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INSPIRATION DE L’ECRITURE


Providenlissimus Deus, dans les Études religifuses, Paris, 1894, t. lxt, p. 545 sq. En effet, on ne convaincra jamais d’erreur scientifique un auteur qui prétend ne rien affirnier de scientifique et qui fait abstraction de la science. On peut penser qu’il n’est pas au courant des choses de la nature ; on ne peut l’accuser d’erreur. Le P. Brucker ajoute que, tout en parlant comme leur contemporains, les écrivains inspirés n’ont pas pu croire nécessairement des fausseté ;. D’autres exégètes pensaient que ces écrivain ; n’en savaient pas plus que leurs contemporains, que Dieu n’était pas tenu de leur donner une révélation scientifique, et qu’il a suffi que, sous l’action inspiratrice, ils fissent abstraction des théories scientifiques de leur temps, et cju’ainsi, ils fussent préservés de toute affirmation fausse. Lagrange, dans la Revue biblique, 1895, p. 51-52 ; F. de Huinmelaucr, Exegelisches : ur Inspirationslehre, I’"ribourg-en-Brisgau, 1904, p. 55-58. L’abbé Robert alhiit plus loin. Dans sa Réponse précitée, p. 31, il écrivait : « Les assertions de la Bible sur les choses de la nature représentant les croyances scientifiques de ces époques reculées, sont généralement erronées. ». Cette formule ne paraissait pas « parfaitement exacte » au P. Lagrange qui préférait dire : « Les allusions de la Bible aux choses de la nature reflétant dans leurs termes les opinions de ces époques reculées, ne sont pas toujours conformes à l’expression exacte de la vérité scientifique. » Ibid., p. 55. Avec le Père Brucker, il avait excepté peut-être « l’histoire des origines » du c. 1’^' de la Genèse, p. 50.

Mais dans sa conférence sur la Notion de Vlnspiraiion d’après les faits bibliques, lue à l’Institut catholique de Toulouse, le 7 novembre 1902 et publiée dans la Méthode historique, 2e édit., Paris, 1904, p. 71-109, le P. Lagrange, a été beaucoup plus précis, llseproposait de constater, en lisant les Livres saints eux-mêmes, quel rapport l’inspiration a avec l’enseignement divin et quel est le mode de cet enseignement, p. 72. Le rapport de l’inspiration avec l’enseignement divin est étudié à partir de la page 88. Or, l’inspiration s’étend plus loin que l’enseignement religieux ; elle s’étend : tout, même aux mots tandis que reiiseignemeiiL religieux n’est pas partout. On peut se demander des lors si le but de l’inspiration est d’enseigner, et il semble bien au moins que ce ne soit pas son but immédiat. La vérité religieuse a été enseignée par Dieu au moyen de la révélation qui n’est pas nécessairement contemporaine de l’inspiration. Celle-ci a pour but de fixer et de conserver uive connaissance antérieurement acquise : le souvenir de vérités antérieurement lévélées et des faits de l’histoire qui permettent de comprendre l’ordre et la suite de la révélation. Or, même dans l’ordre des vérités du salut, la doctrine n’est pas nécessairement parfaite. Dieu ayant résolu peut-être de conserver la mémoire des idées imparfaites cju’on avait sur la divinité dans un stage donné de la révélation. Toutefois, « il est impossible que Dieu enseigne l’erreur. Il est donc impossible, non pas que la Bible où tout le monde prend la parole, contienne des erreuis mais que l’examen intelligent de la Bible nous force à conclure cjue Dieu a enseigné l’erreur, » p. 92. Or, la Bible a surtout pour but la vérité religieuse, et tout ce que les auteurs sacrés enseignent. Dieu, l’enseigne, et cela est donc vrai. Mais qu’enseignent les écrivains inspirés ? Ils n’ont pas toujours rinlention d’instruire au nom de Dieu. On ne peut « pas considérer comme affirmation de Dieu ce que l’auteur récite et ne se soucie pas de prendre à son compte. Si l’enseignement religieux lui-même, qui est le principal, n’est pas toujours parfait, à plus forte raison en est-il ainsi de ces éléments secondaires, qui ne figurent dans l’Ecriture que pour servir de vêtement à la vérité, » p. 95. « Mais comment concilier ces expressions inexactes avec la

