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INSPIRATION DE L’ECRITURE


sistes s’appuient sur l’encyclique pour appliquer ce principe à l’histoire et aux autres sciences. Leurs adversaires pourraient bien avoir r ison contre eux, car l’encyclique ne le dit pas expressément. Mais l’application du principe à l’histoire scientifique va de soi et par suite l’aflirnialion de la valeur relative des énoncés scientifiques. « Ce serait un caprice de restreindre la relativité à la connaissance de la nature. « Le langage selon les apparences est de tous les temps, parce qu’il est conforme à la nature humaine, mais il s'étend à tous les genres de connaissance, et il faut le supposer dans tout genre de discours. Dieu a laissé les écrivains sacrés l’employer pour qu’ils fussent compris de leurs contemporains et de tous leurs lecteurs. Ce langage se rencontre donc dans beaucoup de pages de la Bible. Dieu aurait pu dicter une Écriture plus parfaite ; mais telle qu’elle est avec ses imperfections actuelles, l'Écriture est digne de lui ; Dieu a bien créé un monde imparfait. L’accommodation des Livres saints au sens apparent, à la manière de comprendre la nature, aux idées du temps, quelles que soient leurs imperfections et leurs inexactitudes, n’est pas incompatible avec la dignité de la parole de Dieu. Par suite, une plus grande liberté d’interprétation est laissée aux exégètes. L’encyclique Provideniissimus Deiis affirme l’inerrance complète de l'Écriture, et pourtant elle admet le langage conforme aux apparences. Les deux choses ne sont donc pas incompatibles, p. 244-250. Cf. Revue biblique,

1905, p. 622-623.

Dans un compte rendu de l’ouvrage du P. Fonck, M. Norbert Peters, de Paderborn, a trouvé l’explication du P. de Humineauler plus juste que celle de M. Gôttsberger. Léon XIII applique directement à l’histoire profane les quatre principes qu’il a établis pour l’interprétation des phénomènes naturels dans la Bible. Il y a, d’ailleurs, une analogie entre ces phénomènes et les faits historiques racontés selon les apparences extérieures. Theologische Revue, du 31 janvier

1906, col. 46-48.

De son côté, le P. Prat étend aux sciences historiques les principes admis pour les sciences de la nature. « L’analogie nous y invite et l’encyclique pontificale semble nous y autoriser ». La Bible et l’histoire, Paris, 1904, p. 27.

Cette analogie avait été expliquée plus clairement par M. Poels, professeur à l’Université catholique de Washington, dans The catholic University bulletin, janvier 1905, p. 59-60. Les trois principes, que Léon XIII avait énoncés dans l’encyclique Provideniissimus Deus au sujet des choses de la nature s’appliquent aussi à l’histoire. Dans les deux cas, fauteur parle le langage de son temps. L’auteur d’un livre quelconque doit nécessairement dans sa manière de parler des questions scientifiques suivre les opinions de sontemps, s’exprimer de façon que ses contemporains puissent le comprendre et dans les termes auxquels ils sont habitués. Ses affirmations, impliquées dans les expressions de sa génération, ne sont pas des affirmations personnelles, celles des écrivains inspirés comme tels, mais celles de leur temps ; elles représentent les opinions de leur génération. Appliquant ces principes à l’iiistoire, il faut dire que Dieu n’a pas voulu enseigner les choses historiques, qui ne sont d’aucune utilité pour le salut ; que l’interprétation des Pères dans des matières purement historiques n’afi’ecte en rien la liberté des exégètes catholiques modernes ; que le terme transferri, appliqué au principe : ea secutisunt quæ sensibiliier apparent, ne doit pas naturellement être entendu d’une façon mécanique. « Dans les matières historiques, les témoins oculaires sont les plus hautes autorités. Néanmoins, la distinction entre « apparence extérieure » et réalité dans l’histoire est claire. C’est la

