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INSPIRATION DE L’ECRITURE


Cette réfutation sert au souverain pontife d’occasion d’affirmer, de tous les livres canoniques, dans toutes leurs parties, l’exemption de toute erreur : Tantum vero abest ut divinæ inspirationi uUus error snbesse possil, ul ca per seipsa, non modo errorem excludat omnem, sed tam nccessario excludat et rcspuat, quiim necessarium est Deum summam Veritateni, nullius omnino erroris auctorem esse. Telle est la foi ancienne et constante de l'Église, solennellement définie par les conciles de Florence, de Trente et du Vatican. Voir col. 2095. C’est pourquoi, continue le pape en réfutant un nouvel argument des critiques modernes, il n’importe absolument en rien que le Saint-Esprit ait employé des hommes comme ses instruments pour écriie, et l’on n’en saurait conclure que, si l’auteur principal n’a pu commettre aucune erreur, les écrivains inspirés l’ont bien pu. Et pour prouver qu’ils ne l’avaient pu, Léon XIII expose la nature de l’inspiration, voir col. 2160, et le sentiment des Pères, en citant saint Augustin et saint Grégoire le Grand. « C’est pourquoi, conclut-il, si quelques-uns pensaient que quelque chose de faux peut être contenu dans des passages authentiques des Livres saints (pour exclure les fautes des manuscrits), ou bien ils pervertiraient certainement la notion catholique de l’inspiration divine, ou bien ils feraient de Dieu même l’auteur de l’erreur. » Aussi tous les Pères et docteurs ont-ils eu la persuasion que les lettres divines, telles qu’elles sont sorties des mains des hagiographes, sont absolument indemnes de toute erreur. Ils se sont occupés de concilier tous les textes bibliques qui, en assez bon nombre, semblent présenter des contradictions ou des divergences, et qui sont à peu près les mêmes que ceux qu’on objecte aujourd’hui au nom de la science nouvelle. Ils ont unanimement professé que les livres de la Bible, dans leur ensemble et dans leurs parties, étaient également sortis du souffle divin et que Dieu luimême, ayant parlé par les auteurs sacrés, n’avait absolument rien pu énoncer d'étranger à la vérité. On observera donc toujours la règle que traçait saint Augustin, dans une lettre à saint Jérôme, de porter aux seids livres canoniques cet honneur de penser fermentent que nul de leurs auteurs n’a commis aucune erreur en les écrivant. Aussi en face de quelque chose qui paraît contraire à la vérité, « je n’hésite nullement à dire ou que le manuscrit est fautif, ou que le traducteur n’a pas saisi ce qui a été dit, ou que je n’ai pas compris. » Denzinger-Bannwart, n. 1949-1952 ; Cavallera, n. 89-91.

On ne saurait trouver un en eignement plus formel sur l’inerrance biblique tant dans les choses qui touchent aux sciences de la nature que dans les récits historiques.

/ r. A PRÈS L’ENCTCLIQ VE PRO VIDENTISSIMUS DE US.

— 1° Les premiers commentaires. L’enseignement pontifical était si clair que les théologiens qui le commentèrent l’adoptèrent pleinement et en firent ressortir la signification et la portée.

Ainsi, M. Didiot distingue d’abord avec Léon XIII, dans le contenu de la Bible : les choses qui appartiennent à la foi et aux mœurs, à savoir les mystères révélés et les vérités religieuses et morales qui, bien qu’accessibles à la raison humaine nous ont été enseignées par Dieu, afin de nous les faire connaître avec plus de fermeté et les dégager de toute erreur ; et, d’autres choses, qui ne sont pas de nécessité de foi, parce qu’elles ne sont pas utiles au salut, et que Dieu n’a pas voulu enseigner, bien qu’il ait ordonné aux hagiographes de les faire entrer dans les Livres saints, qui sont donc inspirées et parfaitement indemnes de toute erreur. De ce nombre, Léon XIII indique les choses qui ont rapport aux sciences de la nature. Or, sur elles, Dieu n’a pas voulu donner formellement un

