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INSPIRATION DE L’ECRITURE


vont à notre sujet : Utrum, ciim in conscribendo primo Geritseos capile non jiierit sacri anctoris mens intimum adspecUtbilium rentm conslitiitionem ordinemque creationis compleliim scienlifico more docere, sed potins suæ genli tradere noiiliam popularem, prout eommiinis sermo per ea lerebnl lempora, sensibus et capiui hominnm accommodatam, sit in eorum inlerpretalione adamussim semperque interpretandii scientifici scrmonis proprietas ? La réponse fut négative. DenzingerBannwart, Enchiridion, n. 2127 ; Cavallera, Thésaurus, n. 106. Aussi avons-nous usé de cette autorisation en interprétant rriexaméron. Ibid., col. 2346-2353. Cf. A. Durand, Inerrance biblique, dans le Dictionnaire apologétique de la loi catholique, t. ii, col. 774-776.

c) D’autres écrivains que ceux que nous avons nommés, ont-ils affirmé expressément ou équivalemment, l’existence ou la possibilité d’erreur scientifiques dans la Bible ? Nous l’ignorons. Les théologiens catholiques continuaient à enseigner, après Léon XIII que le langage conforme aux apparences extérieures excluait, en ces matières toute erreur. Cf. Chr. Pesch, De inspiratione sacras Scripturæ, p. 511-519.

Toutefois, Sa Sainteté Benoît XV, dans l’encyclique Spiritus Paraclitus, du 20 septembre 1920, a jugé nécessaire de déclarer que la doctrine de saint Jérôme sur l’inerrance biblique qu’il avait exposée, confirmait les enseignements solennel^ de Léon XIII, touchant la croyance antique et constante de l'Église en l’immunité parfaite qui met l'Écriture à l’abri de toute erreur. Après avoir cité tout au long le passage visé de l’encyclique de son prédécesseur, qui ne laissait place à aucun doute ni à aucune hésitation, le pape déplore que néanmoins, non seulement en dehors de l'Église, mais encore parmi ses enfants, et même parmi les clercs et les maîtres ès-sciences sacrées, « des esprits se soient trouvés qui, avec une confiance orgueilleuse en leurproprejugementontrepoussé ouvertement ou attaqué sournoisement sur ce point le magistère de l'Église » "Tout en approuvant le travail de ceux qui cherchent des voies et des raisons nouvelles de résoudre les difficultés du texte sacré, il dit qu’ils échouent lamentablement dans leur entreprise, s’ils négligent les directions de Léon XIII et s’ils outrepassent les bornes et limites précises indiquées par les Pères. « Or, l’opinion de certains modernes ne s’embarrasse nullement de ces prescriptions et de ces limites, distinguant dans l'Écriture un double clément, l’un principal et religieux, l’autre secondaire et profane, ils acceptent que l’inspiration porte sur toutes les propositions et même sur tous les mots de la Bible, mais ils en restreignent et limitent les effets, à commencer par l’immunité d’erreur et l’absolue véracité, au seul élément principal ou religieux. Selon eux. Dieu, n’a en vue et n’enseigne personnellement dans l'Écriture que ce qui touche à la religion ; pour le reste, qui a rapport aux sciences profanes et n’a d’autre utilité pour la doctrine révélée que de servir comme d’enveloppe extérieure à la vérité divine. Dieu le permet seulement et l’abandonne à la faiblesse de l'écrivain. Il devient tout naturel, dès lors, que, dans l’ordre des vérités physiques, historiques et autres semblaljles, la Bible présente d’assez nombreux passages qu’il n’est pas possible de concilier avec le progrès des sciences. » Il est même des esprits qui prétendent que ces opinions erronées ne s’opposent en rien aux prescriptions de Léon XIII, qui a déclaré qu’en matière de phénomènes naturels, l’auteur sacré a parlé selon les apparences extérieures, par consiquent susceptibles de tromper. Cette allégation est singulièrement téméraire et mensongère, comme le prouvent les termes mêmes de l’encyclique. Léon XIll, après saint Augusrin et saint Thomas, a sagement déclaré que l’appatence extérieure doit entrer en ligne de compte, mo(s ce