distinction entre les faits et événements et les traditions ou sources. Au temps des historiens bibliques, les faits eux-mêmes qu’ils rapportent, ou du moins un grand nombre, d’entre eux, avaient disparu depuis longtemps. Ils ne pouvaient les percevoir, si ce n’est au moyen de sources écrites ou de traditions orales, qui sont les « apparences sensibles » de la réalité historique. Ce principe de l’encyclique appliqué à fhistoire n’est autre chose que ce que saint Jérôme nommait la loi de fhistoire. » Avant de reproduire la traduction de ce passage, la Revue biblique, 1905, p. 452-453, l’interprétait en ces termes : « Personne n’a songé à transporter dans le domaine de l’histoire une métaphore (celle des apparences) qui ne lui sied pas. Ses phénomènes affectent la vue et contituent une apparence ; l’historien écrit d’après le témoignage : ici il n’y v. plus, du moins en général, d’apparences proprement dites. Du sens de la vue on passe à celui de l’ouïe ; entre les deux lumières, il y a certainement analogie mais il a fallu tout le parti pris d’une critique passionnée pour prétendre qu’un exégète quelconque ait prétendu que toute l’histoire biblique était écrite selon les apparences. » C'était à peu près abandonner l’expression « apparences sensibles » même appliquée à une partie seulement de l’histoire biblique, expression d’ailleurs fort impropre et que Léon XIII n’avait pas employée, même indirectement, au sujet de fhistoire.

La polémique sur les prétendues « apparences sensibles » de fhistoire biblique, qui avait été si vive en 1904 et en 1905 cessa, si on omet la réponse tardive du P. Delattre à V Eclaircissement du P. Lagrange : Le critérium de la nouvelle exégèse biblique Liège, s. d. (1907). La commission biblicjue avait résolu négativement la question, dans son décret du 23 juin 1905. Au doute ainsi posé : Utrum admiiti possit tanquam principium recta^ exegeseos, sententia, quæ tenet sacræ Scripturæ libros qui pro historicis hubentur, sive lotaliter sive ex parte non historicmi proprie dictam et objective veram quandoque narrare, sed speciem tantum historiee prse se ferre ad aliquod significandum a proprie litterali seu historica verborum significatione alienum ? elle répondit : Négative, excepta tamen casu, non facile seu temere admittendo, in quo, Ecclesiæ sensu non refragante, ejusque salvo judicio, solidis argumentis probatur, hagiographum voluisse non veram et proprie dictam historiam tradere, sed sub specie et forma hisloriæ parabotam, allegoriam, vel sensum aliqnem a proprie litterali seu historica verborum significatione remotum proponere. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1980 ; Cavallera, Thésaurus, n. 104.

L’histoire biblique « selon les apparences » avait vécu. Aucun exégète « progressiste », à ma connaissance du moins, ne chercha plus à indiquer quelque passage historique de la Bible qui remplit les conditions posées par la Commission biblique. Il ne restait plus qu'à discuter les trois arguments, que les tenants de l’histoire biblique « apparente » avalent invoqués en faveur de leur sentiment. Le P. Brucker l’avait fait avant la décision de la Commission biblique. L'Église et la critique biblique, p. 54, 65. Le P. Chr. Pesch. réfuté cette opinion par morceaux : en expliquant que la vérité de f Écriture est avant tout logiciue et conforme à la vérité objective de ce que les hagiographes ont compris et voulu écrire. De inspiratione sacrss Scripturec, p. 503-504 ; qu’il y a une différence entre les phénomènes de la nature et les faits hi< ; toriques, où il interprète la fameuse transition de l’encyclique Provideniissimus Deus, en ce sens qu’il faut résoudre les objections tirées de l’histoire, comme le pape a dit de résoudre les difficultés provenant des sciences physiques, c’est-à-dire sans restreindre nullement l’inspiration biblique, p. 519-528 ; enfin, en prouvant que