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INSPIRATION DE L’ECRITURE


cependant le reste de son contenu, intimement lié à cet enseignement, a été inspiré, accessoiie et in ordine ad res fidei et monim. De divinci Bibliorum inspiralione dissertalio, Louvain, 1886, p. 296-307. Il étudie ensuite les rapports de l'Écriture avec les sciences profanes, p. 307-311, puis la manière commune et vulgaire de parler des écrivains sacrés, p. 311-323. Au sujet du concept véritable de l’inspiration, il avait examiné, d’une part, ce que les hagiographes disaient d’euxmêmes et de leur propre autorité, et, d’autre part, comment ils rapportaient les dicta alioriim, p. 179-203. A ce dernier sujet, il distinguait les personnes qui, en parlant dans l'Écriture jouissaient d’une autorité divine. Dieu, les bons anges, les hommes dotés de l’instinct prophétique, et ceux qui avaient proféré des chants ou des hymnes inspirés, des autres qui avaient parlé sans aucun secours humain. Il recherchait enfin ceux de cette dernière catégorie, dont les paroles, rapportées dans la Bible, avaient été approuvées ou non par le Saint-Esprit. Aussi les questions nouvelles qui avaient été soulevées au sujet de l’inerrance biblique, recevaient une solution cathoHque, qui excluait l’existence d’erreurs formelles sur ces différents points dans la sainte Ecriture. Mais une autorité supérieure à celle de simples théologiens devait intervenir dans ce débat et affirmer solennellement l’absence de toute erreur dans la Bible.

/II. DANS V ENCYCLIQUE PROVIDENTISSIMVS DEUS.

— La Question biblique posée par Mgr d’Hulst, voir col. 2188, n’eût pas reçu une solution suffisante par la simple condamnation de l’article du Correspondant, d’autant que l’auteur ne se présentait que comme un rapporteur d’opinions diverses. Considérant l’affaire de plus haut, Léon XIII préféra donner une réponse positive, en traitant dans une encyclique Des saintes Écritures en général, 18 novembre 1893. Dans la seconde partie, après avoir exposé la méthode à suivre pour interpréter les Livres saints, le souverain pontife invitait les catholiques à une autre tâche, aussi importante que laborieuse, consistant à venger très énergiquement et intégralement l’autorité de ces livres. Or, cette défense pleine et entière ne pourra être faite que par le magistère vivant et propre de l'Église, dont la mission divine est prouvée par elle-même, iodépendamment de l'Écriture. Mais comme ce magistère infaillible s’appuie aussi sur l’autorité de l'Écriture, il faut tout d’abord que la foi au moins humaine de cette Écriture soit affirmée et justifiée, afin que les livres bibliques, comme témoins absolument sûrs de l’antiquité, mettent à leur tour en sûreté et en lumière la divinité et la mission de Jésus-Christ, l’institution hiérarchique de l'Église, la primauté de Pierre et de ses successeurs. Des apologistes bien armés sont donc nécessaires. Le pape esquisse ensuite les moyens appropriés à cette défense. Il cite notamment la critique supérieure dont abusent les adversaires de la Bible, qui s’en parent pour élaguer des Livres saints les prophéties, les miracles et tous les éléments qui surpassent l’ordre naturel, et dont les catholiques doivent s’armer pour lutter contre eux. Il faut lutter aussi contre ceux qui, abusent de leur science de la nature, accusent les hagiographes d’ignorance en cette matière et blâment les Écritures elles-mêmes. Il est d’autant plus nécessaire d'étudier ces sciences de la nature que, tombant sous les sens, elles sont accessibles à tous et peuvent, si elles sont mal présentées devenir dangereuses pour la foi du peuple et de la jeunesse. « Sans doute, aucune contradiction réelle ne pourrait exister entre le théologien et le naturaliste, si l’un et l’autre se renfermaient dans leurs limites et se gardaient, selon l’avertissement de saint Augustin, « de rien affirmer témérairement et de donner l’inconnu pour le connu ». Dans le cas de conflit, il y a lieu de

