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INSPIRATION DE L'ÉCRITURE


generalis, seu compendium bihlicum, t. I, c. i, q. m.

Le canne Chéiubiii de Saiiit-Joseph exposait dix indices de l’autorité des Livres saints, entre autres leur accord sans aucune contradiction. Siimma criticæ sacræ, disp. V, a. 6, 1. 1, p. 463 sq. Au t. iv de cet ouvrage, il expose et discute très longuement les diverses opinions, qui ont été émises sur l’inspiration biblique. Il réfute celle d'Érasme, en citant les témoignages contraires des Pères et en montrant les très graves et absurdes conclusions qui résultent de cette opinion, puis celle qui admet des erreurs légères, en expliquant les passages où on remarque et en prouvant que saint Jérôme n’en était pas partisan. Dissert. II, a. 1, 4, 5. Pour son compte, il admet la révélation ou l’inspiration spéciale de l'Écriture entière, et par suite l’aisence de toute erreur. Il n’admet pas toutefois l’inspiration de tous les mots, car, autrement, il faudrait attybuer au Saint-Esprit les solécismes, les barbarismes, les hyperboles, et les autres erreurs de ce genre, et encore les mots obscurs ou moins aptes à rendre la penrée, ce qui serait un blasphème. Il ne suffit pas de dire que le Saint-Esprit s’est accommodé au génie de ses instruments ; il a déterminé et inspiré les mots qui convenaient à exprimer ses pensées. Disp. III, a. 1 sq.

Pour le P. Paul, capucin de Lyon, l'Écriture surpasse tout en autorité et elle est la règle infaillible de la foi, puisqu’elle est la parole de Dieu, sortie immédiatement de sa bouche. Il enseigne donc que la plus légère erreur ne peut s’y rencontrer et que l’inspiration spéciale s’est étendue à tout, même aux paroles et aux accents. Totius Iheologice spccimen, t. i, De vcrbo Dei, c. ii-iv.

Charles Witasse a la même doctrine, sauf qu’il laisse au lecteur le choix au sujet de l’inspiration verbale. Traclalus de Deo ipsiusque proprietatibus, q. i a. 5.

Le P. Henri de Bukentop, rccollet, admettait qu’absolument parlant, un hagiographe, tout en écrivant sous l’inspiration du Saint-Esprit, aurait pu entendre un sens faux, ou impie ou étranger au sens que le Saint-Esprit voulait exprimer par les mêmes mots, et avoir l’intention de l'écrire. Le sens de l'Écriture n’est pas tant le sens de l’hagiographe que celui du Saint-Esprit. Il n’y a pas de disparité apparente entre la parole de Dieu écrite et cette parole, proférée seulement de bouche. Or, Caïphe a parlé dans un sens diflélent de ce que Dieu voulait lui faire dire. Joa. xi, 50, 51. Isaïe au sujet de la mort d’Ezéchias et Jonas sur la ruine de Ninive ont agi de même. Si Dieu Vivait voulu, la même chose aurait pu se produire dans l'Écriture. Saint Augustin dit même que cela s’est produit pour Matth., XXVII, 9. En fait, les théologiens s’accordent à reconnaître vraisemblable que les écrivains sacrés ont toujours conservé au moins un sens que le Saint-Esprit entendait, bien qu’ils ignorassent qu’ils écrivaient sous l’inspiration divine, comme l’auteur du II « livre des Macchabées. Mais il est plus convenable <[ue les écrivains racrés aient exprimé ce sens en le sachant voulu par le Saint-Esprit. Il est croyable et très vraisemblable, quoique non absolument certain, que les plus pieux hagiographes. Moïse, David, Isaie, saint.lean, connaissaient tous les sens littéraux que le Sf int-Ebprit avait l’intention d’exprimer. C’est le .sentiment de saint Hilaire, de saint Augustin et de saint Thomas. Les raisons contraires ne prouvent rien. Toutefois, à dire vrai, il -uffisait que le prophète comprit quelque chose de ce qu’il écrivait. Les sens, cachés à l’iiagiographe, mais voulus par Dieu, ont dû être révélés à d’autres. Traclalus de sensibus sacræ Scriplune, Louvain, 1704, c. xiv, p. 1-18, p. 99-103. ^ Les tenants de l’opinion nouvelle enseignaient tous que l’assistance du Saint-Esprit préservait les écrivains sacrés de toute eneur. Ain-i, Boucat, pour les livres

