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INSPIRATION DE L’ÉCRITURE

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plus nier ou mettre en doute rien de ce qui est dans les livres de Josuc et des Juges que ce qu’on lit dans les Évangiles de Matthieu et de Jean. Tostat regarderait comme hérétique celui qui le ferait pour les uns comme pour les autres. In lib. Par., præf. L’Église n’a jamais douté et ne doute pas encore que les livres inspirés du canon juif n’errent pas et ne peuvent pas errer ; elle croit très certainement, au contraire, que rien de faux n’y est contenu et que leurs auteurs, dirigés par le Saint-Esprit, n’ont pu mentir en quelque chose. Il est nécessaire de croire quelque chose qu’ils disent, et il ne faut demander aucune preuve de leurs dires. Il faut même croire qu’il est impossible qu’il y ait en eux des mensonges. L’Église en est certaine, parce qu’elle est certaine qu’ils ont été écrits par l’inspiration du Saint-Esprit. Il était impossible que les écrivains inspirés puissent errer, car dans ce cas Dieu qui parlait par eux aurait erré. Le Saint-Esprit leur a donné un concours spécial pour qu’ils ne puissent pas errer en quelque chose. In Ev. Matlhœi, præf., q. ii. Cf. In Mailh., c. XXII, q. cccxxxv. L’Écriture l’emporte à l’infini en excellence sur les livres purement humains. La certitude des sciences humaines, provient de la lumière de l’intelligence qui est petite et qui peut faire défaut. Les écrivains sacrés sont éclairés par la lumière incréée, et comme cette lumière ne peut faire défaut, ils ne peuvent, quand ils sont dirigés par elle, errer ni mentir. La certitude de l’Écriture est donc surexcellente, car il ne peut y avoir d’erreur dans son contenu puisqu’elle est la parole de l’Esprit-Saint. In Ev. Matlhœi, præf., q. v. Bien que les évangélistes n’aient pas vu tout les faits qu’ils racontent, ils en étaient certains toutefois, parce que le Saint-Esprit les avait poussés à écrire et les dirigeait tandis qu’ils écrivaient et il ne peut errer. Les évangélistes étaient donc certains qu’ils n’erraient pas, puisqu’ils savaient qu’ils étaient dirigés par le Saint-Esprit. Ibid., q. xviii. Cf. In ///iim prol. Hieronijmi in Malth. Ev. enarratio, q. I, II. Les quatre Évangiles ont donc aussi une égale autorité, puisque leurs auteurs étaient également dirigés par le Saint-Esprit pour qu’aucun d’eux n’errât. Ibid., q. XXIV.

Pour Denys le Chartreux aussi, l’Écriture excelle en certitude et en autorité, parce qu’il ne peut y avoir en elle ni fausseté ni ambiguïté, puisqu’elle s’appuie sur la lumière incréée. In IV Sent., prol. Tandis qu’on trouve beaucoup d’erreurs dans la science philosophique, le plus grand accord et une inviolable vérité se rencontrent dans l’Écriture sainte. In Luc, prol. Celle-ci, en effet, s’appuie sur la vérité incréée, et elle est révélée par la lumière de la grâce, tandis que la philosophie est censée s’appuyer sur la raison humaine ou la lumière naturelle. In Joa., a. 2, L’Écriture, pour la même raison est plus certaine que les autres sciences. In IV Sent., t. I, prol.

A l’époque de la Renaissance, Pic de la Mirandole prouvait la certitude de l’Écriture et de la théologie par l’origine divine de la première. De examine, vanitatis doctrinas gentium et veriiatis christianæ disciplinée, t. IV, c. XIV, dans Tôllner, op. cit., p. 41. Tous ceux qui ont lu les saintes Lettres rendent témoignage de leur Vérité. Nulla de ipsarum certitudine siisccpta unquatn disceplatio, quoniam Dei et erant et habebanl oracula, ud quic vel tenus cortice noscenda primi philosophorum cucurrerunt. Établies, certaines, très prouvées sont les choses qui s’appuient sur l’autorité divine qui ne peut se tromper, ni tromper. Quoi enim in sacris lilteris jiroposiliones, lot in lumine illo divino fidci principia verissima : quibus vere intellectis nulla pariatur rixa, nulla prorsus amarulenla disceplatio. Ibid., t. V, concl.