principe ne saurait autoriser contre les saintes Lettres le moindre soupçon d’erreur. La saine philosophie tient, en effet, pour certain que, dans la perception immédiate des choses qui constituent leur objet propre de connaissance, les sens ne se trompent nullement. En outre, Léon XIII, après avoir éliminé toute distinction et toute équivoque entre l'élément principal et l'élément secondaire, a clairement montré la très grave erreur de ceux qui estiment que « pour juger de la vérité des propositions, il faut sans doute rechercher ce que Dieu a dit, mais plus encore peser les motifs qui l’ont fait parler. » Léon XIII enseigne enfin que l’inspiration atteint toutes les parties de la Bible, sans aucune distinction, et qu’il est impossible que la moindre erreur se soit glissée dans le texte inspiré. » Acta apostolicæ sedis, 1920, t. xii, p. 393-395.

Cette improbation ne vise directement ni la distinction des vérités de foi et de mœurs, élément principal de l'Écriture, d’ovec les sciences physiques, qui ne sont pas utiles au salut, ni le principe traditionnel qu’en ces dernières matières les écrivains inspirés ont parlé selon les apparences extérieures. Autrement, Benoît XV contredirait Léon XIII, qui a reproduit la doctrine de saint Augustin et de saint Thomas. Ce pontife réprouve l’opinion, qui part de cette distinction et de ceprincipe traditionnel pour conclure qu’en parlant des phénomènes de la nature, les auteurs inspirés ont pu se servir d’expressions inexactes et matériellement fausses, sans porter par là-même un jugement formel qui serait faux et dont l’Esprit inspirateur serait responsable. Les phrases que j’ai soulignées montrent bien que tel est le sens de la condamnation. Celle-ci s'étend aussi à l’attribution de cette conclusion à Léon XIII, qui ne l’a pas tirée. Benoît XV a répété la déclaration de Léon XIII et en a exposé le sens exact, bien différent de celui qui luiétaitattribué. Iln’a ajouté aux arguments de son prédécesseur que ce principe philosophique, à savoir que les sens extérieurs, qui ne saisissent que les apparences donnent certitude dans la perception immédiate de leur objet propre. En décrivant les phénomènes naturels d’après les apparences, les écrivains sacres ne se trompent donc pas ; ils disent vrai, quoique leur langage ne soit pas proprement scientifique. Ainsi, dans le célèbre miracle de la prolongation du jour, demandé et obtenu par Josué, le soleil et la lune ne se sont pas réellement arrêtés, mais la prolongation de la journée exprimée conformément aux apparences fut véritable. De la sorte, le récit, quoique non formulé en termes scientifiques, conformes à la réalité physique, n'énonce aucune erreur.

2. Au sujet de l’histoire.

On a vu plus haut que le P. Lagrange avait appliqué le principe du langage des apparences à l’histoire elle-même, telle qu’elle est parfois racontée dans la Bible. Voir col. 2242. — a) Il avait, d’abord, indiqué que cette extension était affirmée par Léon XIII dans l’encyclique Providentissimus Deus. En 1895, il avait cité cette interprétation, donnée en ces termes par la Gazette de France^ « Léon XIII dit que la même règle qu’il vient d'établir pour la vérité scientifique doit être suivie en ce qui concerne la vérité historique. Il reconnaît donc que les auteurs sacrés, parlant des faits historiques, en ont pu parler comme ils ont parlé des faits historiques, sensibiliter, selon les apparences, plutôt que selon les réalités vérittibles. » Le rédacteur du journal appliquait le cas aux récits bibliques, qui parleraient ainsi des Égyptiens ou des Assyriens, « quand il dit d’eux ce qui se raconte autour de lui, ce que ses contemporains et lui-même tiennent pour vrai ; mais il peut très bien se faire qu’au moment où il parle et croit ainsi, sa parole et la croyance d’où elle dérive ne soient pas d’accord avec les actions réelles desÉg>T-