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INSPIRATION DE L'ÉCRITURE


duel, leur tournure d’esprit, leur méthode logique, leur manière de parler et d'écrire, mais il a employé les indinidualisincs à la composition des ouvrages inspirés, et, si du fait des hagiographes quelque erreur, quelque fausseté, quelque contre-vérité s'était glissée dans le texte divinement inspiré, c’est sur Dieu même qu’en rejaillirait la faute. Une telle In^jotlièse est aussi absurde flue sacrilège, et en fin de compte, il n’y a pas d’erreur dans la Bible telle que les hagiographes l’ont composée.

Les dissemblances, les oppositions, les contradictions qui sembleraient indiquer quelque erreur dans la Bible, doivent être l’objet d’un travail de conciliation et d’harmonisation, que les Pères et les exégètes ont largement accompli. Voir Antilogies bibliques, t. i, col. 1382-1389. Le pape a même tracé, à l’occasion, la méthode de prudence à suivre dans ce travail de conciliation. Ibid., p. 231-238. î

En exposant la part que les écrivains sacrqf ont eue dans la composition des Livres saints, M. Vacant pensait que, si Dieu leur a inspiré les choses qu’ils devaient écrire, il leur avait laissé presque tout le soin de les exprimer. Quoiqu’il ait agi sur leur intelligence et même sur leur imagination, ils avaient le soin de trouver l’expression des vérités manifestées. Aussi leui style est-il difl'érent. Les dogmes eux-mêmes sont énoncés dans l'Écriture sous des formules concrètes, qui n’ont pas la précision du langage théologique. Pour ce qui est des choses d’ordre naturel, comme le mouvement du soleil, ils s’expriment d’une manière conforme à la croyance commune des Hébreux et de leurs contemporains, en métaphores ou selon les apparences. Il faut donc interpréter les Écritures d’après les croyances d’un autre âge. Néanmoins, Dieu a assisté les rédacteurs pour que leur langage rendît exactement la pensée divine, quoiqu’il fût conforme aux apparences cxtérieuree. Éludes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, t. i, p. 485-487. L’exemption d’erreur, qui résulte de cette assistance n’est pas restreinte aux vérités qui concernent la foi et les mœurs ; elle s'étend à tout le contenu des Écritures, aux énoncés historiques ou physiques eux-mêmes. La raison de cette inerrance totale est l’inspiration totale de la Bible. Ibid, p. 492, 500.

Quant aux prétendues erreurs qu’on oppose à l’inerrance biblique au nom de l’histoire et de la science, elles ne sont qu’apparentes. Léon XIII a indiqué trois règles principales pour les résoudre. Deux s’appliquent aux objections historiques, et la troisième aux difhcultés de l’ordre physique. Les deux premières expriment que certains textes ont pu être altérés, ou que le sens qu’on leur donne n’est pas certain. La troisième rappelle qu’en matière de science les écrivains sacres se sont exprimés souvent d’une manière métaphorique ou dans le langage reçu de leur temps. Il ne faut donc pas interpréter leurs expressions au sens littéral propre ni reconnaître des formules scientifiques dans les termes qu’ils ont empruntés au langage courant de leur temps. M. Vacant développe seulement cette troisième règle les deux autres résultant sufiisamment de l’extension totale de l’inspiration biblique. Ibid., p. 500-507. Son exégèse de l’encyclique est identique à celle de M. Didiot, quoiqu’elle soit moins précise. Elle exclut de la Bible toute erreur scientifique.

Le P. Semeria ne concluait pas du langage des apparences à l’existence d’une erreur dans le texte sacré. A son jugement, il suffisait, pour que l’auteur sacré fût à l’abri de tout reproche d’erreur, qu’il eût correctement décrit les apparences et non qu’il eût personnellement connu la nature des choses. Cosmogonie mosaïque, dans la Revue biblique, 1894, p. 180, note 2. Voir aussi F. Valente, S. Girolamo, etc., p. 88-96.

Attaques directes.

