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IMPOSITION DES MAINS


apôtres, l’imposition des mains est mentionnée partout comme le rite propre de la collation du Saint-Esprit. TertuUien, saint Cyprien, l’auteur du De rebaptismate, saint Jérôme affirment expressément que par elle le Saint-Esprit est donné aux baptisés. Voir col. 1 320 sq. Saint Augustin, qui en parle fréquemment, par exemple, De baptismo contra donatislas, m, 16, 21 ; ꝟ. 20, 28 ; In IJoa., tr.VI, 10 ; De Trinilale, XV, 26, 46 ; Serm., cclxix, 2 ; cclxvi (dans ce sermon, l’imposition des mains revient 17 fois, comme expression technique de la confirmation), va jusqu'à dire que, depuis les apôtres, jam in neminem venil, (Spiritus SanclLis) nisi fiiissct manus imposila, 6, P. L., t. xxxviii, col. 1227. Personne, du reste, ne le conteste : c’est à raison de l'évidence de ce fait que, tout en considérant l’onction comme la seule matière du sacrement, les partisans de l’opinion commune sont obligés d’y reconnaître une imposition des mains.

h) Constatations liturgiques. — Et les descriptions qui nous restent de l’ordre dans lequel se succédaient les cérémonies du baptême et de la confirmation aux premiers siècles sont en parfait accord avec les affirmai ions des écrivains ecclésiasliques Un couj) d'œil jeté sur le tableau suivant, col. 1351-1354, suffit à le rendre manifeste. Ce n’est qu’une réduction d’un tal’leau plus développé inséré dans la Revue d’I^isloire eaiésiastiquc de Louvain, 1912, t. xiii, p. 300-301 ; mais tel quel il permet de constater la distinction dans les cérémonies de l’initiation chrétienne en Occident de deux j^rands groupes de rites et la présence conslanle de l’imposition des mains dans celui qui correspond au sacrement de confirmation. La liturgie romaine y est représentée sous sa forme la plus récente l)ar VOrdo Vil de Mabillon et par le Sacramentaire qregorien, sous sa forme la plus ancienne par la pièce liturgique jadis appelée Constitution ecclésiastique éfjfipticnne, et qu’il faut désigner aujourd’hui, depuis la démonstration de dom Connolly, sous le nom de Tradition apostolique de saint Hippolyte. Voir t. vi, col. 2502-2504. Le De baptismo de TertuUien nous renseigne sur l’usage africain au début du ni'e siècle et le Dr mysteriis de saint Ambroise sur celui de Milan au iv siècle. L’usage espagnol ou plutôt wisigothique est représenté par le Liber ordinum de dom Férolin et par quelques extraits du De officiis ecclesiasiicis de saint Isidore de Séville. Pour l’usage suivi en Gaule avant l’introduction de la liturgie romaine, nous n’avons que les missels dits sacramentaires pallicans. Mais ici, on le voit tout de suite au tableau, le parallélisme rituel avec les autres Églises d’Occident est restreint aux cérémonies proprement baptismales. Nous aurons plus loin l’explication de cette anomalie ; ces missels n’ont pas les cérémonies de la conlirmation et l’absence constatée ici de l’imposition des mains confirme donc plutôt la constatation faite l)arloul ailleurs que ce rite faisait partie en Occident <le la collation du Saint-Esprit. On donnera d’ailleurs plus loin d’autres preuves de ce fait pour Milan et pour rr- ; spa'-'ne, col. 1303 et pour la Gaule, col. i :)64.

2. Cette impositiondes mains a été considérée longtemps comme le seul rite propre et essentiel de la collation du Saint-Espril. — Cette collation, caractéristique du sacrement de confirmation, n’a pas été altribuée aux premiers siècles dans l'Église latine à une onction, comme on l’admet communément. Pour en faire la preuve, il importe de ne pas se borner à relever chez les auteurs des premiers siècles des formules analogu^-s aux formules actuelles, mais de regarder si les réalités visées par eux et par nous sont bien les mêmes.

