Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/490

Cette page n’a pas encore été corrigée
2229
2230
INSPIRATION DE L’ECRITURE


de memoire, comme Érasme l’a prétendu. Mediilla théologie », t. I, c. ii, sect. i.

Le jésuite Pierre Wittfel se demande si les livres divins sont écrits en quelque endroit d’après l’esprit humain, et il répond qu’ils sont partout écrits par l’Esprit Saint. Theologia catholica, t. I, De fide, disp. III, inst. i, q. m.

Tobie Lohner range l’infaillibilité parmi les propriétés de l’Écriture, et son principal argument est l’infinie véracité de Dieu, son auteur. Instiiuiiones (jnintuplicis iheologiie, t. i, I. I, tit. v.

Philippe Gamache distingue l’infaillibilité de l’Écriture de celle des conciles généraux. Ceux-ci n’ont qu’une assistance divine, qui les empêche d’errer dans leurs définitions de foi. Les écrivains sacrés ont un mode d’inspiration très spécial et extraordinaire en vertu duquel ils sont infaillibles sans exception en tout ce qu’ils écrivent, quel qu’en soit l’objet, jusqu’aux syllabes et aux minuties. C’est pourquoi les évangélistes ont été dits pleins d’yeux, parce que toutes et chacune des choses qui sont dans leurs livres sont très exactes et très soignées jusqu’aux plus minutieux accents et parce qu’ils étaient dirigés par le Saint-Esprit, qui voit tout et chaque chose très distinctement et très parfaitement. La motion efficace du Saint-Esprit a pour cfïct que l’écrivain sacré ne puisse errer ni se tromper en écrivant, mais tout ce qu’il écrit est nécessairement vrai, quoique lui-même ne le comprenne pas parfois et n’en saisisse pas le sens. L’écrivain ne paraît donc être qu’un pur instrument de Dieu, car s’il a le pouvoir physique d’écrire, il n’a pas celui d’écrire infailliblement, sans aucune erreur, surtout lorsqu’il s’agit des mystères surnaturels, des choses de la foi les plus obscures ou de l’avenir. Comme cause seconde, bien plus même avec la motion du Saint-Esprit, l’écrivain sacre ne peut, de soi, concourir avec infaillibilité. Il y faut quelque qualité existant vraiment dans la cause seconde, et telle qu’elle concourre activement à l’opération à produire et soit du même ordre que l’action, par exemple, un luibilus de science par lecjuel l’écrivain concoure à écrire infailliblement. Or, cette science n’existe pas ordinairement ; le plus souvent même, l’écrivain ignore ce qu’il écrit et n’en sait pas le sens, et par suite, il ne peut pas savoir que c’est vrai ou conforme à la raison. Sum. iheol., 1% q. i, c. xii.

Basile Ponce, qui admettait aussi l’inspiration verbale, enseignait qu’à aucun titre un catholique ne pouvait admettre l’erreur dans un livre, dicté par le Saint-Esprit. Il n’admettait que des erreurs de copistes dans les manuscrits. Qiuvsl. expositio, c. iv, dans Cursus completus sueræ Scripluræ de Aligne, t. i, col. 1130.

îIénochius disait seulement que, par le fait que les Écritures sont la parole de Dieu, qui est la vérité souveraine et qui ne peut mentir, tout leur contenu est très vrai. Comment, totius Seripturæ, proleg, c. vi.

Selon Benoît Pereira, on ne peut douter de la vérité de la sainte Écriture, dont Dieu est l’auteur principal. Toutes ses paroles ont été dictées par Dieu. Par conséquent on ne peut soupçonner de la part des écrivains sacrés, aucune fausseté, provenant soit du désir de mentir, soit d’un oubli ou d’une absence de penser. L’Écriture étant divine en tout, ne respire que le divin et le céleste et elle est très pure de toute tache de fausseté ou de turpitude. Comment, in Daniel. prœf. ad Antonium Caraffam.

