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INSPIRATION DE L’ÉCRITURE


mon, dans lequel saint Jérôme dit qu’il n’est pas possible que quelqu’un croie au créateur, tant qu’il ne croit pas ce que l’Écriture contient au sujet de ses saints, et où, après avoir fait une longue série de citations de l’Ancien Testament, il conclut : « Quiconque refuse d’ajouter foi à tous ces faits et aux autres sans exception rapportés au sujet des saints ne pourra croire au Dieu des saints. » In Epist. ad Philem. 4 {P. L., t. XXVI, col. 609.) Ainsi saint Jérôme est-il d’accoi’d avec saint Augustin, qui assure la vérité de tout ce que l’Écriture raconte au sujet d’Hénoch, d’Élie, de Moïse, aussi bien que de l’incarnation du Verbe. Contra Faustum, t. XXVI, c. iii-vii, P. L., t. xi.ii, col. 450-454. Acta apostolicæ sedis, 1920, t. xii, p. 395-397.

3. Vérité relative de l’Écriture.

La théorie des apparences historiques admettait implicitement que l’Écriture n’avait pas une vérité absolue, mais seulement une vérité relative. D’autres exégètes distinguaient expressément ces deux genres de vérité et n’attribuaient à la Bible qu’une vérité relative. Voir Gôlsberger, col. 2250.

La théorie sur la vérité relative de l’Écriture, que M. Loisy avait exposée en 1893, avant la publication de l’encyclique Providentissimus Dens de Léon XIII, avait été condamnée par Pie X, en 1907, dans le décret I.amentabili, a. 58, comme application de ce principe général : Veritas non est imniulabilis plus quam ipse homo, quippe quæ cum ipso, in ipso etperipsum evolvitur, Denzinger-Bannvvart, n. 2058, et aussi dans une de ses conséquences particulières en tant qu’elle restreignait l’inspiration àunepartiedeIaBible.Voircoi.2 192. En 1903, dans les Notes de ses Études bibliques, M. Loisy déclara que Léon XIII, en enseignant l’immunité totale d’erreur dans la Bible, n’avait ni augmenté ni diminué la liberté des exégètes catholiques, p. 38, note 2. Il usait donc de cette liberté pour maintenir son opinion sur la vérité relative de l’Écriture. Il constatait cette relativité, non seulement en ce que les écrivains sacrés disent du système du monde, conformément à la science de leur temps, p. 51, note, mais encore dans l’histoire biblique, qui n’a pas une exactitude absolue. Les livres de la Bible sont adaptés aux conditions historiques de leur temps. De ce fait résulta nécessairement l’existence dans ces livres d’un élément relatif, dont il ne faut ni exagérer ni contester l’importance au point de vue de l’interprétation. Tous les récits vraiment historiques de la Bible sont historiquement vrais, dit le P. Lucas, jésuite anglais, The Guardian, 25 avril 1894. Mais on pourrait en trouver d’autres, qui seraient rédigés conformément à une façon de parler et ne seraient pas rigoureusement vrais, p. 52, note. Des exemples sont indiqués dans la note de la page 57. Léon XIII n résolu la ciucstion théoloqiquc, la question économicue, qui est la véritable question biblique reste posée. C’est à l’exégèse qu’il appartient de fixer l’élément relatif de la Bible, ce qui est délicat et difficile.

Le P. Zanecchia, qui, avec Léon XIII et l’opinion commune des catholiques, admettait l’étendue de l’inspiration à tout le contenu de la Bible, prétendait cependant que, pour résoudre toutes les difficultés soulevées contre les Livres saints, à la suite des progrès faits dans l’étude des sciences naturelles et de l’histoire ancienne des Égyptiens et des Assyriens, il ne fallait pas perdre de vue le caractère à la fois divin et humain de ces Livres. Les hagiographes, même inspirés par le Saint-Esprit, restaient des hommes et écrivaient sous l’inspiration divine pour se faire comprendre des hommes auxquels ils destinaient leurs ouvrages, par conséquent à la manière humaine. L’enseignement divin qu’ils donnaient gardait nécessairement les caractères de leur esprit, de leur culture et de