enseignement, les faire connaître expressément, eu communiquer la science. Il a seulement voulu faire parler d’elles, c’est-à-dire non en donner la science proprement dite ni exiger de l’esprit une adhésion formelle. Les écrivains sacrés, ou plutôt le Saint-Esprit qui parlait par eux, n’ont pas enseigné la constitution intime des choses de la nature, ils en ont parlé seulement ; ils ont décrit parfois cet ordre de choses, mais d’une façon métaphorique, ou comme on en parlait de leur temps, comme on en parle couramment encore aujourd’hui. Il n’y a donc pas dans la Bible un enseignement sur les choses naturelles, on y lit seulement une description imagée ou faite dans le langage familier de l’antiquité. Cette description est donc faite suivant les apparences extérieures ; elle n’atteint pas le fond des choses, et il faut l’interpréter telle qu’elle existe, comme les choses tombant sous les sens. Le théologien n’a donc pas à chercher dans la Bible une physique révélée, et encore moins à l’imposer au physicien et au naturaliste, comme si elle avait été illuminée par la lumière divine qui est bien supérieure à celle des savants. Cet élément secondaire de la Bible, sans être enseigné, est cependant inspiré, mais, en le prenant tel qu’il est, il n’est pas erroné ; il n’enseigne pas d’erreur, puisqu’il n’est pas l’objet de renseignement divin. En vertu de la transition : Heec ipsa, etc., M. Didiot voyait dans la Bible, un autre élément secondaire, qui n'était pas non plus l’objet de l’enseignement divin, qui était effleuré plutôt qu’enseigné. C'était « l’histoire et la biographie profanes, telles que l’archéologie, la mythologie, la linguistique, etc. » Sur ce double objet secondaire de la Bible, nous n’avons donc qu’une conversation. Mais si la conversation humaine est exposée à bien des erreurs, « comment douter que l’infaillible conversation de Dieu avec nous dans les saintes Lettres, encore qu’elles n’ait pas toute l’importance de ses enseignements proprement dits, touchant la foi et les mœurs, ne soit la source inspirée et toujours féconde d’une multitude de bienfaits pour les âmes ? » Traité de la sainte Écriture, p. 161-170.

Avec Léon XIII, M. Didiot excluait donc toute erreur de l'Écriture, même dans son objet secondaire et accessoire. Traitant, d’ailleurs ex professa, la question de l’inerrance biblique, après avoir exclu les actes absolument mauvais, simplement rapportés, mais non approuvés dans la Bible, les fautes de copies ou d’impression, il se demande si tout ce qui est réellement entré dans la Bible par l’inspiration divine est absolument exempt d’erreur si tout ce qui est inspiré exige de nous un assentiment de foi divine ou un acte de croyance motivée par l’autorité de Dieu révélateur, cjui ne peut se tromper ni nous tromper. Dans la Bible telle qu’elle est sortie des mains des hagiographes, il n’y a aucune erreur d’aucun genre. L’inspiration exclut essentiellement et nécessairement toute erreur, non seulement dans l’excitation et la motion communiquées par Dieu aux hagiographes, mais encore dans la façon dont ceux-ci ont compris ce qu’ils avaient à dire, dont ils l’ont voulu rendre et dont ils l’ont rendu avec l’assistance de l’Esprit Saint qui les empêchait d’employer des expressions erronées ou ineptes. Cette inspiration s'étend à toute la Bible, non seulement aux matières de toi et de mœurs, mais à tout ce que les hagiographes ont compris, voulu écrire, et réellement écrit, lors même qu’il s’agissait de chose que Dieu no se proposait pas de nous enseigner. Or, d’après la notion de l’inspiration telle que Léon XIII l’a exposée, il e^t impossible d’admettre une erreur quelconque dans un texte authentique de la Bible, sans que cette erreur rejaillisse sur Dieu même, qui est responsable de tout ce que les instruments dont il s’est servi ont pensé, voulu, écrit. Il leur a laissé leur caractère indivi-