Le P. Mendoza fait ressortir l’incorruptible vérité de l’histoire sainte du faitqu’elle ne se contredit jamais. Tandis qu’on ne constate aucun accord dans la science humaine, on ne voit aucun désaccord dans la doctrine sacrée. Le Dieu de paix et de vérité, qui est son auteur, n’a pas soulTert qu’il y eût rien de dissonant

dans son œuvre. Innombrables sont les mots qui diffèrent de son, le sens en est unique ; c’est un consensus. L’Écriture est uniquement la parole de Dieu, un seul livre. Il faut avoir la même foi aux deux Testaments. L’histoire sainte est inexpugnable de vérité ; bien qu’attaquée par toute sorte de machines, elle n’est pas renversée ; elle est plus ferme que les cieux. In IV Reg., annot. proœm. ii, sect. m.

Pour Barradius, il est plus facile au témoignage de saint Paul, de trouver une erreur dans la bouche d’un ange que dans l’Évangile ou dans les Écritures ; autrement, ce serait trouver l’erreur dans la bouche même de Dieu, puisque la vérité de l’Écriture s’appuie sur la vérité première et souveraine de Dieu. Comment, in concordiam et historiam evangclicam,

t. I, c. XVII.

Selon le P. Adam Contzen, jésuite, les quatre évangiles sont des parties de l’Écriture dictée par le Saint-Esprit, qui ne se trompe jamais. Il faut le croire de foi catholique. Il réfute l’opinion d’Érasme sur le lapsus de mémoire des apôtres. On ne peut jamais admettre, pas même pour un seul cas, qu’un écrivain sacré ait commis un lapsus de langue ou de mémoire. Ce serait reporter à Dieu la honte d’un mensonge. Si on mêle à la vérité divine les erreurs de la fragilité humaine, nous ne pouvons plus croire à l’authenticité de l’écrit, qui contiendrait de telles erreurs, à moins qu’il ne soit prouvé que ce qui était sincèrement divin au commencement a été altéré par les hommes. Les écrits apostoliques ne sont pas mensongers, parce que la vérité parle en eux. Les apôtres pouvaient mentir, mais quand ils p ?rlaient sous l’action du Saint-Esprit, ils ne pouvaient ni tromper ni, être trompés. Quant aux fautes des manuscrits, elles ne sont attribuables ni au Saint-Esprit ri aux apôtres, et on peut les corriger facilement d’après d’autres exemplaires. Comment, in IV Evangelia., proœm, q. ni, c. ii, q. ii, c. xxvii, 9, 10, q. r.

Libère Fromond déclarait que, si on admettait que dans une épître de saint Paul un seul verset eût été écrit par l’esprit humain, qui peut se tromper, on ne pourrait plus prouver que l’éiiître entière n’a pas été écrite par le même esprit. In Epist. ad Philem., præf.

Jean de Sylveira laisse de côté l’opinion impie d’Érasme et de ceux qui assuraient avec impiété que les éciivains sacrés avaient mêlé à l’Écriture beaucoup d’erreurs. Si on l’admettait, toute l’autorité et toute la foi dues à l’Écriture périraient car, si on reconnaît l’erreur en un point, tout sera réputé faux. La foi catholique tient pourtant que tout le conteiui de l’Écriture est d’une vérité indubit.ible, puisqu’il a été immédiatement inspiré par le Saint-Esprit. Opusculum I resol. I, q. v. Sylveira a traité la question des dicta aliorum, relatés dans l’Écriture. Il tient que le vers du poète Épiménide, cité par saint Paul, Tit., i, 12, et l’action de grâces des premiers chrétiens, Act. iv, 28, n’ont pas, par eux-mêmes, d’autorité canonique, mais qu’ils en acquièrent par le fait de leur citation faite par un écrivain inspiré. Les extraits du livre de Jason de Cyrène, cjue l’auteur du 11*5 livre des Macchabées a faits sous l’inspiration du Saint-Esprit, sont vrais, sacrés, et canoniques, non pas en tant qu’ils sont de Jason, mais en tant qu’ils ont été transcrits par un écrivain inspiré. Et quoique le livre de Jason ait pu contenir des erreurs, les extraits de son ouvrage sont très vrais et très certains, aussi bien que la citation qu’a faite l’apôtre Jude du livre apocryphe d’Hénoch. La parole du serpent à Eve, Gen, iii, 4, a été vraiment prononcée telle qu’elle est rapportée, Ibid., q. VII.

Ayant prouvé l’inspiiation divine de l’Écriture. Suarez en conclut qu’il est de foi que l’Écriture est la règle infaillible de la foi. Si elle est, en eflet, la