rappeller la règle tracée par saint Augustin, De Genesi ad lilleram, t. I, c. xxi, n. 41, P. L., t. xxxiv, col. 262. Léon XIII montre ensuite la justesse de cette règle, en considérant d’abord « que les écrivains sacrés ou plus exactement que l’Esprit divin, qui parle par eux, n’a point voulu enseigner aux hommes ces faits (c’est-à-dire la constitution intime des choses visibles), qui n’auront aucune utilité pour le salut. » (S. Augustin, ibid., t. II, c. IX, n. 20, col. 270). C’est pourquoi, les hagiographes, au lieu d’entreprendre directement l’explication de la nature, décrivent et traitent parfois cette sorte de choses d’une certaine façon métaphorique ou comme on en parlait communément de leur temps, et comme à présent encore, même parmi les hommes les plus savants, on parle de beaucoup de choses dans la conversation journalière. Et comme le langage vulgaire exprime premièrement et proprement ce qui tombe sous les sens, ainsi l'écrivain sacré, selon l’observation du docteur angéliqué, « a énoncé ce qui apparaît sensiblement (Sum. IheoL, I", q. lxx, a. 1, ad 3um) ou ce que Dieu lui-même, parlant à des hommes, a exprimé suivant l’usage humain, afin d'être compris par eux. » Le souverain pontife exclut ensuite certaines interprétations des Pères qui, en ces matières physiques, n’ont peut-être pas jugé des textes bibliques selon la vérité, et qui ont pu proposer certaines explications qui ne sont plus guère approuvées aujourd’hui. Il termine ce sujet par ce sage conseil : « De fait, quoique l’exégète doive montrer que la Bible bien expliquée n’est menacée par rien de ce que les investigateurs de la nature affirment, avec des preuves certaines, être désormais certain, qu’il n’oublie cependant pas que parfois il est arrivé cjue des systèmes, enseignés comme certains par ces savants, ont été depuis révoqués en doute et répudiés. Que si les écrivains qui traitent de la nature transgressent les limites de leur science et envahissent le domaine des philosophes en y portant des opinions perverses, cjue l’exégète théologien renvoie celles-ci aux philosophes pour en être réfutées. » Denzingei'-Bannwart, n. 19461949, Cavallera, Thésaurus, n. 84-87.

Passant ensuite aux matières historiques, Léon XIII employa cette transition, qui a été plus tard mal comprise et dont il faut par suite reproduire le texte original : Ilœc ipsa deinde ad cognatas disciplinas, ad historiam præsertim, juvabit iransferri. Il déplore que beaucoup d'érudits étudient et publient les monuments de l’antiquité, les mœurs et les institutions des peuples trop souvent dans le dessein de surprendre des taches d’erreur dans les Livres saints et d’affaiblir ou d'ébranler ainsi leur autorité en bien des points ? D’autres se fient tellement aux livres profanes et aux monuments de l’antiquité cju’on dirait que même on ne peut les soupçonner d’erreur et ne veulent pas accordy la même confiance aux Livres saints dès qu’il y conjecturent une simple apparence d’erreur, que, du reste, ils ne discutent même pas comme il faudrait. Le pape écarte les erreurs des copistes dans la transcription du texte sacré, les passages bibliques dont le sens est demeuré incertain et qu’il s’agit de bien interpréter. At nefas omnino fuerit aul inspirationem ad cdiquas tantum sacræ Scripturee partes eoanguslare aul concedcre sacrum ipsum errare auctorem. Nous voici au cœur de la question d’inerrance. Aussi Léon XIII réfute une des principales raisons invoquées pour justifier l’opinion condamnée. « On ne peut en elîet, tolérer le procédé de ceux qui, pour se tirer de ces difficultés, n’hésitent pas à concéder que l’inspiration divine s'étend aux choses de la foi et des mœurs, mais à rien de plus, parce qu’ils pensent faussement que, cjuand il s’agit de la vérité des pensées de la Bible, il ne faut pas tant chercher ce que Dieu a dit, cpe peser la raison pour laquelle il l’a dit. »