Érasme, qui admettait l’inspiration de toute l’Écriture, sur l’autorité de saint Pierre et de saint Paul, Kovum Testamentum, dans Opéra, Leyde, 170.5, t. vi,

p. 959, 1061-1062 ; Paraphrasis in Episl. Il-^m ad Tim. ; In ir.w Episl. Pétri, t. vii, p. 1064, 1104, et en particulier celle des Évangiles, In Ev. Luc, paraph., p. 281, distinguait inter vilium sermonis et vitium sententiæ. Reconnaître des défauts de langage dans les écrits de Paul, ce n’est pas en dire plus de mal que si l’on disait qu’il portait une tunique trouée. Novum Testamentum, De duabus postremis editionibus, t. vi, au début, sans pagination. Érasme reconnaissait aussi la différence de style des écrivains sacrés, l’Esprit-Saint n’ayant pas exclu, mais aidé, le travail des écrivains sacrés. Aniibarbarorum, . I, t. x, p. 1741, 1742. Il admettait l’inviolable autorité des Écritures. Isaïe n’a pas commis d’erreur, ^ Matthieu ne s’est pas trompé. Mais cette absence d’erreur n’a existé que dans les textes originaux ; il y a des fautes de copie dans les textes actuels ; le Saint-Esprit n’a pas aidé les copistes et les bibliographes comme il a aidé les prophètes et les évangélistes. Novum Testamentum. Àpologia, t. vi, au début. Les Écritures ne trompent pas, mais il y a danger de se tromper en les interprétant. Ad censuras facultatis Iheologiæ parisiensis, t. IX, p. 926. Cependant Érasme a prétendu que les évangélistes, en citant l’Ancien Testament, avaient commis des crreuis de mémoire, comme des impies l’avaient pensé, au témoignage de saint Jérôme sur Matthieu, ii, 6, Novum Testamentum, note sur Matth., Il, 6, t. Yi, p. 12-14, et comme Augustin le concédait au sujet de Matthieu, xxvii, 9. Cœlerum, concluait-il ici, eliamsi fuisset in nomine dumlaxat memoriæ lapsus, non opinor quemquam adeo morosum esse oportcre, ut ob eam causam tolius Scripturæ sacræ labesceret auctoritas, t. vi, p. 140. Cf. sur Marc, i, 4, p. 151. II se trouva des esprits moroses pour penser le contraire, et le sentiment d’Érasme, qui était nouveau parmi les chrétiens, provoqua alors une longue et vive controverse, inaugurée par les sages observations de Jean Eck et de Martin Dorpius et envenimée par les critique de Lee, ambassadeur d’Espagne en Angleterre, et par plusieurs théologiens espagnols, et d’autres encore. Sur les détails de cette controverse, voir E. Mangenot, Les erreurs de mémoire des évangélistes d’après Erasme, dans la Science catholique, 1893, t. vii, p. 193-220. Les théologiens postérieurs, et ceux du plus grand nom, furent unanimes à traiter le sentiment d’Érasme d’erreur et d’impiété.

Albert Pighi déclarait que l’autorité de l’Écriture dépendait nécessairement de l’autorité de l’Église, qui avait donné l’autorité canonique à des Écritures, et aux principales, comme les Évangiles, qui ne les avaient pas par elles-mêmes ou par leurs auteurs. Les évangélistes Matthieu et Jean auraient pu commettre des erreurs de mémoire et mentir. Eu dehors de l’Éghse, qui peut nous rendre certains que tout ce que Marc et Luc, qui n’avaient pas été témoins oculaires et qui avaient cru aux écrits d’autrui, ont dit du Christ est véritable et certain ? Hierarchiæ ecclesiasticæ asserlio, t. I, c. ii, dans ToUner, op. cit., p. 52, note. Cf. S. Berger. La Bible au xvi’e siècle, Paris, 1879, p. 138-139.

Alphonse de Castro, pensait qu’un païen même, qu’un homme médiocrement pieux, qui ne savait de Dieu que ce que la raison naturelle lui apprenait, pouvait savoir que Dieu est tellement véridique qu’il ne peut mentir. Si donc Dieu ne peut mentir, l’Écriture, qui est son œuvre ne peut être fausse. Tout ce que Dieu a voulu nous apprendre par la bouche des hommes, est aussi vrai que s’il l’avait dit par sa propre bouche. Il faut donc croire aux Écritures comme à Dieu lui-même. Les témoignages des Écritures sont’donc des premiers principes dans la science théologique et comme des armes pour combattre les hérétiques. Que l’Écriture soit véridique, c’est un axiome pour quiconque se donne comme chrétien. Adversns iiœrescs, t. I, c. ii. De fait l’Église constate et affirme