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INSPIRATION DE L’ECRITURE

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Richard de Saint-Victor dcclare que les chrétiens ne peuvent douter que le Saint-Esprit ait parlé par le prophète Isaïc et par l’évangéliste saint Matthieu : l’un et l’autre ont eu le même Esprit de vérité ; l’un et l’autre ont.parlé dans le même Esprit. De Emmanuele, t. I, c. vii, P. L., t. cxcvi, col. 613. Saint Bernard lui ayant écrit que beaucoup de chilïres des livres des Rois, sur la durée et la succession des règnes, étaient contradictoires et qu’à son sentiment ils avaient été corrompus par les copistes, il répondit : Constat itaque opud me qiiod in his nuUa contrarietas sit, qiiamvis et ipsis hucusque vcritas latuerit. Absit ut credam qiiod in divinis Script mis veritas uspiam adco oberraverit, ut omnino recuperari non possit ! xussi pose-t-il les règles de conciliation. De tubernaculo, tr. III, P. L., t. cxcvi, col. 241. Dans ce que saint Paul dit de la Loi beaucoup de choses paraissent se contredire, être contraires à la raison et à la vérité et, ce qui est plus grave aux paroles de Nolre-Scigneur, et cependant Richard montre qu’elles se concilient. jExp^zcatio aliquot passuum difficilium Apostoli, col. 665-684.

Au commencement du xiii’e siècle, INIartin de Léon constatait que les témoins de la vérité étaient d’accord entre eux, parce que le Saint-Esprit les avait instruits. Serm., xxx, P. L., t. ccviii, col. 1159.

Alexandre de Halès, prouvait que la théologie est une science par ce raisonnement : Qnnd cognoscitur per divinam inspirationem vertus sciiur quam quod per humanam raliocinalioncm, quia in inspiratione impossibilis est falsitas, in ratione contigil jtlerumque. Erqo cum eognitio theoloqiæ sit édita inspiratione divinn, vertus est scientia quam cœlcra’scientiæ. A l’objection qu’une grande partie de la doctrine theologique est historique, comme il ressort de l’Évangile, et par conséquent porte sur des choses non intellectuelles qui ne sont pas objet de science, le docteur irréfragable répond que l’histoire est autrement dans l’Écriture que dans les autres livres. L’histoire biblique ne raconte pas, en effet, — les actes particuliers des hommes, mais les actes universels et les circonstances qui appartiennent à l’information des hommes et à la contemplation des mystères divins, par le sens des faits racontés ou le sens typique. Sum. theol., 11^, q. i, n. i. Cette science diffère des autres, parce qu’elle n’est pas de Dieu de la même manière qu’elles, et parce qu’elle traite de Dieu et conduit à Dieu, m. ii. Elle ne procède pas de la même manière que les sciences humaines ; m. iv, a. 1, 2. Si l’Écriture est toujours vraie, on ne devrait pas la discuter, puisque la discussion est une attaque, de la vérité. On peut la discuter, pour écarter d’elle la fausseté et faire ressortir sa vérité, mais on ne peut le faire si on tend à la trouver en défaut. Summa, II », q. cxxiv, m. I, IV. Au sujet du mensonge, Alexandre de Halès dit qu’on ne peut admettre qu’un homme inspiré par Dieu ait péché mortellement à l’heure de son inspiration. Il pose ensuite la question : Peut-on imiter les mensonges qui sont racontés dans l’Ancien Testament. Sa réponse est négative. Les Livres saints rapportent les bonnes et les mauvaises actions des hommes, les bonnes pour qu’on les imite, les mauvaises pour qu’on les évite. Quelques-unes sont explicitement louées ou blâmées ; d’autres ne le sont pas ; d’autres sont laissées à notre appréciation. Summa, 11^, q. cxxiii, m. VI.

Saint Bonaventure ayant posé le principe que la parfaite autorité de l’Écriture lui vient, non per humanam invesliqationcm, sed per revelationem divinam, en tire cette conclusion : Ideo niliil in ipsa contemncndum quia inutile, niliil respuendum tanquam falsum, nitiil repudiandum tanquam iniquum, pro eo quod Spiritus Sanctus ejus auetor perfectissimus nihil potuit dicere falsum, nihil superjluum, nihil diminutum, et propterea cwlum et terra transibunt, verba Scripluræ sacræ non

prxteribunt, quin impleantur. Breviloquium, 86. Ilœreticus judicarctur, qui pcrtinaciter negaret quæ in sacra Scriptura scribantur… Quia enim sacra Scriplura est édita ab ipsa veritate inereata et a Spiritu Sancto, qui contradicerct sacræ Scripturie, contradicerct ei, cui fuies assentit proptcr se, scilicet ipsi summæ veriluli. In IV Sent., t. III, dist. XXIV, a. 1, q. ii, ad 4uni.