historiques. Theolngia Patnim scholaslico-dogmatica, 1726, t. IX, De Scripliira, proœm. Le P. Edmond Simonet admettait l’illumination et la direction des écrivains sacrés par le Saint-Esprit dans les moindres choses pour qu’ils ne pussent tomber dans l’erreur. Insliluliones Iheologiic, 1725, tr. De regutis fidei, disp. I, a. 9, 10, t. VI. Pierre Collet, qui reconnaissait non pas la révélation mais l’inspiration immédiate de chacun des mots, en concluait qu’on ne pouvait admettre dans l'Écriture la plus légère erreur ni aucun lapsus de mémoire ; autrement, toute son autorité croulerait. Instiluliones theologicæ, 1773, t. i, proleg. Pour le jésuite Ignace Schunck, il était nécessaire que l'écrivain sacré écrivit avec la certitude de la vérité divine et sans aucun danger d’erreur ou d’imprudence. Si le Saint-Esprit ne dictait pas tous les mots, il assisteit cependant les hagiographes pour qu’ils n'écrivissent rien de faux ou de contraire aux bonnes mœurs, à condition que cette assistance fut la suite d’une impulsion interne. Nolio dogmalica socræ Scripfuræ, 1772, quest. proœm. sect. m. Pour Marchini, l'Écriture entière a été inspirée de telle sorte qu’elle ne contient aucune erreur, même minime, ni aucun lapsus de mémoire. De divinitate et canonicilale sanctorum librontm, part. I, a. 5.

Ainsi, jusqu'à la fin du xviiie siècle, tous les théologiens, à quelque école qu’ils appartinssent, qu’ils admissent une révélation immédiate ou seulement une direction et assistance du Saint-Esprit, ont conclu de l’action de cet Esprit sur les écrivains sacrés que le contenu de leurs livres était tout entier certain et vrai et qu’il participait à la certitude et à la vérité infaillible de son auteur principal. Le point de départ de leur affirmation variait. La plupart usaient du procédé théologique et déduisaient cette conséquence de la nature même de l’inspiration divine. Quelquesuns toutefois le concluaient de l’examen même des Livres saints, dont ils avaient constaté l’accord et la vérité intrinsèque. Le P. Chérubin de SaintJoseph, en particulier, avait examiné et résolu toutes les contradictions apparentes des Livres saints.

Les théologiens du xixe siècle n’ont pas eu une autre doctrine. Nous citerons seulement le cardinal Franzelin. Il n'établit pas une thèse spéciale sur la vérité infaillible et l’inerrance de l'Écriture, il la déduit de la doctrine catholique de l’inspiration. Pour lui, l’action de Dieu, auteur principal des Livres saints, sur les écrivains sacrés, causes instrumentales, confère aux écrits ainsi rédigés une véracité infaillible. Il n’a pas besoin de prouver autrement l’exemption d’erreur dans les Livres saints. Tous les théologiens de son école ont suivi le même procédé.

Le docteur Schmid a traité e.r professa la question de l’inerrance scripturaire. Dès le début de son ouvrage, il a prouvé qu’au sentiment unanime de l'Église et d’après la notion même de l'Écriture, celle-ci était exempte de toute erreur. De inspirationis bibliese vi el ralione, Brixen, 1883, p. 2-8. Il constate ensuite que, selon les Pères et les docteurs, l’inspiration, qui préserve d’erreur les hagiographes, s'étend à tout le contenu de l'Écriture, p. 26-29. Pour déterminer exactement les limites extrêmes, de l’inspiration, il examine longuement et minutieusement, à la fin de son ouvrage, ce qu’il faut attribuer à l’autorité infaillible de Dieu, auteur principal de l'Écriture, dans ce que la Bible rapporte des choses, directement étrangères à la révélation, telles que les questions scientifiques, touchées dans le récit de la création, p. 310340.

De môme, pour répondre aux opinions modernes relatives à l'étendue de l’inspiration scripturaire, dom Crets, prouve que, si, de sa nature, l’inspiration a existé en vue de l’enseignement religieux des hommes.