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INSPIRATION DE L’ECRITURE


pourquoi il ne peut dire de fausseté. Sum. theoL, II » lia", q. cLxxii, a. 6, ad 2° m. Quand le propliète n’a pas reçu de Dieu une révélation expresse et lorsque, instruit seulement par l’instinct prophétique, il ne sait pas s’il a connu quelque chose avec la certitude proplutique ou par son esprit propre, même alors il ne peut en résulter une erreur, car, selon saint Grégoire, les prophètes, corrigés par l’Esprit qui leur apprend la vérité, se reprennent eux-mêmes et écartent la fausseté. IbicL, q. CLxxi, a. 5. D’autre part, les hagiographes qui portent seulement un jugement sur les vérités qu’ils connaissent au préalablc. portent ce jugement avec une certitude divine, et tout ce qu’ils affn-ment en vertu de la lumière ilivine qui a éclairé leur intelligence a son infaillibilité dans la vérité divine. Dieu est la cause du jugement ainsi porté, et le jugement est certainement vrai. L’inspiration des hagiographes est donc incompatible avec l’erreur. La lumière divine qui leur est donnée pour connaître ce qu’ils doivent écrire, leur fait porter un jugement vrai, qui participe à la vérité divine et à sa certitude et qui ne peut être ni faux ni erroné, car Dieu ne peut ni se tromper ni tromper.

Au xive siècle, Raymond de Sebonde notait que l'Écriture ne procédait ni par preuves ni par argumentations, mais par simples affirmations. Or, néanmoins, de tout ce qu’elle dit simplement elle affirme la vérité. Ce mode de procéder, provient de ce que Dieu lui-même parle dans la Bible, et son autorité est telle qu’on doit croire ce qu’il dit d’un simple mot, sans autre preuve, sans autre témoignage ou attestation. Sa seule autorité est toute la preuve, tout le témoignage et toute la certitude de ce qu’il dit. Moins la Bible prouve et plus elle montre qu’elle dit vrai, parce qu’elle est de Dieu et que Dieu parle en elle. Theolot/ia naturalis, tit. ccxi. De ce que la Bible est le livre de Dieu, il suit que les hommes doivent croire très fermement, de tout cœur et sans le moindre doute, le livre tout entier et tout ce qu’il contient. Toute la raison de le croire, c’est que c’est le livre de Dieu. Il s’ensuit encore qu’il ne peut y avoir rien de faux, d’inutile, de superflu en ce livre. Ibid., tit. ccxiv.

Paul de Burgos ayant établi que le véritable sens littéral de l'Écriture est celui qui a été entendu par Dieu, son auteur, en conclut qu’on ne peut tenir connue sens littéial de l'Écriture un sens qui répugnerait à la droite raison, car un tel sens n’a pas été entendu par Dieu, la vérité première, de laquelle toute vérité dérive. Il en est de même du sens spirituel, qui répugnerait à la droite raison car on ne saurait l’attribuer à Dieu. Prétendre en outre, que le sens littéral, qui a été entendu par Dieu, auteur de l'Écriture, est déficient en quelque passage qui contiendrait une fausseté, serait infirmer toute l’autorité de la sainte Écriture. Addilio super proleg. / » "' et //nm Lyrani.

Richard Fitz-Ralph, archevêque d’Armagh, range les livres canoniques parmi les autorités, dont le sens n’est pas douteux pour l'Église, mais qu’elle croit fermement être vrai dans toutes ses assertions quoique quelques-unes soient pour nous d’une plus grande autorité que d’autres qui sont moins attestées pour nous et dont nous savons seulement que le Saint-Esprit en est l’auteur. Ainsi en est-il de certaines choses morales et des choses historiques des deux Testaments. Toutefois toute l'Écriture originale, quant à l’infaillibilité et à la vérité des assertions faites en elle par le Saint-Esprit, est tenue connue de foi, de cette foi par laquelle on croit que le Saint-Esprit a parlé par les prophètes, les apôtres et les disciples du Christ, qui étaient aussi de vrais prophètes. Par la même foi et en raison de la divinité du Saint-Esprit, il faut tenir qu’il n’y a aucune contradiction ni aucune fausse assertion dans l'Écriture originale.

car la véritable foi affirme qu’aucune contradiction ni aucune assertion fausse n’a été inspirée auxhonmies de Dieu par le Saint-Esprit. L’archevêque d’Armagh établit des règles pour résoudre les apparentes contradictions des Écritures, et il conclut : De falsitate igitur aiit repugnantia in nosira primaria Scriptura, ut puto, non dubiias. Il explique aussi les apparentes contradictions des versions de la Bible, approuvées par l'Église, parce qu’elles rendent le véritable sens de l’original. Siimma contra Armenos, t. XIX, dans F. Kaulen, Geschichte der Yiilgata, Mayence, 1868, p. 294-300.