a) Quatre faits dont l’oubli produit la eonjusion en cette matière. — a. Le rôle du Saint-Espril à tous

les moments de la justification. — Ce n’est pas seulement au moment de la confirmation que le Saint-Esprit prend possession des âmes ; bien avant de descendre en elles avec la plénitude de ses dons, il y est venu préparer et accomplir la transformation radicale qui rend aux fils adoptifs de Dieu leur ressemblance primitive avec leur Père céleste. Dès avant le baptême, il est question de cette intervention, effusion ou con ignation du Saint-Esprit. h’Explanatio symboli ad compétentes, attribuée à Nicitas, dit, en commentant l’article sur le Saint-Esprit : Ipso tempore baptismatis animas credenlium corporaque sanctificat. P. L., t. Ln, col. 870. Et en recommandant aux futurs baptisés de se souvenir de leur renoncement au démon, le catéchiste leur suggère d’opposer aux tentations les paroles suivantes : Et abrenuntiavi et abrenunlio tibi…, quia credidi Deo vivo et Christo ejus, cujus spirjto signatus nec mortem didici jam limere. Ibid., col. 874. La formule de l’exsuffiation porte dans le missel de Bobbio : Accipe Spiritum Sanctum et in corde leneas. P. L., t. Lxxii, col. 500. Les Constitutions apostoliques, vii, 22, 24, rattachent explicitement à l’onction qui précède le baptême une certaine participation au Saint-Esprit : Xpîastç TrpwTOv èXaîw àyîw, eTTSira ^aTZ-'iasic ; uSaTi…, 'îva t6 (xèv xP^ofva y.zi : o~/rj fi toû àyîou H/z()j.a.TOç, tô Se uSwp aû[jipoXov toû ôavaTOu. Funk, p. 406.

Dans le baptême et par le baptême, c’est le Saint-Esprit qui, en se communiquant aux âmes, les purifie et les sanctifie. Il descend alors si réellement en elles, que les « cliniques, » saint Cyprien le proclame luimême, voir col. 1347, quoique ne l’ayant pas reçu par l’imposition des mains, le possèdent aussi parfaitement que les chrétiens ordinaires. Saint Jérôme, à son tour, en est si convaincu qu’il se demande d’où peut venir l’usage d’imposer les mains pour donner le Saint-Esprit à ceux qui l’ont déjà reçu au baptême : Quare in Ecclesia baptizatus, nisi per manus episcopi non accipiat Spiritum Sanctum, quem nos asseruimus in vero baptismale tribut ? Contra luci/erianos, '.). P. L., t. xxiii, col. 164. La réponse, qu’aucun catholique n’ignore, est donnée par saint Augustin, qui distingue un double don du Saint-Esprit. Il y a le don parlait qui correspond à la descente de cet Esprit sur lei apôtres : c’est alors que la divine charité reçoit toute sa ferveur : Perfecta caritas perfectum donum est Spiritus Sancti. Mais il y en a un autre, qui précède et qui se rattache à la rémission des péchés : c’est celui qui a pour effet d’arracher les âmes à l’esprit du mal pour les agréger au peuple de Dieu : Prias est autem iltud quod ad remissionem peccatorum pertinel : per quod beneficium eruimur de potestate tenebrarum et prinreps hujus mundi mittitur foras… In Spiritu enim Sancto, quo in unum populus Dei congregatur, ejicitur spiritus inunundus. Serm., lxxi, 19, P.L., t. xxxviii, coꝟ. 459.

Cette distinction est faite aussi par saint Ambroise, lorsqu’il explique les cérémonies du baptême dans le De mysteriis P. L.. t. xvi, col. 389-417, c. it. 18.5. C’est le Saint-Esprit qui superveniens in fonlem vel super eos qui baplismumconsequuntur, verilalem regenerationisoperatur, ix, bQ. Cf.iv, 19, 22 Aussi, dit l’auteur du De sacramentis, ibid., co. 417 465, dans le passage parallèle, le Saint-Esprit se trouve-t-il représenté dans toutes les figures anciennes du baptême : dans le passage de la mer Rouge, par exemple, columna nubis est Spiritus Sanctus. In mari erat populus, et prwibat columna lucis, [quæ est Christus], deinde sequebatur columna nubis quasiumbralio Spiritus Sancti, XI, 0, 22. Et, de fait, c’est le Saint-Éspril qui au baptême renouvelle et rajeunit les âmes ; Quae suni istæ adolescentuliB, nisi animx singulorum quæ deposuerunt istius corporis senectulem, renovatæ per Spiritum Suncluni, V, 2, 9. Mais, ajoutent les deux auteurs en