Duns Scot prouve que les auteurs des Livres saints n’ont pu mentir. Comme ils condamnent le mensonge surtout dans les matières de la foi et des mœurs, comment serait-il vraisemblable qu’ils ont menti, en disant : Ilœc dicit Dominas, si le Seigneur n’avait pas parlé par leur bouche ? Ils n’ont pas été trompés et ils n’ont pas voulu mentir, par amour du lucre. S’ils n’avaient pas été instruits par un agent surnaturel, ils n’auraient pas pu sans mentir, afflrmer celles de leurs révélations dont ils n’étaient pas certains. Loin d’agir par amour du lucre, ils n’ont recueilli de leur mission que de très grandes tribulations. In IV Sent., ’q. II, 3^1 via.

Nicolas de Lyre reconnaît que les sciences humaines, qui procèdent de la raison, n’errent pas sans doute dans la connaissance des premiers principes, qui sont connus de soi, mais bien dans la déduction des conclusions, surtout les plus éloignées. Tous les philosophes ont ainsi erré. Mais les prophètes et les apôtres qui nous ont donné l’Écriture par révélation du Saint-Esprit, et par conséquent l’Écriture elle-même, ont procédé d’une manière plus certaine, à savoir par la révélation divine, où l’erreur ne peut s’introduire. Tout ce qui est donc conclu manifestement de l’Écriture doit être donné comme vrai, et tout ce qui lui est contraire est tout simplement réputé faux. Prolegom. I, De commendatione sacra> Scripluræ in générait. Dans l’Apocalypse, qui est un livre prophétique, et révélé, il ne peut y avoir d’erreur ; il y a la pure vérité, parce cjue Dieu qui l’a révélé est la règle de la vérité. In Apoc, pi’Pef.

Les dominicains n’avaient pas sur ce point une autre doctrine que les franciscains. Albert le Grand conclut aussi de l’inspiration de l’Écriture que la théologie, qui s’appuie sur elle, est plus certaine que les autres sciences. Ista scientia, dit-il, innititur inspirationi faciæ per speciem veritalis circa quam dubilave non licct. Aliæ autem inniluntur inquisitionibus humants et iuventionibus a spiritu humano inventis. Spiritus autem humanus valide est fallax, ut dicit Clirgsostomus super Joannem, et cogiluiio humana fallacissima, Sap. IX. Les théologiens empruntent leurs autorités aux livres inspirés par l’Esprit de vérité. Or, saint Augustin a dit que l’autorité de l’Écriture est plus grande que toute la perspicacité de l’esprit humain. Sum. theol., î^, tr. I, q. v, m. ii, édit. Jammy, Lyon, 1651, t. XVII, p. 13, 14. On ne peut pas douter d’une parole de l’Écriture, mais on peut douter de sa raison, et à ce point de vue on peut chercher à argumenter, surtout pour convaincre un contradicteur, m. m.

En traitant du sens littéral du récit de la création du monde, saint Thomas avertit que personne ne doit comprendre ces paroles de l’Écriture inspirée dans un sens qui contienne manifestement une fausseté. Scripluræ enim divinæ, ajoute-t-il, o Spiritu Sancto traditæ non potest suhesse falsum, sicat nec fidei quæ per eam docetur. De potentia, q. iv, a. 1, n. 8. Cf. Sum. tJjeol., I « , q. i, a. 1(1, ad 3° "i. Les prophètes appreiment de Dieu la vérité, et comme la vérité de la connaissance prophétique est la même dans le disciple que dans le maitre, la vérité de la connaissance prophétique est la même que celle de la connaissance divine, à qui il est impossible d’être fausse. Sum. theol.. Il-’II », q. clxxi, a. C, Cf. De veritate, q. xii, a. II. Un vrai prophète est toujours inspiré par l’Esprit de vérité, en qui il n’y a rien de faux, et c’est

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