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INSPIRATION DE L’ECRITURE


l’origine et l’autorite divines de l’Écriture ; elle ne la constitue pas.

Stapleton explique comment l’Église a approuvé l’Écriture canonique. Elle n’a pas fait qu’une œuvre humaine devînt divine par son approbation. Pour qu’une Écriture soit sacrée et divine, il faut qu’elle ait Dieu pour auteur. L’Église n’a pas jugé non plus que l’Écriture, ayant Dieu pour auteur, était vraie et digne de foi, comme la République romaine a déclaré que l’histoire de Ïite-Live était vraie, comme un professeur de théologie juge qu’un livre de théologie peut être édité. L’Écriture, en effet, contient de soi, la vérité divine, elle est ainsi indubitablement vraie et elle ne devient pas vraie par l’approbation de l’Église. Cette approbation a consisté seulement à déclarer que l’Écriture est vraiment sacrée et divine, et par conséquent infailliblement vraie. Principiorum fidei, etc., t. V, q. ii, a. 1.

Ambroise Catharin enseignait que l’Écriture a pour auteur le Saint-Esprit, qui l’a inspirée aux prophètes, afin qu’il ne pût y avoir en elle quelque chose, qui fût ou faux ou répréhensible en quelque raison que ce soit. In Epist. // : "’» ad Tint.

Pour le cardinal Cajétan, les Écritures étaient sacrés, c’est-à-dire pures de toute erreur et de tout mélange de pensées humaines. In Episl. ad Rom., c. i.

Jean Férus, avant de commencer l’interprétation de l’Évangile de saint iSIatthieu, avertit son lecteur de recevoir ce livre comme la parole de Dieu, et non comme une parole humaine. Aliud est verhiim Dei, aliud hominum vcrbiim, hominuni menda.r, jallere potest, non aiitem vcrbuni Dei. Verbum enim Domini manet in aUernuni. Non iyitur accipics ut verbum Matlhæi ; Spiriiu enim Sancto loculi siint sancti Dei. In sacrosanctiim J. C. Eu. secunduni Mallhœum comment., 1559 prœf.

Le sentiment d’Érasme, d’après lequel les évangélistes n’auraient pas seulement commis des erreurs de mémoire, mais auraient encore cité l’Ancien Testament dans un autre sens que l’original, Maldonat le juge impie ou à peine exempt d’impiété. La raison en est que les évangélistes, par la bouche desquels parlait le Saint-Esprit, n’ont rien eu d’humain, In quatuor Evangelia, sur Matth., ii, 0. Revenant sur ce sujet à propos de Matth., xxvii, 9, il dit : Evangclistas memoria uliquando lapsos esse, etsi scia dixisse aliquos et doctos et catholicus anctorcs, existimasseque nihil propterea de Scripiuræ auctorilate minui, haud cquidem intelligo quomodo id, et Spiritu Sancto dictante et salva Scripturæ fide quæ summa et firmissima esse débet, fieri potuerit ; et dicere propterea Jeremiam pro Zachariu citari potuisse, quod idem pcr omnes prophelas Spiritus locutus sit, violenta milii videtur interpretalio. Si, au point de vue de l’autorité, et de la foi qu’il faut accorder aux auteurs inspirés Maldonat n’établit entre eux aucune différence, puisque le même Esprit a parlé par eux tous, il constate des différences au point de vue du style, du coloris de la diction, et sous ce rapport il fait ressortir les méritçs d’Isaïe parmi les prophètes et de saint Jean parmi les évangélistes, mais il accorde à tous un droit pareil à être crus. In Joa., i.

Au sentiment de Sahneron, saint Paul appelle les Écritures « saintes », non pas seulement parce qu’elles sont pures de toute erreur et qu’elles sanctifient leurs lecteurs, mais aussi parce qu’elles sont fermes et ont une force perpétuelle. L’apôtre les appelle aussi « paroles de Dieu » ; les paroles de Dieu sont pures et sincères, elles ne sont pas mélangées d’erreur ni de mensonge ni de tromperie, comme ont coutume d’être les paroles des hommes. Les écrivains sacrés lorsqu’ils écrivaient, étaient conduits par le Saint-Esprit de telle façon qu’ils ne disaient jamais de mensonge, n’étant pas livres à eux-mêmes. C’est un caractère qui

leur est propre à eux seuls, car les docteurs, quoiqu’ils aient par instants le Saint-Esprit, en d’autres instants sont laissés à eux-mêmes. Il n’y a donc que les seuls écrivains sacrés en qui le Saint-Esprit ait toujours parlé, eux dont nous recevons les paroles comme paroles du Saint-Esprit. Que si donc l’Écriture est du Saint-Esprit, elle ne contient aucun mensonge, aucune fausseté, aucune véritable contradiction, aucune répugnance. Comment, in evangelicam historiam, t. I, proleg. I, p. 1-4.