Nous nous bornerons ^ signaler deux attaques que l’encyclique subit en Angleterre et en Italie, peu de temps après sa publication, et que le P. Brandi a réfutées dans la Civillà cattolica, puis en un volume.

1. L’anonyme qui, en 1893, avait attaqué la politique de Léon XIII dans la Contemporanj review, critiqua l’encyclique, Providentissimus Dens dans le même périodique, Londres, avril 1894, n. 32, p. 576608, au sujet de l’iherrance biblique. Tout en se disant « fils dévoué de l'Église », il crut, après un exposé de principes, démontrer par des ! faits concrets », qu’il y avait dans la Bible d’innomb rallies erreurs et de réelles contradictions. Il signala donc un certain nombre de prétendues contradictions entre différents auteurs de la Bible et, qui plus est, dans le même livre, et de véritables erreurs historiques. Son article fut traduit en français et publié en brochure, sous ce titre : L’encyclique et les ccdholiques anglais et américains, Paris, 1894. Les exemples cités avaient été maintes fois expliqués par les exégètes et les apologistes catholiques. Le P. Brandi discuta les principaux et montra, une fois de plus que les contradictions n'étaient qu’apparentes et que les erreurs hi toriques signalées n’existaient pas au regard d’une saine interprétation des textes. La question biblique, trad. Mazoyer, Paris, s. d., p. 122-104. Le P. Lagrange a déclaré que l’auteur, que certains pensaient être un prélat austro-hongrois, « a eu le tort de traiter par le persifflage de graves questions. » Revue biblique, 1895, p. C4. Voir la Réponse à « L’encyclique et les catholiques anglais et américains » de l’abbé Bobert, Paris, 1894.

2. Un catholique italien, sous le pseudonyme d’Eufrasio, nia aussi, dans la Rasscgna nationale, 1° mai 1894, l’inerrance absolue de la Bible. Selon lui, l'Écriture, quoique inspirée tout entière, contient cependant des erreurs historiques et scientifique^. Il prétendit même que Léon XIII a reconnu l’existence d’erreurs scientifiques dans la Bible, quand il déclarait que l’autorité de Dieu n'était nullement engagée en ces matières et qu’ainsi les passages où il s’agit de la nature des choses, ijeuvent renfermer des erreurs. En d’autres termes, tout ce qui est inspiré n’est pas nécessairement vrai ; l’inspiration est totale, quant à son objet, mais son elïet n’exclut pas toute erreur. Le texte de l’encyclique et le commentaire de M. Didiot montrent clairement que le souverain pontife a exclu la possibilité de l’erreur, même dans les matières scientifiques, que Dieu n’a pas voulu enseigner, et qu'à ce sujet les écrivains sacrés ont parlé selon les apparences, comme on le fait dans la conversation journalière, mais sans aucun détriment de la vérité, puisqu’ils n’affirmaient pas la nature intime des choses et puisque ni Dieu ni eux ne nous instruisent là-dessus. Il peut bien y avoir contradiction réelle entre certaines explications des Pères et des commentateurs et les conclusions certaines des sciences physiques et, à plus forte raison, avec les hypothèses des savants modernes ; il n’y a pas contradiction réelle entre les conclusions vraiment scientifiques et les textes authentiques des Livres saints. Le P. Brandi confirme sa réfutation d’Eufrasio, en examinant quelques exemples, que certains savants modernes se plaisent à citer comme erronés au point de vue scientifique. Ibid., p. 58-121.

3° Vues nouvelles, discussions et décisions de l’autorité ecclésiastique. — 1. Au sujet des sciences physiques. — a) La formule de l’encychque : » Les écrivains sacres, en matière scientifique, ont parlé selon les apparences, » acceptée pai les exégètes catholiques, n’avait pas fait l’accord parfait entre eux. Puisqu’il n’y a pas d’enseignement scientifique dans la Bible, il ne saurait y avoir d’erreur scientifique concluait rigoureusement le P. Brucker, L’apologie biblique d’après l’encyclique