leurs dispositions individuelles et elle reflétait les connaissances scientifiques, les traditions, les légendes, etc., telles qu’elles existaient alors dans leur milieu. Quoiqu’il soit aujourd’hui difficile de connaître exactement toutes ces circonstances de la composition des Livres saints, la solution des difficultés dépendra au moins toujours de ce principe général qu’il faut interpréter l’enseignement divin d’après l’intention et la volonté qu’ont eues les hagiographes d’enseigner, car Dieu enseigne ce que les écrivains sacrés ont eu l’intention et la volonté d’enseigner eux-mêmes, c’est pour cela qu’il les inspirait. Or tout ce qu’ils enseignent est réellement inspiré et vrai, non pas toutefois absolument et de toutes manières, mais de la manière dont ils l’ont entendu et enseigné. Par suite, la simple présence d’une assertion dans la Bible ne fait pas que cette assertion soit inspirée et vraie telle qu’elle est littéralement énoncée, il faut rechercher si l’hagiographe l’enseigne réellement ou bien s’il en J use seulement pour enseigner la vérité qu’il a conçue t| et voulu écrire sous l’inspiration divine. Dans le premier cas, l’assertion est absolument et intrinsèquement inspirée et vraie, telle qu’elle est exprimée littéralement, dans le second cas, elle est seulement inspirée et vraie relativement, c’est-à-dire par rapport à la vérité que l’hagiographe entend et veut enseigner par son moyen. Ainsi l’écrivain sacré se sert-il de paraboles, de métaphores, de légendes ou de récits, destinés à enseigner une vérité concernant la foi ou les mœurs, ces paraboles et ces récits, quoique présentés par lui comme des histoires n’ont pas la vérité d’histoires, puisqu’il n’a pas l’intention de les enseigner comme des histoires considérées en elles-mêmes et absolument mais qu’il s’en sert pour enseigner la vérité qu’il a conçue et qu’il a l’intention d’enseigner. Par suite, ces récits ne sont pas l’objet de son enseignement ; ils sont seulement un moyen ou une manière d’instruire, et ils ne sont pas enseignés comme des histoires quoiqu’ils soient tels dans le texte, ni comme des histoires inspirées. Ils n’ont pas non plus de vérité historique ; ils ont seulement la vérité relative aux choses que l’hagiographe a en vue, qui sont inspirées par Dieu et qui sont transmises par l’un et par l’autre.

Ce qui vient d’être dit des métaphores, des récits fictifs et des locutions figurées peut être dit, toute proportion gardée, des généalogies, des faits et des événements racontés, des personnes, des notions cosmographiques, astronomiques, physiques, etc., et aussi des sources dans lesquelles l’hagiographe a puisé ses récits. Tout cela dépend uniquement de l’intention de l’écrivain. Si dans les généalogies et la chronologie, il n’a pas en vue la généalogie immédiate des personnes, mais seulement leur dépendance généalogique, si dans ses recils il n’a pas l’intention de suivre l’ordre réel des événements, mais l’ordre qui lui paraît convenir mieux à la vérité qu’il a l’intention d’exprimer, il n’enseigne cependant pas de fausseté historique, et il n’y a pas ainsi d’erreur liislorique dans la Bible. Dans le premier cas, en elïet, l’écrivain n’a pas eu l’intention d’indiquer la génération immédiate de tous les personnages qu’il nomme. Ainsi saint Matthieu a omis trois rois entre Joram et Osias. Il est probable qu’il y a eu de pareilles omissions dans les généalogies des patriarches de la Genèse. Dans le second cas, l’hagiographe n’a pas eu l’intention de décrire les faits suivant Tordre réel des événements, comme saint Thomas le contaste pour Tordre des tentations de Notre-Seigneur, dans les Évangiles de saint Matthieu et de saint Luc. Sum. //ieo ;., IIIa, q. xli, a. 4, ad 51"n. L’ordre adopté par ces deux évangélistes était celui qui convenait à la vérité morale qu’ils voulaient enseigner.

On peut probablement en dire autant de quelques