De ce que l’Écriture a été inspirée par le Saint-Esprit, Aréas Montanus conclut qu’elle contient les paroles de Dieu très chastes et très approuvées, non seulement parce qu’elles sont en elles-mêmes pures et exemptes de tout mélange de mensonge et de vanité, mais aussi par l’effet qu’elles produisent, en rendant purs les hommes qui y font attention. Elucidatio in omnes psatnws, Ps. xr, xvii, xviii, xxxii.

Melchior Cano apprécie l’opinion de ceux qui constatent des erreurs de mémoire chez les évangélistes, des superfluités et des erreurs dans les Actes des apôtres. S’il était constant que quelques choses ont été écrites ou rapportées dans les Écritures à la façon humaine, rien ne s’opposerait à ce qu’on y renontrât quelque mensonge. Mais si nous reconnaissons en elles quelque erreur, qui croira que le Saint-Esprit est leur auteur ? D’ailleurs, si l’opinion combattue était vraie, par là l’autorité des Écritures serait en grande partie ébranlée. En effet, si dans n’importe quel livre sacré on trouve une fausseté quelconque, la certitude du livre entier périt. Par ce seul argument saint Augustin a assez montré que les écrits des prophètes et des apôtres n’ont absolument aucune fausseté soit de mensonge, soit d’oubli. Dan." 1er choses légères qui n’importent pas au salut, les écrivains sacrés sont trompés et trompeurs, dit-on. Alors, nous pouvons douter des choses les plus grandes et les plus graves. Si l’Église, assistée par le Saint-Esprit, ajoutet-on, n’a pas reçu de cette assistance la grâce de ne pas se tromper dans de petites choses, mais seulement dans les grandes, pourquoi n’en serait-il pas de môme des apôtres et des évangélistes ? Si nous répondons que le Saint-Esprit a tout suggéré aux apôtres et aux évangélistes, on réplique : Il n’a pas suggéré tout simpliciter, mais seulement tout ce que le Christ leur a dit et ces choses étaient très grandes. Si nous ajoutons : Le Saint-Eprit leur a enseigné toute vérité, on nous répond : Pas absolument toute vérité, mais seulement celles qui sont nécessaires au salut. Que répondraient nos adversaires, si on leur disait que beaucoup de miracles cvangéliques sont inventés et que les évangélistes, à l’exemple d’Hérodote, de Xénophon et de Platon, ont imaginé ces récits, soit pour illustrer le Christ, soit pour exciter les bons sentiments des fidèles à l’égard du Christ, que répondraient-ils ? Ensuite, combien il sera facile à chacun de déclarer suivant son caprice que telles choses sont légères, telles autres graves. On ne pourra donc dans l’histoire sainte discerner ce qui est de Dieu, ce qui est de l’honmie, ce que l’auteur a dit par révélation ou de son esprit propre. La fci des lecteurs et des auditeurs vacillerait donc si une particule quelconque des saintes chroniques avait été éciite sans l’Esprit de Dieu. Mais les évangélistes se seraient, abstenus d’inventer n’importe quoi par crainte des Juifs. Si dans leurs discours, il y a erreur, elle est de Dieu, et non pas d’eux. L’Évangile plus que la loi de Moïse a été écrit sous le souffle de l’Esprit, de telle sorte qu’en lui il n’y a pas un mot, pas un accent, qui ne soit de lui. L’opinion des adversaires est donc erronée, elle diminué la force de l’Écriture. Tout ce que l’Écriture contient, que ce soit de grandes ou de petites choses, a été écrit sous le souffle du Saint-Esprit. De lacis Iheologicis, t. I, c. xvi, xviu