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INSPIRATION DE L’ECRITURE


parole de Dieu écrite, il est nécessaire qu’elle soit la règle fie la vérité, car il n’y a pas de règle plus certaine que l’autorité de Dieu, contenue dans sa parole. Il n’y a donc dans l’Écriture rien de mensonger, car Dieu qui ne peut mentir lui-même, ne le peut non plus par un autre ; autrement toute l’autorité de l’Écriture périrait. Aussi l’Écriture a-t-elle la même autorité dans les plus petites choses que dans les plus grandes De fide, disp.V, scct. m. n. 14, Ed.Vivês, t. xii, p. 147

Pour André Duval, l’Écriture n’aurait pas la vérité infaillible dans toutes et chacune de ses parties jusqu’au moindre accent, si Dieu, qui ne peut mentir même de puissance extraordinaire, n’était pas son auteur. Tout autre qu’un écrivain inspiré, même un ange, peut se tromper et tromper. L’Écriture est sainte, parce qu’elle n’admet en elle ni erreur ni m.ensonge, pas même dans les plus petites choses ; si on en admettait un seul, toute sa certitude périrait. De Scriptura, q. I, a. 1.

IMariana s’est demandé si les Livres saints contenaient quelque chose qui ait été écrit par l’esprit humain et qui par conséquent ait pu être erroné. Il n’est pas permis de douter, répond-il, de la vérité des livres dont Dieu est l’auteur, lui qui ne peut mentir. Assurément, les Livres saints rapportent les mensonges des autres, mais ils ne les approuvent pas. On peut discuter seulement au sujet des lois reproduites et des citations faites. Beaucoup de lois pronuilguées par Moïse et les apôtres ne sont pas sorties de la bouche même de Dieu, mais ont été portées par leurs auteurs en vertu des pouvoirs qu’ils avaient reçus de Dieu. Rien n’empêche de reconnaître comme paroles du Saint-Esprit ]^s paroles de ces hommes inspirés. Si, d’ailleurs, on admet que quelques choses ont été écrites par l’esprit humain, il sera nécessaire d’admettre qu’elles ont été sujettes à l’erreur, puisque tous les hommes et toutes les choses humaines sont trompeurs. Mais il n’est pas permis d’admettre l’erreur dans la confection des lois, car en cela même Moïse et les apôtres étaient dirigés par le Saint-Esprit. Les citations ne sont faites que pour le sens, et non pour les mots. L’esprit se refuse à admettre ce que d’aucuns prétendent, que les apôtres, par erreur de mémoire, ont parfois cité un auteur pour un autre. Que serait-ce, sinon calomnier les divines Écritures ? Mariana ne veut pas imiter la liberté que saint Jérôme, Euthymius et Théophylacte ont prise de le dire, ni attribuer un mensonge à ceux que le Saint-Esprit inspirait. Pio edilione Vulgatie, c. vi, dans le Cursus completus Scripturæ sacrée de Migne, t. i, col. 755.

Frassen tirait la preuve de la vérité complète de l’Écriture de sa définition même. Dès là qu’elle est la parole écrite de Dieu, un homme de cœur ne peut douter que tout son contenu ne soit très vrai. D’ailleurs, la vérité de la parole de Dieu est affirmée très expressément Ps. xxxir, 4, Joa., xvii, 17 et toute obUquité en est exclue. Enfin puisque l’Écriture a été établie par Dieu, pour notre salut, et comme Dieu est immuable et très véridique, qu’il est la vérité même, il est nécessaire que, dans l’Écriture inspirée par lui, il n’y ait rien de dissonant, rien de faux, car la vérité seule peut procéder de la souveraine vérité. Disquisitiones biblicse, Paris, 16C2, t. III, c. iii, § 1. Ailleurs, Frassen a déclaré qu’aucune erreur, aucune contradiction ne peuvent se trouver dans l’Écriture, dont tous les livres ont été inspirés par le Saint-Esprit, Conciliulorium biblicum dans le Cursus completus Scripturæ sacne de Migne, t. ii, col. 947,

Ellies Dupin enseigne l’infaillibilité de l’Écriture, par là même que celle-ci est la parole de Dieu qui ne peut se tromper ni tromper. Prolégomènes sur la Bible, t. I, c. II, § 1. Les livres des deux Testaments, en effet, ont été écrits par l’inspiration du Saint-Esprit

qui a tellement conduit les pensées et la plume de ceux cjui les ont écrits, qu’ils ne sont tombés dans aucune erreur touchant la religion, la foi, les bonnes mœurs et les faits historiques sur lesquels la religion est établie, de sorte que tout chrétien est obUgé de croire ce qu’ils contiennent et qu’il n’est pas libre de nier ou de douter d’aucune des vérités de cette nature qui y sont établies. Ibid., § 5.

