ont écrit que ce que Dieu voulait leur faire écrire. Elle est encore relativement vraie, en ce que ses auteurs ont employé des locutions indéterminées ou sommaires. Enfin, elle l’est encore en ce que certains auteurs, comme celui du II livre des Macchabées n’ont eu l’intention de rapporter que ce qu’ils trouvaient dans certaines sources, qu’ils jugeaient véridiques. Ce nonobstant, l’histoire sainte est une histoire vraie. On ne lui attribue pas quelque fausseté, en disant que la substance des faits est vraie, quoique la manière de les écrire soit celle des temps anciens, non celle des historiens modernes. Ainsi les hagiographes ont attribué anthropomorphiquement à Dieu des paroles qu’il n’a pas prononcées, mais qui expriment sa volonté, les évangélistes n’ont pas reproduit textuellement les di'-cours de Notre-Seigneur, ils en ont rendu le sens. Ibid., p. 524. 528. De ces principes, le P. Pesch conclut que les hagiographes, n’ont reproduit ni légendes ni mythes, p. 528-531. Il admet donc la vérité historique de toute l'Écriture.

Rendant compte de la discussion, soulevée par Mgr Egger, Absolute und relative Warhheit der heiliijen Schrift, Brixen, 1909, et reprise par M. Holzey, Fanfundsiebzig Punkle ziir Beankvorluny der Frage : Absolute oder relative Wahrheit der heiligen Schrift ? Munich, 1909, M. N. Peters a jeté dans le débat pour sa part, un certain nombre de textes de saint Jérôme, qui recourt à l’allégorie pour expliquer des passages historiques de la Bible, qui admet la fabula Samsonis et les fabulæ Suzanna : Belique ac draconis, qui reconnaît l’existence d’erreur même dans les Evangiles et dans les j^ctes (voir plus haut, col. 2213), qui pose la loi de raconter l’histoire d’après les opinions du temps, enfin qu’il y a dans l'Écriture beaucoup de contradictions insolubles, Tlteologische Revue, 12 juillet 1910, col. 329-335. Le doctor maximus in interpretanda Scriptura serait donc ainsi un partisan de la vérité relative seulement de l'Écriture.

l'^n comparant la vérité et l’erreur comme principes de solution des difficultés scripturaires le P.Durand a f ai l justement observer qu’en matière d’inerrance biblique on ne peut se contenter des notions sommaires de ces

termes. Une analyse plus pénétrante est nécessaire ; mais les théologiens n’ont pas encore réussi à employer une terminologie uniforme et ils ne donnent pas tous le même sens au terme : vérité relative qu’ils emploient. Le P. Pesch l’entend d’assertions qui, à un titre ou à un autre, n’expriment qu’imparfaitement la vérité. Prœlecliones dogmuticee, t. i, n. 629. De inspirotione sacræ Scriptura-, p. 527-528. Le P. Prat, Etudes, 5 novembre 1902, p. 302, et le P. Brucker, ibid., 20 janvier 1903, p. 232, disent que le terme de relatif, quand il s’agit de vérité, n’est qu’un euphémisme pour désigner l’erreur. La vérité relative, c’est-à-dire proportionnelle et économique, comme l’entendait M. Loisy est condamnée à juste titre : c’est le principe de Renan que la vérité d’aujourd’hui est l’erreur de demain. Les exégétes progressistes, qui ne voient l’erreur que dans l’erreur formelle, reconnaissent, dans la Bible, des erreurs ou inexactitudes purement matérielles, que ni les hagiographes, ni l’esprit inspirateur n’ont voulu enseigner et qui, par suite, ne sont pas imputables à la Bible. Le. P. Pesch lui-même l’entend ainsi ; mais il n’en fait l’application qu’aux mensonges et aux erreurs simplement rapportés dans la Bible, (dicta alioruni), ce qui est assez impropre. Nous avons signalé des exégétes catholiques, qui admettent des erreurs purement matérielles dans la Bible sous le nom de vérité relative. Le P. Schifïïni a entendu cette expression dans le sens d’une assertion, dans laquelle riiagiographe mêlerait, per modum unius, le vrai et le faux. Divinitas Scripturæ, Trêves, 1905, p. 110. Tel n’est pas assurément le sens, donné par eux à ce terme, puisque, pour eux, l’erreur, pour être imputable aux hagiographes et à Dieu, devrait être formelle, et ils n’admettent pas de telles erreurs dans la Bible. Voir Inerrance biblique, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. ii, col. 766-767.

Toutefois, Benoît XV, dans l’encyclique Spiritus Paraclitus a déclaré qu’ils méconnaissaient la doctrine de l'Église, confirmée par saint Jérôme et les autres Pères, les critiques modernes « qui pensent que les parties historiques des Écritures s’appuient non point sur la vérité absolue des faits, mais seulement sur leur vérité relative, comme ils disent, et sur la manière générale et populairedepenser. » Acta apostolicœsedis, 1920, t. XII, p. 395. Le souverain pontife vise bien ici, non seulement la théorie moderne des apparences extérieures, appliquées à l’histoire, qui admet implicitement la vérité seulement relative des Écritures, mais encore et premièrement, celle qui emploie explicitement cette expression, en l’entendant d’erreurs au moins matérielles, existant dans l'Écriture (ce qu’exclut le P. Pesch). Le sens de la condamnation p ?raît être que la distinction entre vérité absolue et vérité relative dans la Bible ne peut être employée pour résoudre les problèmes critiques, que soulève le texte sacré. "Ces problèmes doivent être résolus par d’autres procédés. Ainsi, Benoît XV ne semble pas admettre dans la Bible, d’erreurs, même simplement matérielles. La doctrine de l'Église sur l’inerrance bibhque, confirmée par le doctor maximus lui-même, qu’on se plaisait à citer en sens contraire, s’y oppose.

4. Citations implicites ou tacites de documents non inspirés. — A côté des citations expresses ou explicites des paroles d’autrui, qu’on a toujours remarquées dans la Bible et pour lesquelles on n’exige de l’hagiographe que la fidélité du rapporteur et non pas nécessairement et dans tous les cas l’approbation des choses dites, n’y aurait-il pas lieu de reconnaître d’autres citations, tacites celles-ci et implicites, de documents entiers, de pièces étrangères, intégralement reproduits ? Le P. F. Prat a posé le premier la question, et il a conclu à l’affirmative. A une époque où la propriété littéraire était ignorée, l’emprunt était fait sans