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

dignité de l’Esprit Saint ? » p. 96. Ce pédagogue, ce prédicateur, pour instruire les hommes, a parlé comme le peuple, il a bégayé, il a épelé les mystères du ciel, il s’est appuyé sur des idées fausses, tout en glissant dessus ; mais il ne faut pas le charger de tous ces bégaiements et de toutes nos inconséquences. Des faits bibliques prouventqu’il en a été ainsi. Toutefois, < Dieu n’enseigne rien de faux, ne s’appuie sur rien de faux comme élément essentiel de son enseignement. Il est libre de se servir de nos idées scientifiques ou de l’histoire comme d’un simple procédé de préparation, ainsi qu’il mènerait vos idées au point voulu par une comparaison ou une parabole, a p. 101. Les apôtres ont pu se servir des idées des Juifs sur les sciences et l’histoire sans les rectifier, si cette manière d’enseigner convient à.Jésus lui-même, « pourquoi ne pas supposer le même procédé, lorsque l’enseignement divin est donné par un écrivain sacré quelconque ? » p. 103.

Léon XIII a répété « cette règle excellente i dont saint Augustin a fourni l’idée et à laquelle saint Thomas a donné son expression lapidaire. Quand la Bible parle des phénomènes naturels selon les apparences, elle n’est ni vraie, ni fausse. Les anciens auteurs n’en savaient pas plus qu’ils n’en laissent paraître. De leur temps, personne ne soupçonnait le fait scientifique. En ces matières, les écrivains inspirés n’émettaient pas de proposition, qui fût vraie ou fausse. « Quand on s’en tient aux apparences, on ne juge pas au fond ; il n’y a ni affirmation, ni négation ; or la vérité et l’erreur ne se trouvent formellement que dans un jugement formel, » p. 106. Donc, quand l’écrivain sacré n’en sait pas plus que les autres, dût-il en conséciuence employer une expression matériellement fausse, il se peut très bien que Dieu ne lui apprenne rien de plus. » Ibid. Le progrès des sciences ecclésiastiques consistera à appliquer aux cas particuliers, selon les exigences de la critique, ce principe traditionnel que les écrivains sacrés parlent selon les apparences, p. 109.

Dans la 4° conférence, application de ces principes était faite aux données scientifiques de la Bible. Depuis l’échec du concordisme, il faut explicjuer celles-ci par la science ancienne ; et cette science est imparfaite, insuffisante, fausse même. Assurément. Mais Dieu ne l’a pas enseignée. Non seulement il n’a pas révélé ces données, il n’a pas même voulu que figurant dans la Bible, elles fussent présentées comme venant de lui, dites par lui, dictées par lui. Lorsque les écrivains sacrés font allusion à ces théories, ils suivent les apparences. Voilà la parole libératrice, p. 137. Tous les catholiques l’admettent maintenant, après la parole de Léon XIII, mais quelques-uns hésitent encore sur l’application. Le principe de solution est applicable aux sciences comme à l’histoire, p. 144-145, où le langage des apparences maintient dans la Bible des données matériellement fausses. La conclusion n’était pas expressément tirée ici ; mais elle était tellement évidente que dans un résumé public dans la Revue biblique, 1903, p. 136-137, et assurément fidèle, on disait : « Il n’est pas rare qu’une opinion reçue de tous soit reconnue comme fausse. »

b) Réserve avait été faite duc. i" de la Genèse, que beaucoup d’exégètes catholiques cherchaient à mettre plus ou inoins complètement et plus ou moins heureusement d’accord avec les systèmes cosmologiques des savants actuels. Nous avons exposé les différents systèmes concordistes à l’art. Hexaméron, t. vi, col. 2340-2344. La Commission biblique dans son décret De charactere historieo priorum capitum Geneseos, du 30 juillet 1909 a décidé qu’il n’était pas nécessaire d’interpréter au sens proprement scientifique ce c. l" de la Genèse. Les considérants de son dubium VII

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