Bernard Lamy prouvait l’autorité des Livres saints d’après leur contenu, qui, étant hors de tout doute, exige que ceux qui l’ont consigné par écrit aient été véridiques et aient été poussés à écrire par Dieu qui ne peut ni se tromper ni tromper. Apparatus biblicus, t. III, c. V.

Au début du xviii<e siècle, Gaspard Juénin tenait pour fausse, l’opinion d’Érasme et de tous ceux qui niaient l’inspiration totale de la Bible. Son argument était que, si on pouvait douter que quelque partie de l’Écriture, si minime qu’elle soit, ait été écrite sous la dictée du Saint-Esprit, il n’y aura aucun chapitre de la Bible au sujet duquel pareil doute ne pût se produire. Institutiones theulogicæ, proleg., dissert. IV, c. III.

Nicolas Serarius procède autrement. Il prouve l’inspiration divine de la sainte Écriture par la sincérité des écrivains sacrés. Comme ils étaient bons et saints, ils n’ont pu attribuer à Dieu ce qui n’était pas de lui, mais ils ont écrit simplement et sincèrement ce qu’ils avaient ajjpris de Dieu. Eux, qui détestaient le mensonge, n’ont pas menti en disant : Hœc dicit Dominus, et ils n’ont pas non plus été induits en erreur, puisqu’ils disaient sérieusement ce qu’ils n’avaient pas constaté, Prolegomena biblica, c. iv, 9. ii. D’ailleurs, les écrivains sacrés, tandis qu’ils écrivaient étaient assistés par Dieu, qui tenait, pour ainsi dire, leur main, pour qu’ils n’écrivissent pas une chose pour une autre, un petit mot poui un autre petit mot, une lettre pour une lettre. Et cette assistance était nécessaire pour tout, même pour les choses supérieures, afin d’écarter d’eux toute absence d’at*ention, toute négligence et toute erreur. Ainsi Dieu a voulu assurer la certitude des Écritures, Ibid., q. xvii. Serarius réfute donc Érasme eL quelques protestants, qui restreignaient l’inspiration. Ibid., q. XX. Pour lui, la vérité de la Bible est telle que rien ne peut être plus vrai qu’elle et qu’elle est elle-même bien plus vraie que toutes les autres sciences. Ibid., q. xxi. L’autorité de la Bible est donc très certaine ; elle est exempte de toute fausseté, de toute erreur, de tout soupçon et de toute crainte d’erreur, et par suite elle est infaillible. Dieu, son auteur lui a très certainement donné la plus grande certitude. Ibid. c. vu.

Nicolas Lherminier conclut de ce que l’Écriture est la parole de Dieu, qu’on doit poser comme fondement que tout son contenu est très vrai et doit être tenu de foi certaine de sorte qu’on ne reconnaisse pas en elle le plus léger mensonge, la moindre contradiction, la moindre parole oiseuse ou superflue. Les œuvres de Dieu en effet, sont très parfaites. Suirjna iheologiæ, 3e édit., Paris, 1719, proleg. t. i, p. 51.

Charles Duplessis d’Argentré entend l’inspiration en ce sens que Dieu assistait les écrivains sacrés de telle "orte qu’en écrivant ils ne furent sujets, à aucune erreur. Au, si, selon la doctrine commune de l’Église l’autorité de l’Écriture inspirée est souveraine. Elementa theolugix, c. iv, a. 1.

Les tenants de la révélation immédiate et de l’inspiration verbale admettaient la vérité absolue de l’Écriture. Ilumbelot prouvait même l’inspiration par le fait que l’Écriture ne contenait aucune contradiction apparente, qui ne puisse s’expliquer, par le fait aussi qu’il n’y a en elle rien d’oiseux ni de superflu, ni rien de pernicieux. Sacrurum Bibliorum notio