Selon Pierre d’Ailly, chacun doit croire fermement, de nécessité de salut, à l’autorité de l'Écriture canonique. Cette thèse doit être posée plutôt que prouvée, surtout chez les catholiques qui sont astreints à la foi. Epistola ad novos Hebrieos, dans L. Salembier, Une page incdile de l’histoire de la Vulgate, 1890, p. 29. Soli divinae aiidoritati, qux nec fallit nec falliiur, de necessitaie salulis est firmiler crcdendum est, p. 34. De ce que Dieu seul est à la fois Vediior et Vcsserlor de l'Écriture, tandis que les prophètes et les évangélistes n’en sont que les éditeurs ou compositeurs. Pierre d’Ailly excuse ces derniers de beaucoup de mensonges et de faussetés, qui sont rapportés dans leurs livres. Ils ne sont que des conscriplores. Or, conscriplores sacrarum Scripturarum nihil omnino asseriint nisi vera. En efl’et, le mensonge du serpent, N eqnaquctm moriemini, Gen., iii, 4, n’est pas affirmé par ; Ioïse, qui affirme seulement que le serpent l’a dit à Eve, ce qui est vrai. Donc ni JMoïse ni aucun éditeur des Écritures ne pourrait être accusé de mensonge et de fausseté ni d’erreur que dans ce qu’il affirme, et non pas dans ce qu’il rapporte avoir été dit par d’autres. Que ces paroles soient vraies ou fausses, il n’affirme qu’une chose : qu’elles ont été dites, et il est vrai qu’elles ont été dites comme il les rapporte. Ibid., p. 20-21. Supposons que les paroles cju’un prophète rapporte soient fausses, il ne pourrait être accusé de mensonge, puisqu’il ressort des circonstances de son récit qu’il affirme seulement qu’elles ont été dites par Dieu, Vasserlor des Écritures. Mais un fidèle doit s’efforcer de savoir comment chacune des paroles dites par un prophète comme notaire de Dieu contient la vérité. Ibid., p. 21-22. Pourquoi ? Parce que ex eo dicitur vera propheta, quia, tanquam suo principio, nititur primæ vcritali qua> Deus est, et est a Spiritu Sancto qui est Spiritas veritatis. De falsis proplietis, tr. II. Pierre d’Ailly, qui a si nettement résolu la question des dicta alioruni, a aussi éliminé les fautes de copistes des manuscrits de la Bible : Attamen Spiritus Scmctus, quo inspirante locuti snnl sancti Dei liomines, dicitur principalis. Dans L. Salembier, o/ ;. cit., p. 08.

Alphonse Tostat reconnaît qu’au point de vue de la vérité et de la certitude il n’y a pas de différence d’autorité entre les livres canoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament, on ne peut et on ne doit douter de la vérité d’aucun d’eux, dès lors qu’il est admis au canon des livres dictés par le Saint-Esprit. In lib. Regum, præf., q. vu ; In præfalionc Hieionymi in l. Reg. enarralio, q. xvi. On ne peut donc rien enlever ni diminuer de l'Écriture, qui est manifestement écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit, qui est l’infaillible vérité. Celui qui enlève qu.elque chose de l'Écriture, l’enlève parce qu’il ne le croit pas vrai. Celui qui agit ainsi n’est pas seulement un infidèle, il présume encore mal de Dieu, car l'Écriture est la mesure de notre esprit. In Deut., c. iv, q. ii. Tous les livres de l'Écriture, qui sont au canon, sont d’une telle autorité qu’il n’est pas permis de nier ou seulement de mettre en doute rien de ce qui y est écrit. Il en est ainsi de chacun d’eux, et on ne peut pas